§2. La mesure de l'efficacité comme
critère de la performance financière d'une IMF
Dans la micro finance, l'efficacité relève de la
façon dont une IMF réussit à allouer ses ressources (ses
actifs, son personnel et ses subventions s'il y en a) pour produire un maximum
de résultats (nombre de prêts, autosuffisance financière,
ou impact sur la pauvreté). L'efficacité d'une IMF ne peut
être évaluée qu'en relation avec sa propre catégorie
d'IMF, c'est-à-dire des unités qui opèrent sur des
marchés et dans le cadre d'une gouvernance institutionnelle comparable;
donc suivant le même mode opératoire.
Plusieurs travaux ont été réalisés
sur la mesure de l'efficacité d'une IMF et les enseignements y relatifs
peuvent être résumés comme suit:
Ø Le niveau d'efficacité peut être
établi sur la base des variables de production: nombre de clients,
nombre de prêteurs, effectifs du personnel, dépenses
administratives, taille et composition du portefeuille global de crédit,
etc.
Ø Pour que la performance d'une IMF puisse être
qualifiée de plus ou moins efficace, il faut de l'information sur un
échantillon d'IMF comparable, positionnées de la même
manière sur le continuum pauvreté/profitabilité. Devront
être pris en compte le fait que l'IMF opère en zone rurale ou
urbaine, qu'elle détient un monopole ou subit une concurrence, ainsi que
les différences relatives à la composition des produits et aux
fonctions de production.
Ø Il est plus sensé de comparer
l'efficacité des IMF d'un même pays qu'entre IMF de pays
différents, étant donné les grandes disparités des
cadres juridiques, des régimes politiques et des niveaux de concurrence
sur les marchés nationaux, bref de l'environnement.
Ø Les dirigeants des IMF peuvent avoir une influence
sur certains facteurs d'efficacité, mais il existe des facteurs pour
lesquels ils ne sauraient être tenus pour responsables et d'autres encore
qui ne sont ni totalement exogènes ni complètement
endogènes.
§3. La mesure de la rentabilité comme
critère de performance financière d'une IMF
Quelle que soit la motivation de l'action « entreprise
», il s'agit toujours de tirer le meilleur résultat de toutes les
actions qui exposent à des risques des capitaux privés ou une
fraction des capitaux publics. Donc, parler de rentabilité, c'est
rechercher le rapport de résultats à des moyens mis en oeuvre
afin de permettre des choix ou de juger le bien fondé des options qui
ont été retenues.
Selon l'Ordre des Experts Comptables et Comptables
agréés (1969), « la rentabilité est le rapport d'un
résultat et des ressources engagées pour l'obtenir ».
Autrement dit, «la rentabilité est la
capacité d'un capital placé ou investi à procurer des
revenus exprimés en termes financiers »20(*).
Ainsi, la rentabilité est une dimension essentielle de
l'activité de l'entreprise. Elle reste un critère de choix
très prisé par les dirigeants d'une part et tous les autres
acteurs d'autre part. La rentabilité peut être financière
ou sociale.
Le rôle de la rentabilité en tant que type
d'analyse entrepris en vue d'une prise de décision vis-à-vis
d'une entreprise varie en fonction des intérêts spécifiques
des agents concernés, selon qu'on est actionnaire, personnel,
prêteurs, dirigeants ou l'Etat. Les IMF n'échappent pas à
cette exigence.
L'impératif de rentabilité d'une IMF permet de
répondre à deux exigences à savoir:
Ø Assurer le maintien de son capital;
Ø Et acquitter les intérêts dus aux
prêteurs si elle développe l'activité d'épargne
(déposants) et assurer le remboursement des emprunts.
La rentabilité d'une IMF se mesure à partir des
ratios appropriés suivant certaines normes. Ces ratios permettent des
comparaisons rapides et exactes suivant les périodes de temps
spécifiques. Une norme est une mesure de comparaison déduite de
la performance antérieure ou par comparaison avec les structures
similaires. La rentabilité d'une IMF est la condition fondamentale de sa
viabilité et donc de sa pérennité.
En définitive, la performance financière d'une
IMF est subordonnée à plusieurs facteurs à savoir:
Ø Une volonté accrue à devenir
autosuffisante financièrement;
Ø La réduction de la structure de ses charges en
s'alignant sur les marges financières en vigueur dans les marchés
locaux;
Ø L'augmentation de la productivité du
personnel;
Ø L'adéquation du mécanisme de
crédit aux demandes du marché local;
Ø Une mobilisation appropriée des ressources
financières;
Ø Et une gouvernance efficace et efficiente fruit d'une
forme juridique conséquente.
* 20 . SILEM A. et ALBERTINI J.M.,
Lexique d'économie, 2ème édition, Paris,
Dalloz, 1989.
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