§.8. CHANSON COMME MODE DE SECURISATION
En temps de guerre tout comme pendant le Maintien de la
Discipline Populaire (MDP) et lors du Maintien et Rétablissement de
l'Ordre Public (MROP), et dans plusieurs circonstances impliquant
l'intervention policière, la Police avertit l'adversaire ou l'ennemi
à travers la chanson.
Cet avertissement est une forme d'alerte et de
démonstration de force. Le but poursuivi est de faire peur à
l'ennemi ou à l'adversaire, mais aussi de le dissuader en vue
d'éviter les affrontements de face à face. C'est en fait un mode
de sécurisation, de dissuasion et de démonstration de force. Ce
qu'avec peu de moyen, la Police peut facilement atteindre l'objectif à
moindre effort. L'ennemi ou les manifestants peuvent fuir devant cette force
de police qui se déploie en usant des chansons effrayant les
concernés.
C'est analogue avec le mouvement `'muleliste'' à
l'époque du premeir régime. Les partisants de cette milice
attaquaient les troupes loyalistes en chantant : `'mulele mayi, mayi''
(mulele l'eau, l'eau ) et les troupes gouvernementales paniquaient et fuyaient
en débandade.
La police aujourd'hui recourt aussi aux chansons pour faire
fuir l'adversaire ou semer la panique ou la terreur dans le chef des
manifestants. C'est comme l'extrait de cette chanson qui tombe à
point :
« Bokima, makila ekopanzana liseki ezalissusu te,
boza batomboki l'Etat ekofite. Bokima, makila ekopaza liseki ezalissusu
te, boza batomboki l'Etat ekofite. » : (fuyez, le sang va couler
car le temps de blague est révolu. Vous êtes des rebelles, l'Etat
est là.)
Cet extrait montre comment la police en tant que force de
dissuasion, avertit les manifestants de se replier puisque son intervention est
musculeuse et est toujours comme l'a constaté Musthipay (2008),
émaillée souvent de bain de sang comme ce fut le cas de
kalukuluku (Lubumbashi). Il en est de même de kawama (Kolwezi) où
nous avions autrefois assisté à la répression des
creuseurs. C'est tout comme la répression des étudiants ou des
marchands pirates. C'est comme l'a si bien montré également
Kalend A Kabamb (2010) en parlant de dispositif sécuritaire dans les
sites miniers d'exploitation artisanal de Lwisha, l'installation du guichet
unique a nécessité la répression des creuseurs qui s'est
soldée par un bain de sang et la victoire des policiers sur les
creuseurs, une manière de montrer la manifestation de la force
régaliènne.
Qu'il s'agisse de kalukuluku, de Kawama, de Mbola ou de la
répression des étudiants, l'intervention policière s'est
toujours accompagnée par les chansons qui constituent un atout
sécuritaire dans le cadre de la persuasion. C'est dans ce contexte que
les chansons constituent un mode de sécurisation.
Que retenir pour ce chapitre ?
Il nous a permis de fixer le contexte de production des
chansons policières, de déterminer les thématiques qui en
découlent pour enfin chuter sur les quelques fonctions que
recèlent les chansons policières. Les principaux résultats
de cette recherche son scrutés d'une manière plus
synthétiques en présentant les grands traits dans la conclusion
générale.
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