§.1 : LA CHANSON, MODE DE REVENDICATION POLICIERE
La Police Nationale Congolaise jusque là n'est pas
syndiquée. Elle ne prend pas en compte l'aspect revendicatif. La loi
n?002/002 du 26 janvier 2002 portant institution, organisation et
fonctionnement de la police nationale congolaise ne fait pas allusion au
syndicat. Néanmoins le projet de la reforme de la police met en exergue
le syndicat en privant les acteurs de l'action de la grève dans la
logique d'éviter la dérive puisque si la police fait la
grève, celle-ci est susceptible de régénérer
plusieurs situations-problèmes.
A chaque fois qu'une occasion est offerte aux policiers soit
par `'mutshaka'' soit par n'importe quels rassemblements, les policiers
animent, marchent, chantent les diverses chansons voire celles dites
revendicatrices et interpellatrices. Les policiers en profitent pour braver les
interdits, c'est-à-dire, ils se livrent à des revendications et
à des interpellations.
En face de la hiérarchie, la chanson constitue un mode
de revendication et les policiers font passer le message sous forme
humouristique.
C'est comme cet extrait : « Toko mela mayi
na mapa ezanga sukali » :Nous allons prendre un déjeuner
sans sucre.
Les policiers revendiquent à travers la chanson. Ainsi,
les chansons véhiculent un certain message. C'est aussi un moyen de
communication pour exprimer l'impression de revendication. Cette exigence
exprimée par une protestation individuelle ou collective et orale est
destinée à une personne, à une institution ou au
public.
Exigence exprimée par une manifestation de leur
indignation. Les policiers font une déclaration par laquelle ils
s'opposent à ce qu'on considère illégitime ou injustice.
Parmi les chansons revendicatrices, nous avons retenu
celle-ci :
« Moto nani, moto nani apesa nga fungulo
Na fungola likolo, na mona Nzambe. » :
(Quelle personne, quelle personne peut donner la clef
Pour ouvrir le ciel afin que je voie Dieu.)
Cet extrait traduit la revendication policière sous
une forme indirecte en s'adressant à Dieu pour qu'il intervienne sur sa
situation sociale et économique. Cette revendication se réalise
sous forme poétique en atténuant l'aspect revendicatif et en
masquant ce qui devrait être dit. Cette manière de s'exprimer
permet aux policiers d'éviter la sanction qui rentre dans le cadre
réglementaire.
Il en est de même concernant la chanson ci-
après :
Koudou na mileli mama, oya ye
Koudou na mileli mama, oya ye
Motema mosi mobeti, oya ye
Elumbe lumbe lumbe, oya ye
Traduction en français
Policiers se posent des questions sur leurs misères,
oya ye
Policiers se posent des questions sur leurs misères,
oya ye
Leurs coeurs sont brisés, oya ye
Garçons aguerris, garçons aguerris,
garçons aguerris, mama oya ye.
Cet extrait montre que les policiers revendiquent leurs
misères d'une manière poétique afin que le gouvernement
puisse en tenir compte. C'est une revendication masquée. Le
supérieur est conscient, mais il ne peut punir collectivement les
policiers puisque le règlement militaire qui régit la police ne
le permet pas.
Parfois, ce sont les chansons qui s'adressent aux
concernés dans le but de demander quelque chose sur un besoin ressenti.
Elles suscitent un vif intérêt mêlé
d'inquiétude pour quelqu'un.
Suivons à travers cet extrait d'une chanson
revendicatrice :
« Commandant ya P.IR, he he, commandant ya
P.I.R ,
To komela mayi na mapa ezanga sukali hin he.»:
(Commandant de P.I.R. he he , de commandant de
P.I.R,
Nous consommons de l'eau sans pain et sucre hin he.)
Ce discours véhiculé à travers cet
extrait montre comment les policiers revendiquent la nourriture qui n'est pas
complète. Les policiers eux-mêmes raisonnent en termes de la
ration ou effectif. Ce dernier terme ne désigne pas seulement l'effectif
équivalent de nombre des policiers, mais aussi la part dont chaque
policier doit bénéficier.
A ce propos, le policier Mafuta renseigne :
« Autre fois, nous avions des cantines et chaque
policier bénéficiait de la nourriture gratuitement pendant qu'il
était en faction. Pour le moment, c'est le principe de chacun pour soi.
Même si l'on fait quarante-huit heures de garde, il faut que votre femme
vous apporte à manger. »
Apres avoir discouru sur la chanson comme de revendication
policière, parlons de la chanson comme mode d'interpellation.
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