La chanson comme mode d'expression policier( Télécharger le fichier original )par Charles NGOY LWAMBA BIN Université de Lubumbashi - Licence en criminologie 2011 |
§.2. : LA CHANSON COMME MODE D'INTERPELLATIONLes chansons véhiculent un certain message. C'est aussi un mode d'interpellation pour exprimer l'impression ressentie de revendication. Cette exigence exprimée par une protestation individuelle ou collective et orale est destinée à une personne, à une institution ou au public. Exigence exprimée par une manifestation de leur indignation. Les policiers font une déclaration en forme d'interpellation par laquelle ils s'opposent à ce qu'on considère illégitime ou injuste. Demande de réparation pour une injustice subie ou imaginée chez l'enfant, l'interpellation est souvent de nature affective et peut se traduire par un comportement agressif. Délaissé, ou se sentant délaissé, suite à une nouvelle naissance au sein du foyer, il risque de devenir boudeur et de manifester des conduites régressives, telles que l'énurésie. Le but inconscient étant d'attirer l'attention sur lui, pour combler le manque affectif ressenti. Chez l'adulte, les interpellations font souvent office de surcompensation. Le sujet peut ainsi chercher inconsciemment à masquer un sentiment d'infériorité, du à son statut social. Chez les individus dont les valeurs du surmoi sont particulièrement strictes, les interpellations peuvent prendre une tournure obsessionnelle et confiner au délire. C'est comme le cas de cette chanson : Makambo mibale eboma mokili mobimba Liboso nde likambo ya falanga Ya mibale likambo ya basi, baninga botiya matoyi Soki bana mibale balingani lokola bakufa, Elenge ya mwasi akoki nde kokabola bango soki akoti na kati na Bango Nayebi te, soko bokodouter namaloba ma ngai, nakanisi mpe te. Traduction en français Deux problèmes (affaires) ont détruit ce monde. Premièrement il s'agit de l'argent Deuxièmement c'est le problème des femmes, mes amis prêtez vos Oreilles : Si deux jeunes gens s'aiment à mourir, Une jeune fille peut les séparer si elle s'interpose entre eux. Pour ce qui concerne l'argent, je pense que vous-mêmes en savez Assez, Mes amis, faites bien attention. Je ne sais si vous douterez de mes propos, mais je pense que non. Commentaire : Cette chanson s'inscrit dans la tendance de contestation. Les policiers y stigmatisent les deux problèmes majeurs qui préoccupent le monde, à savoir : l'argent et la femme. Ils se limitent à une interpellation des autorités politico-administratives et policières face à ces problèmes et attirent leur attention là-dessus. Mais il conviendrait de relever cet autre aspect qui est implicite et qui consiste à considérer les policiers comme des marchepieds du pouvoir. Les paroliers mettent en garde les autorités civiles et policières contre la non considération des mauvaises conditions de vie du policier. Par fois, toute la question de la communication est présentée sous forme des pamphlets. §. 3. LES PAMPHLETS « MBWAKELA »Tiré du verbe lingala « kobwaka » qui signifie « jeter », « Bwakela » signifie l'action, le fait de jeter. Et, dans le cas d'espèce, il cite (le destinataire implicite). Le terme « pamphlet » apparaît de manière officielle en 1824 dans l'oeuvre de Paul-Louis Courier : Le Pamphlet des pamphlets. Il se caractérise le plus souvent par une critique du pouvoir en place. Le verbe est violent, le ton virulent, la forme courte et élancée. Le caractère explosif du pamphlet tient du fait que son auteur a l'impression de détenir à lui seul la vérité ; il jette un regard indigné sur le monde. Le pamphlétaire doit rétablir le vrai sens des mots qui, selon lui, a été dépouillé. Il veut faire éclater une évidence (d'où une absence de nuance) ; pour cela, il use d'un discours maximaliste et hyperbolisé. Ainsi, il se repose sur une vision du monde catastrophique annonçant la mort de quelque chose (une notion, une valeur...). Le pamphlétaire n'utilise ni argument ni preuve, il recherche l'action immédiate. Le pamphlet a pour but d'inciter les personnes visées à agir en les poussant à l'indignation de vivre dans un « tel » monde. La relative incertitude qui entoure l'origine étymologique du substantif pamphlet fixe d'entrée la teneur du terrain de recherche sur lequel nous nous engageons et la réputation de ses occupants : une ancienneté obscure et des praticiens infréquentables. L'histoire démontre que le pamphlet, quoique toujours négligé dans son étude en sociologie policière, s'est manifesté chez les policiers comme un moyen de réaction et d'expression de leur révolte. Le pamphlétaire est porteur d'une vérité à ses yeux aveuglante, telle qu'elle devrait de toute évidence imprégner le champ où il prétend agir - et pourtant il se trouve seul à la défendre et refoulé sur les marges par un inexplicable scandale. Ce phénomène est souvent lié à la vie des policiers. En tant que tel, il n'échappe pas aux conflits qui caractérisent toute l'humanité (la société). Mais les paroliers de la chanson policière, dans leurs aventures sentimentales ou dans leur vie de tous les jours, rencontrent souvent des petits conflits ; des déceptions pourquoi pas, qui leur imposent des situations frustrantes dont ils ne peuvent se libérer qu'à travers la chanson, la seule arme à leur disposition. Exemple : Nani a tindaki yo mwana Omela likaya mabe Ndingisa ya commandant (2x) Commandant tika bangi oyo omelaka Commandant tika bangi oyo omelaka na se ya makusa Traduction en français Qui t'as appris toi enfant De fumer du chanvre ? C'est avec de l'autorisation du commandant (2X) Commandant laisse du chanvre que tu fumes Commandant laisse la drogue que tu prends juste après le repas Commentaire : Ici, les paroliers fustigent le mauvais comportement de la troupe. Or, il n'y a pas de mauvaises troupes, il n'y a que des mauvais chefs, pour dire que certains chefs sont « mauvais ». Dans cette chanson, les policiers sont en train de s'adresser indirectement à leurs chefs de prêcher par l'exemple. Car dit-on, tel fils telle mère. |
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