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Les réformes du système financier international: quelle adaptabilité du système financier marocain?

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par Hayat BERDOUZ
Université Mohammed I Oujda faculté des sciences juridiques, économiques et sociales - Diplômes d'études Supérieures approfondies 2005
  

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B- Conformité aux principes fondamentaux de Bâle pour un contrôle bancaire efficace

L'évaluation de l'efficacité du contrôle bancaire marocain réalisée en février et mai 2002 est basée sur la méthodologie du Comité de Bâle sur l'évaluation des principes fondamentaux pour une supervision efficace. Cette évaluation s'inscrit dans le cadre de la mission d'évaluation du système financier marocain (PESF).

1- La supervision bancaire au Maroc

L'amélioration de la supervision bancaire requiert une révision de stratégie et la définition précise d'objectifs opérationnels. Cette démarche implique une réflexion sur la contribution respective du contrôle sur documents, du contrôle sur place, du contrôle interne des banques et des auditeurs externes. Il est d'autant plus urgent d'arrêter des choix que les contrôles sur place sont effectués selon une périodicité très espacée (supérieure à cinq ans) et que le recrutement de la DCEC, limité à cinq agents au cours des cinq dernières années, n'a pas permis d'atteindre un effectif permettant un contrôle adéquat. Il est à noter que BAM a élaboré un projet de circulaire sur l'audit externe des établissements de crédit qui précise les modalités d'agrément des auditeurs externes, ainsi que l'étendue de leur mission dans un sens qui accroît leur responsabilité ainsi que leur contribution aux travaux de contrôle.

2- Principales conclusions et recommandations du PESF

L'évaluation des vingt-cinq principes est résumée ci-après :

Principe 1 Objectifs, autonomie, pouvoirs et moyens 

Conclusions

BAM joue un rôle central entant qu'autorité de supervision, le Ministère des finances détient des pouvoirs étendus en matière d'agrément, de réglementation et de sanctions. Une clarification des rôles respectifs de BAM et du Ministère des finances, dans le sens d'un renforcement de l'indépendance de BAM, fait l'objet de réflexions dans le cadre d'une révision en cours de la loi bancaire. Le projet de loi vise également à redéfinir les rôles du Comité des établissements de crédit et de la Commission des Etablissements de Crédit de manière à confier à la première instance (CEC) la responsabilité des questions relatives à l'agrément et à la réglementation et à la seconde (CDEC) l'exclusivité des décisions en matière disciplinaire.

Au plan des ressources humaines, faute d'un recrutement suffisant au cours des dernières années, le département de la supervision bancaire de BAM (DCEC) souffre d'un manque d'effectif et d'une pyramide des âges déséquilibrée. Le contrôle des établissements de crédit (21 banques et 50 sociétés de financement) est assuré par une trentaine de cadres seulement. En revanche, des efforts ont été récemment consentis pour doter la DCEC de moyens matériels et informatiques adéquats.

Recommandations

§ Renforcer l'autonomie et les pouvoirs de BAM vis à vis du Ministère des finances (clarification des responsabilités respectives de BAM et du Ministère des finances, modalités de révocation du Gouverneur...).

§ Modifier les attributions respectives du CEC et de la CDEC.

§ Instaurer des mécanismes de coopération avec les autres autorités de contrôle y compris avec les homologues à l'étranger.

§ Amender le cadre législatif en vue de renforcer le rôle des auditeurs externes (étendre leurs responsabilités, pouvoirs de sanction en faveur des autorités prudentielles à l'encontre des auditeurs externes, ...).

§ Accroître les effectifs de la DCEC et l'effort de formation

Principes 2-5 Agrément et structure 

Conclusion

Les procédures d'agrément sont largement conformes aux principes du Comité de Bâle. Les demandes d'agrément sont instruites par le CEC qui donne son avis au Ministre des finances pour décision. Le dispositif juridique prévoit un agrément, dans les mêmes conditions, pour toute opération de fusion ou de prise de contrôle. Il faut noter que le Ministre des finances est en mesure de refuser l'octroi d'un agrément en dépit de l'avis favorable émis par le CEC. En revanche, il ne peut passer outre cet avis si celui-ci est défavorable ou soumis à certaines conditions. La décision de retrait d'agrément est également du ressort du Ministre des finances.

Recommandation

Pas de recommandations

Principes 6-15 Réglementation prudentielle 

Conclusion

Le cadre réglementaire et prudentiel a été substantiellement amélioré au cours des dernières années. De nombreux textes ont été introduits ou révisés. D'autres initiatives en cours sont susceptibles de renforcer de façon significative l'exercice du contrôle prudentiel.

L'adoption en 2001 d'une réglementation sur le contrôle interne (principe 14) devrait conduire BAM à modifier en profondeur les conditions de supervision des établissements de crédit, dans le sens d'une attention accrue portée aux conditions de leur fonctionnement et de leur gouvernance.

Il est envisagé de procéder à une refonte de la réglementation sur la classification et le provisionnement des créances (principe 8).

En raison de l'insuffisance des effectifs qui limite la fréquence des contrôles sur place, il était attendu que les auditeurs externes (principe 14) jouent un rôle «d'auxiliaire de supervision» sans que le contenu et la forme de cette contribution aient jamais été précisément définis. Compte tenu du renforcement du rôle des auditeurs externes, prévu dans une circulaire à l'état de projet, il est impératif de définir des objectifs clairs précisant les conditions dans lesquelles les autorités prudentielles entendent mener leur action.

En matière de lutte contre le blanchiment (principe 15), il n'existe pas de texte spécifique régissant la participation des établissements de crédit à la lutte contre les activités financières criminelles. Toutefois le Maroc a voté en octobre 2001 la résolution n° 1373 du Conseil de Sécurité de l'ONU relative à la lutte contre le financement du terrorisme. En outre, un comité constitué de représentants du Ministère des finances, de BAM et de l'Office des changes a été chargé de proposer les mesures susceptibles d'être prises dans ce domaine.

Recommandations

§ Envisager la possibilité de calculer les exigences en fonds propres en fonction du profil de risque de chaque établissement de crédit, principe 6

§ Réviser la réglementation sur la classification et le provisionnement des créances, principe 8

§ Procéder à une refonte du service central des risques en vue de faciliter son exploitation par la DCEC, Principe 9

§ Définir une méthodologie d'évaluation du contrôle interne, Principe14

§ Définir un cadre réglementaire spécifique en matière de blanchiment, et soumettre les banques off-shore au dispositif prudentiel, principe 15

Principes 16-20 Méthodes de contrôle bancaire permanent

Conclusions

BAM est chargée du contrôle sur pièces et sur place des assujettis (principe 16). En raison de l'insuffisance d'effectifs, les missions d'inspection sur place sont le plus souvent à objectifs limités et conduites à intervalles de temps très espacés (5-6 ans en moyenne). En raison de la mise en place récente d'un nouveau plan comptable, la DCEC s'attache à définir de nouvelles procédures de contrôle adaptées au nouvel environnement afin d'être en mesure d'exploiter au mieux les informations reçues (principe 18).

La circulaire sur le contrôle interne, ainsi que celle en cours de finalisation sur l'audit externe devraient contribuer à modifier l'architecture d'ensemble du contrôle prudentiel. Au plan de la stratégie de supervision, ces textes affectent les rôles respectifs du contrôle sur documents, du contrôle sur place et des auditeurs externes (principe 19). Il appartiendra désormais aux inspecteurs de porter une appréciation sur la qualité du contrôle interne et des contrôles des auditeurs externes. Enfin, compte tenu des exigences que ces réglementations impliquent, il est impératif que BAM intensifie ses contacts avec les établissements de crédit à différents niveaux hiérarchiques, ainsi qu'avec les auditeurs externes (principe 17).

Suite à l'adoption du plan comptable des établissements de crédit et des règles sur la consolidation, la DCEC a modifié son organisation interne pour être mieux à même de surveiller les assujettis sur une base consolidée (principe 20).

Recommandations

§ Définir les objectifs opérationnels du contrôle sur pièces et sur place en fonction de la stratégie de contrôle. Et développer une méthodologie d'évaluation d'ensemble des établissements de crédit (notations) Principe 16

§ Développer les contacts avec les responsables des établissements de crédit aux différents niveaux hiérarchiques, principe 17

§ Instaurer des procédures adéquates de l'agrément des auditeurs externes des banques par BAM, et définir les responsabilités prudentielles de ceux-ci et les réglementer conformément au texte de loi en cours d'élaboration.

§ Et introduire un régime approprié d'incitations et de sanctions concernant les auditeurs externes en vue d'assurer le respect des règles, et développer une méthodologie d'évaluation des travaux des auditeurs externes, Principe 19

Principe 21 Exigences en matière d'information

Conclusion

L'adoption et la mise en oeuvre d'un nouveau plan comptable bancaire ont permis aux établissements de crédit de rationaliser leurs systèmes d'information et à BAM d'adapter ses propres systèmes de traitement. Il en est attendu des améliorations en ce qui concerne la fiabilité des informations et les procédures de surveillance.

Recommandation :

Pas de recommandation

Principe 22 Pouvoirs des superviseurs

Conclusions

Au plan juridique, BAM dispose de larges prérogatives (principe 22) pour obliger les assujettis à prendre les mesures nécessaires au respect des règles prudentielles et à la protection des déposants. Toutefois les sanctions les plus graves (restriction d'activité, retrait d'agrément, nomination d'administrateurs provisoires) sont prononcées par le Ministre des finances sur proposition du Gouverneur de BAM après avis de l'une des deux instances consultatives (CEC et CDEC). S'agissant des difficultés des banques publiques (ex OFS), l'action de BAM a pu être, dans certaines circonstances, quelque peu entravée du fait du manque d'indépendance de BAM. L'entrée en vigueur en 2001 d'une réglementation sur les sanctions pécuniaires devrait permettre à BAM d'exercer une plus forte pression sur les établissements de crédits, dans la mesure où la constatation d'infractions aux principales règles prudentielles implique désormais l'application de pénalités. Enfin, la révision de la loi bancaire pourrait également donner à BAM davantage de moyens d'action.

Recommandation

Renforcer les pouvoirs de BAM et de la CDEC (sanctions, nomination d'administrateurs provisoires, suspension de distribution de dividendes, etc.).

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