Section 2 : Elaboration et validation du
questionnaire
Dans la recherche en Sciences de Gestion, notamment en
marketing, la détermination d'un instrument de mesure reste une
étape critique. Si les concepts sont abordés dans la
littérature, dans le même contexte, le chercheur peut recourir aux
instruments utilisés. En revanche, si les concepts ne sont pas
abordés dans la littérature dans le même contexte, comme
notre cas ici, le chercheur aura tendance à élaborer son propre
instrument de mesure.
Pour ce travail le questionnaire est l'instrument de mesure
utilisé pour la collecte des informations. N'étant pas qu'une
simple liste de questions son élaboration requiert beaucoup de rigueur.
Churchill avait développé en 1979 une démarche d'ordre
méthodologique (paradigme de Churchill) pour la construction des
questionnaires à échelles multiples qui a depuis lors fait
l'objet de beaucoup d'améliorations. Ce paradigme de Churchill nous sert
de référence pour l'élaboration de notre échelle de
mesure.
Nous allons dans un premier temps exposer les définitions
et principes de ce paradigme, avant de présenter la structure
factorielle et l'analyse confirmatoire.
I. Construction du questionnaire à partir du
paradigme de Churchill :
principes et
définitions
Nous nous sommes basés sur le paradigme de Churchill
pour bâtir échelle de mesure. Ce paradigme s'inscrit dans la
théorie de la mesure qui vise à tester la qualité des
instruments de mesure tels que les échelles d'attitude. Il est
fondé sur la vraie valeur formalisée de la manière
suivante Evrard et al. (2000) p. 287.
92
Encadré 3.3 : formule de la mesure
obtenue
M= V + Es + Ea
Mesure obtenue= Vraie valeur+Erreur systématique+
Erreur aléatoire
Le questionnaire a comme objectif de tendre vers l'obtention
d'une mesure parfaite du phénomène étudié (vraie
valeur). La poursuite d'un tel objectif semble être difficile si le
domaine étudié porte sur des attitudes et des perceptions
subjectives. C'est pour cette raison que, les différentes étapes
proposées dans le paradigme de Churchill visent à réduire
deux types d'erreur de mesure à savoir l'erreur systématique
(erreur dépendant de l'instrument de mesure) et l'erreur
aléatoire (erreur dépendant des circonstances de mesure).
Après s'être fait une idée du paradigme de
Churchill, nous allons exposer, sur la figure 3.1 suivant, les
différentes étapes qui nous mènent à la
construction de nos échelles de mesure.
93
Figure 3.1 : Etape du paradigme de
Churchill
Spécifier le domaine du construit
Revue de la littérature
Entretiens semi directifs auprès des individus
fréquentant les boutiques de quartier
|
Générer un échantillon d'items
|
· Retranscription des entretiens et analyse de
contenu
· Rédaction de 27 items pour la
qualité de service perçue
· Rédaction de 18 items pour l'engagement
Première collecte de données
· Pré-test du questionnaire auprès
de 200 étudiants. Utilisation de l'échelle de mesure de Likert
à cinq niveaux
Purifier les mesures
|
· Analyse factorielle exploratoire (ACP) avec
rotation varimax et coefficient alpha de Cronbach
· qualité de service perçue : 2
dimensions 8 items
· Engagement : 3 dimensions 8 items
|
|
Deuxième collecte de données
|
· 2éme collecte de données
auprès de 200 individus fréquentant les boutiques de
quartiers
|
|
Purifier les mesures
|
· Analyse factorielle exploratoire (ACP) avec
rotation varimax et coefficient alpha de Cronbach
· Qualité de service perçue : 2
dimensions 4 items
· Engagement : 2 dimensions 6 items
|
|
Estimer la fiabilité
|
· Analyse factorielle
confirmation (AMOS)
· Coefficients á de Cronbach et ñ de
Joreskog
|
Estimer la Validité
> Validité convergente et
discriminante
Après avoir présenté le paradigme de
Churchill, nous allons maintenant entrer dans les détails des calculs,
analyses et interprétations qui ont conduits à la validation
du
questionnaire.
94
1. La première collecte de données
Cette première collecte de données s'est
déroulée pendant le mois Juin 2008 auprès de 200 clients
des boutiques de quartier à Dakar. Les personnes enquêtées
par questionnaires ont répondu à 27 questions pour la
qualité de service perçue et à 18 questions relatives
à l'engagement grâce à une échelle de Likert
à 5 points. A la suite de cette enquête on a obtenu 200
observations pour chaque item, rappelons que les items ont été
générés grâce à la revue de la
littérature et aux entretiens semi directifs.
2. Purification des échelles de mesure
La purification consiste à supprimer les items peu
pertinents et d'analyser les caractéristiques multi dimensionnelles des
concepts. Afin de déterminer la structure factorielle de notre
échelle, nous allons procéder par des analyses factorielles.
> Quel est l'intérêt de l'analyse
factorielle ?
L'analyse factorielle est une démarche statistique de
structuration des données, qui consiste à résumer
l'information, en regroupant des variables quantitatives en variables
composites ou combinaisons linéaires appelées composantes
principales ou facteurs ou axes, Evrard et al (1993).Son postulat fondamental
est : si des variables sont corrélées les unes avec les autres
dans nos données, c'est parce qu'elles subissent l'influence de certains
facteurs qui leur sont communs. Ainsi l'objectif de l'analyse est de mettre en
évidence ces facteurs communs (facteurs latents), non directement
observables, mais qui pourront être estimés.
Après ces quelques éléments de
réponse à cette question, nous sommes tenté de poser la
question:
> Peut-on réaliser une analyse factorielle avec
nos données ?
Cette question peut être reformulée de la
manière suivante : « les données formentelles un ensemble
suffisamment cohérent pour qu'il soit raisonnable d'y chercher des
95
dimensions communes qui aient un sens et ne soient pas des
artefacts statistiques ? », Evrard et al (2000). Il existe deux tests qui
permettent de répondre à cette question : le MSA (Measure of
Sampling Adequacy) également appelé test de KMO de Kaiser, Meyer
et Olkin et le test de sphéricité de Bartlett.
v' Le KMO : Il mesure l'importance des
coefficients de corrélation observés par rapport à
l'importance des coefficients de corrélations partielles. Autrement dit,
il teste si les coefficients de corrélation entre les
énoncés sont suffisamment élevés pour y chercher
des dimensions communes. Un KMO élevé (proche de 1) indique que
l'analyse factorielle est une méthode appropriée et pertinente
pour analyser les données. En revanche, un KMO inférieur à
0.5, signifie que les items ne partagent pas assez de variance pour que
l'analyse factorielle soit adéquate.
v' Le test de sphéricité de Bartlett:
Il analyse la forme du nuage de point et test l'hypothèse d'une
matrice de corrélation égale à une matrice identité
(échantillon issu d'une population normale pour les variables
considérées). Il confirme l'existence de relations entre les
variables et la pertinence de l'analyse factorielle, Evrard et al (1993). Si la
signification (Sig.) tend vers 0.000, c'est très significatif ;
inférieur à 0.05, significatif ; entre 0.05 et 0.10, acceptable
et au dessus de 0.10, on rejette.
Dans cette recherche nous avons utilisé à la
fois le KMO et le test de sphéricité de Bartlett pour
étudier la pertinence de l'analyse factorielle, en d'autres termes ces
instruments nous ont permis de répondre à la question
posée : l'analyse factorielle est elle possible avec nos données
?
Nous en venons maintenant à l'objet de la purification,
consistant à se demander : > Quels sont les items pertinents
à retenir ?
96
Pour répondre à cette question, il faut d'une
part étudier les communalisés, qui mesurent la part de la
variance de la variable expliquée par les facteurs retenus. Ces derniers
sont les facteurs dont leurs valeurs propres sont supérieures à
1, une valeur propre représente la variance totale expliquée par
chaque facteur, du fait qu'on travail avec des données centrées
réduites cette variance vaut 1. D'autre part, il faut étudier les
coefficients
de corrélation entre les variables (items) et les
facteurs. Pour cela il faut regarder du cotéde la matrice factorielle ou
matrice des composantes principales représentant les
coefficients de corrélation (loadings) entre les
variables centrées réduites et les facteurs. La règle est
de ne retenir que les variables dont la valeur du coefficient de
corrélation en valeur absolue avec le facteur est supérieure
à 0,5, Evrard et al (1993). Ces variables peuvent être
corrélées à plusieurs facteurs, pour une bonne
interprétation de ces facteurs il est préférable de
procéder à une rotation.
L'objectif de la rotation est d'accentuer les
corrélations de chaque item avec les facteurs qu'ils ont servis à
constituer, la rotation n'affecte pas les communalisés, ni le
pourcentage de la variance totale expliquée. La rotation peut être
orthogonale, si les axes sont maintenus orthogonaux et que les facteurs qui en
résulte sont non corrélés, la méthode varimax qu'on
a appliquée pour cette recherche est la plus utilisée. La
rotation peut être oblique ou oblimin lorsque les axes sont non
orthogonaux et les facteurs sont corrélés.
Ces quelques indications concernant les instruments
utilisés, étant donnés, la présentation des
résultats de l'analyse factorielle sera faite dans les points qui
suivent.
97
a. Analyse factorielle des items de l'échelle
de la qualité de service perçue
A la question est-il possible d'effectuer l'analyse
factorielle ? Nous avions retenu que c'est le KMO et le test de Bartllet qui
permettent d'y répondre. Un KMO de 0,784 largement supérieure
à 0,5 indique que l'analyse factorielle est possible avec les items de
la qualité de service perçue. Ce résultat est
confirmé par le test de Bartlett avec une signification égale
à 0.Ces résultats sont présentés sur le tableau
3.1.
KMO
|
0,784
|
Test de Sphéricité de Barlett
|
Khi deux approximé
|
471,777
|
Ddl
|
36
|
Signification de Bartlett
|
0,000
|
Tableau 3.1 : KMO et test de Bartlett pour la
qualité de service perçue
Source : données de l'enquête
Notre objectif dans l'analyse factorielle est de
résumer l'information en quelques dimensions pertinentes qui seront des
combinaisons d'items. Pour ce faire on va d'abord déterminer les
dimensions, ensuite analyser la communalité pour enfin analyser la
fiabilité interne de ces dimensions.
> Pour la détermination des facteurs c'est la
règle de Kaiser qui sera utilisée. Cette règle veut qu'on
ne retienne que les facteurs aux valeurs propres supérieures à 1,
les facteurs retenus (appelés sur le tableau 3.5 composante 1, 2 et 3)
ont pour valeur propre 3,381, 1,424 et 1,092. Après cette
première analyse on se retrouve avec trois dimensions de la
qualité de service perçue expliquant 65,53% de l'information.
98
Tableau 3.2 : variance de la qualité de
service perçue
|
Valeur propre
|
Pourcentage de variance expliquée
|
Variance cumulée
|
Composante1
|
3,381
|
37,565
|
35,565
|
Composante2
|
1,424
|
15,827
|
53,391
|
Composante3
|
1,092
|
12,139
|
65,53
|
Source : données de l'enquête
La communalité permet d'assurer que les facteurs
retenus expliquent une part suffisante de la variance de chaque item, elle
représente la somme des carrés des poids factoriels. Si la
communalité d'un item est supérieure à 0,5, il est
considéré comme suffisamment contributif à expliquer
l'axe. Sur les 27 items de départ nous nous sommes retrouvés avec
10 items, les 17 items sont éliminés après analyse de
leurs communalités. A chaque fois qu'on retire un item dont sa
communalité est inférieure à 0,5, nous avons
relancé les calculs pour ensuite revoir s'il y'en a d'autres avec une
communalité inférieure à 0,5 ainsi de suite jusqu'à
ce qu'on ait que des items avec des communalités supérieures
à 0,5.
Ce procédé nous a permis de ne retenir que 10
items répartis en trois facteurs expliquant une part importante de la
variance de chacun d'entre eux. Les items retenus sont présentés
sur le tableau 3.3.
99
Tableau3.3 : dimensionnalité et structure
factorielle de la qualité de service perçue
Résultats après la première
collecte de données
|
á de Cronbach
|
Facteur1
|
0,811
|
Le vendeur de mon point de vente est courtois à mon
égard Le vendeur de mon point de vente traite mes réclamations
immédiatement et efficacement
Le vendeur de mon point de vente est compréhensif
Le vendeur de mon point de vente est aimable
Le vendeur de mon point de vente est très
attentionné à mon égard
|
Facteur 2
|
0,6557
|
Le produit que je veux est toujours disponible dans mon point de
vente J'ai tout ce qu'il me faut dans mon point de vente
Le vendeur de mon point de vente m'accorde du crédit
|
Facteur 3
|
0,5388
|
Le vendeur maître toutes les informations sur les produits
sur les produits vendus dans le point de vente
Je me retrouve facilement dans le point de vente parce que c'est
bien aménagé
|
á de Cronbach de l'échelle
|
0,784
|
> Pour analyser la fiabilité interne de
l'échelle on a recourt au á de Cronbach. Il varie entre 0 et 1 et
mesure le degré auquel l'ensemble des items inclut dans l'échelle
mesure bien la même chose. Ce coefficient est considéré
comme satisfaisant lorsque qu'il est compris entre 0,5 et 0,6, Nunally (1978).
Par contre s'il n'atteint pas cette valeur des items mal corrélés
avec d'autres doivent être éliminés afin d'augmenter sa
valeur.
Le á de Cronbach de l'échelle est 0,784, largement
supérieur à 0,5, nous pouvons donc approuver la fiabilité
interne de l'échelle.
b. Analyse de l'engagement
L'indice de KMO pour l'engagement est de 0,697, donc l'analyse
factorielle est possible pour les données de l'engagement. Le tableau
3.4 montre les résultats.
100
Tableau 3.4 : KMO et test de Bartlett pour
l'engagement
KMO
|
0,697
|
Test de
Sphéricité de Barlett
|
Khi deux
approximé
|
372,571
|
Ddl
|
28
|
Signification de
Bartlett
|
0,000
|
Comme avec la qualité de service perçue le test
de Kaiser permet de déterminer les facteurs, alors que la
communalité est utilisée pour éliminer tout item dont la
valeur est inférieure à 0,5. Chaque fois qu'un item est
éliminé, l'analyse factorielle est renouvelée. Finalement
trois facteurs sont obtenus avec 8 items. Ces facteurs expliquent 67,922% de la
variance expliquée, ce qui est acceptable. Les caractéristiques
de ces facteurs sont présentées dans le tableau suivant :
Tableau 3.5 : Variance totale expliquée,
échelle d'engagement
|
Valeur propre
|
Pourcentage de variance expliquée
|
Variance cumulée
|
Composante1
|
2,788
|
34,849
|
34,849
|
Composante2
|
1,599
|
19,987
|
54,836
|
Composante3
|
1,047
|
13,086
|
67,922
|
Pour la fiabilité interne de l'échelle le
á de Cronbach est toujours utilisé. Nous avons
déterminé le á pour chaque item, pour chaque facteur et
pour l'échelle. Ainsi les á obtenus sont convenables. Les
résultats sont proposés sur le tableau 3.7.
101
Tableau 3.6 : dimensionnalité et structure
factorielle de l'engagement
Facteurs
|
Items
|
á de
l'item
|
á du
Facteur
|
Facteur1
|
Je suis tellement habitué(e) à ce point de vente
qu'il me sera très difficile de ne pas y aller
|
0,861
|
0,761
|
Je suis attaché(e) à ce point de vente
|
0,825
|
J'ai le sentiment d'être particulièrement
attaché à ce point vente
|
0,688
|
Facteur2
|
J'achèterai dans ce point de vente, même si les prix
de ses produits deviennent plus élevés que ceux des
concurrents
|
0,820
|
0,664
|
Quel que soit le niveau de service proposé, je ne
changerai pas de point vente
|
0,706
|
Si les prix de mon point de vente augmentaient fortement, je ne
changerai pas mes habitudes de fréquentations
|
0,783
|
Facteur3
|
Le maintien de ma relation avec ce point de vente se justifie par
la qualité de ses services
|
0,873
|
0,634
|
La qualité de la relation avec le vendeur justifie mon
attachement au point de vente
|
0,773
|
|
á de Cronbach de l'échelle
|
|
|
Cette phase exploratoire terminée et poursuivant
toujours le paradigme de Churchill, une deuxième collecte s'impose afin
de répliquer ou non la dimensionnalité des échelles
obtenues.
II. Réplique de la structure factorielle et
analyse confirmatoire
Après une deuxième collecte avec les
échelles épurées, un nouveau traitement s'impose avec les
données nouvellement recueillies.
102
1. Analyse factorielle de la nouvelle
collecte
Cette deuxième collecte est effectuée durant le
mois d'août 2008 sur toujours un échantillon de 200 individus
fréquentant régulièrement les boutiques de quartier au
Sénégal.
Les KMO de 0,781 pour l'engagement et 0,514 pour la
qualité de service perçue montrent bien que l'analyse factorielle
est possible avec ces nouvelles données. Les résultats des tests
de Bartlett et du KMO sont présentés par le tableau suivant 3.7
:
Tableau 3.7 : KMO et test de Bartlett pour la
deuxième collecte
Concepts
|
Qualité de service perçue
|
Engagement
|
KMO
|
0,514
|
,781
|
Test de
Sphéricité de Barlett
|
Khi deux approximé
|
157,851
|
479,838
|
Ddl
|
6
|
15
|
Signification de Bartlett
|
0,000
|
0,000
|
a. Analyse factorielle de la qualité de service
perçue
L'analyse factorielle à rotation varimax, toujours
effectuée, indique avec les données de la deuxième
collecte, deux dimensions de la qualité de service perçue. En
effet, après l'élimination des items de faible communalité
et le renouvellement de l'analyse factorielle sur les 10 items et 3 dimensions,
dont nous disposons à l'issue de la première analyse, il n'en
restait que 4 items avec deux dimensions pour une variance expliquée de
77,931%. Ainsi, la structure factorielle de la qualité de service
perçue est répliquée ; elle sera donc
considérée comme un concept bidimensionnel.
Le á de Cronbach de 0,5758 témoigne de la
fiabilité interne de l'échelle.
Ces résultats figurent 3.8 sur le tableau qui suit.
103
Tableau 3.8 : Structure factorielle de la
qualité de service perçue
Qualité de service perçue bidimensionnel
|
á de Cronbach
|
Variance expliquée
|
Dimension qualité du personnel
|
0,7697
|
40,645
|
Le vendeur de mon point de vente est
compréhensif
Le vendeur de mon point de vente est aimable
|
Achalandage
|
0,6520
|
37,286
|
Le produit que je veux est toujours disponible dans mon point de
vente
J'ai tout ce qu'il me faut dans mon point de vente
|
Qualité de service perçue
|
0,5758
|
77,931
|
b. Analyse factorielle de l'engagement
Contrairement à la qualité de service
perçue la structure factorielle de l'engagement n'est pas
répliquée. L'analyse factorielle de la deuxième collecte
atteste deux dimensions de l'engagement avec 6 items au lieu des trois
dimensions avec 8 items obtenus à la première phase. Par
conséquent, l'engagement est bidimensionnel, avec une variance totale
expliquée par les deux facteurs de 74,14%.
Tableau 3.9 : Structure factorielle de
l'engagement
Engagement
|
á de Cronbach
|
Variance expliquée
|
J'achèterai dans ce point de vente, même si les prix
de ses produits deviennent plus élevés que ceux des
concurrents
Quel que soit le niveau de service proposé, je ne
changerai pas de point de vente
Si les prix de mon point de vente augmentent fortement, je ne
changerai pas mes habitudes de fréquentations
|
0,8327
|
37,56
|
Je suis tellement habitué(e) à ce point de vente
qu'il me sera très difficile de ne pas y aller
je suis attaché(e) à ce point de vente
J'ai le sentiment d'être particulièrement
attaché à ce point de vente
|
0,8133
|
36,58
|
|
0,8195
|
74,14
|
104
1,05
0,98
Figure 3.2 : modèle de mesure de
l'engagement
Engaf1
1,21
0,54
0,89
error_2
error_3
0,89
1,13
1,00
Engaf3
Engagement affectif
error_1
0,80
Engaf2
1
1
1
0,47
error_4
Engcal1
0,63
1
Engcal2
Engcal3
1,08
Engagement calculé
1,00
1
error_5
0,66
error_6
0,62
1
Après l'analyse factorielle exploratoire qui a permis
de procéder à la purification et d'établir la
validité de notre instrument de mesure, il nous revient de passer
à l'épuration de cet instrument grâce à l'analyse
factorielle confirmatoire.
2. Analyse factorielle confirmatoire
L'analyse factorielle confirmatoire (AFC) est une technique
statistique située dans la continuation de l'analyse factorielle
exploratoire. Elle permet de tester le degré auquel une structure
factorielle hypothétique issue de l'analyse exploratoire est conciliable
avec les données recueillies sur l'échantillon. Autrement dit,
elle permet de tester un modèle.
Nos échelles issues des différentes analyses
factorielles sont : une échelle à deux variables latentes
(facteurs) et 4 variables manifestes (items) pour la qualité de service
perçue et deux variables latentes et six variables manifestes pour
l'engagement. Ces échelles sont utilisées pour l'analyse
factorielle confirmatoire dont les résultats sont
présentés ci-dessous.
105
Figure 3.3 modèle de mesure de la
qualité de service perçue
1, 24
error_2
0,32
error_4
1,26
error_5
error_1
0,55
0,28
Qualité personnel
1,00
O,12
1,00
0,49
Achalandage
0,48
1
|
|
Quaper1
|
1
|
|
Quaper2
|
1
|
|
Achal1
|
1
|
|
Achal2
|
Après avoir présentés les schémas
des modèles de mesure testés sur AMOS nous allons étudier
les indices d'ajustements. Ils comparent la qualité d'ajustement du
modèle spécifié à celle d'un modèle de
référence. Les indicateurs comparent donc la matrice de
covariance du modèle théorique avec la matrice de covariance du
modèle observé.
Les indicateurs d'ajustement que nous allons examiner sont les
suivants :
> RMSEA (Root Means Square Error of
Approximation) : cet indicateur mesure l'erreur moyenne d'approximation
attachée au modèle spécifié. Il ne doit pas
dépasser 0,08.
> Le Khi 2 (÷2) : Le ÷2
mesure la divergence entre les relations spécifiées entre les
variables par le modèle et les relations effectivement observées
dans les données.
> Un faible ÷2 indique que le modèle
spécifié par le chercheur est bonne. Le ÷2 rapporté
au nombre de degrés de liberté est un critère de bon
ajustement du modèle ; plus il est proche de 0 meilleur est le
modèle. Toutefois, il est utile de rappeler que cet indice 106
Bassirou DABO 6eme Promotion DEA en Sciences de Gestion
même rapporté au nombre de degrés de
liberté demeure sujet aux variations de la taille de
l'échantillon.
> GFI (Goodness of Fit Index)
et AGFI (Adjusted Goodness of Fit Index) : ces indicateurs
expriment la part de variance / covariance expliquée par le
modèle spécifié. Le GFI est un indicateur brut de la
proximité des matrices S et Ó. Il est souvent assimilé
à un pourcentage de la variance des covariances expliqué par le
modèle. Sa valeur est égale à 1 - F1/F0; où F0 est
la valeur minimum des fonctions d'ajustement du modèle
d'indépendance (M0). Une valeur de 0,95 est considérée
comme satisfaisante (0,90 pour N>300). L'AGFI adapte le GFI pour tenir
compte de la complexité du modèle : nombre de variables (k1) et
du degré de liberté du modèle (d1). Sa valeur est
égale à : (1 - k1 (k1 + 1) /2dl) (1 - GFI). Sa valeur doit
être supérieure à 0,8.
> CFI (indices d'ajustement
incrémental) : le CFI (Comparative Fit Index),
indice comparatif de Bentler : prend nettement en compte la comparaison des
degrés de liberté entre le modèle
testé et le modèle d'indépendance M0. Sa valeur est
égale à : 1 - (max (NCP1,0))/(max(NCP0-d0,0)) où NCP1 et
NCP0 correspondent au paramètre de non centralité pour les
modèles M1 et M0.
Ces indices d'ajustement pour les modèles de la
qualité de service perçue et l'engagement sont exposés sur
le tableau 3.10 :
107
Tableau 3.10: indices d'ajustement des
échelles
Indicateurs
|
Qualité de service perçue
|
engagement
|
Seuils de décision
|
RMSEA
|
0,00
|
,048
|
<0,1
La valeur la plus proche de 0
|
Khi2
|
157,851
|
479,838
|
-
|
Degré de liberté ; p.
|
6
|
15
|
-
|
GFI
|
1,000
|
,981
|
[0-1]
Valeur la plus proche de 1
|
AGFI
|
1,000
|
,950
|
[0-1]
Valeur la plus proche de 1
|
CFI
|
1,000
|
,992
|
> 0,90
|
Dans l'ensemble ces indicateurs sont bons, ce qui nous permet
de conclure que l'ajustement des modèles est satisfaisant, ils
s'ajustent convenablement avec les dimensions et les items.
En somme la qualité de service perçue est
composée de deux dimensions avec chacune deux items, de même
l'engagement est bidimensionnel avec trois items pour chacune.
Après l'analyse factorielle confirmatoire, nous en
arrivons à l'étude de la fiabilité et de la
validité de nos échelles.
3. Fiabilité des échelles
La fiabilité est définie par Evrard et
al149 comme la qualité d'un instrument de mesure qui,
appliqué plusieurs fois à un même phénomène,
donne les même résultats. Elle est donc concernée par la
réduction de la partie aléatoire de l'erreur. Plusieurs
instruments permettent de mesurer la fiabilité parmi lesquels le alpha
de Cronbach et le rhô de Jöreskog. Avec le alpha de Cronbach si les
items sont censés mesurer le même phénomène, ils
doivent être corrélés, la covariance doit être
élevée et le alpha proche de 1. L'alpha de
149 Evrard et al, Market , Paris, Dunod, 2005
Cronbach étant très sensible aux items, il est
parfois préférable d'utiliser le rhô de Jöreskog.
Supérieur à 0,8, le rhô de Jöreskog indique une bonne
fiabilité de l'échelle. Pour calculer le rhô du facteur A
on prend les coefficients standardisés des contributions factorielles de
l'indicateur i au facteur A, loadings, issus d'une analyse confirmatoire. La
formule suivante permet de calculer le rhô pour le facteur.
Le tableau 3.11 suivant présente les résultats du
calcul du rhô Joreskog et de l'Alpha de Cronbach.
Tableau 3.11 : indices de fiabilité des
échelles
Echelles
|
Dimensions des échelles
|
Alpha de Cronbach
|
Rhô de Joreskog
|
Qualité de service perçue
|
Qualité du personnel
|
0,7697
|
0,89873
|
Achalandage
|
0,6520
|
0,75714
|
L'engagement
|
Engagement affectif
|
0,8133
|
0,8334
|
L'engagement calculé
|
0,8327
|
0,83685
|
Les valeurs du rhô de Jöreskog pour les deux
échelles sont supérieures au seuil mentionné plus haut.
Ainsi, nous pouvons conclure que l'échelle de la qualité de
service et de l'engagement sont fiables. La fiabilité est une condition
nécessaire mais non suffisante pour établir la validité.
L'étude de validité fera l'objet du point suivant.
4. La validité de trait
La validité de trait cherche à vérifier si
un indicateur ou une énoncé est, sur le plan empirique,
associé au construit auquel il est censé être lié.
Autrement dit, elle permet de
109
répondre à la question mesure-t-on ce qu'on
cherche à mesurer, d'après Evrard et al150. Pour
attester de la validité de construit, il y a lieu de vérifier
tant la validité convergente que la validité discriminante.
a. La validité convergente
Il y a validité convergente si l'énoncé
converge avec les autres énoncés associés au même
construit. Puisqu'ils sont censés mesurer le même
phénomène, ils doivent être « corrélés
» entre eux. C'est la méthode préconisée par Larcker
et Fornell151 qui est retenue. Selon cette méthode, la
validité est établie lorsque la variance moyenne partagée
entre les variables de mesure et la variable latente qui lui est
rattachée est supérieure à 50%. Donc la valeur du
Rhô ñ doit être supérieure à 0,5. Cependant
pour des échelles nouvelles des valeurs supérieures ou
égales à 0,42 sont admises. La formule suivante sera
utilisée pour le calcul de ce Rhô ñ.
Les résultats sont présentés sur le tableau
3.12 suivant.
Tableau 3.12 : Validité convergente des
échelles
Echelles
|
Dimensions des échelles
|
ñVC
|
Qualité de service perçue
|
Qualité du personnel
|
0,8409
|
Achalandage
|
0,7726
|
L'engagement
|
Engagement affectif
|
0,6265
|
L'engagement calculé
|
0,6312
|
Les résultats montrent que tous les rhôs sont
supérieurs à 0.5. Ainsi, la validité convergente des
échelles de l'engagement et de la qualité de service
perçue est acceptée.
150 Evrard et al (2005) idem
151Larcker et Fornell (1986) cité par
Dominique Besson et Slimane Haddadj, Adaptation internationale des
échelles de mesure entre universalisme et culturalisme : application
à la mesure de l'environnement de l'entreprise, 2003
b. La validité discriminante
Il y a validité discriminante si les
énoncés qui sont censés mesurer des
phénomènes différents sont faiblement «
corrélés ». S'ils étaient fortement «
corrélés », ils pourraient ne pas discriminer entre les
différents phénomènes que l'on cherche à mesurer.
Pour ce faire, il faut que la variance extraite pour chaque dimension soit
supérieure au carré des corrélations entre les dimensions.
Autrement dit, il faut que le Rhô de validité convergente de
chaque facteur soit supérieur aux carrés des corrélations
qu'il partage avec les autres facteurs.
Les résultats de la validité discriminante des
échelles sont présentés par les tableaux suivants :
Tableau 3.13 : Validité divergente de la
qualité
|
Validité des instruments de mesure
|
Qualité du personnel
|
Achalandage
|
Qualité du personnel
|
0,91
|
|
Achalandage
|
0,144
|
0,87
|
Tableau 3.14 : Validité divergente de
l'engagement
|
Validité des instruments de mesure
|
Engagement Affectif
|
Engagement Calculé
|
Engagement affectif
|
0,791
|
|
Engagement Calculé
|
0,2209
|
0,794
|
La validité discriminante des échelles de la
qualité de service et de l'engagement est satisfaisante car les racines
carrées des ñVC sont supérieures aux corrélations
entre les construits.
111
Après avoir présenté la fiabilité et
les validités convergente et discriminante des échelles de la
qualité de service perçue et de l'engagement au point de vente,
il convient
d'en présenter leur structure.
L'échelle de la qualité de service perçue
du point de vente est donc composée de 2
dimensions. Le premier facteur correspond à la
qualité du personnel, il est composé de deux items. Tendis le
second facteur renvoie à l'achalandage, il est également
composé de deux items.
De même que l'échelle de la qualité, celle
de l'engagement au point de vente comporte deux dimensions. Le premier facteur
correspond à l'engagement affectif, il intègre trois items. Le
deuxième facteur est l'engagement calculé et comporte aussi trois
items.
Ces échelles sont présentées dans les
encadrés 3.4 et 3.5 qui suivent.
Encadré 3.4 : échelle
définitive de la qualité de service
perçue
Le produit que je veux est toujours disponible dans mon point de
vente J'ai tout ce qu'il me faut dans mon point de vente
Le vendeur de mon point de vente est compréhensif
Le vendeur de mon point de vente est aimable
|
Encadré 3.5 : échelle
définitive de l'engagement
J'achèterai dans ce point de vente, même si les prix
de ses produits deviennent plus élevés que ceux des
concurrents
Quel que soit le niveau de service proposé, je ne
changerai pas de point de vente Si les prix de mon point de vente augmentent
fortement, je ne changerai pas mes habitudes de fréquentations
Je suis tellement habitué(e) à ce point de vente
qu'il me sera très difficile de ne pas y aller
je suis attaché(e) à ce point de vente
J'ai le sentiment d'être particulièrement
attaché à ce point de vente
|
En somme, nous avons présenté dans ce chapitre
la méthodologie utilisée. Des échelles fiables et
validées ont été élaborées. Elles sont
utilisées comme outil de collecte définitive de données.
Ceci étant, nous allons dans le chapitre suivant tester notre
modèle dans le but de vérifier nos hypothèses de
recherche.
113
Chapitre 4 : résultats, Contributions et
limites de la recherche
Ce dernier chapitre est consacré à
l'exploitation des données empiriques. Nous procéderons, dans un
premier point à la description de l'échantillon et aux tests des
hypothèses de recherche et dans un second point à
l'interprétation et à la discussion des résultats ainsi
que des contributions, limites et perspectives de la recherche.
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