L'obligation in solidum en matiere de délits civil( Télécharger le fichier original )par RAHMEH Pierre Université La Sagesse - 2006 |
6o _ L'autorité de Pothier32 - Pothier, l'inspirateur du code civil français, considère que l'obligation des coauteurs est solidaire s'ils concourent à un même délit. Dans ce cas, ils sont tous tenus solidairement à indemniser la victime. Du fait que cette lacune n'est pas réglée par le code civil, la tradition nous permet de la combler en invoquant le raisonnement de Pothier. Mais cette évocation de la tradition de Pothier ne suffit pas à suppléer un texte. Et, si on devrait prendre en considération la tradition procédée de Pothier, pourquoi ne le fait-on aussi pour la tradition romaine(35).
33 - Après avoir visé les arguments présentés par la doctrine, il faut maintenant scruter la jurisprudence qui est le terrain de la réaction, pour présenter les répercussions des arguments sur lesquels la doctrine s'appuie afin de permettre l'adoption de la solidarité en matière délictuelle et quasi-délictuelle. B - L'(EUVRE DE LA JURISPRUDENCE34 - Concernant l'admission de la solidarité en délit civil et à l'exception de Chabas(36), la plupart des auteurs divisent la jurisprudence en quatre étapes(37). Dans la première étape, la cour de cassation refusait toute condamnation solidaire. Dans la deuxième, la solidarité fut acceptée en délits civils, en se basant sur la complicité ou sur l'entente entre les coauteurs. Dans la troisième la cour de cassation étendait la solidarité à la matière de quasi-délits sur le fondement de la communauté d'actions. Enfin, une solidarité fondée sur un critère objectif, celui de la communauté de résultats. 1o - Première étape35 - Les premiers arrêts émanant de la cour de cassation rejetaient la condamnation solidaire, et adoptaient le principe de divisibilité du dommage. Chacun des coauteurs n'est responsable que de la part qu'il a causée. La justification avancée par la cour de cassation était l'absence d'un texte légal prononçant la solidarité en l'espèce. Mais la formule présentée variait d'un arrêt à un autre. 36 - Dans deux arrêts(38), bien que concernant les dépens, la cour de cassation a décidé que la solidarité ne peut être étendue hors des cas prévus par la loi. Dans d'autre arrêt(39) la cour de cassation cassa une décision de la cour d'appel qui condamnait solidairement les auteurs du dommage, en affirmant que les dommages et intérêts, comme les dépens, sont divisibles. 37 - Une autre formule fut présentée suivant laquelle la solidarité ne se présume pas(40), ou « qu'aucune loi ne prononce la solidarité dans l'espèce >>(41). Tous ces arrêts qui rejetaient la
solidarité dans le domaine délictuel le fait aussi pour les quasi-délits en se basant sur la même notion(42). Ce que la cour de cassation adoptait dans la première étape n'a pas persisté dans la deuxième étape, et la solidarité commençait à être prononcée contre les coauteurs d'un délit civil. |
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