7-2-3- Pauvreté et participation des ménages
aux actions de gestion de la RBP
Dans le but d'apprécier la relation entre le niveau de
prospérité des ménages étudiés et leur
participation aux actions de gestion telles que faites par le CENAGREF, le tes
X2 a été réalisé. Le
Tableau XX présente le niveau de participation des
ménages enquêtés en fonction de leur niveau de
prospérité et les résultats du test de
X2
Tableau XX : Niveau de participation des chefs
ménage enquêtés en fonction de leur niveau de
prospérité
Niveau de participation
|
Niveau de prospérité
|
Total
|
|
Très riche
|
Riche
|
Prospérité moyenne
|
Pauvre
|
Très pauvre
|
|
% au niveau de l'échantillon
(120 ménages)
|
Faible
|
4,17
|
7,5
|
6,67
|
5,83
|
24,17
|
48,33
|
|
0,83
|
3,33
|
4,17
|
3,33
|
5
|
16,67
|
|
10,83
|
8,33
|
5,83
|
2,5
|
7,5
|
35
|
Fréquence dans
le sous- échantillon Niveau de
prospérité
|
Faible
|
26,32
|
39,13
|
40
|
50
|
65,90
|
|
|
5,26
|
17,3913
|
25
|
28,57
|
13,63
|
|
|
68,42
|
43,47
|
35
|
21,42
|
20,45
|
|
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
|
Khi-deux de Pearson Valeur =19,105 ddl= 8 Niveau de
signification = 0,014**
|
|
Source : Enquêtes terrains juillet-octobre 2007
Le test du X2 de Pearson est significatif
au seuil de signification de 5%. Ce qui nous permet de rejeter
l'hypothèse Ho (le niveau de participation des
ménages ne dépend pas du niveau de prospérité) et
de conclure que le niveau de participation des ménages aux actions de
gestion telles que faites par le CENAGREF dépend du niveau de
prospérité du ménage. Mais ce test ne nous donne pas le
sens de cette dépendance. Pour apprécier l'importance du niveau
de participation selon le niveau de prospérité, il faut
considérer la distribution de la fréquence du niveau de
participation dans chaque sous-échantillon de niveau de
prospérité tel que présenté dans le Tableau
XX. La Figure 16 qui suit illustre la tendance
traduite par ce tableau
80 -7 IO Faible
participation
60 --F./
40 -7 Moyenne
participation
20
Riche Prospérité moyenne Pauvre Très
pauvre
la Forte participation
o
Très riche
Figure 16 : Fréquence du niveau de
participation selon le niveau de prospérité
Cette figure montre que lorsqu'on passe du groupe des
très riches aux très pauvres, le pourcentage de ceux qui ont une
forte participation diminue alors que le pourcentage de ceux qui ont une faible
participation augmente. Lorsqu'on sait qu'une forte participation correspond au
fait d'être membre de l'AVIGREF et d'être prêt à
participer aux actions de gestion telles que faites par le CENAGREF, on peut
donc conclure que les très riches participent beaucoup plus que les
très pauvres. De même sachant que la faible participation
correspond au fait de n'être ni membre de l'AVIGREF, ni prêt
à participer aux actions de gestion telles que faites par le CENAGREF,
on peut conclure que plus les ménages sont pauvres, moins ils
participent. Au total le niveau de participation à la gestion de la RBP
s'améliore avec le niveau de prospérité des
ménages. Ainsi donc pour voir les pauvres participer aux actions de
gestion, il faudrait améliorer leur niveau de prospérité
en encourageant les activités génératrice de revenu par
exemple.
De l'analyse du Tableau XX, il ressort que,
concernant le taux de participation en général, la
majorité des chefs ménage (48,33%) affichent une faible
participation pour les actions de
conservation de la RBP. Les raisons qui expliquent cet
état de chose sont leur niveau d'information par rapport à
l'AVIGREF et les frais d'adhésion et souscriptions annuelles. Parmi les
ménages non membres, certains n'ont jamais entendu parler de l'AVIGREF
(20%). Des 80% qui en ont entendu parler, beaucoup en ont une mauvaise
compréhension ou une incompréhension imprécise (75%) et
très peu en ont une bonne compréhension. Mais presqu'eux tous
(78,8%) s'accordent à reconnaître que l'AVIGREF est efficace dans
la conservation de la RBP. D'autres raisons expliquent leur faible disposition
à la gestion telle que faite par le CENAGREF. Il s'agit de la
nuisibilité des animaux de la faune (73% des ménages qui
affichent une faible participation l'ont mentionné) et la limitation des
possibilités d'exploitation des ressources forestières (82%). Les
dégâts causés par les animaux sont considérables. La
déprédation des cultures par les herbivores et la
prédation du bétail par les grands carnivores sont
fréquentes dans la zone d'étude. Les populations se retrouvent
impuissantes devant les dommages occasionnés par les animaux. En effet
ils n'ont pas le droit de tuer ces animaux ni même de porter atteinte
à leur intégrité physique pour les dissuader. Cette
situation a engendré la modification des habitudes culturales qui
doivent désormais s'adapter à la nouvelle donne : la cohabitation
avec la faune. On a même vu certaines cultures disparaître dans
certaines régions. A Porga par exemple on ne cultive plus l'igname car
les éléphants seraient attirés par cette culture et ils
viendraient toujours ravager les champs d'igname. Ceci a eu pour
conséquence évidente l'érosion culturelle au niveau des
jeunes générations. Par exemple un jeune de 20 ans de Porga ne
connait pas l'itinéraire technique de l'igname. La loi prévoit
l'indemnisation des producteurs en cas de dégâts causés par
la faune. Mais rares sont les cas où les populations ont
été indemnisées. La situation se complique donc pour des
populations déjà pauvres qui ne peuvent plus tirer profit de
leurs activités agricoles parce que dévastées par des
animaux venant d'une réserve dont ils ne jouissent pas totalement. Ils
ne peuvent se défendre contre les agressions de ces animaux : la
législation l'interdit. Tout ceci emmène les populations à
être peu disposées à participer aux actions de gestion. Par
ailleurs, le système institutionnalisé de surveillance des aires
protégées par des agents est parfois la cause directe de
divisions et de conflits importants au sein des villages. Une atmosphère
de confiance règne entre les populations, et de plus, les membres des
AVIGREF chargés du contrôle craignent pour leur vie. Ils ne
risquent pas de pénétrer dans la RBP seuls à cause des
braconniers qui pourraient en profiter pour les abattre. Cet environnement peu
sécurisé pousse certains à penser à
démissionner.
Au total les raisons qui concourent à la faible
participation des populations sont :
ü L'insuffisance de formation/sensibilisation des
populations sur la gestion durable des ressources forestières ;
ü L'analphabétisme quasi total des membres des
AVIGREF (15%) face à des textes complexes en langue
étrangère (français) ;
ü La non indemnisation des paysans suite aux
dégâts des animaux déprédateurs ;
ü La pauvreté qui contraint les gens à
exercer des activités de subsistance peu respectueuses de la
pérennité des ressources forestières.
Par ailleurs, une proportion non négligeable (35%) est
disposée à participer aux actions de conservation. Cette forte
proportion est liée au fait que beaucoup de chefs ménage sont
membres (45,8%) des AVIGREF. Les raisons qui les poussent à
adhérer sont diverses : besoin d'occupation (0,8%), augmentation de leur
revenu (24,2%), bénéficier d'aide extérieure (5,8%),
l'engagement pour la protection de la nature (5,8%) et pour d'autres raisons
(9,2%). Ces chefs ménage membres de l'AVIGREF considèrent que les
intérêts que peut offrir une telle association à ses
membres sont économique (36,7%), social (3,3%). Elle permet aussi de
protéger l'environnement pour une utilisation durable pour ses membres
(5%).
Enfm peu de chefs de ménages affichent une moyenne
participation (16,67%). Ce chiffre traduit le fait que si les chefs de
ménages sont membres des AVIGREF ils sont prêts à
participer aux actions de gestion telles que faites par le CENAGREF, et s'ils
ne sont pas membres ils ne sont pas prêts non plus à participer
à cette gestion telle que faite par le CENAGREF. Donc l'appartenance aux
AVIGREF les pousse à adhérer aux idéaux du CENAGREF Ainsi
l'adhésion des beaucoup de chefs de ménages aux AVIGREF,
améliorera le taux de participation aux actions de gestion telles que
faites par le CENAGREF. Supprimer les barrières d'adhésion aux
AVIGREF pourrait être un début de solution.
De tout ceci il apparaît que la question de la
participation dépendra du bénéfice que les populations
tireront de cette gestion. La participation, vue sous cet angle, peut
constituer un moyen d'améliorer la qualité et l'efficacité
de la gestion de la RBP dans la mesure où elle favorise
l'adhésion des populations et encourage ainsi leur soutien et leur
contribution à celle-ci. Par ailleurs, cette participation permettra
également de faire appel et de se servir des connaissances et des
capacités locales dans la gestion de la RBP. Mais la question
essentielle qui reste posée est comment faire participer (ou
bénéficier) réellement tout le monde ? Comment
concevoir, au-delà de l'élection des
représentants des AVIGREF, une participation directe des populations
à la base aux processus de gestion de la RBP. Le bois énergie
semble être la solution qui répond à ce double objectif :
70% des Producteurs de bois énergie se disent prêts à
planter des arbres qu'ils pourront utiliser plus tard comme bois de feu. Aussi
nous avons montré que les populations riveraines de la RBP, et surtout
les plus pauvres, en dépendaient pour leur besoins en combustible mais
aussi pour le revenu qu'elles en tirent. Tous les ménages tirent donc
profit du bois énergie Ainsi donc la création de parcs
communautaires et l'organisation de marchés de bois énergie
réglementés par les AVIGREF pourraient être une solution
à la dégradation de l'environnement consécutive à
l'exploitation du bois énergie, et à la participation des
populations aux actions de gestion. En effet, leur dépendance
vis-à-vis du bois énergie les obligera à
s'intéresser quelque peu aux modifications dans leur environnement
concernant cette ressource et, de plus, le revenu potentiel qu'ils vont en
tirer sera un argument supplémentaire pour renforcer leur participation.
Plus de revenus à travers l'exploitation du bois énergie les
incitera à adopter des attitudes plus conservatrices pouvant permettre
la durabilité de la ressource ligneuse. Le cadre favorable à la
mise en oeuvre d'un tel programme devra être discuté par tous les
acteurs impliqués. Les rôles devront être clairement
définis.
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