Il est de plus en plus reconnu parmi les défenseurs de
l'environnement, et ailleurs, que les zones protégées en
général ne peuvent être gérées de
manière pratique ou déontologique si l'on ne prend en compte les
populations qui vivent dans les environs (Fisher, 1999).
Désormais, la nécessité de la
participation des communautés à la gestion forestière, au
niveau local, est généralement reconnue. Une coopération
étroite entre agriculteurs, organisations d'auto-assistance, groupes
d'usagers des forêts et comités de village est perçue comme
un facteur qui contribue puissamment au succès d'un projet de gestion
forestière durable en Afrique et ailleurs. L'idée de
participation se retrouve donc dans la documentation de la plupart des projets.
Toutefois, dans la pratique, de nombreuses questions sur la meilleure
façon de faire participer la communauté, restent en suspens. Il
n'est pas facile de concevoir une stratégie qui, non seulement associe
les intérêts divergents de tous les acteurs concernés
(population locale, service de foresterie, etc.) mais qui prend
également en compte les différents aspects de la gestion
forestière communautaire (sur le plan économique, juridique,
social, matériel). Il apparaît donc que la gestion des ressources
naturelles se doit d'être une gestion adaptative et collective. Cela
suppose qu'elle doit être un processus d'apprentissage mutuel basé
sur le principe selon lequel on tire des leçons des erreurs et des
succès. Mais l'identification de groupes compétents et
préparés à coopérer est une chose plus facile
à dire qu'à faire.
Si la "participation" est un concept largement
employé, il n'en est pas moins très vague. Il est
intéressant de se pencher un instant sur la définition et le sens
du verbe « participer » afin de saisir toute la complexité
inhérente à la notion même de participation. La FAO a
développé la notion de « participation populaire ».
Pour elle, la participation des populations consiste à restituer
à celles-ci un pouvoir d'initiative et de décision dans la
définition et la mise en oeuvre des actions et programmes qui concernent
leur propre avenir (FAO, 1995 cité par Sogbossi, 2004). Les paysans,
éleveurs, artisans, etc., doivent être reconnus comme des acteurs
de développement, des partenaires à part entière, et non
comme
des cibles d'un projet extérieur. La participation des
groupes cibles est l'un des principaux objectifs de la foresterie
communautaire. On peut trouver différentes manières de
l'appliquer dans le domaine du développement. Pretty (2001) identifie
sept niveaux (analytiques) de participation, allant de la participation passive
(typiquement du haut en bas) à la mobilisation volontaire lorsque les
agences extérieures ne sont plus indispensables pour agir. Il n'existe
donc pas d'acceptation universelle ni de définition unique de la notion
de participation. Toutefois nous pouvons retenir deux définitions
possibles du verbe participer. Le Petit Larousse précise qu'il
peut s'agir soit d'avoir part à quelque chose, soit de
prendre part à quelque chose. Ces deux définitions se
distinguent l'une de l'autre de par le degré d'activité ou de
passivité qu'elles confèrent au sujet. En effet, le fait
d'avoir part à quelque chose suppose que l'on « subisse un
processus dans lequel on est impliqué », ce qui implique une
certaine passivité dans l'action. En revanche, le fait de prendre
part à quelque chose signifie que l'on « exerce sa part de
responsabilité dans la réalisation d'un processus », ce qui
suppose au contraire une véritable action positive. La nuance
intrinsèque du verbe tient donc au fait que ce dernier peut se
définir de deux manières sensiblement différentes l'une de
l'autre. Ses deux définitions se distinguent par le degré
d'activité ou de passivité qu'elles supposent dans le fait
même de participer.
Mise à part la question de savoir combien de
participation est permise, le type de participation doit être
défini et la forme à laquelle participe chaque individu au niveau
des organisations de gestion doit être spécifiée.