S'agissant de la définition conceptuelle du
ménage, Lagrave et Payet (1966) le réduisent à l'ensemble
des personnes vivant ensemble dans un même foyer et formant une
même famille. Pennartz et Niehof (1999) définissent le
ménage comme la plus petite unité sociale qui comprend les
individus d'âges variables, des deux sexes, qui, pour une longue
période, s'accordent à mettre ensemble leurs revenus issus de
multiples sources dans le but d'assurer leur reproduction individuelle et
collective et leur bien-être. Le ménage est l'unité sociale
qui combine la production, la distribution, la transmission et la reproduction
(Clay et Swarzeller, 1991 ; Netting 1993). Il est courant que les membres du
ménage soient biologiquement reliés et partagent une
résidence commune A ce titre, les concepts de ménage et de
famille sont souvent considérés comme synonymes mais ils ne le
sont pas (Jelin, 1991 ; Marsh et Arber 1992). La famille regroupe les individus
reliés par les liens de sang, ou par le mariage alors que le
ménage va au-delà des liens familiaux et est essentiellement
basé sur les liens de parenté. Sont parents, les individus qui se
reconnaissent tels. Il faut donc noter donc que les limites et la composition
du ménage sont sujettes à des
changements continus, résultats des altérations
dans le système économique de base, des contraintes dans le
logement, ou de la redéfinition des obligations de parenté
(Wallerstein et Smith, 1992).
Pour les besoins de la recherche, nous assimilerons le
ménage à l'Unité Domestique de Production (UDP)
c'est-à-dire l'ensemble des personnes qui partagent :
ü la même unité de résidence qui
regroupe les personnes vivant dans un quartier délimité
(concession, habitation, ...) (Gastellu 1978) ;
ü la même unité de consommation
composée de personnes qui consomment ensemble les produits issus de leur
activité agricole et ;
ü la même unité d'accumulation
représentée par des personnes qui constituent une provision
commune et la gèrent ensemble.
Le ménage s'organise autour d'un chef ménage
(homme ou femme) socialement reconnu et englobe tous ses dépendants
permanents et temporaires. Certains dépendants, outre les
activités de production communes à tout le ménage et qui
se déroulent sous la responsabilité du chef ménage, ont
leurs propres activités productives (générant un revenu
monétaire ou un bien ou service destiné à
l'autoconsommation) qui se déroulent sous leur responsabilité.
Ils seront appelés Responsables d'Unité de Production (RUP).
L'étude de la contribution du bois énergie aux
moyens d'existence durables suggère que l'on se réfère au
bien-être des individus, ou des ménages, afin de déterminer
comment le bois énergie arrive à améliorer ce
bien-être. L'identification du bien-être des ménages
implique que l'on ait recours à des outils d'analyse permettant
d'effectuer des ajustements liés à leur taille et à leur
composition.
Au niveau de la théorie économique, la question de
la modélisation du ménage a été traitée de
deux façons : le modèle unitaire et le modèle
alternatif.
Sogbossi (2004) souligne que le modèle traditionnel,
repose sur l'hypothèse de préférence commune unique
(conception unitaire) et considère le ménage comme un
décideur unique, avec une contrainte de budget commun unique tandis que
le modèle alternatif, plus récent accepte l'hypothèse de
multiplicité des décideurs et de préférences
distinctes parmi les membres du ménage.
La séparation des unités d'entreprise au sein
de l'Unité Domestique de Production n'est pas nette à cause des
multiples imbrications qui s'observent au niveau des processus et au niveau des
dépenses pour les besoins des membres du ménage, ce qui ne rend
pas le modèle alternatif approprié pour notre étude. Le
modèle unitaire quant à lui semble plus approprié car il
suggère que les caractéristiques du ménage soient
rapportées à celles du chef
ménage. En effet malgré la multiplicité
des centre de décisions (chaque RUP prenant ses décisions en ce
qui concerne son unité de production), c'est le chef du ménage
qui constitue le centre de décision au niveau du ménage ou tout
au plus il existe un consensus entre les individus d'un même
ménage quant au meilleur moyen de combiner leur temps, leur production
et leur consommation, afin de maximiser leur bien-être commun (Samuelson,
1956 ; Becker, 1974 ; Becker, 1981).