Il ne suffit pas de maîtriser la notion d'enfant
vulnérable pour identifier les enfants vulnérables. Nous devrons
utiliser des variables observables qui permettent d'apprécier la
réalité telle que vécue par les enfants. Le recours aux
indicateurs s'avère indispensable pour permettre de détecter de
manière scientifique et objective des enfants qui sont les plus
exposés aux facteurs de vulnérabilité. D'après la
norme ISO 8402, un indicateur est considéré comme une "
information choisie, associée à un phénomène,
destinée à en observer périodiquement les
évolutions au regard d'objectifs périodiquement
définis".(Cité par J. Ngankam, 2004)
Les indicateurs sont souvent utilisés afin d'avoir une
interprétation chiffrée de la réalité,
servant
de comparaison pour les mêmes situations affectant deux pays et sont
très sollicités
dans les mécanismes de prise de
décisions. Leur utilité n'est plus à démontrer,
surtout
dans un environnement où circulent de grandes
quantités d'informations, les indicateurs permettent de réduire
le volume d'informations à analyser par agrégation des
données. La diversité des types d'indicateurs, des domaines
d'application (médecine, éducation, alimentation,... ) et des
utilisateurs (utilisateur expérimenté, simple utilisateur)
nécessite qu'il y ait des normes que l'on respecte quand on doit
construire un indicateur.
L'identification de chaque indicateur peut se faire
grâce à la détermination de l'ensemble de ses
caractéristiques parmi lesquelles on peut citer (Asselin L et Dauphin A,
2000) :
Le domaine
Par domaine d'un indicateur, nous entendons le secteur de la
vie privée ou publique dans lequel nous appliquerons le calcul de
l'indicateur. Une classification par domaine est étroitement liée
aux secteurs où sera utilisé l'indicateur. Nous pouvons citer les
domaines suivants : l'alimentation, la santé, l'éducation, la
communication, le logement, l'agriculture, la sécurité, les
services et dépenses publics, le crédit, les affaires sociales,
le travail, les droits et libertés, la perception de la pauvreté
et de la vulnérabilité des enfants.
Le niveau
Il s'agit de la plus petite unité statistique sur
laquelle l'indicateur est directement observé. Les différents
niveaux sont : l'individu qui représente le degré le plus bas, en
général suivi de la structure ou du milieu dans lequel vit
l'individu qui fait l'objet du calcul de l'indicateur (le ménage,
l'entreprise, la communauté, le village, l'arrondissement, la
région ou le pays). On peut ainsi avoir plusieurs niveaux de mesure.
Le degré d'agrégation
Le principal avantage des indicateurs est leur
capacité à synthétiser l'information. Cependant, cette
synthétisation peut se faire suivant plusieurs degrés. Dans ce
processus d'agrégation, il arrive que les informations à
résumer soient de différentes natures. Il peut aussi arriver
qu'un indicateur agrège d'autres indicateurs de type tout à fait
différent.
L'élasticité
Elle permet d'étudier le comportement de l'indicateur
par rapport à chacune de ses composantes. Il s'agit d'évaluer
l'importance relative de chaque composante sur l'indicateur. Un indicateur doit
être capable de faire ressortir l'apport de chacune de ces composantes et
ne pas être absorbé par une seule (à moins que les autres
composantes soient nulles). Cette caractéristique permet aussi de
définir des conditions dans lesquelles un indicateur ne peut être
pertinent.
La périodicité
L'utilisation d'un indicateur découle du besoin
d'évaluation des situations qui sont en évolution par rapport au
temps. La question qu'on se pose ici est la suivante : quelle est la
durée de validité des résultats de l'indicateur ?
La périodicité attendue doit tenir compte de la
variation de ses composantes à travers le temps. Cette
périodicité peut être de court-terme (un an ou moins),
moyen-terme (d'un an à moins de cinq ans) ou long-terme (plus de cinq
ans). En général, c'est en fonction du besoin des structures et
des moyens financiers disponibles que l'on définit la durée de
validité des résultats. Dès la construction d'un
indicateur, on devrait déjà tenir compte des besoins et des
moyens des futurs utilisateurs.
La population cible
L'âge et le sexe sont des variables très
importantes dans l'élaboration de certains indicateurs. Peu importe le
niveau de la mesure, un indicateur peut être spécifique aux
femmes, aux enfants, aux personnes agées. D'autres
caractéristiques peuvent être considérées à
l'instar de la situation matrimoniale, la réligion, le niveau
d'instruction, la région.
La comparabilité
Deux types de comparaisons sont en général
sollicités : la comparaison temporelle et la comparaison spatiale.
Comparaison temporelle ou longitudinale : l'une des grandes
préoccupations des utilisateurs est de disposer d'un indicateur dont les
résultats sont comparables dans le temps. Les programmes de suivi qui
existent dans de nombreux domaines
ont besoin d'outils de mesure, leur permettant
d'évaluer l'évolution dans le temps des progrès
effectués, ceci afin de s'assurer de la convergence des efforts vers des
objectifs prédéfinis.
Comparaison spatiale ou transversale : l'autre
préoccupation est la capacité d'un indicateur à permettre
des comparaisons entre différents groupes d'individus. Si les
mêmes méthodes de calculs sont utilisées dans des
régions différentes, il est important que les résultats
obtenus puissent faire l'objet de comparaison. En effet, il existe des
programmes d'action qui suivent des groupes d'individus dans plusieurs pays,
les résultats obtenus doivent permettre de comprendre les raisons du
succès d'un programme dans telle région et de son échec
dans telle autre.
Il existe un grand nombre d'indicateurs de nos jours. Dans
presque tous les programmes de lutte contre la pauvreté, les indicateurs
jouent un rôle très important dans l'évaluation et le suivi
de ceux-ci. Chaque jour, de nouveaux indicateurs voient le jour, mais le
succès d'un indicateur qui peut être vu comme son degré
d'utilisation dépendra en réalité de certaines autres
qualités.