II
7.5. La micro finance et le micro crédit
C'est surtout au niveau du crédit que la micro-finance
est exposé aux risques . En effet, tel qu'il est pratiqué
aujourd'hui, le micro crédit, comme tout crédit d'ailleurs, doit
être remboursé. Il nécessite donc au niveau de l'emprunteur
une bonne capacité de remboursement, aptitude qui bien entendu
s'amoindrit si la personne est très pauvre, sans revenus fiables pour
lui permettre de rembourser un prêt. Octroyer un prêt à de
tels individus risque plutôt d'aggraver leur situation d'endettement et
de pauvreté.
Souvent les gouvernements et les agences de coopération
souhaitent utiliser la micro-finance comme un outil de résolution de
divers problèmes sociaux. Victimes d'inondations ou
d'autres catastrophes naturelles, réfugiés fuyant les conflits,
nouveaux diplômés de la formation professionnelle, chômeurs,
autant de types d'individus se trouvant dans une situation de
précarité que les gouvernements sont tentés de vouloir
aider par le micro-crédit depuis que celui-ci a été «
vendu » comme un excellent outil de réduction de la
pauvreté.
Les programmes de micro crédit conçus pour ce
type de situation fonctionnent cependant rarement. Ils
enregistrent le plus souvent des taux d'impayés ou de non remboursement
très élevés. L'utilisation dirigée de la micro
finance pour résoudre des défis de développement dans des
situations où la base de la subsistance des populations est
détruite ou très précaire a rarement été un
succès.
Le micro crédit se révèle par contre le plus
utile pour ceux qui ont identifié une opportunité
économique et qui sont en situation de faire fructifier cette
opportunité s'ils ont la possibilité de se procurer une petite
somme d'argent au moment où ils en ont besoin.
Ainsi, les personnes pauvres qui travaillent dans des
économies stables ou en croissance, qui ont démontré leur
capacité à conduire les activités proposées dans un
esprit d'entreprise et leur engagement à rembourser leurs dettes, sont
les meilleurs candidats pour le micro crédit. L'univers des clients
potentiels s'élargit cependant de manière exponentielle si l'on
prend en compte le concept plus large de la « micro finance ».
Par exemple, au niveau de l'épargne ou de la
sécurisation des petites économies, il est encore difficile
aujourd'hui dans beaucoup de pays d'ouvrir un simple compte dans une
institution bancaire faute de remplir toutes les conditions exigées
(carte d'identité, dépôt minimum qui est souvent un maximum
pour les populations pauvres etc.). De plus, les banques n'ont bien souvent de
guichets ou d'agences que dans les capitales ou les villes secondaires
importantes, ce qui donc exclut directement une bonne partie de la population.
Jusque récemment, les gouvernements estimaient
généralement de leur devoir et de leur responsabilité de
prendre une part active au « financement du développement »,
en conduisant par exemple de vastes programmes de crédit pour les
populations défavorisées (rurales en particulier). Ces
dispositifs, généralement fort coûteux, ont toutefois
rarement démontré une réelle efficacité et il
existe très peu d'exemples ou le crédit distribué aux
pauvres par l'Etat ou ses démembrements ait été
récupéré à un coût relativement acceptable.
Aujourd'hui, la tendance consiste à ne plus intervenir
directement mais plutôt à faire appel à des
opérateurs spécialisés en micro finance. Par contre, les
gouvernements devraient beaucoup plus s'impliquer en menant par exemple une
réflexion globale avec les différents acteurs sur le déve
lloppement du secteur en général. Ces réflexions ont
généralement pour objet d'aboutir dans les pays où la
micro finance est la plus développée à la
définition et à l'adoption d'une politique
sectorielle.
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