II.7.4 Rôle social et
économique du crédit coopératif et intervention de
l'Etat
Bien qu'il ait apporté un concours précieux
à la production et au bien-être dans plusieurs pays en
développement, le crédit coopératif a connu, dit H.
Belshaw, de nombreux échecs et sa contribution au développement
économique apparaît relativement faible (par rapport au chiffre de
revenu national). Il se heurte, selon lui à de graves obstacles qui
tiennent à la fois au cadre social et aux conditions
économiques.
Dans l'idéal, cependant, la société
coopérative constitue un mode d'organisation qui présente
d'importants avantages, socialement et économiquement parlant, sur la
plupart des autres formules, et cela surtout parce qu'elle apporte un
encouragement systématique à l'initiative personnelle et à
l'esprit d'entraide.
Les avantages sont tels que l'on doit s'efforcer,
malgré les difficultés et les revers, de surmonter les obstacles
qui barrent la route au coopératisme, et d'établir une structure
coopérative qui pourra donner aux communautés rurales le
fondement solide d'une organisation rationnelle du crédit, de la
commercialisation et de la transformation.
Il faut pour cela procéder, dans chaque pays, à
une étude des problèmes et des besoins, et reconsidérer la
doctrine classique du coopératisme afin de voir quelle est la meilleure
manière d'en appliquer les principales de base.
Le succès du crédit coopératif exige une
intervention active de l'Etat pendant toute la période d'implantation du
mouvement. Non contents de promulguer une législation et des
règlements indoines, les Pouvoirs publics ont un rôle positif
à jouer dans des domaines comme l'encouragement des
sociétés, le contrôle des opérations, la
vérification des comptes, l'enseignement coopératif, la formation
professionnelle, l'assistance technique et le financement.
Il faut pour cela que la question du coopératisme soit
confiée à une administration officielle ou à un organisme
équivalent, travaillant en étroite collaboration avec les autres
services techniques.
L'objectif doit être d'aider progressivement les
sociétés coopératives à assumer elles-mêmes
ces diverses responsabilités, en constituant, par exemple, des unions
des coopératives.
Un des premiers buts du coopératisme doit être de
chercher à encourager l'épargne par voie de dépôts
dans les sociétés de constitution de réserves et de
souscription au capital social. La création, par les
sociétés primaires des caisses coopératives centrales ou
fédérales, élargit le champ du mutualisme, facilite les
transferts de fonds entre sociétés, permet à l'agriculture
de faire davantage appel à des ressources financières
extérieures, et offre à l'Etat une voie d'acheminement pour faire
parvenir ses subventions et ses prêts aux agriculteurs, par
l'intermédiaire de la hiérarchie coopérative.
Traditionnellement, les sociétés primaires de
crédit se sont modelées sur les coopératives du type
Raiffeisen, à responsabilité illimitée et de composition
restreinte. Dans la majorité, les spécialistes se penchent sans
doute encore sur ce mode d'organisation ; on voit cependant se dessiner un
courant d'opinion en faveur des sociétés plus importantes et,
partant, aptes à fonctionner plus économiquement, mais
vouées, de ce fait, à la responsabilité limitée.
Les arguments avancés à l'appui de cette dernière formule
reposent sur l'échec partiel des petites sociétés à
responsabilité illimitée.
Si la responsabilité est limitée, elle doit
être de préférence fixée à un multiple de
capital social. En outre, cette solution ne peut se révéler
supérieure à la responsabilité illimitée, que si le
crédit est intégré à la commercialisation et si le
financement est assuré par des mesures spéciales.
D'autre part, la surveillance exercée par les
sociétés sur l'emploi des prêts sera évidemment
moins étroite et il faudra prévoir d'autres méthodes de
contrôle.
Le système de crédit coopératif doit en
arriver à se financer sur ses fonds propres en faisant appel aux
banques, s'il a besoin d'avances temporaires. Il s'agit là, toutefois,
dans la plupart des pays en développement, d'un objectif qui ne saurait
être atteint qu'à longue échéance.
Dans l'intervalle, il ne sera possible d'assurer le
développement rationnel d'un système efficace de crédit
coopératif, assurant la transformation du crédit statique en
crédit dynamique, que moyennant le concours financier des banques
agricoles, des banques commerciales ou de l'Etat.
Il y a un autre type de crédit particulier qu'il
convient d'analyser, le crédit-bail ou le crédit de location.
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