II.4. L'analyse du manuel de sixième année
primaire
Le manuel de la classe terminale est présenté
essentiellement comme un livre d'apprentissage de langue qui fait usage des
textes de lecture pour véhiculer les faits linguistiques de
l'apprentissage. Appliqué à la grille de l'ONL, ce manuel nous
produit les résultas suivants.
II.4.1. Activités sur
l'identification des mots dans le manuel de 6ème année
Le manuel de sixième année considère que
les élèves ont déjà acquis la compétence de
lecture. Il ne reprend pas toutes les activités de base qui concourent
à la mise en place de cette compétence comme on l'a vu avec le
manuel de première. Ainsi, les activités de lecture globale, de
discrimination visuelle et de discrimination auditive, sur le principe
alphabétique, la connaissance du code, la combinatoire, telles que
définies par les critères de la grille de l'ONL, sont
inexistantes. Tout de même, on y retrouve quelques activités ayant
trait à la fixation orthographique et à l'écriture codage.
Nous relevons des exercices de mémorisation des mots
déchiffrables et de closure pour ce qui est de la fixation
orthographique. Des exercices d'écriture codage, qui sont des exercices
de correction orthographique, concernent l'écriture des mots
déchiffrables à partir d'un élément syllabique, des
dictées de mots, des jeux de mots croisés. Mais ces exercices ne
sont pas vraiment nombreux.
- Mémoriser des mots déchiffrables : 18
occurrences
- Copier des mots déchiffrables
(réinvestissement) : 20 occurrences
- Faire des exercices de closure sur des mots
déchiffrables à copier : 4 occurrences
- Faire des dictées de mots : 2 occurrences
- Ecrire des mots déchiffrables à partir de
dessins ou d'un élément syllabique : 2 occurrences
- Faire des dictées de mots ou de phrases
préparées : 21 occurrences
- Jeux sur des mots déchiffrables : 4
occurrences
Graphique 6 : Les activités sur l'identification
des mots dans le manuel de 6ème année
II.4.2. Apprentissage de la
compréhension dans le manuel de 6ème année
La grille de l'ONL nous semble bien adaptée à
l'analyse de ce fait d'apprentissage. Elle révèle que le manuel
de sixième accorde beaucoup d'importance à cet aspect de
l'apprentissage linguistique, mais se préoccupe moins de la forme orale
de la langue. C'est pourquoi il n'y a pas d'activités sur la
compréhension des textes oraux ou des phrases orales. Nous
dénombrons les activités sur :
ü compréhension générale : 48
occurrences ;
ü inférences dans le texte : 16
occurrences ;
ü enchaînements et cohérence : 10
occurrences ;
ü sens littéral et sens local : 132
occurrences ;
ü grammaire (syntaxe) : 88 occurrences ;
ü lexique : 16 occurrences ;
ü morphologie flexionnelle : 74
occurrences ;
ü lecture orale : 11 occurrences.
Graphique 7 : Les activités de
compréhension dans le manuel de 6ème année
II.4.3. La progression dans le manuel de
sixième
a) Les textes de lecture
Les textes consignés dans le manuel pour aider à
l'apprentissage de la langue se caractérisent comme suit :
ü nombre d'occurrences totales : 28210
ü nombre de formes : 5166
ü nombres d'hapax : 2810
ü fréquence maximale : 873
Le pourcentage d'hapax atteint 54,39 %. Ce pourcentage
très élevé dénote une certaine difficulté
des textes proposés. Ils sont composés des termes susceptibles
d'être oubliés facilement à cause de leur faible
fréquence dans le livre. Ce qui rend peu rentable l'apprentissage du
lexique.
b) La grammaire
Les unités grammaticales sélectionnées
sont : les déterminants (définis, indéfinis,
contractés, partitifs), les déterminants interrogatifs et
exclamatifs, les pronoms relatifs, les pronoms indéfinis, les voies
active et passive, l'adverbe, la préposition, la conjonction de
coordination, la proposition subordonnée conjonctive, la conjonction de
subordination, le sujet inversé, les propositions relatives, les formes
de phrases (phrase emphatique ou d'insistance, phrase simple et phrase
complexe).
c) L'orthographe
Les activités d'orthographe concernent la fixation de
la forme correcte des mots, l'utilisation des signes graphiques (signes de
ponctuation, accents...), les accords en genre et en nombre des
catégories grammaticales variables, les homonymes grammaticaux, la
dictée, l'accord des déterminants interrogatifs et exclamatifs et
des noms, du verbe avec le pronom relatif sujet « qui », du
pronom indéfini, du participe passé, l'emploi des homonymes
c'est/s'est, c'était/s'était, ainsi que l'identification des
paronymes...
d) La conjugaison
Les activités de conjugaison sont consacrées
à la syntaxe des modes et temps verbaux, au respect des
désinences, à l'accord sujet/verbe et à la concordance de
temps. On peut également y dénombrer des exercices sur la
succession verbes conjugués/verbes à l'infinitif, l'opposition
participe présent/adjectif verbal, la conjugaison des verbes pronominaux
et de certains verbes particuliers comme « crier »,
« acheter », « naviguer »,
« éteindre », « coudre »,
« vivre »...
e) La phraséologie
Le travail sur les phrases s'effectue progressivement de la
phrase simple à compléter à la phrase complexe à
formuler : ajout des compléments, transformation des phrases,
imitation des modèles. Il s'agit là principalement d'un cas
éloquent d'exercices structuraux.
f) L'expression écrite
Les activités d'expression écrite concernent la
rédaction des textes en suivant le modèle (type et/ou forme)
appris : rédiger un récit, préparer un questionnaire,
compléter un conte, rédiger un dialogue...
A la suite de Borg (2001), nous notons que cette
présentation configure une gradation « non-linéaire et
cognitiviste » avec une progression en
« spirales » et des approches notionnelles et
fonctionnelles. Les faits linguistiques sont appris selon leur présence
dans le texte de lecture, sans recourir à des critères
d'importance ou de supériorité. Donc, la répartition n'a
pas de motivation particulière.
Ø Conclusion de l'analyse du manuel de
sixième :
Nous constatons ici, par exemple, que l'étude de
l'enchaînement formel des actions qui se fait au moyen des connecteurs
est inexistante. Il n'y a aucun travail sur la continuité
référentielle, c'est-à-dire sur les pronoms de
substitution, les anaphores. Il n'y a pas non plus d'activités sur la
thématisation et la conceptualisation. Le manuel intègre
certaines activités non abordées en première
année : inférences dans le texte, enchaînements et
cohérence, lexique, production des textes, lecture orale, mais dans une
moindre mesure. Il n'y a aucune activité sur les pratiques culturelles
de lecture.
Ce manuel met beaucoup d'accent sur le travail de
l'écriture. Les auteurs écrivent à ce propos :
« Ecrire est essentiel pour communiquer » (Nzeza et al.
2004, p. 119). Les formes des textes qui favorisent ce travail sont : des
récits, des contes (merveilleux, d'ogres et à dilemme), des
portraits, des fables (ou fabliaux). Ces textes de types narratifs,
informatifs, descriptifs, poétiques, argumentatifs, traduisent en
général le vécu quotidien des Africains.
L'unité d'apprentissage, le texte, est lu d'abord
silencieusement, puis des questions de compréhension sont posées
pour retrouver les grandes articulations du texte, déterminer leurs
genres et types, déterminer leurs personnages, espace, temps (ou moment
d'action). La lecture silencieuse est suivie d'une lecture orale pour
travailler la diction, la prononciation, donc des unités aussi bien
phonologiques que prosodiques de la langue.
Les activités sur la forme orale de la langue se font
par la lecture orale des textes, la récitation et le jeu de rôle,
mais ces activités sont très réduites. Ensuite, le travail
sur la langue intervient avec des notions de grammaire (implicite),
d'orthographe et de conjugaison. Ces leçons sont organisées
autour des faits linguistiques rencontrés dans le texte de lecture. Les
activités concernant la phraséologie et la production
écrite qui s'ajoutent aux activités d'orthographe, consacrent le
caractère « scriptocentré » de la
méthode, pendant que les activités de l'oral sont presque
inexistantes.
|