FLS: Analyse des manuels et évaluation des compétences linguistiques en RD. Congo( Télécharger le fichier original )par Willy Ilunga Ntumba Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle - Master2 Recherche 2006 |
2. ObjectifsLe manuel scolaire de langue est conçu comme un instrument de transmission des convictions idéologiques, mais également des faits culturels d'un peuple. Ce principe accompagne l'usage de ce document de référence depuis l'accession du pays à l'indépendance jusqu'à nos jours. L'Etat reste le moteur de cette activité. C'est donc dans cet esprit que la loi-cadre stipule : « Les manuels et les matériels didactiques à utiliser [...] doivent être conformes aux normes et programmes établis [...]. » La présente étude se fixe en effet le principal objectif de mesurer la qualité et l'étendue de l'apprentissage linguistique des élèves, ce processus par lequel on acquiert des connaissances, on développe des aptitudes et on maîtrise des habilités. Elle s'inscrit dans une approche didactique qui vise à étudier ces documents de référence dans un contexte où leur rôle demeure prépondérant. Pour vérifier la réalisation de cet objectif principal, notre étude sera complétée par une recherche de terrain consacrée à l'évaluation des compétences linguistiques en français. Car, qualitativement et quantitativement, l'évaluation est une aide à l'apprentissage et un instrument d'appréciation ainsi que de mesure. Nous recourons à elle - dans son « rôle informatif » (Tagliante 2005) - pour mesurer l'efficacité du dispositif enseignant par rapport à « l'output » des élèves.
3. MéthodologieNous procédons à l'analyse de deux manuels de langue française utilisés en première et sixième années de l'école primaire. Une démarche tout aussi descriptive qui est rendue possible grâce à l'analyse de contenu1(*) (Bardin 2001 et Charaudeau et al. 2002). L'analyse quantitative et qualitative nous fournit des éléments d'identification et de questionnement des caractéristiques principales des manuels : leur sélection, leur gradation, leur présentation et leur répétition (Mackey 1972). Une description qui ne se limite pas seulement au contenu, mais prend également en compte le contenant. A la suite de Germain et al. (2003), nous dénombrons, d'une part, les activités2(*) qui favorisent l'apprentissage de l'identification des mots, et de l'autre, celles qui concernent le traitement de sens. Notre ambition n'est pas de comparer ces deux manuels, mais de tirer le profil de chacun et de mesurer le niveau de réalisation des objectifs assignés à l'enseignement au terme de ce curriculum. Nous analysons ces manuels pour repérer les « contenus » ainsi que les « modes pédagogiques d'apprentissage à engager » (Germain et al. 2003, p. 239). Et pour élucider l'organisation didactique, nous étudions les progressions d'apprentissage (fréquences des faits [unités] linguistiques, régularités langue orale vs langue écrite), les textes supports à l'apprentissage (leur difficulté lexicale et syntaxique, l'autonomie de décodage offerte), le profil didactique des activités (orientation des pratiques). L'évaluation des compétences linguistiques sera faite sur base de l'outil mis en place dans le cadre du projet « Modes d'appropriation, types de compétences et supports de diffusion de langue française dans l'espace francophone » lancé par le CIRELFA (Conseil International de Recherche et d'étude en Linguistique Fondamentale et Appliquée) de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie (Chaudenson 1995). Elle permettra de mesurer la réception ainsi que la production langagières des élèves, tant au niveau de l'oral que de l'écrit. Le test concerne les élèves du niveau terminal du primaire (6ème année) pour des raisons évidentes, notamment, parce qu'ils sont à la fin du cursus. Ils doivent ainsi prouver qu'ils ont assimilé les connaissances mises à leur disposition et s'y sont accommodés. Sa version adulte est administrée aux élèves du terminal secondaire (6ème année) de la section « Pédagogie générale », car ce sont eux qui sont habilités à enseigner à l'école primaire selon la législation congolaise en la matière. Le but poursuivi, quant à la seconde catégorie des informateurs, est de « mesurer les effets de la connaissance du domaine sur les résultats » (Narcy-Combes, 2005 : 56). A cause des contraintes temporelles, nous nous limitons à organiser cette évaluation dans des écoles de Kinshasa, choisies en fonction des tendances idéologiques en présence : écoles publique, privée, conventionnée catholique, conventionnée protestante, conventionnée kimbaguiste, islamique. * 1 L'analyse de contenu permet une description objective et systématique du discours. Sous son aspect quantitatif, elle est fondée sur la fréquence d'apparition de certains éléments du message, alors que qualitativement, elle se base sur l'indice de présence de ces éléments dans le message. * 2 Par activité, nous entendons toute procédure de présentation des données linguistiques d'apprentissage, c'est-à-dire une situation faite des tâches à accomplir, planifiée par l'enseignant et proposée à l'élève pour l'aider à atteindre un objectif d'apprentissage. |
|