CHAPITRE 3- CONCILIER LE DROIT A LA SANTE ET LES
POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT
Même en étant un droit fondamental, le droit
à la santé est souvent transgressé, au cours de la mise en
oeuvre des politiques et stratégies de développement. Le
développement est aussi un droit de l'homme dont on ne saurait se
passer. Aussi, est il souhaitable de concilier politiques de
développement et respect des normes du droit à la santé,
en assurant l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes,
l'éducation primaire pour tous, des politiques en matière
d'environnement.
Les états doivent développer des politiques
publiques qui matérialisent la réalisation des droits de l'homme.
Le droit à la santé doit guider les politiques et les
activités des gouvernements.
Le rapporteur spécial sur le droit de la santé
des Nations Unies a énoncé la nécessité
d'identifier les bonnes pratiques pour la mise en oeuvre du droit à la
santé au niveau des communautés et aux niveaux national et
international. Les dispositions juridiques du droit à la santé
doivent trouver une expression pratique, et passer de normes nationales et
internationales à des politiques, à des programmes et à
des projets concrets. Les normes internationales de droits humains devraient
s'appliquer de manière cohérente et systématique dans tous
les processus de formulation des politiques sur le plan national et
international. Les actions des états ne doivent pas enfreindre le droit
de toute personne de bénéficier du niveau le plus
élevé possible de santé physique et mentale. Ainsi, tout
traité ou convention internationale doit impliquer la promulgation de
politique de santé publique garantissant l'accès
généralisé aux produits pharmaceutiques et à des
technologies médicales de prévention, de soins efficaces et
accessibles (49). L'approche de la justice sociale de la santé exige
donc une refonte du système international. Les états seront tenus
d'élaborer des politiques de santé efficaces, d'améliorer
la gouvernance locale, de défendre les droits de l'homme et de prendre
les mesures pour respecter l'environnement.
I- Elaborer des politiques de santé efficaces
dans le cadre des projets de développement
Le respect des droits de l'homme, l'accès universel aux
services sociaux, la répartition équitable des revenus, et la
bonne gouvernance et la gestion responsable du processus du
développement sont essentiels pour la réalisation du droit
à la santé. La mise en oeuvre plus efficace des politiques
existantes ou nouvelles, en tenant compte des conventions et accords
internationaux est essentielle pour la réalisation du droit à la
santé. Les soins de santé de base devront être
incorporés dans les initiatives nationales de développement.
Les autorités nationales devraient assurer des choix
qui oeuvrent vers la mise en oeuvre des stratégies et des interventions
dans les services de soins qui mettent l'accent sur les soins de santé
primaires. Ils devraient adopter une approche pluridisciplinaire et
multisectorielle fondée sur les droits de l'homme afin de dispenser les
soins de santé à tous. Dans le but d'assurer les besoins
sanitaires de toute la population, les choix se feront vers la mobilisation des
ressources pour l'achat des médicaments et des équipements
nécessaires; le développement et gestion des ressources humaines;
la mise en place d'un système d'assurance sociale, et l'orientation
vers les soins de santé de base. Pour renforcer les systèmes de
santé, il est indispensable d'évaluer les besoins pour identifier
le volume des investissements nécessaires, et dresser des plans
stratégiques qui permettront de mobiliser les ressources
nécessaires.
Il faut attirer l'attention que en matière de
ressources humaines, les pays pauvres subissent une pénurie des
professionnels de la santé. Les professionnels de santé
formés dans les pays pauvres sont activement recrutés par les
pays riches. Cette opération aggrave le déficit en ressources
humaines dans les pays pauvres qui souffrent déjà d'une basse
densité de professionnels de santé provoquant par là
davantage de pression sur les services de santé. La fuite des
professionnels de santé aggrave la pénurie dans des pays qui ont
à supporter de nombreux défis de santé (VIH/SIDA). Les
pays exportateurs de ces professionnels sont perdants à plusieurs
niveaux : la pénurie en professionnel de santé s'accentue,
ils perdent des savoirs, des compétences et une mémoire
institutionnelle, endossant le prix de la formation au bénéfice
des pays développés. Les facteurs qui poussent les gens à
émigrer sont représentés par la rémunération
essentiellement, associée à une charge de travail intense et des
conditions de travail et de sécurité mauvaises. D'un autre
côté, les stratégies agressives de recrutement par les pays
riches constituent un facteur important à l'immigration. Les pays
doivent appliquer des politiques de santé qui leur permet de favoriser
le maintien des professionnels sur le sol national, en promouvant les
incitations financières et non financières, en concevant des
solutions locales pour les ressources humaines, pour assurer la satisfaction
des besoins. Les pays riches ayant des besoins accentués par le
vieillissement de la population font appel à ces professionnels
insuffisamment payés, ils arrivent à satisfaire les besoins de
leur population en effectuant une économie sur des coûts de
formations. Les pays riches devraient indemniser les PVD desquels les
professionnels sont issus.
Les politiques de santé doivent s'orienter vers les
priorités énoncées dans les objectifs du millénaire
pour le développement. Ces OMD s'inspirent également de concepts
antérieurs, tels que l'approche des soins de santé primaires, les
soins de santé de base, et l'Initiative Santé pour tous en l'an
2000. L'analyse des objectifs du millénaire pour le
développement montre qu'ils restent modestes par rapport aux besoins en
santé qui sont de plus en plus importants et de plus en plus urgents.
Ils contiennent même une régression importante par rapport aux
buts établis par la santé pour tous lors de la déclaration
d'Alma Ata (Tableau 1). Ils ont l'avantage cependant de concevoir l'approche de
la santé en tenant compte des droits de l'homme. Ainsi, les solutions au
problème du VIH englobent la nourriture, l'eau, les systèmes
d'assainissement, l'éducation élémentaire, les soins de
santé, la sécurité, le travail décent qui permet de
ne pas être exploité et être utile à la
communauté. Les objectifs du millénaire pour le
développement ont été adoptés lors du Sommet du
Millénaire par 189 pays. La Déclaration du Millénaire
propose huit objectifs dont trois sont directement en rapport avec la
santé (Réduire la mortalité infantile; Améliorer la
santé maternelle; Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres
maladies) et cinq liés à la santé (Réduire
l'extrême pauvreté et la faim; Assurer l'éducation primaire
pour tous; Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des
femmes; Assurer un environnement durable; Mettre en place un partenariat
mondial pour le développement).
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