3- La protection de l'environnement dans les politiques de
développement économique
Les politiques de développement économique les
pays du tiers monde, encouragent l'exportation des matières
premières. Or, des situations vécues à travers le monde,
montrent qu'une telle attitude peut entraîner des répercussions
importantes de l'environnement avec toutes ses conséquences sur la
santé. L'exemple de l'extraction du pétrole dans certains pays
corrobore ce fait. Dans les lieux où il est extrait, le pétrole
est responsable de la pollution et de la destruction des
écosystèmes. Sur les lieux de l'extraction ou de transformation
pétrolière, des maladies comme le cancer et la leucémie
sont plus fréquentes. On enregistre des indices élevés de
mortalité infantile et de différentes maladies. Cette
activité provoque la pollution des fleuves, la destruction des
forêts, des dommages permanents et cumulatifs. Les pays du sud, soucieux
d'exporter plus pour avoir les ressources nécessaires ne prennent pas en
considération les désastres locaux. L'extraction du
pétrole et son exportation n'a pas amélioré les conditions
de vie des populations mais a provoqué la dégradation de la
situation sanitaire des personnes vivants en contact avec les installations
pétrolières. Une étude effectuée en Equateur
auprès des familles vivant près des installations
pétrolières a montré que 82,4% des gens interrogés
ont été malades au moins une fois à cause de la
pollution ; 96% connaissent des problèmes de peau et 75% des
problèmes respiratoires. La principale cause de mortalité est le
cancer qui a une moyenne trois fois supérieure à la moyenne
nationale (12).
Les extractions effrénées de différentes
matières premières dans le but de diversifier les exportations
et se procurer les devises, ont des conséquences catastrophiques sur les
ressources naturelles. Les pays s'engagent dans les exportations de ressources
naturelles de biens tropicaux notamment, sans tenir compte des
conséquences écologiques (13). Les 14 pays les plus
endettés (plus de 10 millions de dollars) sont aussi ceux où la
déforestation atteint des rythmes sans précédent (14).
L'exemple du Ghana est éloquent. Ce pays a relancé l'industrie du
bois, faisant passer la production de 147 000 à 413 000
mètres cubes entre 1984 et 1987 (15). Cette politique a
accéléré la destruction des forêts ghanéennes
dont la surface a été considérablement réduite par
plusieurs de décennies de conversion des superficies boisées en
espaces agricoles. Cette déforestation a plongé le Ghana dans une
situation désastreuse caractérisée par la chute de la
production vivrière, une baisse de fertilité des sols et des
problèmes d'approvisionnement en eau (16). Les politiques de
développement se font au détriment des ressources naturelles
créant des ravages écologiques.
L'implantation des entreprises industrielles, bien que source
d'embauche pour les pays en difficultés économiques, n'est pas
sans danger. Les activités industrielles sont sources de déchets
chimiques toxiques ayant un effet néfaste direct sur la santé des
hommes et un effet dévastateur sur l'environnement. Les déchets
rejetés par l'activité industrielle, sont sources de pollution de
l'environnement, de dégradation de la nature, de déboisement, de
l'émission de gaz à effet de serre, de pollution des sources
d'eau, de pertes de terres arables et de dommages aux zones de pêche
sources de malnutrition et de maladies. Les conséquences sont
représentées par la survenue d'inondations et de
sécheresses, d'un changement climatique et de catastrophe naturelles
menaçantes pour la vie et la santé des populations. Les
entreprises pollueuses contournent les obligations contenues dans le protocole
de Kyoto en achetant les droits d'émission de CO2 à
celles qui polluent le moins (6). En Europe, 100 000 substances chimiques
sont enregistrées. Selon l'OMS, l'exposition à ces produits
même à faible dose peut suivre gravement à la santé
(Rapport du rapporteur spécial de la commission des droits de l'homme
sur les conséquences néfastes des mouvements et
déversements illicites de produits et déchets toxiques et nocifs
pour la jouissance des droits de l'homme, E/CN.4/2006/42).
Un autre aspect de la mise en danger de la santé des
populations des pays pauvres par des motifs économiques a
été enregistré lorsque des navires contaminés par
l'amiante ont été envoyés en direction de pays du tiers
monde pour démontage.
Il ressort que l'amélioration de l'état de
santé des populations est intimement liée au respect des droits
de l'homme. La protection de la santé de la population exige que tout
développement économique doive se faire de façon synchrone
avec le développement social. La déclaration d'Alma Ata a
insisté sur la nécessité d'un développement
économique et social, fondé sur un nouvel ordre économique
international, afin de donner à tous le niveau de santé le plus
élevé possible et combler le fossé qui sépare sur
le plan sanitaire les pays en développement des pays
développés. Cette déclaration a également
relié protection de la santé et développement
économique en exhortant que la promotion et la protection de la
santé des peuples est la condition sine qua non d'un progrès
économique et social soutenu.
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