2- La garantie des droits humains dans les politiques
de développement économique
Lors de l'élaboration des politiques de
développement économique, la limitation des droits de l'homme
dans le but de favoriser e développement économique est une
source de privation du droit à la santé. L'absence de
participation de la population, le non respect des normes de
sécurité et d'hygiène au travail, la limitation des
services sociaux de base sont autant de facteurs déterminants qui
entravant le droit à la santé.
a- La déclaration d'Alma Ata stipule dans son article
IV que « tout être humain a le droit et le devoir de
participer individuellement et collectivement à la planification et
à la mise en oeuvre des soins de santé qui lui sont
destinés ». L'observation générale
N°14 a aussi précisé que l'encouragement de la participation
de la population à la mise en place des services de prévention et
de soins de santé est un aspect important dans le droit d'accès
aux installations, biens et services en matière de santé. Faire
participer les populations dans les choix de santé traduit un engagement
de l'état dans les processus démocratiques. Mais, les
états, dans un souci de restrictions budgétaires, marginalisent
les populations dans l'élaboration des politiques et des
stratégies de santé, et ne laissent aucune possibilité de
participation des citoyens ou de leurs représentants aux politiques de
santé.
b- Les gouvernements intéressés uniquement par
la satisfaction des profits des entreprises privées, ne veillent pas au
respect des normes de travail universellement reconnues, telles que
l'élimination de l'exploitation de la main d'oeuvre enfantine,
l'interdiction du travail forcé, la liberté d'association, le
droit d'organisation et le droit de négociation collective et la non
discrimination en matière d'emploi. Il est notoire de constater dans
certains pays, la tolérance qu'affichent les gouvernements
vis-à-vis de l'exploitation de la main d'oeuvre enfantine, de
l'exploitation des travailleurs sous payés et ne disposant d'aucune
couverture. Ces pays, dont l'objectif est d'attirer l'investissement
étranger direct, illustrent une laxité dans l'application des
normes du travail, réduisent les coûts salariaux
alléchants, annulent ou modifient leur législation du travail et
leur législation sociale afin de créer des zones franches
industrielles. Ces zones de libre échange sont des paradis pour les
investisseurs occidentaux, où l'infrastructure est subventionnée
par l'état, et où le recours à la main d'oeuvre enfantine
et féminine est une pratique largement répandue. Aux
philippines, les entreprises étrangères sont installées
dans des zones franches sont cernées de murs et de fils barbelés
qui ressemblent à des camps de travail où les libertés
syndicales, les libertés de circulation sont très
réduites. Les multinationales recherchent une main d'oeuvre peu
chère ne réclamant aucun droit social (syndicat, logement,
sécurité social) (10).
Les politiques de développement dans les pays du tiers
monde visent à attirer l'investissement étranger direct, et pour
cela affichent une volonté délibérée de maintenir
les salaires à un bas niveau. Les bas salaires entraînent une
baisse considérable du pouvoir d'achat des pauvres, et se
répercutent sur leur état alimentaire et leur état de
santé. Selon l'OIT, dans la plupart des pays d'Afrique, les salaires
réels ont baissé de 50 à 60% depuis le début des
années 80.
La doctrine néolibérale explique la haute
prévalence du VIH/SIDA en Afrique subsaharienne. La pauvreté
aggravée par ces politiques entraîne la malnutrition et
l'affaiblissement des systèmes immunitaires. L'immigration
imposée par les facteurs économiques et sociaux, la prostitution
comme seul moyen de survie, les inégalités de genre et les
mouvements de populations ont été identifiés comme des
vecteurs contribuant à la vulnérabilité à cette
maladie. Les travailleurs immigrants, les professionnelles du sexe qui vendent
leur corps pour pouvoir nourrir leurs enfants sont autant de
phénomènes sociaux à l'origine de l'extension du VIH/SIDA.
c- La suppression des subventions alimentaires appuyée
par les politiques de développement économique, touche au droit
à l'alimentation. Elle entraîne une baisse du niveau nutritionnel
dans les couches défavorisées de la population, accroissant les
taux de malnutrition. Les politiques de développement
économique mettent au point des réformes des politiques agricoles
qui touchent même à la nature des productions. Ces réformes
remplacent les productions vivrières destinées à la
consommation intérieure, par des cultures de café, de tabac ou de
coton destinées à l'exportation afin de générer
des ressources en devises. Ces politiques réduisent les
disponibilités alimentaires, et créent une baisse des niveaux
nutritionnels et la malnutrition. En Afrique subsaharienne, les taux moyens de
croissance annuelle de la production vivrière par habitant ont
été négatifs entre 1979 et 1997. Les agriculteurs ont
renoncé aux cultures traditionnelles. L'état n'offre le
crédit et l'assistance technique qu'aux cultures destinées
à l'exportation, alors que les cultures de subsistances ne sont pas
concernées. C'est une source d'insécurité alimentaire et
de malnutrition.
d- Au même titre que les autres services sociaux, les
dépenses consacrées à l'éducation sont
gelées. Ces restrictions touchent principalement l'enseignement
primaire. En Afrique subsaharienne, le pourcentage des enfants de 6 à 11
ans scolarisés est tombé de 55% en 1979 à 45% en 1995
(UNESCO). Face à l'augmentation des frais se scolarité, les
familles choisissent de ne plus envoyer leurs filles à
l'école.
e- Le droit au logement est également
sérieusement atteint lorsque les salaires sont bas, ou le chômage
élevé, les citoyens n'ont pas assez de ressources pour satisfaire
leurs besoins fondamentaux. L'état cesse de fournir directement des
logements ou des allocations de logement aux pauvres. L'acquisition du logement
est difficile du fait du renchérissement des matériaux de
construction. La location de logement absorbe une grande partie des ressources,
les pauvres n'ont ainsi pas droit à un logement décent. Dans les
pays en développement, les trois cinquième n'ont pas accès
aux équipements sanitaires de base, prés d'un tiers sont
privés d'eau potable, un quart ne disposent pas d'un logement
décent, un cinquième n'ont aucun contact avec un service de
santé moderne, un cinquième des enfants ne vont pas
au-delà de l'avant dernière année d'enseignement primaire
et un cinquième sont sous alimentés (PNUD).
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