2- Les grands problèmes de santé dans les
pays du Sud sont un frein au développement économique
a- La santé maternelle
Des milliers de femmes meurent chaque année dans les
pays pauvres à la suite d'accouchements ou d'avortements. Cette
mortalité prive de nombreux foyers d'un élément
indispensable pour l'éducation des enfants, pour toutes les charges de
travail à domicile et pour la stabilité du foyer. Le
décès précoce de la mère est source d'abandon des
enfants avec toutes les conséquences qui en découlent.
A l'heure actuelle, l'OMS estime la mortalité
maternelle à 1000 décès pour 100 000 naissances vivantes.
La mortalité maternelle traduit le manque d'accès à un
personnel qualifié pendant la grossesse, l'accouchement et le
post-partum. À l'heure actuelle, seuls 43 % des accouchements sont
assistés par un personnel de santé qualifié contre 40 % en
1990. Les taux élevés de fécondité, les
maternités précoces et la faiblesse des systèmes nationaux
de santé augmentent le risque de décès maternel en
Afrique, où ce taux est estimé à 1/16, contre 1/2000 en
Europe et 1/3500 en Amérique du Nord. Les facteurs à l'origine de
cette situation sont représentées par une situation
socio-économique déplorable, le rôle de mineure que joue
la femme dans la prise des décisions et le contrôle des
ressources, et les retards enregistrés dans l'accès aux soins de
santé appropriés.
L'OMS estime que près de 19 millions d'avortements se
font dans des conditions à risque. L'avortement volontaire
représente pour une femme la seule solution à une grossesse non
désirée ou forcée. Même si l'avortement est
socialement réprimé, condamné moralement, il reste la
solution pour la grossesse non désirée. Les raison d'une telle
grossesse sont multiples, irresponsabilité, violence sexuelle, manque
d'accès aux services de santé reproductive, carence des
programmes d'éducation sexuelle, méconnaissance des
méthodes contraceptives, échec des moyens contraceptifs. Les
femmes porteuses de grossesse non désirée sont vulnérables
du fait du contexte social désavantageux : manque d'accès
à la sécurité sociale, violation des droits du travail,
discrimination, pauvreté, violence dans le couple, dépendance
économique. Pour éviter la mortalité
prématurée de ces femmes, il est essentiel de cerner le
problème dans sa globalité, c'est-à-dire assurer la
justice sociale, lutter contre la pauvreté, assurer les méthodes
contraceptives, assurer les droits humains dont la liberté de la femme
à l'autonomie. Assurer un système économique où la
femme joue pleinement son rôle ; où elle peut être
indépendante économiquement (17).
b- La santé infantile : Entre
1990 et 2001, la mortalité infantile a augmenté dans neuf pays.
Globalement, dans 14 pays africains, la mortalité infantile est plus
élevée aujourd'hui qu'en 1990, et plus de 35 % des enfants sont
exposés à un plus grand risque de décès qu'il y a
10 ans. En 2002, l'Afrique subsaharienne représentait 42 % du total des
décès d'enfants de moins de 5 ans dans le monde. Actuellement,
trois des six pays qui représentent 50 % du total des
décès d'enfants de moins de 5 ans dans le monde se trouvent dans
la Région africaine. Le taux de mortalité néonatale
estimé à 45 décès pour 1000 naissances vivantes
reste également élevé, et la proportion de ceux qui sont
vaccinés contre la rougeole était de 57 % en 1990 et de 61 % en
2003.
c- L'épidémie du VIH/SIDA
L'épidémie du VIH/SIDA a fait des ravages dans
les populations d'Afrique. La morbidité et la mortalité
liées à cette maladie affecte directement le monde du travail et
par la l'économie du pays. Cette maladie touche
préférentiellement les populations jeunes et actives. Les
entreprises sont ainsi privées d'une main d'oeuvre qualifiée et
jeune. Par ailleurs, les foyers qui perdent un père ou une mère
qui sont parfois la seule source de revenu, sont voués à la
misère et vont faire grossir les rangs des pauvres et des sans abris.
Les pays en voie de développement comptent 90% des infections et
l'Afrique subsaharienne près des 2/3 et on y dénombre 75% des
décès. Les foyers africains sont en général pris
dans un cycle de pauvreté caractérisé par une faible
production de nourriture, des revenus bas, une mauvaise santé, la
malnutrition, le mauvais environnement sanitaire et les maladies
infectieuses.
En 2003, on a estimé que 3,2 millions de personnes
avaient été infectées par le VIH, et que 2,3 millions de
personnes étaient mortes du SIDA. En Afrique australe, on a
signalé un taux de prévalence de 20 % chez des femmes enceintes
âgées de 15 à 24 ans. La prévalence du VIH/SIDA dans
les pays de l'Afrique atteint 6.9% pour les femmes âgées entre 15
et 24 ans. Les femmes enceintes ont des taux élevés : 25% en
Afrique du Sud, 39% au Swaziland et 32.9% au Botswana (Programme des Nations
Unies pour le SIDA). Mais le VIH/SIDA est plus répandu dans les
régions les plus pauvres. Les pauvres sont plus vulnérables
à une infection au VIH que les riches. La prévalence du VIH
manifeste peu ou pas de signes de recul. Des systèmes de santé
peu satisfaisants et le manque de ressources financières et humaines
nécessaires pour intensifier les programmes de lutte contre le VIH/SIDA
sont les principaux problèmes qui entravent l'accès aux services
de prévention, au traitement et aux soins.
d- Le fléau paludéen : Il
s'agit d'un grave problème de santé en Afrique subsaharienne. Il
touche tout particulièrement les jeunes enfants et les femmes enceintes,
surtout dans les zones rurales, où l'accès aux services de soins
est limité. L'Afrique représente plus de 90 % de la charge
mondiale de morbidité paludéenne. L'emploi de moustiquaires
imprégnées d'insecticide varie actuellement entre 0,1 % et 63 %
dans les pays qui l'ont adopté pour les enfants de moins de cinq ans.
Seuls 13 % des pays pratiquent pleinement le traitement préventif
intermittent pour les femmes enceintes.
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