CHAPITRE 2- LES INTERACTIONS DU DROIT A LA SANTE AVEC
LE DEVELOPPEMENT
On a pensé au cours des années soixante dix que
le développement était une affaire de croissance
économique, celle-ci jouera le rôle de moteur pour assurer une
meilleure santé aux populations. Mais les événements
historiques ont montré que la croissance seule ne suffit pas à
assurer le bien être des individus.
I- L'état de santé des populations et le
développement économique
A- La corrélation entre l'état de
santé de la population et le niveau de développement
économique
1- Les comparaisons entre pays développés et
pays en développement montrent des différences flagrantes en
matière de santé
En occident, tout on long du siècle dernier,
l'état de santé des populations a affiché des
améliorations notables. En un siècle, une maladie comme la
variole a été complètement éradiquée ;
la rougeole qui a décimé au 19ème siècle
des communautés entières a pratiquement disparue.
L'espérance de vie qui avoisinait la quarantaine au
17ème siècle a doublé aujourd'hui. Ces
améliorations spectaculaires dans l'état de santé se sont
produites de façon concomitante avec le développement
économique. Le développement économique en occident s'est
accompagné d'une amélioration des mesures d'hygiènes, des
conditions de logement, d'assainissement, de l'alimentation, et des conditions
de travail, ce qui a été à l'origine de
l'amélioration de l'état de santé des populations.
Cela n'a pas été le cas dans les pays en
développement. La comparaison entre pays développés et
pays en voie de développement montre des différences flagrantes
en matière de niveau de santé. Les indicateurs de santé,
relatifs à l'espérance de vie, la prévalence du HIV/SIDA,
les taux des maladies infectieuses et parasitaires montrent de grandes
différences. Ainsi dans les pays les moins avancés,
l'espérance de vie est inférieure à 45 ans. Le taux de
mortalité maternelle avoisine 300 pour 100000 naissances vivantes alors
que ce taux est au dessous de 10 dans les pays développés. La
mortalité infantile s'élève à 84.3%o dans les pays
en développement alors qu'elle est inférieure à 10%o dans
les pays riches. La mortalité et la morbidité dans les pays du
sud est due essentiellement aux maladies transmissibles : tuberculose,
paludisme, diarrhées. La mortalité annuelle due à la
tuberculose et au paludisme est de 3 millions de décès par an. La
majorité a lieu dans les pays pauvres avec une particulière
gravité en Afrique subsaharienne. L'infection au VIH prend elle aussi
une ampleur mondiale. Au cours de l'année 2001, 3 millions de personnes
sont mortes du SIDA et 5 millions ont contracté le virus dont la
moitié dans la tranche d'âge 15 à 24 ans.
Un ensemble de paramètres expliquent les
inégalités dans le niveau de santé entre les populations
des pays en développement et les populations occidentales. D'abord, le
développement économique produit de la richesse qui est
utilisée pour améliorer les conditions d'hygiène, de
logement, d'alimentation, de travail. Les fruits de la croissance
économique sont investis pour l'amélioration de l'état de
santé. L'amélioration des niveaux de vie renforce la demande de
bien être, la planification familiale réduit la
démographie. Autant de facteurs qui améliorent l'état de
santé des populations grâce à l'accroissement de la
productivité, à l'urbanisation, à l'augmentation des
ressources vivrières, aux avancés scientifiques médicales,
et à l'assainissement de l'environnement. Les investissements dans le
domaine de santé sont plus importants. Dans les pays riches, les
dépenses de santé par habitant s'élèvent à
3100 Dollars (11% du PIB), ceux ci ne représentent que 81 dollars pour
les pays en voie de développement et 37 dollars en Afrique (6% du PIB).
Ces dépenses faibles autorisent des installations de soins de
santé en quantité et en qualité insuffisantes. Aussi, le
nombre de lits d'hôpitaux qui est de 7.15 par mille habitants dans les
pays développés, n'est que de 2.7 par mille dans les pays en voie
de développement, et de 1.2 pour l'Afrique subsaharienne. Le nombre de
médecins par 25 000 habitants est de 50 dans les pays
développés et de 1 dans les pays les plus pauvres. Le
système de soins en occident efficace en terme de disponibilité,
accessibilité et acceptabilité se traduit par des indicateurs de
santé satisfaisants, et un niveau de santé de la population
décent.
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