- PARTIE II - UNE ADMINISTRATION DE PROJETS
QUI SOUS-TEND UNE RECONNAISSANCE DE LEGITIMITE RECIPROQUE ENTRE
L'ASSOCIATION DE GESTION DES CENTRES SOCIAUX ET LA COMMUNE.
Une vision du champ de l'action sociale
déterminée par la position des acteurs.
L'environnement du centre social, que nous avons décrit
dans la première partie, s'avère être le socle
institutionnel sur lequel s'érige le concept opérationnel
«Centre social».
Nous étant expliqué sur le choix de centrer
notre travail sur la nature des liens unissant la commune de Décines
à l'association de gestion, il nous faut maintenant expliciter le
positionnement des acteurs.
Tout d'abord, il s'agit de les discerner à partir de
leurs dimensions individuelles et collectives ; ensuite, il importe de les
resituer dans leur champ institutionnel respectif tout en faisant
apparaître leur mode complexe d'organisation intrinsèque.
En développant notre méthodologie d'analyse du
traitement des données recueillies, nous nous servirons de
l'agrégation de ces matériaux pour éclairer notre
thématique en nous étayant d'approches théoriques. Ainsi,
c'est la matière première de nos entretiens qui pourra nous
permettre de justifier la place centrale des acteurs dans la construction de la
représentation organisationnelle.
- CHAPITRE 1 - UNE CONJECTURE : DES ACTEURS DONT
LA POSITION S'INSCRIT DANS UNE DEMARCHE INSTITUTIONNELLE.
Parce que les modalités des relations institutionnelles
paraissent entremêlées, il s'avère nécessaire de
distinguer les différents types d'acteurs tissant le réseau de
liens enchevêtrés. Ainsi, entre l'association de gestion des deux
centres sociaux et la municipalité de Décines, il apparaît
que les acteurs présentés dans leur individualité
inscrivent toutefois leur action au travers de dimensions collectives.
Celles-ci, par leurs caractéristiques juridique, sociale et
financière montrent :
- d'une part, que le cadre d'intervention sociale de la commune
est réglementé par un statut administratif de collectivité
territoriale,
- d'autre part, que l'association manifeste une souplesse de
fonctionnement justifiant son action de proximité, sa mission se
révélant néanmoins largement encadrée par un
maillage institutionnel conséquent, laissant à penser que son
action s'en trouve sensiblement orientée.
1 - Un système institutionnel intriqué.
En nous proposant de décrire la relation
organisationnelle existant entre l'association de gestion des centres sociaux
Dolto et Montaberlet et la municipalité de Décines, il
apparaît que la double dimension individuelle et collective de chacun des
acteurs est la plus adaptée à décrypter l'entrecroisement
des rôles des uns et des autres.
* En ce qui concerne la dimension individuelle
de l'association, elle se détermine à partir de trois
catégories d'acteurs :
· les usagers1;
· les bénévoles2;
· les professionnels3.
Les usagers, en tant que participants et utilisateurs
d'activités et de services, sont issus de tous les quartiers de
Décines et représentent sociologiquement la
population4.
Les bénévoles, quant à eux, agissent
aussi bien comme animateurs d'une activité (le tricot- crochet), comme
membres d'une équipe organisant une manifestation à dimension
communale (le bric à brac) que comme gestionnaires-administrateurs d'une
des plus importantes associations de gestion de centres sociaux du
département du Rhône.
1 Annexe 7 - Les ressources humaines -
2 Annexe 8 - Des habitants prennent
l'initiative -
3 Tableau 4 - Les centres sociaux Dolto et
Montaberlet, une PME associative - (les ressources humaines, salariales et
professionnelles)
4 Partie III, chapitre 1.
TABLEAU 4 : Les centres sociaux Dolto et
Montaberlet, une PME associative.
LA VIE ASSOCIATIVE (1999)
Usagers 2439
Bénévoles 64
Administrateurs (a) 35
Professionnels 99
(a) Les administrateurs sont intégrés dans le
contingent des bénévoles.
LES RESSOURCES HUMAINES SALARIALES (1999)
|
STATUT
|
Equivalent temps plein
|
Contrat à durée indéterminée Contrat
à durée déterminée Contrat d'aide à l'emploi
(b) Mise à disposition
|
16,05 4,32 14,55 2,76
|
TOTAL
|
37,68
|
(c) CEC, objecteur de conscience, emplois jeunes, contrat de
qualification, emploi ville, CES.
LES RESSOURCES HUMAINES PROFESSIONNELLES (MARS 2000) (c)
|
FONCTION
|
Nombre
|
Encadrement Sanitaire et sociale
Animation Logistique Administrative
|
3 9 12 7 2
|
TOTAL
|
33
|
(e) Uniquement les permanents, c'est à dire les
salariés ayant au moins une année d'ancienneté et
travaillant au moins un mi-temps.
39
SYNTHESE BUDGETAIRE
|
I RATIO BILAN
|
1999
|
1998
|
1997
|
Fonds de roulement
|
263 675
|
346 194
|
397 732
|
Besoins en Fonds de roulement
|
- 389 949
|
- 506 579
|
- 596 015
|
Trésorerie
|
653 624
|
852 773
|
993 747
|
Autonomie en mois de fonctionnement
|
0,35
|
0,51
|
0,64
|
II RATIO COMPTE DE RESULTAT
|
|
1999
|
|
1998
|
|
1997
|
Charges d'exploitation
|
9
|
107 966
|
8
|
184 268
|
7
|
477 850
|
% Salaires et charges assimilées
|
|
65,03
|
|
61,59
|
|
61,64
|
% Fonctionnement et charges externes
|
|
23,15
|
|
25,94
|
|
27,04
|
% Dotations amortissement
|
|
1,51
|
|
1,11
|
|
1,13
|
% Charges valorisées (Contrepartie apport nature)
|
|
10,20
|
|
11,37
|
|
10,21
|
Produits d'exploitation
|
9
|
027 541
|
8
|
113 435
|
7
|
637 240
|
% Participations usagers et prestations de services
|
|
34,51
|
|
35,12
|
|
34,04
|
% Subventions
|
|
35,24
|
|
38,34
|
|
37,64
|
% Autres prestations et produits
|
|
13,83
|
|
14,78
|
|
14,47
|
% Produits valorisés (Apports en nature)
|
|
10,28
|
|
11 ,46
|
|
9,95
|
Résultat d'exploitation
|
|
- 80 425
|
|
- 70 833
|
|
159 390
|
Résultat financier
|
|
2 999
|
|
9 899
|
|
18 594
|
Résultat exceptionnel
|
|
- 6 719
|
|
8 678
|
|
16 365
|
RESULTAT
|
|
-84 145
|
|
- 52 257
|
|
194 349
|
Les professionnels le sont à plusieurs titres. En
premier lieu par leur savoir-faire mais aussi pour certains par leur rôle
d'accompagnateurs-formateurs auprès de
bénévoles1. Nonobstant, ils sont aussi salariés
de l'association et ont comme employeur les administrateurs avec lesquels ils
coopèrent.
Le directeur a, lui, un statut particulier. Il est mis, par la
mairie, à disposition de l'association de gestion par
l'intermédiaire de la fédération nationale Léo
Lagrange. Celle-ci a été créée en 1950 par des
membres des jeunesses socialistes2. Localement, le parti socialiste
conduit, depuis des années, la politique municipale décinoise.
* Pour ce qui concerne la dimension individuelle de la commune,
elle est déterminée par deux statuts, celui d'élu et celui
de technicien.
1 Annexe 8 - Des habitants prennent
l'initiative -
2 Fédération Léo Lagrange
1950-1990 - Mémoires d'avenir - p. 15.
La fonction d'élu intègre la
responsabilité et la conduite de l'action politique de la commune alors
que le technicien applique, d'une part, la réglementation, d'autre part,
met en oeuvre la politique de la majorité municipale1.
La charge de la relation politico-technique avec l'association
est circonscrite, mis à part le maire, à quelques
acteurs2 dont le champ de compétences relève soit de
l'action sociale traditionnelle, soit des domaines de la politique de la
ville3.
* Pour ce qui a trait à la dimension collective, elle
passe par des instances qui sont, soit à vocation interne4
à l'association, soit à vocation inter- partenariale5.
Cependant, d'entre elles se détachent par leur composition et leur objet
et sont interfaces entre l'intérieur et l'extérieur et
réciproquement. Ce sont le conseil d'administration (CA) d'une part,
et le comité de pilotage mairie-association d'autre
part.
Ainsi, les bénévoles constituent la
majorité du conseil d'administration6 à travers les
collèges délibératifs et consultatifs. Le personnel,
partie intégrante de cette instance, a deux formes de
représentation consultative : l'une, professionnelle, par le directeur
et les deux directeurs- adjoints et l'autre, salariale, par un
délégué du personnel. Ce sont les deux collèges
suivants qui dénotent cette spécificité d'ouverture sur
l'extérieur de l'organe délibératif majeur qu'est le
conseil d'administration dans une association7 :
- le collège des membres associés représente
des associations décinoises relevant du champ de l'action sociale ;
- le collège des membres de droit est composé de
quatre élus représentant la ville (dont un qui est membre du
bureau8) et d'un représentant du centre communal d'action
sociale (CCAS)9.
En outre, la CAF et le conseil général ont un poste
chacun mais n'ont pas de représentant présent.
Le comité de pilotage, quant à lui, fait office
d'interface inter-institutionnel entre la municipalité et l'association
de gestion.
1 BONNARD Maryvonne (dir) 1996 - Les
collectivités locales en France - Paris, La documentation
française/ENFTP, collection les notices, 135 pages.
2 Ce sont les acteurs retenus décrits dans le
chapitre suivant. Tableau 5- La présentation synoptique des acteurs
sélectionnés -
3 L'association de gestion est concernée,
à double titre, par la politique de la ville. D'un côté,
par des actions qui s'adressent à un public spécifique relevant
de cette politique, de l'autre par l'implantation du centre social Montaberlet
sur un quartier amené à être classé en
catégorie I, cumulant les handicaps sociaux et urbains. Voir Annexe 10
- Le dispositif d'animation de proximité orientations
éducatives et territoriales -
4 Annexe1- La structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique - En particulier, les
définitions de ces instances, pp. 3-4.
5 Schéma 2 - Les dispositifs locaux dont
est partie prenante l'association de gestion -
6 Annexe 1, cit. p. 7.
7 BRICHET Robert, 1971 - Association et
syndicats - Paris, Librairies Techniques, p. 84. Voir aussi l'annexe 9
- Les statuts de l'association de gestion des centres sociaux Dolto et
Montaberlet -
8 Obligation statutaire, voir Annexe 9 cit., p. 7.
9 Le maire est légalement le président
du CCAS, la vice- présidence est assurée par le maire-adjoint
chargé des affaires sociales et de la solidarité, lui-même
étant un des quatres élus municipaux administrateurs membres de
droit de l'association de gestion. L'élu de la mairie au bureau du CA,
est également représentant municipal au CCAS.
Cette instance se réunit périodiquement deux
à trois fois par an. Elle existe depuis 1997 et s'inscrit dans la
démarche d'agrément du centre social par la CAF, qui recommande
de créer des instances de concertation locale qui permettant de suivre
la mise en oeuvre du projet d'action sociale de l'association validée
par la commune et agréée par la CAF(a).
Elle est composée, d'une part d'élus et
techniciens municipaux qui ont un lien direct avec les centres sociaux ;
d'autre part, des membres du bureau et du conseil de direction (directeurs et
directeurs adjoints) de l'association.
C'est le maire qui préside les rencontres.
L'ordre du jour est élaboré conjointement par
l'intermédiaire du directeur de l'association et du secrétaire
général adjoint référent des centres sociaux.
(a) Textes de référence CNAF du 31
octobre 1995.
JALON 10 : Le Comité de pilotage
mairie-association de gestion.
Enfin, pour bien cerner cette dimension collective, en sachant
que ce n'est pas notre objet central, il nous apparaît pourtant
nécessaire de situer deux institutions essentielles qui, par leur
positionnement, ont un effet régulateur sur la relation association de
gestion-mairie : la fédération des centres sociaux et la CNAF.
La fédération nationale a peu d'influence
directe dans la relation avec la commune ; toutefois, elle détient une
autorité reconnue par l'Etat et la CNAF1. De plus,
localement, la fédération du Rhône, une .des plus
importantes nationalement en nombre de centres sociaux, est invitée
à participer aux principaux regroupements institutionnels
départementaux.
La fédération est une émanation des
centres sociaux. Elle inscrit son action dans la formation des
bénévoles et des professionnels et dans la coordination de
thématiques concernant l'action des équipes de terrain.
Deux administrateurs de l'association de gestion sont membres du
CA fédéral.
La question de la relation avec les communes est centrale et
exacerbée depuis la décentralisation. Elle fait l'objet, dans le
réseau des centres sociaux, d'une réflexion continue et
approfondie2.,
La CNAF, par l'intermédiaire de la CAF locale, a, quant
à elle, une influence sur la relation association-mairie beaucoup plus
prégnante, et ce à plusieurs titres. En tout premier lieu, son
droit à « labelliser Centre social », mais aussi sa puissance
financière polyvalente lui permettant d'être partenaire des
différents dispositifs d'actions sociales nationaux et locaux, et enfin,
sa capacité logistique statistique qui fait d'elle un expert
irremplaçable.
De fait, la CAF est un partenaire reconnu dans les principaux
regroupements institutionnels. Celle-ci est présente, aussi bien dans le
champ relationnel dépendant de la fédération des centres
sociaux, que dans celui des municipalités. Et ce, aussi bien sur le plan
opérationnel que sur le plan stratégique.
C'est bien à un entrelacs organisationnel que nous
avons à faire, dont le décryptage demande à être
éclairé par la présentation des modes d'intervention
sociale caractéristiques, de la commune d'un côté et de
l'association de gestion de l'autre.
1 Circulaire du Ministère des affaires sociales
et de la solidarité nationale du 12 mars 1986, cit.
2 Centres sociaux et municipalités -
1999, FNCS, doc. cit.
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