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Du système d'organisation d'un centre social associatif à la citoyenneté de proximité en tant qu'enjeu démocratique

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par Yves Konaté
Université Jean Moulin - Lyon 3 - IAE - Maîtrise AES -Gestion des entreprises -Pratiques managériales 2000
  

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2 - Des synergies apprenantes à cultiver, les ressources du changement.

L'environnement complexe et instable de l'association est régulé par des instances de pouvoir, aussi bien internes (Conseil d'administration, Conseil de direction...) qu'externes (Comité de pilotage, Cellule locale ville, vie, vacances, etc.), plus ou moins hétérogènes dans leurs compositions (élus municipaux, élus associatifs, techniciens municipaux, professionnels des centres sociaux, professionnels d'autres structures, représentants d'administrations, etc.) ; tout ceci démultiplie les centres de décision.

Il s'avère, donc, que l'organisation associative doit être conçue pour potentialiser la mise en commun de ces flux d'informations et de savoirs, leur servir de réceptacle et organiser leur retraitement. "L'approche de l'organisation, par les savoirs, repose sur la croyance selon laquelle les entreprises les plus performantes, dans un environnement largement imprévisible seront celles qui développent davantage et qui exploitent mieux que les autres les savoirs tacites et les compétences collectives [...]. C'est l'accumulation de savoirs individuels et collectifs, et l'apprentissage obtenu dans la mise en action, qui génèrent les aptitudes, les capacités et les compétences3."

En effet, ce qui est l'essence-même du centre social est son objectif à construire de la société au quotidien, par l'agrégation de forces individuelles et collectives qui agissent en ne distinguant pas toujours les sphères (sociales, professionnelles, personnelles) qui les activent.

1 Tableau 12 -La participation à la formation professionnelle continue de l'association de gestion (1999)-

2 Pour ce qui concerne les bénévoles, tous les ans, des administrateurs participent à des formations et des temps d'information, organisés par la fédération nationale et départementale des centres sociaux, l'espace associatif du Conseil général du Rhône, la CAF de Lyon, le SNAECSO. Les thèmes abordés ont été : l'adaptation à la fonction, la gestion associative, la réduction du temps de travail, la nouvelle classification de la fiscalité associative, etc.. De plus, 20 bénévoles, en 1999, ont participé à une formation initiée par l'association et intitulée «prise de parole en public».

Tous les ans, plus de 30 professionnels bénéficient de formations variant de quelques jours à plusieurs mois, voire à plusieurs années.

La courbe prévisionnelle pour les années à venir a la même intensité.

3 TARONDEAU Jean-Claude, 2000 - Les stratégies fondées sur les savoirs - Les Echos, l'Art de la stratégie, Avril, n° 5, pp. 3-4.

De la sorte, les compétences relationnelles et l'intelligence affective deviennent une véritable qualification. L'affectif, qui est constitutif de la nature humaine, influe immanquablement sur la sphère des activités sociales. "L'intelligence affective peut être définie comme un sous-ensemble de l'intelligence sociale qui implique la capacité à suivre ses propres émotions et celles des autres, de les différencier et d'utiliser cette information pour orienter sa réflexion et ses actions1." Parce que le mouvement, l'instabilité, le changement suscitent un sentiment d'insécurité et une dissonance affective, "les agents du changement sont plus efficaces s'ils arrivent à se mettre à la place de ceux qu'ils essaient de faire changer2."

Les conséquences concrètes du rôle pivot, alors imparti à l'intelligence collective, sont multiples. La principale concerne la place des acteurs. C'est pourquoi un management doit s'imposer pour mobiliser les savoirs, là où ils se trouvent, c'est-à-dire chez tous les acteurs, quels que soient leurs dimensions ou leur degré d'intégration à l'association.

La direction de l'association (représentée par le couple président-directeur et plus largement par le binôme bureau-conseil de direction) se retrouve dans la position délicate de celle qui a le pouvoir en n'ayant qu'une partie du savoir. De fait, les dirigeants deviennent "des entraîneurs qui doivent créer des conditions favorables pour que le jeu collectif conduise au résultat souhaité pour l'ensemble de la collectivité. Dans ce jeu, ils ne sont qu'un acteur parmi d'autres. Ils construisent, proposent et s'efforcent de faire partager une vision commune3."

En facilitant les apprentissages collectifs, en créant des liens et des processus d'apprentissage, le management met en oeuvre des moyens et des outils qui ne portent pas leur fin en eux-mêmes, "mais ne valent que par la dynamique d'apprentissage collectif qu'ils déclenchent et alimentent. Ils ne sont que «prétexte à être intelligent ensemble»4."

Cependant, l'application de cette démarche se heurte pour l'association à la réalité de phénomènes5 qui relativise l'efficacité de cette dynamique et indique par-là les maillons faibles à surveiller.

- La formation, l'apprentissage et la coopération nécessitent un développement des interactions qui est coûteux (nombre et durée des régulations, coûts des remplacements ou des suppléances pour compenser les absences dues aux formations, à la formalisation des procédures...).

- La pression de «l'urgence» est forte, d'autant qu'elle est soumise à des contraintes de rythmes institutionnelles.

- Les formes précaires d'emploi s'opposent à une forme d'engagement réciproque, base constitutive d'une organisation qualifiante et apprenante.

- La dépendance financière de collectivités extérieures ne favorise pas, a priori, l'appropriation d' objectifs partagés.

Pourtant, il apparaît comme une évidence que la dynamique de l'association repose sur sa capacité à utiliser ses ressources humaines et, en particulier, celles qui ont la mission de traduire interinstitutionnellement la mise en oeuvre du projet de l'association.

1 NGUYEN HUY Guy, 2000 - Le capital affectif et le changement - les Echos, l'Art de la stratégie, Juin, n° 12, p. 2.

2 Ibid. ., p. 3.

3 J. C. TARONDEAU, 2000, Les Echos, art. cit., p. 11.

4 LORINO Philippe, 2000, - Cohérence : la quête du Graal - les Echos, l'Art de la stratégie, Avril, n° 3, p. 10.

5 A partir d'une approche développée par LIVIAN Yves-Frédéric, 1998 - Organisation, théories et pratiques - Paris, Editions Dunod, pp. 209-210.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery