2 - Des procédures et des processus à
discuter.
Au-delà des règles et formalités qui
doivent être accomplies pour parvenir à un aboutissement, les
procédures s'intègrent à des processus qui s'apparentent
à "une évolution complexe, impliquant une coordination de
causes et d'effets [...J2."
En ce sens, l'ensemble de l'association de gestion est
formalisé par des instances repérables3, qui
fonctionnent (les registres des comptes-rendus permettent d'en retracer
l'histoire) et qui s'inscrivent dans le projet de l'association4.
Comme nous l'indiquons plus haut, le processus de renouvellement du prochain
projet des centres peut être l'occasion de consolider une démarche
coopérative entre les bénévoles et les professionnels, en
associant les partenaires institutionnels et financiers, et, en premier lieu,
la commune, à co-élaborer le projet «centre social».
En effet, tout l'intérêt de cette construction
partagée est de concevoir une forme inversée du cahier des
charges qui, contrairement à celui-ci, n'est pas une prescription
institutionnelle mais plutôt une co-production pédagogique et
financière qui oblige à se mettre d'accord sur un scénario
projectif , qui justifie l'utilisation adéquate des fonds publics
requis.
Encore faut-il mettre à jour les phases de la
démarche pour en pointer les exigences communes mais aussi les
limites.
- La définition et l'organisation d'un projet
nécessitent, comme nous le soulignions dans le chapitre
précédent, de clarifier les rôles et les
responsabilités de chacun, au risque de le rendre inopérant. En
formulant, par écrit, les objectifs, les moyens et les méthodes,
cette dérive peut-être contenue.
- De même, la capitalisation d'expérience est,
non seulement, l'existant mis en perspective mais est aussi la
thésaurisation d'une pratique, qu'il s'agit d'évaluer sous toutes
ses dimensions (économique, organisationnelle, humaine...) ,afin de
mettre en valeur l'intérêt d'un savoir-faire accumulé.
Cependant, ce qui va déterminer les conditions de mise
en oeuvre du projet, c'est la méthode du suivi, jalonnée par des
indicateurs et des informations suffisantes et pertinentes. De fait, veiller
sur un déroulement approprié suppose que le projet,
bénéficiant de la caution de la puissance publique et de son
soutien, soit examiné avec le maximum de transparence5.
C'est pourquoi, le comité de pilotage6
s'avère être l'instance de concertation où est réuni
l'ensemble des acteurs-décideurs professionnels, communaux et
associatifs, où il peut se manifester, sous l'autorité du
suffrage universel, un ajustement démocratique propice à
"l'affirmation d'une co-citoyenneté active et
diffusive7."
de la fédération des centres sociaux du
Rhône, p. 1.
1 Ibid.
2 M. GRAWITZ, 1991, article «Processus»,op.
cit., p. 314.
3 Annexe 1 - Structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique -
4 Projet d'agrément 1997-2002,
novembre 1996, doc. cit.
5 VINCENT G., la revue MAUSS, n° 11, 1998, art.
cit., p. 304.
6 Jalon 10 - Le comité de pilotage
mairie-association de gestion -
7 VINCENT G., la revue MAUSS, n° 11, 1998, art.
cit., p. 305.
Le responsable du DSU et le directeur du CCAS ne semblent pas
adhérer à ce mode de concertation ; l'un met en avant la
complexité de l'action sociale, qui ne permet pas à de simples
élus, et encore moins associatifs, d'être en capacité de
prendre la pleine mesure de la diversité des enjeux ; l'autre
complète, en mettant l'accent sur les manipulations auxquelles peuvent
être soumis, dans cette «réalisation directe», les
élus municipaux et, en particulier, le maire. Ces remarques ont toutes
leur valeur si on les resitue dans le positionnement de la hiérarchie
technique municipale qui peut se sentir «court-circuitée» dans
ses attributions. Ce en quoi, cette conception contredit le cheminement de la
vie associative et de la citoyenneté et conduit à transformer les
associations en de simples opérateurs de politiques publiques.
Ce faisant, l'action sociale est consommatrice de temps, le
temps de «nouer du lien social» pour l'habitant, l'usager,
l'administrateur, bref le citoyen, qui en a besoin pour comprendre, participer,
s'impliquer. Ainsi, un engagement partenarial pluriannuel est plus que
nécessaire pour sécuriser la mission associative,
crédibiliser l'action de "service public" et, ainsi, justifier le centre
social comme centre d'investissement citoyen.
Cette durée s'exprime méthodologiquement dans la
manière d'élaborer, de mettre en oeuvre et d'évaluer le
projet. De la sorte, le mode de pilotage légitime le conseil
d'administration et ses bénévoles, dans sa capacité
à analyser et à définir la politique de l'association.
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