4 - Des chantiers à développer et à
mettre en oeuvre.
A - Un chantier à mettre en oeuvre : des moyens de
gestion adaptés.
L'association de gestion s'est développée de
manière constante et son budget a crû de manière continue,
en corrélation à l'évolution des besoins sociaux
illustrés par la montée des phénomènes de
déséquilibres urbains.
Cette croissance se traduit par des sources financières
émergeantes à la politique de la ville qui demande à
être ajustées, comme ressources variables, à la structure
budgétaire de l'association. En effet, complétant les prestations
de service pluriannuelles d'«animations globales» et
d'«animation collective famille» assurées par la CNAF, "la
diversité, la complexité et le caractère aléatoire
des autres sources de financement rendent particulièrement ardue, une
gestion prévisionnelle à moyen terme correspondant au rythme du
«projet social»2."
Sans aller jusqu'à constituer un comité
départemental de financeurs, regroupant les partenaires
institutionnels3, qui enfermerait la dynamique de proximité
dans une logique technocraticopolitique, il s'agit plutôt de rechercher
une méthode adaptée à la réalité du
fonctionnement de terrain et au projet associatif centre social.
local - juin 1998, SNAECSO, 16 pages.
1 Nous traiterons la dimension professionnelle de la
formation dans le troisième chapitre de cette partie.
2 Quels centres sociaux demain ? 2000, doc.
cit., pp. 30-31.
3 Comme le conseille Alain FOUREST in L'avenir des
centres sociaux, juin 1998, doc. cit., p. 51.
"Cela passe, à n 'en pas douter, par une
clarification du rôle de chacun des partenaires1" qui
pourrait être explicité dans le prochain projet de l'association
soumis à l'agrément pluriannuel de la CAF de Lyon2. De
la sorte, tous les financeurs institutionnels seraient associés, en
amont, à l'élaboration de celui-ci et pourraient intervenir et se
positionner politiquement et financièrement, quant à ses
conclusions.
Cette méthode pourrait conduire à la
systématisation de relations contractuelles, calquées sur la
durée du projet et permettrait de réduire le caractère
incertain des financements3. Incontestablement, le groupe de suivi
qui doit être mis en place lors du prochain projet, devra
opérationnaliser et planifier cette question
«existentielle».
B - Un chantier à développer : des
démarches de groupe-projet.
Pour reprendre le thème précédent, ce
n'est pas seulement être assuré d'avoir un financement
régulier et conséquent qui compte ; mais c'est aussi la forme que
prennent la discussion et la négociation de ce financement. Et plus
encore, la manière dont l'association et ses représentants - les
administrateurs - sont partie prenante de cette architecture.
De la même façon, ce n'est pas la mise en place
d'une halte-garderie qui est le plus révélateur du savoir-faire
d'un centre social ; c'est sa capacité à analyser la
véracité des besoins et à les transformer en mobilisation
humaine autour d'un projet (par exemple,une halte-garderie, dont la plus-value
sociale est sa dimension parentale)4.
De toute évidence, la justification du projet
associatif conduit à dépasser la simple (bonne) gestion de
service et d'activité et doit tendre à favoriser, à tous
propos, les formes d'autoorganisation5, sachant que la structure
associative « Centre social » garantit, quant à elle,
l'inscription de la démarche dans un processus collectif
démocratique6.
C - Un chantier à mettre en oeuvre : un dispositif
d'accueil et d'accompagnement des nouveaux salariés.
Le cheminement d'insertion professionnelle ne peut pas se faire
sous le simple sceau de la solidarité et de la bonne volonté.
Qu'il s'agisse de jeunes salariés sans
expérience professionnelle, ou bien de demandeurs d'emploi longue
durée fragilisés par la rupture du lien salarial7,
(re)-découvrant le monde du travail et ses contraintes, se confrontant
aux règles de l'entreprise (même) associative, l'arrivée en
situation de travail ne se fait pas sans difficulté. Un guide d'accueil
du professionnel8 apparaît apparaît assurément
l'outil élémentaire de base sur lequel appuyer la démarche
d'accueil. Toutefois, il semble qu'un accompagnement humain, sous forme de
tutorat, pourrait répondre
1 Quels centres sociaux demains ? 2000, doc.
cit., p. 31.
2 L'agrément actuel des deux centres sociaux
est valide du 1e juillet 1997 au 30 juin 2002.
3 "Par ailleurs, compte-tenu des conditions
habituelles de versement de ces subventions, la question de la
trésorerie demeure un problème récurrent", cette
procédure pourrait répondre à cette difficulté in
Quels centres sociaux demain ? 2000, doc. cit., p. 31.
4 Annexe 16 - Le projet de halte garderie
parentale du centre social Montaberlet - qui décrit la mobilisation
d'habitants autour du diagnostic et de l'élaboration du projet.
5 Sans revenir sur l'architecture institutionnelle -
Annexe 1 - Treize groupes-projets existent en mai 2000 : (halte garderie
parentale, groupe de femmes, bric à brac, bourse aux vêtements,
bourse aux jouets, soutien scolaire, écrivain public, collecte d'objets,
sensibilisation à la lecture et quatre groupes d'activités de
loisirs). Des attentes se font jour du côté du soutien à la
fonction parentale et de rencontres récréatives de personnes
âgées.
6 Annexe 1 - La structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique -
7 LEVET Jean-Louis, 1999 - Sept leçons
d'économie à l'usage du citoyen - Paris, Editions du Seuil,
pp. 64-71.
8 Un projet est bien avancé, un plan
détaillé a été élaboré à
partir de la contribution des ex-nouveaux professionnels. Il reste à le
rédiger et à le tester. Il sera réactualisé
annuellement.
efficacement à la confusion, parfois constatée,
de nouveaux collègues. D'autant que ce lien, analysé
collectivement avec respect, pourrait être source de communications
réciproques et permettrait d'affiner la méthodologie
d'accueil.
En somme, cette organisation associative qui a la
capacité de mixer, en les valorisant, des ressources diversifiées
dans leur genre ( humaines et matérielles) et dans leur nature
(privées ou publiques) manifeste, en cela, sa particularité.
Cependant, elle n'en est pas moins soumise aux contraintes politiques,
administratives et pédagogiques dont dépend son existence, comme
le souligne Philippe LYET : "Dans une dynamique sociale qui se complexifie
et où les interdépendances sont le lot quotidien,
l'«efficacité» des actions qui ne s'inscrit pas dans une
logique d'articulation avec les différents acteurs en place est
d'emblée réduite1."
C'est cette question que nous allons aborder dans la suite.
1 P. LYET - L'organisation du
bénévolat, un défi pour les acteurs du champ social
in la revue de MAUSS, n°11, 1998, art. cit., p. 292.
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