3 - L'apport des salariés à la
cohésion sociale.
L'association de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet
peut être considérée comme une petite PME associative, au
regard de l'effectif annuel salarié en 19991.
Cependant, l'écart entre ce nombre de salariés
annuels - 99 - et le volume d'équivalents temps plein - 38 - , indique
une répartition salariale composée en partie de temps
partiels.
Nombre de salariés (mai 2000)
|
Temps plein : 152 h
|
Ð 76 h à 152 h Ó
|
76 h Ó
|
59
|
28
|
12
|
19
|
|
48%
|
20%
|
32%
|
TABLEAU 10 : La proportion du temps de travail
mensuel dans l'association de gestion.
De plus, les salariés se répartissent en deux
catégories :
- d'une part, ceux qui sont assimilés à des
permanents, par la durée de leur temps de travail d'au moins un mi-temps
et par la nature de leur contrat de travail qui leur assure une
stabilité minimale d'au moins une année.
- d'autre part, ceux que l'on appelle «vacataires» et
qui interviennent de manière extrêmement partielle dans le cadre
d'activités saisonnières.
C'est pourquoi, la durée et les temps de contrats de
travail sont aussi divers.
(a) Contrat à durée indéterminée.
(b) Contrat à durée déterminée.
(c) Contrat emploi solidarité, contrat emploi
consolidé, contrat emploi jeunes.
CONTRATS DE TRAVAIL
|
CDI(a)
|
CDD(b) de 5 ans
|
CDD de 1 an
|
CDD moins de 1 an
|
TOTAL
|
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34
|
12
|
4
|
9
|
59
|
de droit commun
|
31
|
0
|
1
|
9
|
41
|
d'insertion(c)
|
3
|
12
|
3
|
0
|
18
|
TABLEAU 11 : La durée des différents
types de contrats de travail de l'association (mai 2000).
L'ensemble de ces éléments nous amène
à faire le constat d'une structure salariale diversifiée
qui s'explique par la nature de la «production», à savoir :
fabriquer du lien social sur des plages
1 Nous avions fait apparaître que les deux
centres sociaux étaient le premier employeur associatif de la ville de
Décines in Y. KONATE, 19991, doc. cit., p. 46.
horaires de large amplitude qui commencent tôt le matin,
qui finissent tard le soir, et ceci toute l'année1. Cette
souplesse s'est concrètement révélée lors de
l'élaboration sur l'accord sur l'aménagement de la
réduction du temps de travail (ARTT)2. Elle s'est traduite
par la spécification de trois bases d'organisation du temps de travail
:
- celui, classique, du planning hebdomadaire ou bi-mensuel, pour
les
fonctions administratives et logistiques ;
- des horaires modulés avec des semaines hautes et des
semaines basses, pour les salariés ayant des modifications d'amplitudes
horaires en fonction des périodes (en particulier de vacances) ;
- un planning horaire supérieur à 35h, pour
l'encadrement mais avec des jours de repos (JRTT) compensatoires dans
l'année.
De plus, cet accord a été complété
par un accord interne d'entreprise, pour prendre en compte les
particularités d'organisation propres à chaque secteur.
Une lecture simplificatrice pourrait laisser à penser que
l'association de gestion est la parfaite illustration
«libérale» de la précarité de l'atomisation et
de la flexibilité.
D'autant que la moitié de l'effectif a moins de trois
ans d'ancienneté (la quasi-totalité en contrat d'insertion).
Pourtant, en poussant l'analyse, l'ancienneté moyenne indique
près de sept années3. De la sorte, à l'instar
de cet indicateur, l'association se manifeste en tant que créateur
d'emplois sans que cette fonction soit une fin en soi. "Elle est
englobée dans une démarche plus générale
grâce à laquelle l'activité économique est ré
encastrée dans des structures porteuses de sens où le sujet
s'inscrit dans des collectifs concrets4." Cette fonction est
assurée en structurant des activités dans un cadre commun qui,
seul, peut garantir la qualité des prestations et des
emplois5, comme la pérennité de l'implication
auprès des bénévoles et des usagers.
De cette manière, la contribution apportée par
l'association dans les dispositifs de politiques actives de
l'emploi6 participe aussi bien au traitement social du chômage
qu'à la finalité d'utilité sociale de la mission de
l'association7.
Ainsi, se fait jour, pour l'association de gestion, une
capacité à traduire les mutations sociales et les contraintes
économiques, l'amenant à faire évoluer son «appareil
de production». Ce faisant, elle prend en compte la diversification des
ressources financières et humaines en l'intégrant dans la gestion
de son projet associatif.
En externe, ce cheminement a conduit à la production
d'une étude prospective en matière d'emploi et de formation -
"pour faire face aux mutations" - élaborée par la
délégation à la formation professionnelle et la branche
professionnelle des centres sociaux8. De plus, un projet de
reclassification des emplois par cette même branche, le syndicat
d'employeurs des centres sociaux (SNAECSO)9 a été mise
en oeuvre. Celui-ci doit prendre en compte l'adaptation au
1 Les premières activités
régulières commencent à 7h du matin, les dernières
se terminent à 21h. L'association développe, en permanence, des
actions six jours sur sept et cinquante deux semaines par an. Ceci, sans
compter les nombreux séjours extérieurs et les manifestations de
weekend.
2 L'accord ARTT à pris effet au 1er
mai 2000.
3 Annexe 15 - L'ancienneté des
salariés -
4 J.L. LAVILLE - Associations et activités
économiques : l'exemple des services de proximité in La
revue du MAUSS, n° 11, 1998, art. cit. p. 196.
5 Ibid.
6 En 1999, le montant des aides à l'emploi a
été de 1 095 367F, pour une masse salariale
décaissée de 5 565 444F
7 J.L. LAVILLE, la revue MAUSS, n°11, 1998, art.
cit., p. 201.
8 Synthèse perspective formation emploi, 1995 -
Centres sociaux. Foyers de jeunes travailleurs -
Délégation à la formation professionnelle, 34
pages.
9 Une nouvelle classification pour les centres sociaux
et les associations de développement social
poste de travail, l'acquisition et le développement des
compétences et la gestion des carrières, en incluant des
critères spécifiques aux emplois du secteur relatif à la
finalité de l'association et à la dimension relationnelle.
En interne, l'association transcrit cette démarche en
intervenant dans la formation permanente par un volume financier
important1, allant largement au-delà de son obligation
légale et conventionnelle. Elle l'affirme par sa capacité et sa
volonté à trouver des sources de financement
complémentaires.
l'obligation légale
62 000F
TABLEAU 12 : Le financement de la formation
professionnelle continue de l'association de gestion en 1999.
l'obligation conventionnelle
90 000F
le montant réalisé
153 000F
dont financements complémentaires
56 000F
La capacité et la souplesse de l'appareillage associatif
centre social à imbriquer des ressources de différentes natures
montre ainsi sa spécificité.
Néanmoins, cet entre-deux socio-économique
associatif, dans sa recherche permanente d'équilibre, exige de la
direction associative une circonspection constante sur ce que contient de
dépendance et de contrainte l'alliage de ressources de genres et de
natures diverses.
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