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Du système d'organisation d'un centre social associatif à la citoyenneté de proximité en tant qu'enjeu démocratique

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par Yves Konaté
Université Jean Moulin - Lyon 3 - IAE - Maîtrise AES -Gestion des entreprises -Pratiques managériales 2000
  

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2 - La contribution des bénévoles à l'économie sociale.

Ce qui caractérise cette aptitude à "l'empathie sociale" sur laquelle se centre le projet des centres sociaux Dolto et Montaberlet, c'est la proximité quotidienne qui se décline autant sur le plan socio-économique que dans sa dimension territoriale.

D'ailleurs, la structure de l'association capable de gérer deux centres sociaux, l'un de ville - DOLTO -, l'autre de quartier - MONTABERLET -, montre la capacité de celle-ci à s'adapter à la demande sociale dans deux attitudes spécifiques qui méritent d'être relevées :

- L'une est la proposition d'une palette de prestations de services éducatives et de loisirs ;

- L'autre est une démarche de développement local qui consiste à vivifier le tissu social en s'appuyant sur les initiatives locales d'habitants, sous leurs formes individuelles et collectives.

C'est la complémentarité des deux notions - d'organisateur et de fédérateur - étayées par les demandes sociales de plus en plus diversifiées des populations accueillies, qui conduit l'association à gérer une négociation permanente entre les différentes demandes à concilier en autant de tensions à réguler. "Mais n'est-ce pas précisément là, dans cette tension, que peut être travaillée, avec les acteurs sociaux eux-mêmes, la recherche de cet équilibre sans cesse remis en question entre la proximité et la distance. De telle sorte que la proximité ne devienne pas l'appropriation de l'espace collectif par un groupe [...], quelle que soit la légitimité de sa demande sociale2" et que la distinction sociale d'un groupe d'influence n'exerce pas un effet hégémonique d'exclusion.

1 Annexe 14 - Le dispositif d'animation de proximité. Tableau de répartition des subventions affectées 1998 -

2 COLOMBANI Henri, délégué national à la FCSF - Les centres sociaux... Aujourd'hui et demain ? - postface de R. DURAND, 1996 - Histoire des centres sociaux... - op. cit., pp. 242-248.

Tout ceci se vérifie dans la gestion concrète et courante des centres Dolto et Montaberlet, par la régulation d'ouverture et d'occupation des locaux aux divers publics, par la répartition d'exercice des fonctions professionnelles et/ou bénévoles, par la planification des programmes d'activité pertinents pour les centres et leur environnement.

Ces « balisages de territoires » posent la question de la co-reconnaissance et de la coconsidération des différents groupes sociaux usagers des centres sociaux.

La fragmentation sociale et l'éclatement familial brouillent les repères et obligent l'organisation associative à imaginer des modes de régulation, dès l'accueil des habitants1, afin d'opérer une distinction permettant de prendre en compte les différentes typologies d'usagers2.

Ces modes sont aussi utilisés pour accueillir les bénévoles et sélectionner les administrateurs et les membres du comité d'animation3.

En effet, l'engagement collectif associatif n'a cessé de se développer dans la société. Toutefois, toutes les analyses convergent pour indiquer que les associations d'importance nationale les plus militantes ont, dans les vingt dernières années, enregistré une baisse significative de leur taux d'adhésion4.

Il s'avère, pour les centres sociaux, tel que l'énonce un rapport sur leur devenir5, que les bénévoles "s'engagent sur un projet précis et bien circonscrit dans lequel ils choisissent de s'investir en fonction de leurs capacités ; ils y recherchent une efficacité directe6." Cette dimension de choix raisonné se retrouve dans la procédure d'accueil du bénévole de DoltoMontaberlet.7

D'ailleurs, ce processus d'accompagnement du nouveau bénévole intègre la notion de plaisir afin de préserver la part de liberté et de choix délibéré ; comme le cite l'étude : "Ils prennent garde à ne pas être «militants à temps plein»8."

1 Annexe 8 - Des habitants prennent l'initiative ! - Rapport d'activité, extrait du document

d'Assemblée générale 1998, présentant les modalités d'accueil des habitants et des nouveaux bénévoles, et les procédures de sélection et d'implication des administrateurs usagers, pp. 10-11.

2 Etude - production sur l'accueil au centre social Françoise Dolto à Décines, Septembre 1996, ADRETS, 30 pages. Le diagnostic distingue : l'habitué - le passager - le nouveau.

3 Annexe 8 - Des habitants prennent l'initiative. - pp.12-24.

4 B. HALBA et M. LE NET , 1997 - op. cit., pp. 50-53.

5 A. FOUREST, juin 1998, doc. cit., 57 pages.

6 Ibid, pp. 13-14.

7 Annexe 8 - Des habitants prennent l'initiative - pp. 12-14.

8 A. FOUREST , 1998- L'avenir des centres sociaux - doc. cit., p 19.

Voir aussi l'analyse que nous avons développée sur les différents types de bénévolats instaurés dans les centres sociaux Dolto et Montaberlet, in Y. KONATE, 19991, doc. cit., pp. 36-59.

TABLEAU 9 : La répartition des contributions bénévoles de l'association de gestion (1998).

- peinture sur soie

- tricot crochet - usagers

Les activités de loisirs : - chiffres et lettres

- scrabble

- bridge

5

- bourse aux vêtements

Les activités d'échanges : - bric à brac

- troc loisirs

26

- entraide et scolarité

Les activités d'entraides: - écrivain public

- paroles et histoires

- accueil de personnes très âgées, le «bouton d'or»

19

- conseil d'animation

Les activités de gestion :

- comité d'animation

53

BENEVOLES

DISTINCTS : 75 - CUMULES : 103

De fait, les 75 bénévoles recensés, en 1998, multiplient leur contribution par 1,4 à travers les 14 actions proposées et ceci, au gré de leurs intérêts et de leurs choix.

Contrairement aux périodes de fort militantisme, et à leurs prédécesseurs à l'engagement plus partisan, qui utilisaient le mode d'organisation institutionnel de l'association comme un dispositif de pouvoir, le rapport note que le "fonctionnement traditionnel du mouvement associatif (président, conseil d'administration, débats et délibérations, gestion associative...)1" est utilisé comme une boite à outils, dans le but de disposer de moyens pour être efficaces.

Il peut se révéler que ces bénévoles dans leur quête de sens, et à la recherche d'une pratique conforme à leur éthique, développent, en fait, avec leur engagement, un projet personnel qu'ils inscrivent plus ou moins dans le projet de l'association qui les accueille2.

En cela, la légitimité du fonctionnement démocratique de l'association de gestion n'est pas suffisante. Il semble, comme le soulignent les acteurs municipaux, que la reconnaissance des bénévoles comme partenaires dans le champ des politiques d'action sociale passe par une compétence éprouvée dans la gestion de l'équipement et l'animation quotidienne de voisinage3.

Somme toute, le cadre formel associatif apparaît comme suffisamment souple et malléable pour s'adapter mais est insuffisant en lui-même - n'étant qu'un outil - s'il n'est pas appuyé sur une démarche de formation permanente au tissage du lien social. Inversement, le processus d'apprentissage prend sens à partir du mode d'organisation institutionnel associatif4.

1 A. FOUREST, 1998, ibid., p. 16.

2 P. LYET - L'organisation du bénévolat, un défi pour les acteurs du champ social in La revue MAUSS, n°11, 1998, art. cit., p. 292.

3 COULON Pascal, 1997 - Le politique, le citoyen, le militant et le professionnel - Informations sociales, sociales,

n°61, CNAF, pp. 76-8 1.

4 J.L. LAVILLE, 1997 - "L'association : une liberté proposée à la démocratie" in Sociologie de

Il est à remarquer, "qu'en deçà d'un certain niveau de revenus, il n'y a plus de bénévolat1". Sans un revenu minimum, il est difficile d'avoir une vision collective. Si bien que l'accès à la vie associative peut s'avérer socialement discriminante.

Il importe, donc, de diversifier le modèle de participation associative en acceptant le nomadisme et l'engagement à géométrie variable, en bâtissant du collectif à partir de la diversité des apports individuels2. Aussi, les contributions bénévoles ponctuelles d'habitants «non programmés socioculturellement3» pour faire du bénévolat permanent, se révèlent essentielles à la qualité de coopération de l'association ; il s'agit de fabriquer un concensus sur un projet de vie en commun. Les bénévoles réguliers sont issus majoritairement des «classes moyennes inférieures» (30% de cadres, 40% de professions intermédiaires, 25% d'employés, 5% d'ouvriers ; l'origine professionnelle des retraités étant comprise). Toutefois par leur lieu d'habitation, ils couvrent la totalité du territoire de Décines ; les quartiers classés en contrat de ville ayant une représentation de l'ordre de 20%. De plus, si l'on prend le critère d'origine ethnique, les permanents comprennent 6% de bénévoles d'origine étrangère (d'ailleurs partie prenante des instances institutionnelles), et si l'on rajoute les occasionnels, le taux de 14% de population étrangère recensée sur la ville en 1990, est alors largement dépassé. Manifestement, l'association est en adéquation avec la représentation sociologique de la ville de Décines.

Une des richesses de la vie associative est d'arriver à des prises de décision qui ne soient pas fondées sur l'automatisme du fait majoritaire, donc sur la soumission d'une minorité sur une majorité, mais sur un processus, parfois sophistiqué4, de recherche, de valeur et de projet commun, qui requiert l'accord de tous. Ce travail de pédagogie, lent et quelquefois laborieux, peut être considéré comme un critère de fonctionnement associatif démocratique produisant de la citoyenneté en continue5.

De la sorte, on peut considérer que les observations de nos interlocuteurs municipaux qui, chacun à leur manière, mettent l'accent sur la nature «impénétrable» de l'engagement institutionnel de l'association des deux centres sociaux, sont non seulement réelles mais se justifient par l'essence associative «Centre social» qui tend à promouvoir la participation des habitants sous toutes ses formes.

Il s'ensuit que celle-ci est, en outre, favorisée par le concours des professionnels, comme complément indispensable à la qualification de la mission du centre social.

l'association, op. cit., pp. 72-73.

1 WORMS Jean-Pierre, 1996 - Se former, pour une démocratie participative et une citoyenneté active - OUVERTURES, la revue des centres sociaux, septembre n°4, p. 15.

2 Ibid, p. 11.

3 Chaque projet fortuit donne l'opportunité d'intégrer des habitants-bénévoles occasionnels à la conception et à la réhabilitation de l'environnement social.

4 Voir à ce propos le montage institutionnel de l'association de gestion des centres sociaux Dolto- Montaberlet, Annexe 1 - Structuration institutionnelle, hiérarchique et pédagogique -

5 J.P. WORMS, 1996 - Se former, pour une démocratie participative et une citoyenneté active - art. cit., p. 12.

J.L. LAVILLE, 1997 - "L'association : une liberté proposée à la démocratie" in Sociologie de l'association, op. cit., p. 57.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984