Les élus associatifs soulignent que "les élus
sont parties prenantes de l'action sociale" [acteur 4] et que "la
relation avec la municipalité est intéressante" [acteur
5].
Les élus municipaux reconnaissent que "le
partenariat existe réellement" [acteur 1]. Celle-ci précise
qu'un "élu est toujours présent dans toutes les instances,
c'est le signe d'une forte volonté de part et d'autre." Elle
rajoute que "le comité de pilotage pour le traitement des gros
dossiers" vient renforcer la qualité de ce partenariat. L'acteur 3
partage ce point de vue positif et pratique ; en sus, il considère que
le comité de pilotage est un bon dispositif biparti pour
"formaliser, dans la transparence, les arbitrages nécessaires
à la cohérence de l'action publique." L'acteur 2 dit
simplement que les relations sont bonnes, mais elles ne sont jamais acquises.
Pour l'acteur 6, "chacun est libre de s'exprimer" ; elle souligne que
le comité de pilotage scelle la marque qualitative du partenariat.
L'acteur 5 prudent énonce ce qu'il ressent : "Je
ne vois pas la municipalité comme un donneur d'ordre." Pour cet
acteur, la notion de partenariat induit la notion d'égalité. Il
l'explique par le fait que "l'association est qualifiée pour son
savoir-faire." L'acteur 4 affirme cette prudence : "Cela fonctionne
bien mais il faut toujours être sur sa réserve, être
vigilant. Il ne faut pas que l'association soit directement sous la
tutelle du Conseil municipal." Il précise : "Quelle que soit sa
couleur politique."
Le secrétaire général adjoint, l'acteur
7 paraît rendre compte de ces appréciations complémentaires
: "Cela fonctionne bien, c'est un partenariat de proximité avec la
commune. Bien évidemment il y a des moments, des choses qui
nécessitent d'être clarifiés. Cette période est
peut-être plus difficile parce que les centres sociaux (le réseau
dans son ensemble) réfléchissent à leur place dans la
politique locale."
La forme de cette difficulté est traduite de
manière différente par l'acteur 8 : "La force d'un directeur
d'association, c'est qu'il porte le projet ; à la mairie, il y a des
chefs de services." Pour l'acteur 2, on ne peut pas faire l'impasse sur
les qualités humaines et professionnelles de manager des directeurs
d'association ; dans un style abrupt, elle précise : "Vous menez les
gens comme vous voulez ; à la limite, ce n'est pas de la
démocratie locale." Toutefois, elle rajoute : "Dans une
association, le directeur est essentiel pour favoriser le débat, donc
l'intérêt associatif."
L'acteur 1 développe une analyse explicite sur cette
question : "le partenariat entre les cadres suscite quelques petites
tensions car ils ne s'inscrivent pas dans les mêmes logiques [...]. Les
cadres de l'association ont plus de souplesse dans leur gestion du temps, le
temps politicoadministratif et associatif n'est pas le même [...]. La
rigidité de la structure communale renvoie à la marge d'autonomie
induite par la forme associative [...]. D'ailleurs, on peut s'interroger pour
savoir si les cadres de l'association perçoivent les difficultés
des cadres de la commune [...]. D'autant qu'on perçoit bien le plaisir
que prennent les cadres associatifs à assumer les responsabilités
qui sont les leurs [...].
De plus, les techniciens municipaux dépendent des
élus. A l'inverse, les élus des centres sociaux estiment la
parole des professionnels [...]. De fait, il s'agirait presque de
redéfinir les liens entre les élus et les cadres communaux [...].
La situation du cadre municipal s'avère extrêmement
complexe."
Les acteurs associatifs énoncent, quant à eux,
ce qu'ils attendent précisément du directeur: qu'il
protège l'autonomie de l'association et qu'il renforce la participation
des habitants. "La mairie pourrait nous imposer des idées mais on
sait défendre les nôtres, le directeur y est pour beaucoup dans ce
fonctionnement pour, entre autre, tenir informés et mobiliser les
administrateurs" [acteur 6]. L'acteur 7 ajoute que la
capacité de décision de
l'association pourrait être mise en cause : "Il
suffirait que le président ne soit pas suffisamment indépendant
et le directeur pas assez professionnel."
Comme le dit l'élu municipal, acteur 3, "l'action
sociale est structurée par de multiples niveaux de réflexion et
de décisions dont font partie diversement les élus et les
professionnels. D'évidence, cette architecture génère des
lourdeurs."
Pour l'acteur 2, "il y a une hiérarchie au niveau
de l'action publique, les associations doivent être proches du terrain et
sont là pour aiguillonner, mais le pouvoir de financement est le pouvoir
politique." Elle précise cette dualité en soulignant que la
démocratie de proximité est non seulement
"légitime" mais "indispensable", elle est
"complémentaire à la démocratie élective."
Cependant, il s'avère que la "maturité citoyenne"
nécessite de bien comprendre le système de l'action publique. Il
semble que, pour cette élue, il y ait un ordre dans l'action sociale car
"si on veut influencer il faut aller en politique" pour se mesurer aux
contraintes et prendre en compte les questions sous un angle global.
L'acteur 1 s'interroge sur la capacité des
administrateurs de l'association de gestion à appréhender, sur le
plan global, les enjeux sous-tendus par la mission d'action sociale de
l'association : "Je ne suis pas sûr qu'ils en apprécient
toutes les dimensions." Pour cet acteur, il est plus facile d'être
membre du comité d'animation du centre social Montaberlet1,
car "les problèmes traités sont plus ancrés dans le
quotidien, au niveau du quartier." La fonction d'administrateur demande,
pour cet élu municipal, "plus d'effort d'abstraction ; d'autant que
les élus associatifs sont amenés à prendre des
décisions liées à des enjeux politiques." Celle-ci
souligne que, de fait, les aptitudes et les compétences des uns et des
autres influencent la qualité de la relation partenariale.
Cette dernière notation peut être
éclairée, sous un autre aspect, par une remarque du
secrétaire général adjoint : "Le partenariat est
formalisé par la présence, au sein du conseil d'administration,
d'élus municipaux, dont un au sein du bureau. Cette double casquette
d'administrateur et d'élu municipal est quelquefois compliquée
à porter."
Le responsable du DSU précise : "Pour un élu
municipal, être membre d'un conseil d'administration, ce n'est pas simple
; quand il revient en mairie, il doit composer avec d'autres
élus."
Le souci de l'élu associatif s'avère être
tout autre ; il peut être résumé par cette antienne :
"Ma motivation, c'est d'être utile et, non pas, de servir une
politique, de servir les gens et, non pas, qu'on se serve de moi" [acteur
4].
A ce stade, les logiques et positionnement paraissent se
compléter, se croisent mais ne semblent pas se rencontrer.