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Du système d'organisation d'un centre social associatif à la citoyenneté de proximité en tant qu'enjeu démocratique

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par Yves Konaté
Université Jean Moulin - Lyon 3 - IAE - Maîtrise AES -Gestion des entreprises -Pratiques managériales 2000
  

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2 - Un partenariat nécessairement sous tension.

Les élus associatifs soulignent que "les élus sont parties prenantes de l'action sociale" [acteur 4] et que "la relation avec la municipalité est intéressante" [acteur 5].

Les élus municipaux reconnaissent que "le partenariat existe réellement" [acteur 1]. Celle-ci précise qu'un "élu est toujours présent dans toutes les instances, c'est le signe d'une forte volonté de part et d'autre." Elle rajoute que "le comité de pilotage pour le traitement des gros dossiers" vient renforcer la qualité de ce partenariat. L'acteur 3 partage ce point de vue positif et pratique ; en sus, il considère que le comité de pilotage est un bon dispositif biparti pour "formaliser, dans la transparence, les arbitrages nécessaires à la cohérence de l'action publique." L'acteur 2 dit simplement que les relations sont bonnes, mais elles ne sont jamais acquises. Pour l'acteur 6, "chacun est libre de s'exprimer" ; elle souligne que le comité de pilotage scelle la marque qualitative du partenariat.

L'acteur 5 prudent énonce ce qu'il ressent : "Je ne vois pas la municipalité comme un donneur d'ordre." Pour cet acteur, la notion de partenariat induit la notion d'égalité. Il l'explique par le fait que "l'association est qualifiée pour son savoir-faire." L'acteur 4 affirme cette prudence : "Cela fonctionne bien mais il faut toujours être sur sa réserve, être vigilant. Il ne faut pas que l'association soit directement sous la tutelle du Conseil municipal." Il précise : "Quelle que soit sa couleur politique."

Le secrétaire général adjoint, l'acteur 7 paraît rendre compte de ces appréciations complémentaires : "Cela fonctionne bien, c'est un partenariat de proximité avec la commune. Bien évidemment il y a des moments, des choses qui nécessitent d'être clarifiés. Cette période est peut-être plus difficile parce que les centres sociaux (le réseau dans son ensemble) réfléchissent à leur place dans la politique locale."

La forme de cette difficulté est traduite de manière différente par l'acteur 8 : "La force d'un directeur d'association, c'est qu'il porte le projet ; à la mairie, il y a des chefs de services." Pour l'acteur 2, on ne peut pas faire l'impasse sur les qualités humaines et professionnelles de manager des directeurs d'association ; dans un style abrupt, elle précise : "Vous menez les gens comme vous voulez ; à la limite, ce n'est pas de la démocratie locale." Toutefois, elle rajoute : "Dans une association, le directeur est essentiel pour favoriser le débat, donc l'intérêt associatif."

L'acteur 1 développe une analyse explicite sur cette question : "le partenariat entre les cadres suscite quelques petites tensions car ils ne s'inscrivent pas dans les mêmes logiques [...]. Les cadres de l'association ont plus de souplesse dans leur gestion du temps, le temps politicoadministratif et associatif n'est pas le même [...]. La rigidité de la structure communale renvoie à la marge d'autonomie induite par la forme associative [...]. D'ailleurs, on peut s'interroger pour savoir si les cadres de l'association perçoivent les difficultés des cadres de la commune [...]. D'autant qu'on perçoit bien le plaisir que prennent les cadres associatifs à assumer les responsabilités qui sont les leurs [...].

De plus, les techniciens municipaux dépendent des élus. A l'inverse, les élus des centres sociaux estiment la parole des professionnels [...]. De fait, il s'agirait presque de redéfinir les liens entre les élus et les cadres communaux [...]. La situation du cadre municipal s'avère extrêmement complexe."

Les acteurs associatifs énoncent, quant à eux, ce qu'ils attendent précisément du directeur: qu'il protège l'autonomie de l'association et qu'il renforce la participation des habitants. "La mairie pourrait nous imposer des idées mais on sait défendre les nôtres, le directeur y est pour beaucoup dans ce fonctionnement pour, entre autre, tenir informés et mobiliser les administrateurs" [acteur 6]. L'acteur 7 ajoute que la capacité de décision de

l'association pourrait être mise en cause : "Il suffirait que le président ne soit pas suffisamment indépendant et le directeur pas assez professionnel."

Comme le dit l'élu municipal, acteur 3, "l'action sociale est structurée par de multiples niveaux de réflexion et de décisions dont font partie diversement les élus et les professionnels. D'évidence, cette architecture génère des lourdeurs."

Pour l'acteur 2, "il y a une hiérarchie au niveau de l'action publique, les associations doivent être proches du terrain et sont là pour aiguillonner, mais le pouvoir de financement est le pouvoir politique." Elle précise cette dualité en soulignant que la démocratie de proximité est non seulement "légitime" mais "indispensable", elle est "complémentaire à la démocratie élective." Cependant, il s'avère que la "maturité citoyenne" nécessite de bien comprendre le système de l'action publique. Il semble que, pour cette élue, il y ait un ordre dans l'action sociale car "si on veut influencer il faut aller en politique" pour se mesurer aux contraintes et prendre en compte les questions sous un angle global.

L'acteur 1 s'interroge sur la capacité des administrateurs de l'association de gestion à appréhender, sur le plan global, les enjeux sous-tendus par la mission d'action sociale de l'association : "Je ne suis pas sûr qu'ils en apprécient toutes les dimensions." Pour cet acteur, il est plus facile d'être membre du comité d'animation du centre social Montaberlet1, car "les problèmes traités sont plus ancrés dans le quotidien, au niveau du quartier." La fonction d'administrateur demande, pour cet élu municipal, "plus d'effort d'abstraction ; d'autant que les élus associatifs sont amenés à prendre des décisions liées à des enjeux politiques." Celle-ci souligne que, de fait, les aptitudes et les compétences des uns et des autres influencent la qualité de la relation partenariale.

Cette dernière notation peut être éclairée, sous un autre aspect, par une remarque du secrétaire général adjoint : "Le partenariat est formalisé par la présence, au sein du conseil d'administration, d'élus municipaux, dont un au sein du bureau. Cette double casquette d'administrateur et d'élu municipal est quelquefois compliquée à porter."

Le responsable du DSU précise : "Pour un élu municipal, être membre d'un conseil d'administration, ce n'est pas simple ; quand il revient en mairie, il doit composer avec d'autres élus."

Le souci de l'élu associatif s'avère être tout autre ; il peut être résumé par cette antienne : "Ma motivation, c'est d'être utile et, non pas, de servir une politique, de servir les gens et, non pas, qu'on se serve de moi" [acteur 4].

A ce stade, les logiques et positionnement paraissent se compléter, se croisent mais ne semblent pas se rencontrer.

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