3 - Une relation institutionnelle hybride.
Dans le cadre de sa démarche contractuelle
d'agrément, la CNAF recommande d'approfondir la concertation
partenariale et la contractualisation sur des objectifs de
qualité5.
En effet, depuis 1995, date de cette circulaire, c'est le
processus d'agrément qui fonde la relation institutionnelle avec son
environnement. Pour ce qui concerne la CAF de Lyon, cette relation est
centrée plus particulièrement sur la commune6.
Afin d'en comprendre le cheminement, nous allons décrire
synthétiquement la conception du projet du centre social Dolto,
élaboré pour la période 1997-2002.
Cadré par les circulaires CNAF7 et par des
regroupements préparatoires initiés par la CAF et par la
fédération des centres sociaux du Rhône, le travail
d'écriture, effectué par les professionnels, s'est
déroulé dans la première partie de l'année 1996.
Par la suite, précédées par
1 Y. KONATE, 19991, doc. cit.,
troisième partie - Directeur de centre social : une fonction de
gestion régulatrice de logiques d'action", pp. 44-70.
2 En référence à la sociologie de
la traduction de M. CALLON et B. LATOUR .
3 Lettre circulaire CNAF n°268, cit., p. 7.
4 Tableau 1 - L'origine et la répartition des
ressources de l'association de gestion.
5 Annexe 2 - La circulaire CNAF n°56, cit..
6 Jalon 6 - La CAF de Lyon et les centres sociaux.
Centres sociaux de l'arrondissement de Lyon. Pour une nouvelle
dynamique partenariale : présentation des nouvelles orientations de la
CAFAL, septembre 1994, CAF de Lyon, pp. 2-3.
7 La circulaire CNAF n°56 et la lettre circulaire
CNAF n°268, cit..
l'envoi de plus de cent documents, quatre procédures de
validation ont concouru au processus d'agrément.
* La toute première a été d'ordre
professionnel et s'est déroulée en deux étapes :
- Le projet a été soumis à la lecture
critique des coordonnateurs de secteur et a fait l'objet d'une analyse en
conseil de coordination1.
- Le document a été exposé ensuite en
lecture publique à l'ensemble des
professionnels et s'est conclu par un jeu de
questions-réponses.
* La deuxième étape a amorcé le processus
institutionnel et s'est déroulé sous le contrôle du bureau
de l'association. Elle a consisté en une présentation
détaillée du projet au conseil d'administration.
Par la constitution-même de celui-ci2, la
démarche de communication institutionnelle externe s'enclenchait.
* Ainsi, le troisième mode de validation a réuni
les techniciens municipaux référents dans les secteurs
d'intervention de l'association3.
Cette phase s'avérait cruciale par la lecture qu'allaient
avoir ces professionnels et, surtout, par le retour qu'ils allaient en faire
à leurs élus de référence.
* La validation finale, la politique, a été
précédée par une série de contacts avec la
fédération départementale des centres sociaux , avec le
département des centres sociaux de la CAF de Lyon et avec la mairie de
Décines, pour réunir tous les interlocuteurs concernés.
Celle-ci s'est officialisée, sous la présidence
du bureau du CA, en présence du maire de Décines, de l'adjointe
aux affaires sociales et de la solidarité, du
délégué d'Etat représentant le sous-préfet
à la politique de la ville, des responsables de l'unité
territoriale cantonale représentant le conseil général, du
président et de la déléguée générale
de la fédération des centres sociaux du Rhône et
bien-sûr du délégué de la CAF de Lyon
représentant le président.
Au-delà du contenu du projet d'action sociale de
l'association, c'est le processus partenarial technico-politique qui a
justifié, pour le conseil d'administration de la CAF, l'homologation
renouvelée de l'agrément «Centre social» pour cinq
ans4.
Ce faisant, c'est l'aboutissement effectif de ce processus qui
permet à l'association, à partir de ce projet, d'avoir un
financement assuré tenant compte de sa fonction d'animation globale. La
CNAF apporte sa contribution à travers ses prestations de service ; la
CAF, quant à elle, verse une subvention au regard de ce que la commune
acquitte5. La somme totale de ces recettes représente, en
1998, 63% du total des subventions et prestations (hors aide à
l'emploi)6. A partir de là, la co-démultiplication des
financements institutionnels s'avère plus aisée, d'autant que
chaque financeur - l'Etat et ses services déconcentrés, le
conseil régional, l'Union européenne - soumettent leur
financement à des actions interpartenariales
plurifinancées7.
1 Annexe 1 - La structuration institutionnelle,
hiérarchique et pédagogique - la définition du
conseil de coordination, p. 4 et p. 9.
2 Voir Annexe 1, p. 7.
3 Les trois acteurs techniciens municipaux retenus
pour nos entretiens étaient, à travers leurs fonctions,
présents (la fonction du secrétaire général adjoint
n'est plus détenue par le même titulaire de l'époque).
4 Projet d'agrément 1997-2002 - Ensemble...
Tissons du lien. Un projet au centre du social - 134 pages.
5 Jalon 6 - La CAF de Lyon et les centres
sociaux -
6 Pour rappel, sur un total de produits
de 8 138 105,00F. Tableau 4 - Les centres sociaux Dolto et
Montaberlet, une PME associative - Tableau 1 - L'origine et la
répartition des ressources de
l'association de gestion -
7 Tableau 1 - L'origine et la
représentation des ressources de l'association de gestion (1998)
-
La position du conseil général du Rhône
est plus spécifique. Tout d'abord, l'Etat lui a
délégué, à partir des lois de
décentralisation, le contrôle réglementaire de la
protection maternelle infantile (PMI) et donc, la délivrance
d'autorisation de fonctionnement de tous les équipements recevant des
enfants de moins de six ans. Pour l'association, cela concerne 25% de son
effectif d'usagers. Ensuite, tout en étant partie prenante des instances
de coordination d'action sociale départementale et locale, le conseil
général revendique fortement une identification autonome de sa
participation financière. Pour l'association, cela se traduit par des
contrats d'objectifs par action, distinctement contractualisés avec
cette collectivité.
Ce croisement institutionnel se retrouve aussi dans le
dispositif de création d'«emplois jeunes1». En
effet, la procédure de validation, par la préfecture, a
nécessité de l'association qu'elle instruise un dossier soumis
aux techniciens municipaux dépendant du DSU. Ensuite, la demande fut
présentée par le directeur de l'association à une
commission municipale présidée par l'adjoint à l'emploi,
à la formation professionnelle et à la jeunesse. Celle-ci
était composée, des professionnels municipaux
référents, du délégué d'Etat à la
politique de la ville, du directeur de l'ANPE locale et des
représentants des différentes structures communales d'insertion
par l'économique.
Ainsi, il apparaît que l'organisation fonctionnelle et
stratégique de l'association s'inscrit dans un maillage multiforme, dont
la commune, dans sa quotidienneté, est le partenaire primordial. Cette
hybridation institutionnelle, de genre et de style, pourrait être
perçue comme limitant l'efficience d'intervention de l'association.
Pourtant, il se révélerait que c'est cet entrelacement qui
féconde l'intérêt de l'action de proximité de
l'association de gestion des centres sociaux Dolto et Montaberlet.
C'est ce que nous avons perçu, à travers la
méthode qui a engendré notre questionnement.
1 En juillet 1998, l'association a obtenu une aide
financière pour la création de onze «emplois
jeunes».
|