Le FMI et la crise financière internationale depuis les années 80( Télécharger le fichier original )par Jean Bruno RAKOTOMALALA Université Montesquieu Bordeaux IV - DEA 2004 |
2-1-2) Le modèle du FMI analysé comme une variante du modèle keynésienLe FMI dans la gestion de crise d'endettement depuis les années 1980 a presque imité le modèle de capacité de transfert tel qu'il a été formulé par Keynes .Même si le fondement théorique et le but de Keynes ne coïncide pas vraiment à celui du FMI qui se veut être une institution dominée par le courant de pensée libérale , ca ne l'empêche pas à emprunter l'oeuvre du père fondateur du keynesianisme. En effet dans leur intervention , dans le cadre de gestion de la crise d'endettement des années 1980 même les crises financières successives depuis les années 1990, les institutions de Bretton Woods en particulier la FMI privilégient toujours cette notion de surplus exportable qui n'est autre que la capacité de transfert déjà formulé par Keynes il y a soixante ans de l'éclatement de la crise en 1982.Dans ses publication s , le FMI développe les tris approches du PIB ( approche par le revenu , par le produit et par la dépense) à travers l'une d'elle apparaît la notion de revenu chez Keynes . C'est exactement dans ce qu'on appelle approche par la dépense du PIB qu'il utilise l'oeuvre de Keynes .En effet , si chez Keynes le revenu global est R=C+I+X-M , le FMI définit le PIB ( approche par la dépense ) comme suit :PIB=C+I+X-M. Ces deux grandeur PIB et R ne sont autre que la même chose. A travers sa politique d'ajustement structurel , il incite le pays concerné à favoriser les exportations et maîtriser les importations (d'une manière indirecte) .Il insiste en particulier à ce que le pays concerné ait le maximum de (X-M). Aussi le modèle de base du FMI -l' Approche Monétaire de la Balance de Paiement (AMBP) formulé par Polak en 1957 s'inspire aussi de la théorie de capacité de paiement ou capacité de transfert de Keynes.Cette AMBP stipule comment un pays doit faire pour avoir le maximum de reserves extérieures afin qu'il puisse équilibrer son balance des paiements. Là encore il faut d'abord voir la capacité du pays à accumuler ces réserves qui servent principalement à rembourser la dette. Dans ce cadre là , le modèle du FMI ( mais non pas la théorie libérale)est considéré comme une variante de la théorie keynésienne même s'il y a une grande divergence dans la pratique. Quelles sont alors les solutions proprement dites keynésiennes dans la gestion des crises ? 2-2) La relance keynésienne face aux crisesComme nous avons vu précédemment, la condition de crise dans le cadre du circuit keynésien est l'inégalité I-F<0.Cette grandeur est aussi en même temps la capacité annuelle de transfert du pays 40(*).L'objectif est de rendre maximum cette grandeur I-F.Nous avons vu précédemment que dans le circuit keynésien , il y a une hiérarchie d'action et d'importance entre les agents économiques . Le pole financement (B)qui regroupe l'Etat , les banques , et les institutions financières figure en premier lieu , c'est à dire au sommet du circuit , suivit du pole Entreprise(E) , enfin le ménage(M).Afin de sortir de la crise alors , il faut commencer par le pole B . On arrive alors au mécanisme habituel du keynesienne, c'est -à -dire la relance keynésienne. 2-2-1)Hypothèse de base de la relance keynésienne Face aux crises comme celles des années 1980 et les années subséquentes, la théorie keynésienne propose la relance de l'activité économique. Les politiques préconisées par le FMI et la Banque mondiale basées sur la rigueur budgétaire et monétaire sont alors dénuées de fondement dans des pays qui sont déjà en récession ou en plein crise de liquidité ou de confiance. L'essentiel est de fournir les moyens adéquats pour retrouver le chemin de croissance .Dans ce cadre là , la théorie keynésienne avance la relance budgétaire ou monétaire. La relance budgétaire est préférée par Keynes que la relance monétaire. Dans cette relance budgétaire, il y a deux options : soit une augmentation des dépenses publiques soit une diminution des impôts .L'idée sous jacente est que le budget de l'Etat n'a pas besoin d'erre régulièrement équilibré comme celui d'un ménage .Un déséquilibre de l'économie peut être ainsi être récompensé par un déséquilibre financier en sens contraire .L'effet de la relance attendu devant permettre de retrouver un équilibre ou un excèdent budgétaire à la fin du cycle économique( théorie du déficit budgétaire cyclique). Cette action de relance par le déficit budgétaire peut prendre deux formes : on peut augmenter les dépenses de l'Etat pour un niveau de recettes fiscales inchangé ( déficit par le haut ) ; on peut également diminuer les impôts à niveau de dépenses identiques ( déficit par le bas). A quelques exceptions près dont la relance intervenue au milieu des années 60 aux Etats -Unis (tax -cuts), c'est la première solution qui a généralement été choisie. En effet une relance par le haut présente deux avantages par rapport à une relance par le bas .D'une part, elle produit des effets immédiats alors que la baisse des impôts ne fait pas sentir ses effets sur le montant des dépenses des ménages qu'avec de retard. D'autre part, l'augmentation des dépenses publiques a un effet multiplicateur plus important que la diminution des impôts . Le multiplicateur des dépenses publiques est égale à 1 /1-C alors que le multiplicateur fiscal n'est égal qu'à C/1-C. Comme la propension marginale à consommer est également inférieure à1, il en ressort que 1/1-C > C/1-C. Cette différence entre la valeur des deux multiplicateurs rend d'ailleurs vaine la recherche d'une éventuelle neutralité du budget de l'Etat , le fait d'augmenter dans les mêmes proportions dépenses et recettes produit un effet multiplicateur égal à 1, c'est le théorème de HAAVELMO41(*). La relance peut se faire aussi par une détente monétaire .Tout passe par ce qu'on appelle macro-économie de la circuit monétaire .Entre les keynésiens même , force est de constater une grande différence. En effet , tandis que la plupart des nouveaux keynésiens croient que les politiques monétaires restrictives, ayant pour but de ramener les taux d'inflation à leurs niveaux cibles , n'ont aucun impact à long terme sur les taux de croissance de l'économie ,les postkeynésiens affirment au contraire que ces politiques monétaires restrictives vont avoir un impact négatif , à court comme à long terme. [Marc Lavoie,2004,p56].Dans ce cadre là les postkeynésiens insistent beaucoup sur le fait que la monnaie est endogène .Ils rejettent par là la théorie wicksellienne des fonds pretables , inspirée des travaux du Suédois knut Wicksell , que les nouveaux keynésiens et certains auteurs français de manuels acceptent. Selon la théorie de fonds pretables, dans un monde dépourvu de monnaie, le taux d'intérêt serait le prix assurant l'équilibre entre les fonds pretables et les investissements réels, autrement dit l'équilibre entre la préférence pour le présent et la productivité du capital .Le rôle de la banque centrale serait alors de s'assurer que le taux d'intérêt du marché monétaire correspond bien à ce taux d'intérêt réel d'un monde fictif sans monnaie. Quand , les taux du marché ( en termes réels ) sont inférieurs a ce taux naturel , l'inflation s'emballe . Les postkeynésiens refusent l'existence de ce taux naturel [Smithin,2003]. Le fait que la monnaie soit endogène au sens des postkeynesiens amène que la Banque centrale ne doit pas fixer la monnaie de façon arbitraire. Les crédits font dépôts alors pour eux. Quoi qu'il en soit la relance monétaire est aussi un moyen de sortir de crise . L'enseignement de Keynes et les expériences keynésiennes permettent d'identifier les principes de politique monétaire suivant : -la politique monétaire peut avoir un rôle actif ; -la baisse des taux d'intérêt et l'augmentation du pouvoir d'achat par injection monétaire peuvent contribuer à relancer la demande.Toutefois les contraintes du coté de l'offre doivent être prises en compte , pour limiter aux aux mieux l'inflationet les déséquilibres en termes de commerce extérieur. Les keynésiens dans son ensemble sont d'accords que la politique monétaire peut avoir un rôle actif dans un pays .Aussi afin d'avoir une solution optimale , est -il que la policy mix , une combinaison de ces deux politiques à savoir politique budgétaire et monétaire dans le sens convergent ou contraire , est de plus en plus souhaitable et ne cache pas son efficacité dans des nombreux pays. La thèse libérale devant cette relance keynésienne avance principalement le concept d « équivalence ricardienne , l'effet d'éviction et la conséquence inflationniste de la relance par création monétaire. La première, c'est à dire l'équivalence ricardienne est critiquable à travers l'effet de voile du secteur public. Les individus ne tiennent pas comptent vraiment l'ampleur du déficit et donc la hausse des impôts dans le future pour compenser les emprunts actuels .KOTLIKOFF en développant la « Comptabilité intergenerationnelle de la dette » mérite aussi ici d'etre intégré dans l'analyse .L'effet d'éviction financière n'est pas du taout fondé dans la mesure où les entreprises peuvent beneficier en même temps du processus cumulatif géneré par la demande. On avance ici que l'Etat est un agent rationnel et va maximiser son rentabilité.dans la troisième reproche des libéraux là où domine la théorie monétariste de Friedman , c'est à dire l'inflation par création monétaire .Friedman avance que la politique de relance n'a pas d'effet que dans la mesure où les agents sont soumis à une illusion monétaire 42(*). L'hypothèse keynésienne est que la création monétaire ou la relance budgétaire n'amene pas l'inflation que lorsque l'économie est en plein emploi. Dans le cadre de notre étude, les pays en crises sont des pays en sous emploi et en récession même , ce qui justifie la relance keynésienne. Mais qu'est qu'on peut dire de la place de la relance keynésienne dans l'histoire et les faits économiques mondiaux. * 40 Le revenu global R =Y+ (I-F) où I-F partie non distribué du revenu global et Y revenu des ménages. Alors R-Y=I-F et cette grandeur I-F est donc la capacité annuelle de transfert pour ce pays. * 41 Théorème de HAAVELMO : « Un budget n'a pas un effet neutre sur l'activité économique c'est à dire les dépenses augmentent d'un même montant que les impôts , il y un effet multiplicateur. * 42 Illusion monétaire : dans un premier temps , la relance de la demande incite les entrepreneurs à accroître leur production et à proposer des salaires plus élevés pour attirer de nouveaux travailleurs . Mais Dans un second temps , les agents économiques vont s `apercevoir qu'ils ont été victimes d'une illusion monétaire seule des valeurs nominales ont varié. Les entrepreneurs constatent que l'augmentation de la demande n'est pas au rendez vous et les salariés que le salaire réel n'ont pas augmentés. Offre et demande de travail vont etre réviser à la baisse : le niveau de chômage naturel, le niveau d'inflation sera plus élevé .les agents vont dorénavant adapter leurs anticipations au niveau d'inflation constaté et il faut accepter une accélération continue d'inflation pour produire de nouveaux effets de relance. |
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