II- EVOLUTION ET CARACTERISTIQUES DE LA CRISE
La crise d'endettement internationale des années 1980
présente une particularité quant à la nature et les
principales caractéristiques qui en découlent. Non seulement elle
intervient dans une économie mondiale fortement en quête de
rendement, mais aussi marquée par une montée en puissance de la
globalisation financière.
Cette crise, contrairement à toutes attentes a
été une crise de solvabilité (relevant donc des
fondamentaux des économies des PED) qu'une crise de liquidité. Le
développement des marchés de titre de créances douteuses
par les banques nous offre un cadre d'analyse approprié permettant
d'appréhender le coeur du débat. Ces banques ont
été plus que menacées par la crise vue l'ampleur des
défauts de paiement.
1. D'une crise de liquidité à une crise de
solvabilité
La crise d'endettement internationale de 1982 a
été enttendue par certains comme une de liquidité.
On se trompe sur la nature de la crise, crise de liquidité pour
la plupart mais en fait de solvabilité. La dette du Tiers-monde ne va
pas cesser de croître par un effet mécanique et cumulatif du
principal de la dette et des intérêts non payés
[Frédéric Poulon].
Il poursuit ainsi son analyse avançant des chiffres .A
la fin de 1984, la dette totale des PED est estimée à 800
milliards de dollars.La situation est de plus en plus critique car tous les
ratios habituels ont franchi le seuil critique. (cf. section II-III).
Comment prouve-t-on alors que cette crise a été
une crise de solvabilité que de liquidité ? Lorsque se
déclencha les crises de 1982, la première objective mise en
oeuvre est de renflouer le Mexique et les autres pays endettés
(notamment l'Argentine et le Brésil) de façon à
éviter une contagion des défauts de paiements qui auraient mis en
danger le système bancaire. Oui, même si le système
bancaire a été mis à l'écart des faillites, ces
pays, malgré les diverses approches de concentration restent toujours
condamnés à vivre dans un état d'endettement
insupportable. Ainsi, le problème de liquidité marqué par
l'ampleur de défauts de paiement est passé de 2 milliards de
dollars en 1987 à 87 milliards en 1991.En même temps le ratio
arriéré de paiement par PNB va passer de 0,3% en 1982
(année de la crise) à 6% en 1987 et 11% en 1997.
De l'autre côté , les différents ratios
d'endettement ont suivi un rythme de croissance exponentiel. En effet, ce ratio
Dette/PNB est passé de 18% à 31% de 1980 à 1990 et 37% en
2000. En même temps, le ratio Dette/exportation était de 84% en
1980 à 161% en 1990 et 114 % en 2000.Le ratio service /exportation a
suivi aussi le même rythme passant pendant ces trois années
respectivement de 13% à 18% et 17%. Quant au ratio
intérêt/PNB, il a stagné de 1,5% en 1980 et 1990 et monte
à 2% en 2000.
Enfin le ratio intérêt/exportation passe de 7% en
1980 à 8% en 1990 et 6% en 2000. Ce dernier ratio mérite une
attention particulière car c'est le ratio où intervient
directement l'effet de la conjoncture international par le biais des taux
d'intérêt et les prix des produits d'exportation de base des PED.
Ainsi, cette baisse même si non remarquable trouve t-il sa source dans la
baisse des taux d'intérêt à court terme aux Etats-Unis,
à partir de 1985 mais aussi la forte permanence de l'ensemble des PED
influé en grande partie par les pays émergents et les pays
producteurs de pétrole. Quoi qu'il en soit, cette crise du PED reste
toujours crise de l'insolvabilité relevant alors des contextes
fondamentaux de l'économie de ces pays, qui dans la plupart des cas sont
dépendants de quelques produits de rente souvent victimes de la
fluctuation des prix au niveau international.
Dans la théorie du risque pays (Von Simonsen, 1989), un
pays débiteur est considéré insolvable si le taux de
croissance de ses exportations reste inférieur au taux
d'intérêt payé sur la dette et si le pays débiteur
n'accumule pas par ailleurs d'excédents de la balance des biens et
services, non-facteurs suffisants pour compenser ce
différentiel.[Barthélemy et Vourc'h 1994].
Cette hypothèse peut être nuancée au moins
pour deux raisons. D'abord, le débiteur ne paie pas non seulement
l'intérêt mais aussi une partie du principal de la dette et des
arriérés antérieurs.L'effet cumulatif de sa charge ne lui
permet pas ainsi que de faire un arbitrage entre le taux d'intérêt
et exportations. Ensuite, les exportations sont elles nécessairement
censées à rembourser le service de sa dette ? La
réponse est tout à fait non. C'est vrai, ils doivent respecter
leur engagements mais d'autres préoccupations méritent aussi
d'être intégrées.
L'insolvabilité des débiteurs pendant cette
crise va générer un phénomène nouveau dans
l'histoire économique et financière mondiale. En effet, les
banques pour y faire face ont développé ce qu'on appelle
marché secondaire des titres de créances douteuses. Qu'en est-il
vraiment ?
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