Les formes urbaines du Petit-Colombes nord, un
quartier résidentiel
Les années 1930 sont marquées par la
construction d'habitations à loyers modérés sur le nord de
l'axe à l'intiative de l'office public H.L.M. du département de
la Seine. Rue de Metz, deux ensembles de logements sont construits,
équipés selon les normes de confort alors portées par
Henri Sellier (dont WC individuels et douches). Cette expérience ne se
généralise pas dans le quartier, et il faut attendre la fin de la
seconde guerre mondiale pour que prenne vraiment forme un quartier à
dominante résidentielle. Les années 1965 ouvrent une
période de rénovation importante. Les bidonvilles situés
au nord des rives du boulevard Charles de Gaulle, dont le "lotissement des
Côtes d'Auty", bidonville situé entre la rue de Metz et l'Avenue
Galliéni, sont détruits. Conduite à l'échelle de
la commune, c'est la SONACOTRA qui est chargée de la reconstruction de
cités d'urgence, grâce aux allocation familiales
non-versées aux travailleurs. Les habitants sont relogés dans les
120 logements de la cité de transit des Côtes d'Auty (1967), et
dans 157 logements de l'ensemble "Résidence Charles de Gaulle" (1956) en
accession à la propriété. Viennent compléter cette
offre résidentielle d'autres ensembles: en 1959, construction des H.L.M
aux 5 à 21 rue de Metz; construction des SCIC Côtes d'Auty en
1965, puis des LOGIREP en 1968 à la place des bidonvilles. Cette
première période de construction de logements se termine par
l'édification des tours H.L.M. des Canibouts en 1974, puis du grand
ensemble des Grèves (le nom fait référence à
l'ancienne activité d'extraction de pierre), décomposé en
2 ensembles: les Grèves 1 terminé en 1971, et les Grèves 2
en 1974.
Illustration 7: Les espaces publics de la cité des Grèves:
une conception minimaliste - Source: CNV 1958
Ces ensembles sont pour la totalité
éloignés des rives du boulevard, étant donnée
l'incertitude demeurant quant à l'avenir des façades du boulevard
jusqu'en 1977. De plus, ces ensembles se localisent pour la plupart sur la
partie nord du boulevard, confortant la vocation résidentielle du
quartier, et divisant de fait l'ensemble Charles de Gaulle selon des quartiers
spécialisés dans différentes fonctions. Cette localisation
nord du logement collectif s'explique par le foncier alors disponible, la
frange sud-ouest du boulevard étant occupée par l'industrie, et
la frange sud-est ayant été urbanisée par l'habitat
individuel.
Inspirés par une conception fonctionnaliste
héritée de la Charte d'Athènes, ces ensembles se
caractérisent par un plan masse détaché de la trame
viaire, rompant le rapport à la rue qui prévalait jusque
là. L'espace libéré au sol par la verticalisation du
logement est destiné au stationnement automobile, à quelques
espaces de jeux pour enfants, et à des "espaces verts" (ce terme
d'"espace" rappelle une production peu élaborée et minimaliste
des aménagements paysagers). La localisation des équipements se
veut homogène sur le territoire: le centre médicosocial de Seine
est construit au croisement des rues "Gros Grès" et
"Canibouts", à côté du groupe scolaire
"Buffon"; le marché est situé au croisement des deux
axes structurants "Charles de Gaulle" et "Gabriel
Péri"; l'école maternelle des Côtes d'Auty est
construite rue "Champy" au nord, et le C.E.S Henri Dunant à
l'intérieur de la zone pavillonnaire entre les rues "Henri
Dunant" et "Bellevue". La frange sud-est du boulevard, peu dense
en habitants, n'est pas dotée d'infrastructures d'équipements
collectifs. La production des rives nord du
Illustration 8: Les îlots issus du remembrement du parcellaire
agricole des rives nord du boulevard Charles de Gaulle au 20ème
siècle
boulevard est donc très largement
spécialisée dans la fonction résidentielle, les formes
urbaines s'inspirant des principes modernistes et fonctionnalistes de la Charte
d'Athènes.
Cette première partie a permis de décrire les
formes de l'urbanisation qui s'est constituée à l'écart du
boulevard Charles de Gaulle. Elle inscrit une conception fonctionnaliste de
l'aménagement à plusieurs échelles: un urbanisme
détaché de la rue, où chacune des fonctions est
séparée de l'autre. La localisation d'activités
consommatrices d'espaces tend à fragmenter l'espace, en favorisant les
métriques automobiles. Ecarté de cette 1ère
phase du renouvellement urbain du Petit-Colombes, les façades du
boulevard présentent une histoire originale étroitement
attachée aux enjeux régionaux de l'aménagement du
territoire francilien, alors dirigé par l'acteur étatique. La
production de cet espace résultera d'une conception cloisonnée
entre deux acteurs de l'aménagement.
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