1.1.2 Du pavillonnaire «loi Loucheur» aux projets
d'aménagements d'ensembles: un processus
d'hétérogénéïsation fonctionnelle du
territoire
Les formes urbaines du Petit-Colombes sud
Illustration 5: Les îlots issus du remembrement du parcellaire
agricole des rives sud-est du boulevard Charles de Gaulle au 20ème
siècle
La première strate de logements associée
à l'expansion de l'industrie autour de la station
"Garenne-Bezons" est fortement marquée par l'habitat
individuel. Les prêts consentis aux familles nombreuses modestes par les
lois «Ribot» et «Loucheur» à partir de 1922, dans le
contexte d'expansion importante de la ville sur la périphérie
rurale, contribue à la multiplication des logements individuels sous
forme de «rez-de-chaussées», petites maisons
très peu équipées souvent autoconstruites, ou encore de
«maisonnettes de bois». Du fait de la cherté du
coût du terrain à proximité immédiate des usines,
les «mal-lotis» se logent essentiellement sur les rives du boulevard
du Havre (ancien nom du boulevard Charles de Gaulle), ou sur le quartier
«Plateau», encore peu urbanisé, profitant du faible coût
des étroites parcelles agricoles. Du fait de l'éloignement du
boulevard, ces maisons individuelles sont peu souvent reliées aux
réseaux. A l'échelle de la commune de Colombes, ce quartier est
marginal géographiquement vis-à-vis
Illustration 6: Les îlots issus du remembrement du parcellaire
agricole des rives sud-ouest du boulevard Charles de Gaulle au 20ème
siècle
d'un centre bourgeois et de petits-commerçants plus
important en nombre (96 chefs de familles recensés dans le quartier
«Plateau» contre 476 chefs de familles dans les quartiers
Vallées et Petite Garenne). Si l'identité ouvrière
naît peu à peu sur les rives sud du «boulevard du
Havre», elle ne s'inscrit urbanistiquement que par la formation de
quelques îlots de «mal-lotîs», qui rachètent les
parcelles agricoles par morceau.
Les parcelles situées en façade du boulevard du
Havre constituent l'axe autour duquel se développe l'urbanisation du
quartier. Les photographies datant du début du 20ème
siècle font état de la prédominance d'un bâti
adossé au boulevard, composé d'un étage et d'un
rez-de-chaussée, ce dernier étant utilisé à des
fins commerciales (hôtel, commerce agricole). Le remembrement foncier
provoqué par la multiplication du logement individuel donne lieu
à la restructuration des îlots, en fonction d'une vocation
résidentielle. Les parcelles sont recomposées par une trame
viaire qui casse l'étirement des longues parcelles agraires. Le
bâti de ces îlots tend à s'adosser à la rue,
réservant les jardins en coeur d'îlot à des usages
agricoles destinés à compenser les petites payes, importation des
habitudes d'une population souvent originaire des campagnes.
La poursuite de l'industrialisation sur la rive ouest de l'axe
provoque également une recomposition du parcellaire et de la trame
viaire. L'ensemble de parcelles en lanière situées à
proximité de la station "Garenne-Bezons" sont rachetées par les
propriétaires fonciers industriels, contribuant peu à peu
à un remembrement des terrains agricoles jusqu'à la formation de
parcelles de grandes tailles au cours du 20ème siècle.
Aujourd'hui, ces parcelles sont occupées par des activités
commerciales qui reprennent à peu près la même trame
parcellaire, voire qui contribuent encore au remembrement des parcelles. Il en
est ainsi de l'îlot situé en façade de la voie
ferrée Paris-Maison-Lafitte et du Pont de Charlebourg, fruit du
remembrement de plusieurs parcelles industrielles. Le cadastre de
l'année 1960, représentée dans l'illustration ci-dessous,
fait état de la rupture nette entre l'étendue du parcellaire
industriel occupé par des usines et des ateliers de grandes surfaces, au
sud, et les résidus de parcellaires agricoles rachetés par des
populations ouvrières, au nord.
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