3. Les nouvelles formes de centralités à
l'horizon 2020
La production spatiale récente et en devenir du
Petit-Colombes échappe à la conception traditionnelle du
"centre", associée à des formes urbaines inscrivant les
lieux de pouvoirs (beffroi, mairie), les commerces de quartier
résidentiels, et la prédominance d'espaces publics
piétonniers. Au contraire, les lieux emblématiques de la vie
locale de la cité (médiathèque, bureau de poste) sont
relocalisés en rives du boulevard. La voie devient un
élément central de la structuration des pratiques du quartier.
Qu'augure la mutation des espaces vécus du quartier
à venir: disparition des formes traditionnelles de la centralité
? Création de centralités secondaires spécialisées
dans des fonctions distinctes ? Ou bien formation d'un boulevard urbain ? La
requalification du tramway et ses nouvelles haltes posent les jalons d'une
inscription territoriale nouvelle des TCSP, sur lesquelles les politiques
urbaines peuvent s'appuyer pour produire les formes urbaines et les images
appropriées.
3.1 La requalification au service de
l'intégration du boulevard dans le territoire
De l'évolution de l'image de la voie aux impacts en
terme de riveraineté, les effets de la requalification du boulevard
Charles de Gaulle par le tramway se répercutent en terme
d'amélioration des interfaces entre le boulevard et le quartier, et
aussi par l'évolution de la place accordée aux différents
modes de transport.
On peut évaluer la capacité des nouvelles
interfaces créées par le tramway à intégrer le
boulevard dans le quartier au regard des caractéristiques nouvelles
qu'apportent le tramway en site propre par rapport aux anciens bus en site
propre (améliorations quantitatives mais aussi qualitatives). Plus
encore, l'évolution des espaces accordés aux différents
types de flux découlant de la structuration par le tramway tendent
à favoriser l'émergence de riveraineté: piéton,
vélo, deux roues, et la voiture. L'évolution de l'inscription
territoriale du mouvement automobile constitue un cas particulièrement
décisif sur la future inscription territoriale des mouvements accueillis
par le boulevard, ce que la problématique des contre-allées vient
soulever.
Après avoir décrit les caractéristiques
nouvelles de l'inscription territoriale des trois stations de tramway, cette
partie approchera les effets que l'on peut attendre du tramway sur la
requalification de la voie dans son ensemble, sur la riveraineté
générée par les deux-roues, et par le piéton.
L'inscription territoriale de la voiture est également impactée
par la requalification, et le maintien de ce mode de déplacement sur la
voie requalifiée se traduira par des modalités de la halte
différentes.
3.1.1 Les effets du tramway sur les conditions de la
halte
Les caractéristiques techniques du tramway, mais aussi
son image, participent à une évolution réelle des
interfaces du tramway, et du boulevard en lui-même. Cette politique du
développement de l'espace vécu le long du boulevard s'articule
ici par la regénération de 3 séquences du boulevard en
lien avec les interfaces créées ou confortées par les
stations de tramway, à la place des 4 stations de bus.
La requalification des carrefours, interfaces entre
haltes du tramway et rives du Petit-Colombes
Les trois stations de tramway constituent les haltes autour
desquelles s'étendront des aménagements d'interfaces entre voie
et rives. Le choix des stations résulte du choix de carrefours et
espaces déjà particulièrement fréquentés: au
sud, la station "Jacqueline Auriol" se situera au croisement de la rue
d'Estienne d'Orves et du boulevard Charles de Gaulle. A proximité du
"pôle" tertiaire du boulevard et des zones résidentielles, il est
ouvert sur deux types d'espaces. Le carrefour des quatre chemins reste le point
nodal de distribution des flux et accueille la station "Victor Basch".
Au nord, la station "Parc Lagravère" préfigure la future
interconnexion avec l'extension T1 "Saint-Denis-Place de la Boule
(à Nanterre)". La suppression des stations "Cimetière de la
Cerisaie" et "Buffon", remplacé par "Jacqueline
Auriol", fait donc passer de 4 à 3 les points d'accès
générés par le TCSP dans sa transformation de bus en
tramway le long du boulevard Charles de Gaulle (compensé en terme de
capacité de matériel par une capacité plus importante).
La suppression de ce point d'adhérence du tramway aux
rives diminuera la riveraineté produite par les
Illustration 37: L'évolution de l'inscription territoriale des
transports en commun - Conception et réalisation: Alexandre
Laignel
transports en commun sur la longueur du boulevard sud.
Néanmoins, elle contribuera à accroître la
centralité de la halte "Victor Basch", correspondante à
la centralité des quatres chemins, et à créer une halte
inédite au contact du pôle tertiaire "Jacqueline Auriol".
Cette halte générera des "frottements" entre les riverains des
espaces résidentiels et les travailleurs du pôle
d'activités, qui peuvent s'exprimer dans les usages des commerces
riverains les plus proches (Mac Donald, fast-food...), ou un peu plus
éloignés dans un rayon de quelques minutes de marche à
pied (pizzerias, épiceries...). La station "Parc
Lagravère" présentera avec l'extension du T1 un
caractère intermodal susceptible d'accroître dans une certaine
mesure l'inscription territoriale des transports en commun initialement faible
en ce lieu. D'un lieu de halte touché par une mauvaise image et des
usages minimalistes, le lieu pourrait recevoir des fréquentations plus
importantes aptes à entraîner la création de commerces de
types superettes ou tabac. Cette nouvelle inscription territoriale de cette
station se comprend aussi dans le cadre de la requalification de
l'entrée du parc "Lagravère". Reste que la
frontière urbaine de l'A 86 et de cet environnement marquée
fortement par la voiture demeure répulsif, et que les effets d'une
réhabilitation en l'état actuel seraient limités. La
proposition d'enterrement de l'autoroute resterait la solution la plus efficace
pour donner son sens à la station "Parc Lagravère", mais
étant donnée la dimension de cette opération du fait que
l'autoroute ait été construite sur un bras mort de la Seine, les
coûts techniques d'un tel projet s'avèrent particulièrement
importants.
La station "Victor Basch" affirme le caractère
central du carrefour des quatres chemins, en compensant la disparition de la
station "Buffon" pour une partie des passagers. Située aux
abords sud du carrefour des quatres chemins, la station attenante au square
Victor Basch mettra plus encore sous tension cet espace moins utilisé
que la place Aragon sur l'îlot opposé. La dimension "automobile"
du carrefour demeurera forte, malgré la priorité accordée
au passage du tramway, et le ralentissement induit.
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