2.3.2 Une affirmation de la fonction
résidentielle
Le résidentiel dense, fonction constitutive du
boulevard
La densification résidentielle est le deuxième
fait urbain important de l'évolution du boulevard. Elle est la fonction
majeure des formes urbaines produites, alors que comme on l'a vu, le tertaire
à haute valeur ajoutée se polarise essentiellement sur le secteur
des Z.A.C Champs-Philippe. L'évolution des modes d'occupation des sols
cartogaphiée par l'IAURIF jusqu'en 2003 montre que les logements de
basse hauteur, les plus importants historiquement, tendent à être
remplacés par des immeubles de grande hauteur. On y lit la densification
progressive des façades, ce que l'évolution du boulevard jusqu'en
2008 observé sur le terrain vient confirmer aussi. Cette densification
s'observe également en terme de densité de population. Les
données les plus récentes disponibles (correspondantes au nombres
d'individus inscrits sur les listes électorales municipales, entre les
années 2000 et 2007) font état d'une augmentation de 797
individus sur l'ensemble des rives sud-ouest, compris entre les rues Gabriel
Péri au nord, Charles de Gaulle à l'ouest et la voie
ferrée au sud.
Les données FILOCOM de 2003 relevées par la
direction générale des impôts sont insuffisantes pour
appréhender les caractéristiques de cette population. Les prix
élevés des programmes, outre la prise en compte des 20 % de
logements sociaux exigés par l'Etat, montrent l'évolution
sociologique des quartiers induite par les dernières évolutions.
La trame commerciale en pied d'immeuble se fait, de manière encore
timide, l'écho du changement de population.
Du "boulevard urbain" à la densification
résidentielle des rives éloignées ?
La politique de constitution d'un boulevard urbain encore
résidentiel, autour de la symbolique du prestige de la CBD de La
Défense, n'apparaît pas comme la seule logique à l'oeuvre
sur la constitution du territoire. La valorisation des biens fonciers sur
l'ensemble du Petit-Colombes entraine le développement de nouveaux
programmes de logements. La construction du programme "Peach" à
l'intérieur de la rive sud-est du boulevard, rue de l'Agriculture,
montre l'essor d'une forme "d'érosion de la zone pavillonnaire" par
restructuration du parcellaire et édification de nouveaux programmes de
logements. Dans cette logique, la politique municipale a visé dans les
années 2000 à élargir le spectre du seul
aménagement de façade urbaine, pour accompagner de manière
organisée la densification.
Support de la politique foncière municipale visant
à reconstituer une façade de type "boulevard urbain", le
périmètre d'étude vise à identifier les emprises
nécessaires à l'édification des bâtiments du
corridor urbain. Il esquisse également la zone que pourrait adopter une
future Zone d'Aménagement Concertée. Le premier
périmètre est décidé lors du conseil municipal du
13 décembre 2001. Fruit de l'étude du cabinet d'architecture
Lamy, il prévoit une zone privilégiée sur laquelle
réaliser les préemptions, correspondant à une bande de 13
mètres où les hauteurs des immeubles seraient fixées
à R+5. Plus à l'intérieur des rives, deux
périmètres sont dessinés afin d'accueillir des futurs
équipements. La réalisation d'une nouvelle étude en 2006
entraine un élargissement du périmètre d'étude plus
à l'intérieur de la zone pavillonnaire. Les rives de la rue
d'Estienne d'Orves sont également incorporées dans le
périmètre. Ce nouveau périmètre marque la prise en
considération de logiques financières, outre les seules logiques
urbanistiques et d'images (accroître les possibilités de rente
tirées de l'opération par l'augmentation des surfaces
habitables), en opposition au premier périmètre restreint
traduisant une politique dans la seule perspective du boulevard urbain.
Une association des riverains du boulevard Charles de Gaulle,
"Les Petits Toits", s'est constituée en réaction au
changement politique incarné par l'adoption du nouveau
périmètre. Si elle constitue d'abord un outil de mutualisation
financier - au cas où un litige nécessitant un avocat opposerait
la mairie à un propriétaire se voyant proposé un prix
non-satisfaisant pour la préemption de son bien - l'association
réclame également le retour à l'ancien
périmètre. Parmi les revendications d'ordre urbanistique,
"Les Petits Toits" inscrivent la préservation de la zone
pavillonnaire des rives du boulevard, dans le cadre d'un passage progressif du
bâti de grande taille du boulevard, à la zone pavillonnaire de
basse hauteur.
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