2.3 La tertiarisation de l'axe et l'affirmation de sa
fonction résidentielle
La lecture et l'analyse de l'évolution du boulevard
selon les critères fonctionnels permettent d'appréhender de
l'évolution de l'espace vécu sur les rives du boulevard. Cet
enjeu, déjà soulevé lors de l'analyse en terme de
riveraineté, sera ici approfondi dans ces inscriptions spatiales.
L'impulsion d'une politique urbaine "affichant" la modernité se
traduit-elle par un processus d'extension spatiale importante d'immeubles de
bureaux accueillant des activités à haute valeur ajoutée,
à l'image du siège sociale de l'entreprise Oracle ?
Quelle typologie de commerces s'est installée dans les
rez-de-chaussées des nouveaux programmes ? Et quelles sont les nouvelles
centralités, en perspective avec les caractères riverains et
d'images déjà évoqués, qui émergent de
cette restructuration de l'espace ?
2.3.1 Une évolution localisée en faveur
d'activités tertiaires à haute valeur ajoutée
Les "portes de La Défense"
La valorisation des biens fonciers, dans le cadre du
développement de la CBD de La Défense, entraîne une
mutation fonctionnelle du foncier. Les cartes des modes d'occupation des sols
(M.O.S) édités par l'IAURIF depuis 1982 font apparaître la
progression de la fonction tertiaire entre les années 1982 et 2003. La
rive sud-ouest concentre à elle-seule ce développement, à
travers le programme "Oracle" (2001), qui accueille comme
déjà évoqué le siège social de l'entreprise
éponyme (commerce, gestion de base de données), mais aussi les
bureaux des entreprises Shell (pétrochimie), Unisys
(T.I.C), Biogaran
Illustration 35: L'évolution du mode d'occupation des sols en
faveur du tertiaire et d'une densité résidentielle plus
importante - Sources: IAURIF, 1982, 2003
(laboratoire pharmaceutique), et Gefco (logistique).
Complétée par des relevés de terrain en date de 2008,
cette "tertirarisation" apparaît de manière plus nette encore avec
les inaugurations de la série de programmes évoqués,
"Portes de La Défense", et "Perspectives
Défense".
La distribution spatiale de la fonction "tertiaire à
haute valeur ajoutée" est fortement concentrée, dans une logique
d'effet d'agglomération constitutive à la production d'une image.
Outre la Z.A.C Marine qui prévoit l'accueil d'activités de ce
type, le périmètre de ce "quartier" est géographiquement
concentré sur la rive sud-ouest de l'axe, au contact des
activités de stockage et de distribution. La modification du plan
d'aménagement de zone (PAZ) de la Z.A.C Champs Philippe 1 en octobre
2007 affirme le projet de "centralisation" d'activités tertiaires en ce
lieu, à travers la construction d'une tour de 45 000 mètres
carrés, soit environ 30 étages. La proposition énonce en
ces termes le rôle de cette tour: « sa hauteur, 100
mètres, plus proche de celles des flèches de cathédrales,
permettra de contraster avec les tendances environnantes en entrée de
ville. Cet effet de verticalité viendra visuellement en «
butée » du volume de l'immobilier aux tendances très
horizontales ».
Ce nouveau quartier est très marqué par le
monofonctionnalisme, formant un îlot peu fréquenté la nuit
et durant les week-ends. De la même manière, les deux hôtels
des "Z.A.C Charles de Gaulle" et "Marine" ne présentent que des impacts
limités en terme d'inscription territoriale. Il apparaît difficile
de qualifier ce quartier de "central" dans le sens où il ne constitue ni
un espace captant une pratique locale - la pratique piétonne du
piéton étant limitée par des métriques automobiles
et des commerces peu générateurs de riverainetés - ni non
plus une zone résidentielle.
Si la "tertiarisation du boulevard" est observée, on ne
peut néanmoins pas parler de "boulevard tertiaire". L'intensification de
la fonction résidentielle est à l'origine de la production
importante de logements, qui demeure l'élément structurant du
boulevard.
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