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Evolutions des densités, pratiques et images des rives de la RD 992 à Colombes - Densification et évolution de l'espace vécu en petite couronne parisienne

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par Alexandre Laignel
Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne - Magistère Aménagement et Urbanisme 2008
  

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La morphologie viaire comme territoire de la vitesse

La conception moderne de l'urbanisme et d

Illustration 18: Relations entre maillage et urbanité - Boarnet et Crane cités par Antoine Bres (Bres, 2003)

e l'architecture approche de manière fortement dissociée et ségrégée le rapport entre la voie et l'îlot. Les productions urbanistiques de Le Corbusier, ou de l'architecte-urbaniste américain Frank Lloyd Wright, illustrent cette conception.

La fonction circulatoire doit être le champ de la vitesse. A ce titre, les croisements automobiles sont considérés comme des ralentisseurs. La conception "autoroutière" de la route domine, la desserte des îlots étant assurée par des voies de désserte en cul-de-sac hiérarchiquement inférieures. La halte automobile, la station entre la voie et l'îlot, n'est presque pas appréhendée par Le Corbusier, de même que les formes urbaines produites ne présentent pas de lien avec la voie tant du point de vue de la hauteur qu'en matière de proximité physique entre bâti et voie. C'est l'habitat individuel qui prédomine dans les oeuvres de Frank Lloyd Wright, alors que Le Corbusier associe lui l'habitat collectif au maillage routier qu'il fait de la ville. Le peu d'attention portée à la question du stationnement, du fait de la sous-estimation de l'importance que prendrait le déplacement automobile, explique également le très faible nombre de places de stationnement.

La morphologie viaire comme maillage

Illustration 19: Relations entre type de circulation et formes urbaines - Source: Lang, 2008

Pour les architectes et urbanistes "spatiaux", rattaché à l'école du New Urbanism, l'intérêt porté à la "morphologie viaire' réside dans le maillage. La variété des formes que peut adopter un maillage, un "patterns" (dispositif spatial de référence), sont autant de possibilités plus ou moins aptes à générer de "l'urbanité", terme qui est ici associé à la rencontre entre l'automobilité et le piéton. Si les chercheurs à l'origine de cette thèse, Christopher Alexander et ses collaborateurs (ALEXANDER, 1977), admettent que ces deux usages de la ville sont à priori antagonistes, ils montrent que c'est de leur rencontre qu'apparaîssent les points de frottement générateurs de ville: "les voitures sont dangereuses pour les piétons; cependant les activités urbaines se trouvent là où les piétons et les automobiles se rencontrent". Ainsi, si le cloisonnement des territoires du piéton face aux voies automobiles présente des qualités sécurisantes pour les piétons, elle enferme les possibilités de halte automobile sur les rives à la source de la vie urbaine générée par la possibilité de rencontre des deux systèmes.

L'école du New Urbanism identifie et oppose deux grands types de maillages, le maillage "viaire conventionnel" et le maillage "néo-traditionnel", aux aptitudes différentes. Le maillage néo-traditionnel permet de réduire les parcours automobiles, de diminuer la consommation d'essence et de favoriser une pratique pédestre du quartier, à l'opposé des maillages viaire conventionnel étendu et en cul-de-sac, à l'origine d'une pratique essentiellement automobile d'un quartier.

Au delà du débat sur ces deux types de maillages, la question du stationnement apparaît également décisive sur les aptitudes d'un quartier à "faire ville", cela à l'échelle de la rue. Le stationnement de type "intégré" (le long du trottoir) est ainsi jugé plus efficace que le stationnement de type "intégré-dédié" (à l'intérieur de l'immeuble). A l'échelle régionale, cette approche se décline à travers la notion de "corridor". Robert Lang (LANG, 2008) propose à ce titre un schéma de l'évolution générale des formes urbaines commerciales autour de la rue, en lien avec l'histoire de la voiture. La voie de la fin du 19ème siècle se caractérise par des trottoirs de grandes tailles, une voie de circulation étroite conçue pour les déplacements hypotractés, et un parcellaire adossé à la rue, dont la largeur au contact du trottoir est petite. Avec l'essor de l'automobilité, la taille de la voie augmente, ainsi que la taille de la largeur des parcelles exposées à la voie, alors que la taille des trottoirs s'est amenuisée. Des années 1910 à aujourd'hui, il met en évidence la place croissante prise par le stationnement automobile dans le processus de formation du parcellaire. Le passage d'un stationnement de type intégré (riverain au trottoir) à un type ségrégé (autour du bâtiment) provoque une production du parcellaire déterminée par le stationnement. Ainsi, le bâti tend à se détacher de la rue, et à être entouré d'aires de stationnement. Dans le même temps, l'espace de cheminement piétonnier ("sidewalks") a presque disparu.

Les liens entre îlot et voie approchés par les chercheurs nord-américains sont approfondis par les auteurs comtemporains, qui établissent une approche spécifique pour traiter de la ville "comme un système de mouvement", par opposition à la ville "comme ensemble d'activités".

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry