Chapitre II : Dramaturgie et Initiation
L'auteur rappelle que la dramatisation est ici synonyme de
superlatif. L'initié est invité à rejouer la
Vérité première. Des rapports d'interaction dialectique
s'instaurent entre la dramatisation et l'initiation.
I. L'invitation au voyage
Le procédé de dramatisation joue sur deux
plans : celui du contenu du savoir initiatique et celui de la quête
même de ce savoir. Le candidat à l'initiation est invité
à effectuer un voyage dans cet Ailleurs qu'est le territoire de
l'initiation, en compagnie des personnages qui s'y trouvent projetés.
« Notre faim de connaître est un feu toujours
ardent » déclare Hammmadi à un moment crucial du
déroulement de Kaïdara46. C'est l'expression
d'une curiosité insatisfaite ou d'un désir de connaître
sans laquelle il n'y a pas d'initiation.
Le processus initiatique est une é-ducation,
c'est-à-dire une action effectuée sur quelqu'un pour le tirer
d'une situation initiale vers une autre et, par là, lui faire effectuer
un déplacement du non-savoir vers le savoir.
Le mythe ou récit initiatique appelle l'opacité
et l'énigmatique. Nous sommes dans le territoire du symbolique.
Dès lors, le problème est celui du maître-signifiant
capable de nommer l'indicible. Il n'y a de mythe véritable que dans et
par le pari de porter au langage ce qui outrepasse les limites du langage.
Aussi, il serait inconcevable de ne pas faire de l'usage poétique. Donc,
l'initiation réussie est celle qui va jusqu'à son terme :
« la faim assouvie »
II. Le « lointain - proche » du
symbole
Le Pr affirme que s'il a illustré ses propos avec
Kaïdara, c'est sa capacité à illustrer les
thèses les plus importantes qui sont défendues. Il y a
également la richesse de son contenu symbolique, la qualité de sa
composition, l'usage multiforme qu'il fait du procédé de
dramatisation, la profondeur de la thématique.
Le récit est un carnet de voyage consignant les
péripéties d'une aventure fantastique, celle de la quête
initiatique. L'auteur de Critique de la raison orale dresse un
parallélisme entre Koumen47 et
Kaîdara et retrace les deux itinéraires. Il dégage
trois activités humaines que sont : le pouvoir (Dembourou) ;
l'avoir (Hamtoudo); le savoir (Hammadi). M. Diagne explique le parcours
initiatique de KaÏdara et des personnages.
Dans l'empire des signes, l'auteur donne la symbolique de
l'or. Il dit que l'or, ce « tout » est en même temps
« rien ». L'interprétation consiste à
décrypter l'ambivalence et de fonder un bon choix. C'est la
capacité à percer l'obscurité des symboles et à
s'orienter dans le clair-obscur où ils se produisent. Elle constitue la
faculté initiatique par excellence. Le trait dominant consiste à
rendre impossible la compréhension immédiate.
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