TROISIEME PARTIE : IMMEMORIAL : LE HORS-TEMPS
DE L'INITIATION
Dans cette partie consacrée au mythe, le Pr. M. Diagne
convoque la définition qu'en donne M. ELIADE36 pour montrer
comment elle épouse les contours de la dramatisation et de la mise en
scène.
Lorsque ELIADE voit que : « le mythe raconte
une histoire sacrée ; il relate un événement qui a eu
lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des
« commencements ». Autrement dit, le mythe raconte comment,
grâce aux exploits des Etres Surnaturels, une réalité est
venue à l'existence ». M. Diagne y perçoit des
ingrédients de la mise en scène : lieux, temps,
circonstances et acteurs cessent en particulier d'appartenir au monde ordinaire
parce que situé sur un univers plus élevé.
A la suite, il tente d'opérer une distinction entre
mythe et légende. Avec le regard de MEILLASSOUX37, le
Professeur Diagne considère que : « le mythe a
généralement la prétention de rendre compte
d'événements réputés originels, de la genèse
d'institution intéressant une humanité toute entière ou
encore de catégories sociales générales et
abstraites ; tandis que la légende évoque des faits
historiques mémorables intéressant des groupes sociaux
circonscrits, identifiables, ayant une existence historique, tels des peuples,
des classes sociales » Claude MEILLASSOUX.
Il y a différence entre les deux dans leurs rapports
à la temporalité. « Le temps du mythe procède de
l'anthologie ; celui de la légende s'installe dans le
concret » Louis-V THOMAS38.
Des faits historiques tombent dans la légende quand ils
s'éloignent et que son origine finit par s'estomper dans la
mémoire des individus et des groupes.
Dans les récits royaux, à l'entame nous avons
des « mythes d'origine ». La confusion entre histoire,
mythe et légende doit être évitée. La légende
entretient des supports extrinsèques avec le domaine du sacré et
du rituel. Quant au mythe ses « personnages » ne sont pas
des personnes. Ils sont des acteurs du drame sacré. La distinction est
nette entre « le temps du raconté » et
« le temps raconté ».
L'histoire cherche des points d'appui dans le mythe. Pierre
ANSART39 pense que « le récit mythique apporte le
réseau de signification par lequel s'exprime et se pense l'ordre du
monde. C'est un instrument de régulation sociale, le code à la
fois fonctionnel et coercitif qui impose maintien des stratifications.
Il se limite au temps originel. L'homme ne se proclame pas
maître du signifiant qu'il manipulerait à sa guise mais son
serviteur et, dans des cas précis, le fruit de son action efficace.
Ainsi, le philosophe met en garde contre la possible confusion
entre mythe et mythologie, forme privilégiée que prend
l'entreprise de démythisation. Le mythe devient l'objet d »une
réflexion intellectuelle qui s'est émancipée de son ordre
propre.
Le mythe n'épuise pas son sens sans l'univers des
énoncés symboliques qui le constituent. Son enseignement se
prolonge dans le rituel. C'est sous cet angle que l'apport de Kostas
AXELOS40 est fondamental. Il dit : « le mythe
énonce une histoire, le rite le produit, la liturgie la
célèbre à savoir la joue [...] le jeu devient sacré
et le sacré se trouve jeu... »
La schématisation de l'initiation est avant tout, un
apprentissage de la grammaire des symboles.
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