1.1.1. Les conceptions dominantes de l'entrepreneuriat
1.1.1.1. Quelques modèles théoriques
Les conceptions dominantes sur l'entrepreneuriat sont des
modèles théoriques qui tentent d'expliquer les facteurs qui
influencent le comportement entrepreneurial, c'est-à-dire la
création ou la reprise d'une entreprise, ou tout autre projet
innovant.
Il existe plusieurs approches qui se basent sur des
disciplines différentes, comme l'économie, la psychologie, la
sociologie ou le management. Voici quelques exemples de ces conceptions :
1) Le modèle de l'action raisonnée
(Ajzen & Fishbein, 1975)
Ce modèle postule que le comportement entrepreneurial
est le résultat d'une intention qui dépend des attitudes, des
normes sociales et du contrôle perçu sur le comportement.
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Les attitudes sont les évaluations positives ou
négatives du comportement, les normes sociales sont les pressions
exercées par l'entourage pour adopter ou non le comportement, et le
contrôle perçu est le degré de facilité ou de
difficulté à réaliser le comportement.
Ce modèle se base sur le postulat que les individus
agissent de manière rationnelle et consistante avec leurs croyances et
leurs valeurs. Il s'agit donc d'un modèle cognitif qui met l'accent sur
le processus de décision qui précède le comportement. Le
modèle peut être représenté par le schéma
suivant :
Ic = f31Ac+ f32
Ns + f33 Cp
Où :
I Ic est l'intention
comportementale, c'est-à-dire la probabilité subjective qu'un
individu adopte un comportement donné.
I Ac est l'attitude
comportementale, c'est-à-dire l'évaluation globale du
comportement par l'individu, basée sur ses croyances sur les
conséquences du comportement et sur ses évaluations de ces
conséquences.
I Ns est la norme
subjective, c'est-à-dire la perception par l'individu que les personnes
importantes pour lui approuvent ou désapprouvent le comportement,
basée sur ses croyances normatives et sur sa motivation à se
conformer à ces normes.
I Cp est le contrôle
perçu, c'est-à-dire la perception par l'individu de sa
capacité à réaliser le comportement, basée sur ses
croyances de contrôle et sur la présence ou l'absence de facteurs
facilitants ou inhibants.
I f31, f32 et f33
sont des coefficients qui expriment l'importance relative de chaque
facteur dans la prédiction de l'intention.
Enfin, ce modèle permet donc d'expliquer comment les
attitudes, les normes sociales et le contrôle perçu influencent
l'intention comportementale, qui est elle-même un prédicteur du
comportement réel.
Il a été appliqué à de nombreux
domaines, dont l'entrepreneuriat, pour comprendre les motivations et les
obstacles des entrepreneurs potentiels.
2) La théorie du comportement planifié
(Ajzen, 1991)
Ce modèle est une extension du modèle de
l'action raisonnée qui ajoute un élément
supplémentaire : la perception de la faisabilité du comportement.
Cette perception est influencée par la disponibilité des
ressources et des opportunités nécessaires pour entreprendre.
Il se base sur le postulat que les individus agissent de
manière planifiée et intentionnelle, en tenant compte des
informations dont ils disposent et des conséquences possibles de leur
action.
Il s'agit donc d'un modèle cognitif qui met l'accent
sur le processus de décision qui précède le comportement.
Le modèle peut être représenté par le schéma
suivant :
Ic = â1 Ac+ â2 Ns
+ â3 Cp Où :
I Ic est l'intention
comportementale, c'est-à-dire la probabilité subjective qu'un
individu adopte un comportement donné.
I Ac est l'attitude comportementale,
c'est-à-dire l'évaluation globale du comportement par l'individu,
basée sur ses croyances sur les conséquences du comportement et
sur ses évaluations de ces conséquences.
I Ns est la norme subjective,
c'est-à-dire la perception par l'individu que les personnes importantes
pour lui approuvent ou désapprouvent le comportement, basée sur
ses croyances normatives et sur sa motivation à se conformer à
ces normes.
I Cp est le contrôle
perçu, c'est-à-dire la perception par l'individu de sa
capacité à réaliser le comportement, basée sur ses
croyances de contrôle et sur la présence ou l'absence de facteurs
facilitants ou inhibants.
I f31, f32 et f33
sont des coefficients qui expriment l'importance relative de chaque
facteur dans la prédiction de l'intention.
En plus de ces trois facteurs, le modèle introduit une
variable supplémentaire : la perception de la faisabilité du
comportement.
Cette variable correspond au degré auquel l'individu
croit que le comportement est réalisable, en fonction des ressources et
des opportunités dont il dispose ou auxquelles il peut accéder.
Elle influence à la fois l'intention et le comportement réel,
comme le montre le schéma suivant :
Ic = â1 Ac + â2 Ns
+ â3 Cp
Cf = á1 Cp + á2 Ro Br =
ã1 Ic + ã2 Cf
Où :
I Cf est la perception de la
faisabilité du comportement, c'est-à-dire le degré auquel
l'individu croit que le comportement est réalisable, basée sur
ses croyances de faisabilité et sur les ressources et les
opportunités disponibles ou accessibles.
I Ro est un ensemble de variables
externes qui représentent les ressources et les opportunités
nécessaires pour réaliser le comportement, telles que le temps,
l'argent, le matériel, le soutien social, etc.
I Br est le comportement
réel, c'est-à-dire l'action effective réalisée par
l'individu. I cr1, cr2, y1 et y2 sont des
coefficients qui expriment l'importance relative de chaque variable dans la
prédiction du comportement.
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Ce modèle permet donc d'expliquer comment les
attitudes, les normes sociales, le contrôle perçu et la perception
de la faisabilité influencent l'intention et le comportement
réel. Appliqué à de nombreux domaines, dont
l'entrepreneuriat, il a aidé à comprendre les motivations et les
obstacles des entrepreneurs potentiels.
3) Le modèle de la formation de
l'événement entrepreneurial (Shapero & Sokol,
1982)
Le modèle de la formation de l'événement
entrepreneurial suggère que le comportement entrepreneurial est
déclenché par un événement qui perturbe le statu
quo (l'état où les choses se trouvaient auparavant) et
crée un déséquilibre dans la situation actuelle.
Cet événement peut être positif (une
opportunité de marché) ou négatif (un licenciement). Par
conséquent, le comportement entrepreneurial dépend alors de trois
facteurs : la perception de la désirabilité du comportement, la
perception de la faisabilité du comportement et la propension à
agir.
Ce modèle se base sur le postulat que les individus ont
tendance à maintenir un certain équilibre entre leurs rôles
sociaux et leurs activités habituelles, sauf si un
événement vient les déplacer de leur trajectoire.
Il s'agit donc d'un modèle situationnel qui met
l'accent sur le rôle des circonstances qui précèdent le
comportement. Le modèle peut être représenté par le
schéma suivant :
E D x F x P I B
Où :
I E est l'événement
déclencheur, c'est-à-dire la situation qui vient perturber
l'équilibre existant et qui crée une opportunité ou une
nécessité d'entreprendre.
I D est la perception de la
désirabilité du comportement, c'est-à-dire le degré
auquel l'individu considère que le comportement entrepreneurial est
attrayant, basée sur ses valeurs personnelles et sociales.
I F est la perception de la
faisabilité du comportement, c'est-à-dire le degré auquel
l'individu croit que le comportement entrepreneurial est réalisable,
basée sur ses compétences personnelles et les ressources
disponibles.
I P est la propension à agir,
c'est-à-dire la tendance de l'individu à passer à l'action
en fonction de ses intentions, basée sur sa personnalité et son
environnement.
I J est l'intention comportementale,
c'est-à-dire la probabilité subjective qu'un individu adopte un
comportement donné.
I B est le comportement réel,
c'est-à-dire l'action effective réalisée par
l'individu.
Le modèle de la formation de l'événement
entrepreneurial permet donc d'expliquer comment un événement
déclencheur influence la perception de la désirabilité, de
la
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faisabilité et de la propension à agir, qui
à leur tour influencent l'intention et le comportement
entrepreneurial.
Il a été appliqué dans divers domaines,
dont l'entrepreneuriat social, collectif ou coopératif.
4) Le modèle de l'événement
entrepreneurial (Krueger, 1993)
Le modèle de l'événement entrepreneurial
reprend les éléments du modèle de Shapero et Sokol en les
intégrant dans le cadre de la théorie du comportement
planifié. Il met en évidence le rôle des croyances
personnelles et des influences environnementales sur l'intention
entrepreneuriale.
En effet, ce modèle se base sur le postulat que les
individus agissent de manière planifiée et intentionnelle, en
tenant compte des informations dont ils disposent et des conséquences
possibles de leur action.
Il s'agit donc d'un modèle cognitif qui met l'accent
sur le processus de décision qui précède le comportement.
Le modèle peut être représenté par le schéma
suivant :
E D x F x P Ic = â1 Ac + â2 Ns + â3
Cp
Cf = á1 Cp + á2 Ro Br = y1 Ic + y2
Cf
Où :
I E est
l'événement déclencheur, c'est-à-dire la situation
qui vient perturber l'équilibre existant et qui crée une
opportunité ou une nécessité d'entreprendre.
I D est la perception de la
désirabilité du comportement, c'est-à-dire le degré
auquel l'individu considère que le comportement entrepreneurial est
attrayant, basée sur ses valeurs personnelles et sociales.
I F est la perception de la
faisabilité du comportement, c'est-à-dire le degré auquel
l'individu croit que le comportement entrepreneurial est réalisable,
basée sur ses compétences personnelles et les ressources
disponibles.
I P est la propension
à agir, c'est-à-dire la tendance de l'individu à passer
à l'action en fonction de ses intentions, basée sur sa
personnalité et son environnement.
I Ic est l'intention
comportementale, c'est-à-dire la probabilité subjective qu'un
individu adopte un comportement donné.
I Ac est l'attitude
comportementale, c'est-à-dire l'évaluation globale du
comportement par l'individu, basée sur ses croyances sur les
conséquences du comportement et sur ses évaluations de ces
conséquences.
I Ns est la norme
subjective, c'est-à-dire la perception par l'individu que les personnes
importantes pour lui approuvent ou désapprouvent le comportement,
basée sur ses croyances normatives et sur sa motivation à se
conformer à ces normes.
I Cp est le contrôle
perçu, c'est-à-dire la perception par l'individu de sa
capacité à réaliser le comportement, basée sur ses
croyances de contrôle et sur la présence ou l'absence de facteurs
facilitants ou inhibants.
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I Cf est la perception de
la faisabilité du comportement, c'est-à-dire le degré
auquel l'individu croit que le comportement est réalisable, basée
sur ses croyances de faisabilité et sur les ressources et les
opportunités disponibles ou accessibles.
I Ro est un ensemble de
variables externes qui représentent les ressources et les
opportunités nécessaires pour réaliser le comportement,
telles que le temps, l'argent, le matériel, le soutien social, etc.
I Br est le comportement
réel, c'est-à-dire l'action effective réalisée par
l'individu.
I /31, /32, /33, á1,
á2, y1 et y2 sont des coefficients qui expriment
l'importance relative de chaque variable dans la prédiction du
comportement.
Le modèle de Krueger permet donc d'expliquer comment un
événement déclencheur influence la perception de la
désirabilité, de la faisabilité et de la propension
à agir, qui à leur tour influencent l'intention et le
comportement entrepreneurial.
Il intègre aussi les éléments du
modèle de la théorie du comportement planifié, en montrant
comment les attitudes, les normes sociales et le contrôle perçu
affectent l'intention. Il a été appliqué dans divers
domaines, dont l'entrepreneuriat social, collectif ou coopératif.
Ces différents modèles ne sont ni exhaustifs ni
exclusifs, mais ils permettent de mieux comprendre la complexité du
comportement entrepreneurial et ses déterminants. Ils peuvent aussi
aider les entrepreneurs potentiels à identifier leurs motivations, leurs
freins et leurs leviers pour se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.
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