Profil épidémiologique, clinique, et évolutif des patients atteints de choléra à l'hôpital universitaire Justinien de janvier 2017 à décembre 2018par Francoise Nathalie Beauboeuf Universite Notre Dame d'Haiti (UNDH-FMSS) - Docteur en Medecine 2020 |
INTRODUCTIONLe choléra est une maladie diarrhéique aigüe causée par une bactérie Gram négatif, Vibrio cholerae, dont les sérogroupes O1 et O139 sont les seuls connus pour causer des épidémies. Du groupe O1, le biotype El Tor est responsable de la septième pandémie en cours. 10 à 20 % des infections dues au choléra sont graves et doivent être rapidement traitées de manière adéquate pour éviter la mort du patient, possible en quelques heures par déshydratation(1). Eliminé dans les pays du Nord depuis le milieu du 20e siècle, le choléra représente encore aujourd'hui un fardeau de santé publique dans de nombreux pays en voie de développement(2). La 7e pandémie de choléra qui a débuté en 1961, sévit encore. On estime qu'il est actuellement présent dans 71 pays, touche entre 1,3 à 4 millions de personnes et occasionne 21,000 à 143,000 décès chaque année soit une létalité mondiale de 0,5%(3). Par ailleurs, l'année 2017 a enregistré des nombres records de cas ; le Yémen a rapporté 1,032,481 cas suspects soit 84% des chiffres signalés à l'échelle mondiale, la Somalie 75,414 cas avec 1007 décès et la République Démocratique du Congo(RDC) a enregistré 56,190 cas suspects avec 1190 décès(4). Introduit par un contingent népalais de l'Organisation des Nations-Unies(ONU), le choléra est arrivé en Haïti en octobre 2010 dans un contexte d'extrême vulnérabilité(5)(6). Dix mois avant les premiers cas, un tremblement de terre dévastateur a détruit le centre administratif et économique du pays fragilisant les institutions publiques, notamment les structures sanitaires primaires évoluant déjà dans une situation précaire. Le pays n'ayant pas connu d'épidémie de choléra depuis au moins un siècle, l'immunité de la masse collective était particulièrement naïve. De plus, l'épidémie a démarré en fin de période cyclonique, précisément après le passage du cyclone Thomas, qui a entrainé des inondations facilitant sa propagation à travers le territoire national(7). Tous ces évènements ont contribué à faire de cette épidémie en Haïti, l'une des plus importantes pathologies infectieuses à avoir touché la population en termes d'ampleur, avec plus de 185,351 personnes infectées et 3951 décès, soit un taux d'incidence de 18,36 % sur une période de 2 mois seulement, d'octobre à décembre 2010(8). En butte à une crise structurelle et pluridimensionnelle sur fond d'infrastructures à productivité réduite, la République d'Haïti, à travers le Plan National d'Elimination du Choléra 2022(PNEC) réussi à implanter un système de surveillance épidémiologique efficace et efficient à couverture nationale en vue d'apporter une réponse sanitaire proportionnelle à la problématique. L'exécution de ces mesures a abouti jusqu'à date à une stabilisation de l'épidémie. 11 Problématique Actuellement le choléra connait, dans la plus grande indifférence, sa plus longue et importante pandémie. Chaque année, des milliers de décès sont signalés par l'Organisation mondiale de la Santé(OMS) en Asie du Sud, Afrique Subsaharienne et en Amérique(9). Aucun système de santé n'est épargné dû au déplacement de masse (cas importés). Haïti figure maintenant parmi les pays les plus touchés au monde par cette maladie ; du début de l'épidémie en octobre 2010 jusqu'au 31 décembre 2018, 819,794 cas suspects et 9791 décès ont été confirmés par le Laboratoire National de Santé Publique(LNSP)(10). En 2017, sur l'île d'Hispaniola, des 13,803 cas suspects et 163 décès liés au choléra notifiés par l'OMS, 99% des cas (n =13,681) et 98% des décès (n =159) rapportés provenaient d'Haïti. Bien que ces chiffres représentent les plus faibles enregistrés depuis le début de l'épidémie (2010), le taux de létalité a peu évolué au cours de cette même période (Taux de Létalité : 1,3%) due à la faiblesse de la prise en charge. Pour l'année 2018, Haïti a rapporté 3794 nouveaux cas et 43 décès ; une baisse respective de 72% des cas et de 74% des décès comparée à 2017. Ces cas provenaient particulièrement de 4 départements : Artibonite (n =1169), Centre (n =1094), Ouest (n =841), Nord (n =301) cependant 11000 personnes étaient à risque d'être affectées(11). Dans le département du Nord, le taux d'incidence du choléra était de 0,02/1000 habitants (moyenne nationale : 0,3/1000 habitants)(12). Les principaux foyers étaient le Cap-Haitien et Dondon. Malgré la diminution de l'incidence et de la létalité, le choléra demeure un problème de santé publique réel, qui nécessite un regard particulier des scientifiques, des acteurs politiques et surtout des autorités sanitaires. En Haïti, le manque d'eau potable, d'hygiène et d'assainissement, la dégradation de l'environnement et la promiscuité avancée de la population ont favorisé la propagation de la maladie. Ces facteurs démontrent l'insuffisance des capacités des structures étatiques à faire face au choléra. Plusieurs structures existantes sont mal équipées ce qui rend l'intégration de la prise en charge incomplète. En effet, la carence aux soins de santé de qualité, le mépris des facteurs socio-culturels, la forte densité de la population, le déplacement massif vers les zones urbaines et le sous-financement du PNEC (seulement financé à 45%) démontrent une certaine minimisation et banalisation de ce problème susceptible de devenir endémique dans plusieurs régions, notamment les régions côtières comme le Cap-Haitien. 12 Une étude mettant en exergue certains aspects épidémiologiques, cliniques et évolutifs est d'une importance capitale. Elle amènerait à envisager des actions spécifiques et durables qui pourraient conduire à une éventuelle élimination du choléra dans la ville du Cap-Haitien et ses environs. Justification Scientifique L'incidence du choléra a considérablement diminué au cours des huit dernières années en Haïti (34,35/1000 en 2011 comparée à 0,21/1000 en 2018(13). Toutefois, nous vivons dans l'incertitude constante d'une possible recrudescence et l'émergence de nouveaux foyers infectieux d'une part par le laxisme des autorités sanitaires vis-à-vis du choléra vu le contexte socio-économique actuel et d'autre part par le manque de moyens et d'informations dont dispose la population. Force de ce constat, nous nous sommes proposés à travers ce travail de recherche d'analyser la dynamique de cette épidémie dans la zone du Nord, particulièrement au Cap-Haitien afin de relever le comportement tangible du choléra au niveau de ce chef-lieu. Nous avons choisi l'Hôpital Universitaire Justinien(HUJ), le seul hôpital public du département du Nord à avoir un centre de choléra comme site d'étude pour sa localisation géographique qui permet une meilleure accessibilité à la population, et l'ensemble des infrastructures disponibles pouvant répondre à une prise en charge adéquate et immédiate du patient. L'analyse de ces différents aspects nous concèdera une idée globale du choléra dans la région du Nord et une esquisse du comportement collectif par rapport à la maladie. Questions de recherche En lueur de ces observations et de notre compréhension du problème, ce travail tente de répondre aux questions suivantes :
13 Objectifs Objectif général Décrire le profil épidémiologique, clinique et évolutif des patients atteints de choléra à l'HUJ de janvier 2017 à décembre 2018. Objectifs spécifiques
14 Revue de la littérature Pour réaliser notre revue, nous avons consulté comme moteur de recherches, Google Scholar, PubMed, ProMed, GIDEON, CDC, ResearchGate. Des mots-clés et combinaisons de mots-clés ont été utilisés en français et en anglais pour élargir notre champ de recherche et obtenir des informations récentes : - Choléra - Exotoxine du choléra - Epidémie en Haïti - Choléra en Haïti - Surveillance épidémiologique du choléra - Period of incubation of cholera - Transmission and outbreak of cholera Egalement ont été consulte dix-sept articles de journaux spécialisés : JOURNAL OF INFECTION, PLOS Medecine, Journal of Medical Case Reports, The New England Journal of Medecine, The BJM, JAMA, The Lancet, OXFORD Academic Journal, Cambridge, et les rapports publiés par l'OMS, le MSPP, l'UNICEF, Médecins du Monde(MDM),Care International, Médecins Sans Frontières(MSF), PAHO. Les références bibliographiques et la sitographie sont présentées selon les normes de Vancouver Le choléra est une maladie diarrhéique causée par l'exotoxine produite par la bactérie Gram négatif Vibrio cholerae dans l'intestin. Le sérogroupe O1, sérotype Ogawa, biotype El Tor, est responsable de l'épidémie de 2010 en Haïti(14). L'infecté, porteur sain ou malade, constitue le réservoir principal du Vibrio lors des épidémies. L'inoculum est entre 105 et 108 germes, 103 dans l'achlorydrie(15). La transmission est directe et interhumaine et se fait à partir d'un cadavre, d'un porteur asymptomatique, d'un malade ou fécale-orale par ingestion d'eau de boisson et d'aliments contaminés par les déjections humaines(16). Le réservoir permanent du Vibrion cholérique est aquatique ; il survit plusieurs mois dans les algues, les mollusques et les crustacés(16). Il est détruit par la chaleur sèche, le soleil, le chauffage (Température ?70°C), l'eau de Javel, l'acidité (pH ? 4,5), la dessiccation ; les températures basses limitent sa prolifération. La période d'incubation varie entre 12 heures et 5 jours(17). Il se manifeste par une diarrhée aigüe et profuse, « eau de riz », souvent accompagnée de vomissements. Dans les cas sévères, les malades peuvent perdre 500 ml de liquide (eau et électrolyte) par heure ; la réhydratation 15 précoce et adaptée, combinée à une antibiothérapie réduit la mortalité à moins de 1% en diminuant le volume des selles et la durée de la maladie de 50%(18). En absence de traitement, la déshydratation rapide et massive peut entrainer la mort peu après l'apparition des premiers symptômes. Sinon la guérison est spontanée en 4 à 6 jours. L'immunité peut persister pendant plusieurs mois. Deux vaccins (EuvicholTM et SancholTM) sont disponibles(19). Notre étude portera sur les aspects épidémiologiques, cliniques et évolutifs. Pour illustrer notre revue, des variables tels que l'âge, le sexe, la durée d'hospitalisation, certains aspects médico-cliniques, le délai de consultation et l'évolution ont été explorés. Age et Sexe Quick et al. ont observés au centre de santé de La Libertad, EL Salvador, sur les 709 cas reportés durant l'épidémie de 1991, que l'âge médian était de 46,5 ans avec une prédominance chez le sexe masculin, soit 63% des cas(20). Au Mali, entre 2001 et 2004, sur les 4381 patients hospitalisés pour choléra sur le territoire national, les plus de 15 ans étaient les plus affectés avec 51,1% des cas en 2001 et 64,7% des cas en 2004 ; 60,3% des cas ont été reportés après la saison pluvieuse(21). Au Burkina Faso, durant l'épidémie de 2005 des 121 cas confirmés et enregistrés dans les 10 districts sanitaires sur une période de 10 semaines (août à octobre 2005), l'âge moyen était de 30 ans avec une prédominance masculine soit 57% des cas (sexe-ratio= 1,32)(22). 83% des cas provenaient du milieu urbain et ont été enregistrés pendant la saison pluvieuse(22). En 2011, au District de Santé de Tcholliré, Région Nord-Cameroun, sur les 334 cas de choléra enregistrés pendant 14 semaines épidémiologiques (du 5 juillet au 5 octobre 2011), le groupe d'âge le plus touché s'étendait entre 16 et 34 ans avec 42,2% des cas (n=141)(23). L'âge moyen était de 28#177;16 ans avec une prédominance masculine, soit 56% d'hommes contre 44% de femmes (sexe-ratio= 1,27)(23). Au Niger, sur les 16,328 cas recensés par le laboratoire national de surveillance, 63,29% concernaient les hommes et les plus de 15 ans représentaient 69,80%(24). Plus récemment au Yémen, entre 2016 et 2018, sur les 27,835 cas, 12380 soit 47,9% concernaient les femmes avec un sexe-ratio de 1,02 ; les plus de 15 ans représentaient 58% des concernés(25). Par contre à Batala Town dans le district de Punjab en Inde, du 4 octobre au 8 novembre 2012, des 835 cas de choléra, 58% (n= 484) concernaient les femmes avec un sexe-ratio de 0,72, 36% (n=303) concernait le groupe d'âge compris entre 15 et 34 ans(26). Dans notre étude, nous utilisons la définition de choléra proposé par le MSPP à savoir que « Le choléra devrait être considéré lorsqu'un patient âgé de 5 ans ou plus développe une maladie diarrhéique aiguë, avec ou sans vomissement ». 16 Aspects médico-cliniques Au Burkina Faso en 2005, les 1,050 patients retenus pour l'étude ont présenté plusieurs épisodes aigus de diarrhée liquide ; 86% des patients ont présentés des vomissements. 53% ont manifesté une déshydratation sévère et 37% des patients se sont présentés avec une déshydratation modérée(22). Dans le Littoral du Bénin, au cours de l'épidémie qui a commencé le 26 Juillet 2008 et qui a duré 21 semaines, des 404 patients hospitalisés, 88,11% ont présenté des épisodes de vomissement. Une grande partie des patients (n=245 soit 60,64% des cas) a été admise dans le centre avec une déshydratation modérée et 88,11% des patients, des épisodes de vomissement. 159 malades, soit 39,35% présentaient un tableau de déshydratation sévère à l'admission(27). Près de nous en Haïti, le Haitian Group for the Study of Kaposi's Sarcoma and Opportunistic Infections(GHESKIO) a réalisé une étude après le 1er novembre 2010 dans un CTC situé à Cité de Dieu (Martissant). Des 53 cas enregistrés, 81% (n= 43) se sont présentés avec des vomissements(28). Au Mali, pendant l'épidémie du 16 septembre au 30 décembre 2008, des 150 cas de choléra enregistrés, la symptomatologie a été dominée par l'association de diarrhée et vomissement dans 67,67% des cas. 23,63% des patients présentaient une déshydratation sévère(25). Délai de consultation Au Burkina Faso, 90% des patients ont consulté dans un délai de 6 à 24 heures après le début de la symptomatologie, tandis que 0,9% n'a consulté qu'au bout de 120 heures (5 jours). Le délai moyen de consultation était de 28 heures(22). Dans une étude rétrospective et descriptive réalisée sur une durée de 8 mois sur 80 femmes enceintes atteintes de choléra lors de l'épidémie de 2012 à Conakry, capitale de la Guinée (Afrique de l'Ouest), le délai moyen de consultation était de 30 heures avec des extrêmes de 24 et 72 heures(29). Durée d'hospitalisation Dans une étude rétrospective réalisée dans le centre de santé Ayélawadjé, dans la commune de Cotonou au Bénin, durant l'épidémie de juillet à octobre 2008, la durée moyenne d'hospitalisation pour les 402 cas pris en charge avait été de 2,43 jours #177; 1,16(27). Dans une étude descriptive réalisée à l'Hôpital Provincial Général de Référence de Bukavu (RDC) durant la période du 16 Octobre 2006 au 22 Avril 2007, sur 3348 cholérique admis au CTC, la durée moyenne d'hospitalisation était de 3 jours #177; 1,47(30). 17 Dans l'étude descriptive et rétrospective menée à Douala au Cameroun sur 5292 cas suspects pendant une durée de 52 semaines épidémiologiques, la durée d'hospitalisation allait de 2 à 6 jours pour une durée moyenne de 2,3 #177; 1 jour(31). A l'Hôpital d'Enfants de Dapaong au Togo, a été réalisée une étude rétrospective portant sur 115 malades âgés de moins de 10 ans hospitalisés pour choléra entre le 1er juillet et le 31 octobre 1998. La durée d'hospitalisation était de moins de 5 jours dans 74 cas soit 64,35%, de 6 à 10 jours dans 33 cas soit 28,70%, de plus de 10 jours dans 8 cas soit 6,95% avec des extrêmes de 1 jour à 18 jours(32). Evolution Dans l'Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services 2016-2017(EMMUS-VI) en Haïti, 1,5% des ménages ont reporté avoir au moins un de leurs membres décédé suite au choléra(33). Au Mali, la létalité a été relativement élevée ; des 4381 cas de choléra recensés entre 2001 et 2004, 336 décès ont été enregistrés avec un taux de létalité de 7,7%(21). L'étude menée à Tcholliré, Nord-Cameroun a montré un taux plutôt élevé du taux de létalité par rapport à celui préconisé par l'OMS (1%). Le taux de létalité était de 1,20%(23). En conclusion, les études rétrospectives réalisées au Mali, à Burkina Faso, au Cameroun, en Inde, au Niger et au Yémen ainsi que l'étude cas-témoins menée à EL Salvador, ont démontré que le choléra n'épargne aucun groupe d'âge cependant les plus touchés sont les plus de 15 ans. Une prédominance masculine a été notée. Elles ont aussi révélé qu'en plus de la diarrhée constante, plus de 80% des patients se sont présentés avec des vomissements et plus de 40% avec un tableau de déshydratation sévère. Le délai de consultation dépassait 12 heures et la durée d'hospitalisation 1,5 jour. 18 METHODOLOGIE
a. Le Cap-Haitien : caractéristiques démographiques, économie, accès à l'eau potable et assainissement L'étude est réalisée au Cap-Haitien, le chef-lieu du Département du Nord d'Haïti. La commune du Cap-Haitien est constituée de 3 sections communales : Bande du Nord (Urbain ; pop. 23,256), Haut du Cap (Périurbain ; pop. 150,176) et Petit Anse (Rural ; pop. 100,972). La commune s'étend sur une superficie de 53.5 km2. Figure 1.Cartographie du Cap-Haitien. Reproduit à partir de https://haiti.fandom.com/wiki/Cap-Ha%C3%AFtien?file=Cap_Map.png La ville est insérée entre la mer et la montagne du Morne Jean, culminant à 718 m d'altitude ; elle présente un climat tropical avec une température moyenne annuelle de 25,5 °C et une pluviométrie annuelle de 1618 millimètre. La saison cyclonique est située entre juin et novembre. 19 Figure 2.Carte de densités d'habitations. Reproduit
à partir de «Analyse Environnementale et Sociale(AES) du projet
eau, Température (en C°) 30 29 28 27 26 25 24 J F M A M J JASON D Mois Précipitations Température 40 80 60 0 20 100 Précipitations (en mm) Figure 3.Climatogramme du Cap-Haïtien en 2017 et 2018.
Adapté de « Moyenne météo des mois », par Des
Clics Nomades (2014- La population de la commune du Cap-Haitien est estimée à 274,404 habitants, dont 173,432 vivent en milieu urbain et périurbain, soit une densité d'environ 5129 habitants par kilomètre carré (km2) avec en moyenne 5,9 personnes par ménage. La population rurale représentait 36,7% en 2016(34). Au Cap-Haïtien en 2016, 35,7% des jeunes âgés de 18 à 24 ans étaient au chômage ; cette situation concernait surtout les femmes qui représentaient 42,4% des chômeurs. Toute tranche d'âge confondue, 13,6% d'homme était en situation d'emploi contre 9,1% de femme(34). La seule ressource en eau consistante du Cap-Haitien provient des forages captant de Balan. En 2017, une étude menée par l'Office Régionale de l'Eau Potable et de l'assainissement(OREPA NORD) a 20 révélé que les ménages ont accès à l'eau à raison de 37,7 litres (l) par personne par jour en moyenne. En zone rurale, l'accès est de 31,4 l par jour par personne et 40,8 l dans les quartiers urbains. 60,25% de la population utilisent l'eau de puits pour des usages domestiques et 37,4% pour la boisson(35). Les enquêtes publiées dans le rapport final de l'Analyse Environnementale et Social(AES) en 2018 suggèrent que 99% des excrétas de la ville du Cap-Haitien ne sont pas gérés de manière adéquate. En effet, 12% de la population pratiquait la défécation à l'air libre, 44% disposait d'une latrine à puits perdu, et 34% disposait d'une fosse. Ce rapport a aussi révélé que 6% des fosses sont situées en zone très inondable. Dans 95% des cas, le vidange de ces fosses se fait par les vidangeurs manuels qui, souvent, disposent de ces excrétas en milieu naturel comme les rivières et le bord de mer(35).
L'étude s'est déroulée au CTC de l'HUJ mis en place pour prendre en charge les patients atteints de choléra et autres maladies diarrhéiques. Inauguré le 31 août 2012, le CTC qui a couté environ 115,000 dollars US, a été financé à 80 % par la MINUSTAH et à 20% par la UNICEF avec l'appui technique de MSF et OMS/OPS. L'infrastructure a une capacité de 30 lits et comprend : - Un bâtiment de triage et d'observation qui mesure 42 m2 - Un bâtiment pour l'hospitalisation qui mesure 115 m2 - Trois blocs de latrine - Trois blocs de douche - Une aire de lavage - Un pédiluve 21 ? Un puits perdu
Tout dossier ayant des données relatives aux variables clés de l'étude incomplètes ou illisibles. 22 V. Variables
Après l'obtention de l'autorisation d'accès des responsables du CTC, le registre fourni par le MSPP a été consulté et les données relatives aux variables ont été collectées à partir du formulaire placé dans les annexes. 24 VIII. Procédures pour garantir les aspects éthiques dans les recherches Les données ont été traitées de façon anonyme et confidentielle. L'autorisation du comité d'éthique de la FMSS/UNDH a été obtenue ainsi que l'autorisation des responsables de l'HUJ. La base de données a été accessible uniquement aux investigateurs. 25 IX. RESULTATS a. Description des aspects épidémiologiquesDe janvier 2017 à décembre 2018, 596 patients souffrant de diarrhées aqueuses se sont présentés au CTC de l'HUJ. Sur les cas enregistrés, notre étude n'a concerné que 453 patients, soit 76% des cas. Les données incomplètes ou illisibles ainsi que les cas qui ne répondent pas à la définition proposée par le MSPP, nous ont contraints à limiter notre population d'étude. Caractéristiques sociodémographiques des cas Comme démontré dans la Figure 4, en 2017 les pics d'incidence les plus importants ont été observés aux mois de janvier, d'avril et d'août avec respectivement 56, 60 et 25 cas. Pendant cette même période, des pics de précipitations ont été observés en septembre et en novembre avec respectivement 198 et 242 millimètres de pluie. Pour l'année 2018, les pics ont été notés en avril avec 23 cas et en septembre avec 7 cas. Les pics de précipitations ont été observés aux mois de janvier et d'août avec respectivement 92 millimètres et 75 millimètres de pluie. Précipitations (en millimètres) 250 200 300 150 100 50 0 57 22 37 60 32 Précipitations Nombre de cas 14 15 25 16 Mois 11 18 18 14 12 18 22 15 11 7 3 7 3 6 10 10 0 40 20 70 60 50 30 Nombre de cas Figure 4.Incidence des cas et précipitations moyennes au Cap-Haïtien en 2017 et 2018 Des 453 patients retenus dans notre population d'étude, nous avons enregistré 219 hommes (48%) contre 234 femmes (52%), soit un sex-ratio H/F de 0,94 (Figure 5). Figure 5.Répartition des cas selon le sexe L'âge moyen des patients était de 33,48 ans avec un écart type de 20,11 ans et des extrêmes allant de 5 et de 96 ans. L'âge médian était de 29 ans. Le groupe d'âge le plus touché est celui des sujets compris entre 25 et 34 ans (22,96%). Les sujets de 15 à 44 ans ont représenté plus de la moitié de l'échantillon (58,5%). Dans cette série, la proportion d'enfants de 5 à 14 ans était de 16,99% (Figure 6). 26 Figure 6.Répartition des cas selon le sexe et le groupe d'âge La zone du Cap-Haïtien la plus touchée a été la section communale de Haut du Cap avec 35,98% des cas (n=163), particulièrement la localité de Sainte Philomène avec 27 cas. La section communale de Bande du Nord a rapporté 33,33% des cas (n=151) dont 49 cas provenant du Centre-Ville. 19,43% des cas (n=88) provenaient de Petit Anse dont 30 cas de la localité de Fort St Michel. 11,26% des cas (n=51) provenaient des zones avoisinantes (Figure 7). Les cas suspects de choléra répartis selon les principales aires touchées sont présentés dans le tableau 1.
Tableau 1.Répartition des cas selon la provenance 27 Figure 7.Répartition des cas selon la localité 28 |
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