III. Cheminement de ma recherche
Comme présenté ci-dessus, ce questionnement est
apparu à la suite d'expériences de pratique professionnelle
auprès de familles migrantes et/ou bilingues. Lors de ma formation, je
me suis intéressé au développement du langage chez le
jeune enfant à l'occasion de différents écrits et dans le
cadre d'expériences en terrain professionnel. La communication et le
langage sont des compétences qui m'intéressent de par leurs
aspects sociaux, cognitifs et affectifs. J'y porte une importance et m'y
intéresse dans le cadre de l'accompagnement des enfants en tant qu'EJE,
lors du développement langagier, social et cognitif. Mais aussi
personnellement, en étant sensible à la communication et à
ce qu'elle exprime explicitement et implicitement. Je me suis trouvé
aussi lors de ces années de formation une certaine sensibilité et
un grand intérêt sur les questions liés à
l'immigration et à l'interculturalité. De par mon
expérience à l'AME, je me suis intéressée au sujet
de l'immigration et des familles migrantes, notamment l'idée de
transmission intrafamiliale en leur sein. Jacqueline Barus-Michel, qui s'est
penchée sur la relation du chercheur à sa recherche, nous dit que
celui qui commence une recherche doit être intéressé par
son « énigme », qu'elle fasse « sens pour
lui » (J. Barus-Michel (1982) « Le chercheur, premier objet de
la recherche », page 801). Elle rajoute que pour « atteindre
à l'autre », le chercheur « doit d'abord passer par
lui-même ». (id). C'est dans cette optique que je me suis
intéressée à ce qui faisait sens pour moi dans
cette démarche de recherche. Je me rends compte du lien personnel et
finalement de l'aspect intime de cette recherche, tant au sein des
familles accompagnées, que chez les professionnels qui les accompagnent
et ainsi moi-même. En effet, lors de mes réflexions, je me suis
questionné sur mon propre rapport au langage et à la famille. Je
constate que j'ai personnellement une certaine sensibilité aux langues
et au sentiment d'appartenance qui y est lié. Notamment au sein de ma
propre famille, avec la pratique du patois Nissart et sa transmission au sein
du groupe de la famille. De ma vision, en tant que professionnelle du social et
de l'accompagnement, il est difficile pour ne pas dire impossible de travailler
sans son soi et ce qui nous compose et nous anime personnellement.
J'ai en tête une métaphore entendue lors de ma formation : elle
comparait le professionnel à une main et un gant. La main
étant l'individu en lui-même, ses valeurs, compétences
et limites à laquelle le gant, représentant
l'identité professionnelle, s'adaptait en partie. Cette métaphore
m'est très parlante et illustre comment une identité
professionnelle se base aussi sur la personne qui l'incarne. Ayant conscience
de l'implication personnelle dans ma pratique professionnelle et lors de cette
recherche, je serais attentive à limiter l'impact de ma vision
personnelle dans ce cadre.
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