1.4 Travail et développement professionnel des
animateurs
Dans le cadre d'une étude réalisée
auprès d'une trentaine d'animateurs socio-culturels, exerçant en
maison de quartier ou en maison de retraite, Lebon & Lima (2011, p.28-29)
repèrent trois types de difficultés rencontrées par ces
professionnels.
- Les activités empêchées1,
notamment dans les moments de travail face au public.
- Le travail invisible, qui créé de la
disqualification par manque de reconnaissance.
- L'incertitude, liée à la
précarité des contrats de travail ainsi qu'aux effets du travail
sur le public avec lequel le professionnel travaille. En effet, Lebon &
Lima (2011) pointent la « juxtaposition des différences instances
de socialisation », qui empêche de voir les liens avec le travail
fait avec l'animateur.
Les travaux de Lebon & Lima se sont attachés
à comprendre comment les animateurs s'investissent dans leur
métier, et quelles sont les activités qui produisent ou non de la
satisfaction au travail. Ces deux sociologues, spécialistes de la
question du développement de l'identité
16
1 au sens défini par Clot (2006)
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professionnelle des animateurs socio-culturels, empruntent
pour cela une typologie des tâches communément utilisée
pour décrire le métier d'enseignant (Lantheaume et Hélou,
2008, cité dans (Lebon & Lima, 2011, p.23-25)
Une autre contrainte rencontrée par les animateurs,
selon Dansac & Vachée (2016, p.3), vient des nombreux partenariats
dont il faut tenir compte, avec tous les paramètres que cela comporte :
missions, formations, statuts, fonctionnements différents, qui
génèrent même parfois de la concurrence entre les
activités de chacune des parties prenantes.
Le sociologue Redjimi (2009), quant à lui, interroge la
formation des animateurs, dont il décrit les capacités à
gérer des publics variés. Pour lui, l'animateur qui s'engage dans
son métier pour des raisons idéologiques évolue
progressivement vers une technicité et une légitimité
professionnelle du fait de sa formation. Formation qui par ailleurs lui
permettrait de créer un sentiment d'appartenance et de se sentir reconnu
en tant que professionnel.
Pour résumer, l'ensemble de ces données, issues
de recherches sur le métier d'animateur socio-culturel, semblent pointer
des invariants, en lien avec l'histoire des mouvements d'éducation
populaire. Tout d'abord, étant sollicités pour des fonctions
multiples, variées, mal reconnues, parfois invisibles, les animateurs
indiquent la difficulté de les mêler, la souffrance au travail
parfois. Ensuite, il semble acquis, dans ces mouvements d'éducation aux
valeurs humanistes clairement annoncées, que les animateurs prennent un
rôle d'articulation entre pratique et théorie, faisant vivre, en
situation de formation, ce que les formés auront à faire vivre
à leur tour aux enfants dont ils ont la responsabilité en tant
que professionnels. A priori, les animateurs assument un
positionnement qui mettrait selon eux en avant l'appropriation de son propre
parcours par le formé, d'où le nombre restreint de temps de
formalisation. Enfin, il semble que les résultats des différents
travaux menés sur le métier d'animateur s'accordent sur l'absence
d'une réelle identité professionnelle, à ce jour.
Ainsi, nous pouvons nous demander si ces
caractéristiques partagées par l'ensemble des associations
d'éducation populaire sont formalisées en interne, voire, si
elles sont intégrées dans les textes prescripteurs qui
régissent le travail des animateurs. Nous nous intéresserons donc
dans la suite de cette étude au travail des animateurs
pédagogiques OCCE soumis à la prescription de faire vivre la
coopération dans le cadre de leurs missions de formation.
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