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De la prescription à  la mise en coopération réelle: l'activité des animateurs pédagogiques de l'OCCE en situation de formation


par Rachel GIRARDIN
Université Clermont Auvergne  - Master Sciences de l'Education, parcours "formation de formateurs dans le milieu de l'enseignement" 2022
  

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1.3 Le statut des animateurs

La question du statut de l'animateur revient régulièrement dans la littérature. Ainsi que le souligne Farvaque (2008), qui s'attache à définir la qualité de ces emplois, il s'agit d'un élément important, qui joue sur les conditions de travail des personnels. Il fait tout d'abord une distinction entre les animateurs vacataires et les permanents. Si la précarité semble être une caractéristique de la première catégorie, Farvaque (2008, p.58) démontre que la sécurité de l'emploi n'est pas garantie non plus pour la seconde. En effet, la plupart du temps, les contrats à durée déterminée, dans le monde de l'animation, sont remis en question chaque année. Cela peut être dû aux financements, jamais garantis, mais aussi aux liens que les associations entretiennent avec les services publics. Ainsi, dans le cas de la fédération associative OCCE, dont il est question dans notre travail, les contrats signés par les enseignants, détachés en tant qu'animateurs pédagogiques, ont une durée d'une année scolaire et sont soumis à chaque rentrée scolaire à la validation du Ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse. Il peut donc être difficile, pour un animateur, de se projeter dans le long terme, et c'est la raison pour laquelle les mouvements de personnels sont importants (Farvaque, 2008, p.55).

Parfois, certains animateurs voient leur métier changer de dénomination. C'est ce qui est décrit par l'enquête de terrain de Toupet (2015), au sujet d'un réseau départemental initialement dévolu à l'animation rurale, qui a glissé progressivement vers « l'éducation environnementale » à la fin du XXe siècle. Les enjeux en termes de développement durable, de politiques publiques et de financement, couplés à une professionnalisation des animateurs, a demandé au réseau une régulation permanente, qui a conduit à une reconfiguration des missions des professionnels, et de leur statut, pour devenir, selon les cas « chargés de missions », « éco-conseillers » ou encore « médiateurs ».

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Par ailleurs, les professionnels interrogés dans les travaux de Farvaque (2008, p.55) pointent souvent un manque de reconnaissance de leur métier. Cela passe par l'éclipse de leurs diplômes, mais aussi par le manque de clarté des missions qui leur sont assignées. En effet, les animateurs disent peiner à trouver une légitimité, du fait de l'absence d'une identité professionnelle. Pourtant, le métier d'animateur réclame une grande autonomie d'action de la part des salariés, et de gestes spécifiques qui se développent lors de la professionnalisation Farvaque (2008, p.54-55) Enfin, divers travaux, dont ceux de (Farvaque, 2008) notamment insistent sur la représentation sociale du métier d'animateur, qui méconnait l'ensemble des tâches à effectuer, notamment lorsque celles-ci sont hors de la vue du public (Lebon & Lima, 2011, p.29).

Certains travaux de recherche s'attachent à décrire le fonctionnement d'associations se reconnaissant dans le mouvement de l'éducation populaire, dont les missions ont ensuite évolué vers la fin du XXe siècle vers de la formation d'adultes. C'est le cas par exemple du CEPREG, Centre pédagogique de Responsables de Groupes, créé en 1958, et qui fonctionna 20 ans. Dans son travail sur la question, Aumont (2006), psychosociologue et ancienne directrice du CEPREG, revient sur l'histoire de cette association et son évolution. Fondée pour former des responsables et des animateurs associatifs, elle militait pour introduire les apports de la psychologie sociale dans les dynamiques de groupe. Les animateurs qui pilotaient ces formations étaient bénévoles lors des premières années de l'association, mais son développement a rapidement fait émerger la nécessité de mobiliser des permanents. Les animateurs ainsi recrutés étaient formés aux questions des dynamiques de groupe et à exercer des fonctions qui permettaient le travail collectif. Lorsqu'ils étaient en position de formateurs, ils s'attachaient à faire vivre le groupe selon les modalités qu'ils utilisaient eux-mêmes, de manière à transmettre leur savoir-faire aux formés. Il s'agissait, selon eux, d'une « pédagogie de la formation permanente », permettant à chaque professionnel de se développer en continu dans les groupes de travail dont il faisait partie. Cependant, le statut de formateur, ainsi que la fonction afférente, ne furent officialisés que dix ans plus tard, au début des années 1970.

De la même manière, Lebon (2007, p.4), à propos de la formation des animateurs au BAFA, chez les Francas, indique une congruence entre ce qui est donné à vivre aux stagiaires, et ce qu'ils auront ensuite à reproduire avec les enfants qu'ils auront sous leur responsabilité. L'animateur en position de formateur montre là aussi une mise en retrait lors des activités, dans l'optique de laisser toute sa place à la réflexion et au débat collectif, dans une logique émancipatrice. Le formateur

postule que le collectif des stagiaires détient le savoir, et qu'il doit lui-même servir « d'accoucheur ».

Dans son travail sur l'intérêt du jeu de rôles en formation d'adultes, Patin (2005) utilise indifféremment les termes animateur et formateur. Pour cette docteure en psychologie sociale, il est surtout question des fonctions que le professionnel est amené à endosser, en lien avec la modélisation de Gillet (1996). Le formateur d'adultes s'appuie, lorsqu'il utilise des jeux de rôles, sur la théorie des champs de Lewin vue plus haut, en présupposant que les formés seront capables de prendre la mesure des contraintes environnementales liées au travail de groupe en le vivant eux-mêmes lors de la formation. Ainsi, dans ce cadre, le formateur prend la fonction de médiateur, dans un cadre éthique posé au préalable. Cependant, malgré le soin que prend le formateur pour être en retrait des échanges, Patin (2005, p.176) indique qu'il n'est pas possible d'effacer totalement les liens d'interdépendance entre le formateur et les formés, notamment parce que le premier doit nécessairement intervenir dans les phases de régulation et d'interprétation des échanges du groupe.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille