1.2 Les fonctions de l'animateur en France
aujourd'hui
Dans le cadre de la formation des animateurs, Dansac &
Vachée (2016) proposent de réfléchir aux fonctions que les
professionnels exercent. Ils utilisent pour cela une modélisation
empirique créée par Gillet (1996, p.130). Selon ce chercheur en
sciences de l'éducation, initialement psychosociologue, celles-ci
peuvent être modélisées par un triangle délimitant
un espace dans lequel le professionnel est amené à évoluer
selon les situations qu'il rencontre et son propre vécu. Les trois
pôles qui constituent ce triangle seraient trois profils types
d'animateurs : le militant (ou « l'idéologue »), le technicien
(ou « l'expert ») et le médiacteur (ou « le
médiateur »). Toujours selon Gillet (1996, pp.128-129), ces trois
pôles se seraient développés successivement et dans cet
ordre dans le courant du XXe siècle, accompagnant ainsi les
évolutions sociétales. Ajoutons que Gillet considère que
l'animation est une praxis, « une démarche de mise en
tension créatrice d'une pratique et d'une théorie pour comprendre
les actions humaines, les améliorer, les réajuster ». La
position relative dans le triangle indique l'importance donnée à
chacun des pôles dans une situation donnée. Dansac &
Vachée (2016, p.7) ajoutent que les pratiques de l'animateur seraient
directement liées à l'intérêt du professionnel pour
chacun de ces pôles, et résultant de « forces » dans ce
que Lewin appelle un « champ psychologique ». Ce psychologue du
début du XXe siècle est connu pour son travail dans
les théories de la Gestalt, qui considèrent que le
comportement d'une personne est lié à des paramètres forts
qui l'influencent, tant internes qu'externes, et mettent en avant le rôle
primordial des relations interpersonnelles dans les parcours individuels.
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Or, à partir de leurs travaux, Dansac &
Vachée (2016, p.6) identifient deux autres fonctions pour le
métier d'animateur : la fonction d'accompagnement, liée à
un profil de « clinicien » et la fonction de transmission,
liée à un profil de « pédagogue ».
Associés aux trois profils décrits par Gillet (1996), ils
proposent ainsi de transformer le triangle de positionnement de l'animateur en
pentagone reprenant ces cinq fonctions, ainsi que cela est
présenté dans la Figure 1 - Les cinq fonctions
professionnelles.
Figure 1 - Les cinq fonctions professionnelles
A partir de ce modèle réajusté, qui sert
de matrice de positionnement pour les animateurs participants à leurs
travaux, Dansac & Vachée (2016) tentent de repérer des
invariants au sein de ce groupe professionnel. Ils projettent ensuite de
croiser ces résultats avec le sens donné initialement à
leur travail par ces mêmes animateurs, afin de mesurer les forces
liées aux contraintes extérieures, nommées « travail
empêché » dans ce cas par Lebon & Lima (2011,p.28),
qu'ils estiment potentiellement génératrices de souffrance au
travail, si l'écart entre le vécu et le projeté est trop
important.
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En particulier, leurs travaux montrent qu'une part importante
des contraintes extérieures, en milieu associatif, vient des
caractéristiques propres à ce milieu, à savoir le
fonctionnement et le financement. Celles-ci contraindraient l'animateur, et
donc sa praxis, vers le pôle du technicien, alors que celui-ci
est souvent entré dans ce métier pour des raisons militantes, en
lien avec le progrès social, la transmission de connaissances ou encore
de valeurs. Lebon indique même que cette vocation pédagogique
marque le parcours de nombreux animateurs dits « occasionnels »
(contractuels, souvent étudiants, sur une partie de l'année
seulement, éventuellement à temps partiel), qui se destinent par
ailleurs au métier d'enseignant.
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