1.1 Historique du métier d'animateur en
France
Le métier d'animateur en France, né dans le
prolongement des mouvements d'éducation populaire Camus (2008, p.87),
s'inscrit dans un projet de société destiné à
contribuer à l'éducation émancipatrice des enfants et des
jeunes. Initialement ancré dans le domaine culturel, le métier
d'animateur évolue dans les années 1970 vers une dimension plus
sociale (Lebon, 2018, p.95). C'est ainsi que les personnes l'exerçant se
voient confier des tâches en centres sociaux, maisons de quartier
notamment, ou encore en EHPAD. Le métier d'animateur est donc encore
récent. A la fin des années 2000, Camus (2008, p.88) parle d'un
métier en mutation. Une conception reprise par Farvaque (2008, p.87),
qui précise que le mouvement de professionnalisation,
hérité du bénévolat et du militantisme associatif,
reste en effet inachevé à cette période. Ce docteur en
économie décrit un métier composite, qui nécessite
une grande polyvalence, mais mal défini, et pointe certains
éléments négatifs, dont la précarité des
contrats de travail. Selon lui, les animateurs étaient encore en
recherche d'une identité professionnelle à l'époque de
cette publication. C'est aussi la question que pose Dubar (cité par
(Redjimi, 2009). La question des diplômes revient
régulièrement dans la littérature (Camus, 2008; de
Curraize, 2008; Farvaque, 2008). En France, le métier d'animateur serait
donc « un ensemble flou, segmenté, en constante évolution,
regroupant des personnes exerçant une activité ayant le
même nom », selon Dubar (cité par (Redjimi, 2009). Dansac
& Vachée (2016, p.1) le confirment encore plus d'une décennie
plus tard . Ils évoquent ainsi des professionnels dont les employeurs,
les missions, les statuts et les conditions de travail sont proches mais sans
lien évident entre eux. A ce titre, Dubar ne parle d'ailleurs pas de
métier, mais plutôt d'un « groupe professionnel » aux
caractéristiques similaires. Pour Redjimi (2009, p.159), le
métier d'animateur ne serait pas en mutation, mais plutôt «
mouvant et multiforme », capable justement de s'adapter aux mutations
sociétales. Cet auteur indique en outre que c'est le rapport au
métier qui varierait selon différentes générations
d'animateurs. Les mutations seraient dans ce cas une caractéristique
intrinsèque du métier d'animateur. Enfin, (Lebon & Simonet,
2017) indiquent l'écart qui se creuse, aujourd'hui, entre le monde de
l'animation, dont les acteurs sont souvent issus de milieux populaires, et le
monde de l'éducation, pour lequel l'institution scolaire exige d'avoir
de plus en plus de diplômes. Lebon & Simonet décrivent une
« construction en miroir », chacune des deux catégories tenant
des propos très critiques vis-à-vis de l'autre. Selon eux, la
réforme des rythmes
12
scolaires de 2013, et la création des TAP (temps
d'activités périscolaires), parfois en lien avec un Projet
éducatif territorial (PEDT), a accentué ce
phénomène. Cependant, l'appellation « animateur
périscolaire » désigne une nouvelle catégorie
d'animateurs qui se distingue du groupe des animateurs socio-culturels. En
effet, si certaines caractéristiques se retrouvent (types de missions,
reconnaissance du travail, précarité, partenariats multiples...),
il faut souligner que le recrutement ne se fait pas nécessairement dans
un vivier d'acteurs issus des mouvements d'éducation populaire (Lebon
& Simonet, 2017, p.8). Ainsi, cette conséquence de l'obligation
donnée aux communes de pourvoir les personnels pour les TAP semble
redessiner le profil du métier d'animateur. Pour cette raison, nous nous
appuierons uniquement, dans notre travail, sur les recherches en lien avec les
animateurs socio-culturels, proches d'un point de vue identitaire, des
animateurs pédagogiques de l'OCCE.
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