2.2- Revue de littérature
2.2.1-Bref aperçu sur l'EPS et sa place dans le
système scolaire 2.2.1.1- Place et but de l'EPS à
l'école
Jacques ULMANN (1989) annonce que « l'éducation
physique porte sur ceux des mouvements humains à l'égard desquels
peut soit directement soit en faisant appel à d'autres
antécédents généralement moins complexes exercer
une action en vue de satisfaire à certaines finalités ». On
peut donc dire que cette situation de l'EPS à l'école repose sur
un paradoxe et qu'il est important d'essayer d'analyser les facteurs
psychosociologiques tels que la perception pour tenter de comprendre autrement
cette situation. On peut aussi rappeler que nos perceptions influent sur notre
comportement.
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L'EPS en plus de sa contribution aux objectifs
généraux de l'éducation a aussi sa
spécificité. Selon Mialaret (1991), l'EPS sous toutes ses formes
apparait comme un élément important de l'intelligence et de la
personnalité. Il s'y ajoute qu'il peut être à
l'école l'occasion d'un enrichissement du vocabulaire. La même
thèse est défendue par le professeur Paillard (1977) dans un
colloque international sur le sport, il conclut son intervention en affirmant
que par la maitrise du corps, exigeant, effort, volonté et entrainement
« c'est le cerveau tout entier qui sera le premier
bénéficiaire, et dans l'exercice de ses fonctions les plus
hautes. C'est bien ce bénéfice essentiel que nous attendons, pour
tout homme, de la pratique sportive ». Dans l'ouvrage intitulé
« l'Education Physique à l'école » Desrosiers et
Tousignant (1979) sur la base des travaux effectués par un comité
d'étude sur les objectifs de l'éducation physique et du sport en
milieu scolaire, ont tenté d'établir un certain
parallélisme entre la finalité essentielle de l'éducation
et celle de l'éducation physique. Ces deux auteurs affirment que le
comité, après avoir consulté divers textes officiels
avaient retenus comme finalité de l'éducation « le
développement optimal d'une personne autonome, sociable et dynamique au
sein de la collectivité ». Selon ce même comite
d'étude, nous disent Desrosiers et Tousignant, « le
développement optimal » signifie le meilleur développement
possible des différentes facettes et dimensions de la personne. Il
apparait ainsi que l'EPS prend en main le développement de la
personne.
Pour Vigarello (1971) le statut et la fonction de l'EPS sont
liés d'une part au développement de la théorie et de la
pratique de sa pédagogie, d'autre part de la politique éducative
de la période considérée. C'est le moment où en est
les élèves, moment récupérateur du travail scolaire
mais qui permet d'y retourner avec de nouvelles forces. L'EPS n'en reste pas
moins en marge de l'institution scolaire par l'objet même de ses
préoccupations, le corps des élèves. Elle ne s'inscrit pas
dans la même ligne que les autres disciplines qui sanctionnent un savoir
théorique par des notes et spécificité.
En effet l'EPS a une spécificité sur laquelle
repose sa légitimité : la conduite motrice telle qu'elle est
définie par Pierre Parlebas (1986). A la naissance, l'enfant dispose
d'un répertoire de conduite limité à quelques reflexes en
liaison avec la survie. Le nouveau- né est en fait plus démuni
que le plus petit de toute autre espèce animale.
Dans une revue de l'éducation physique, l'on annonce
que ce dénuement des premiers jours représente la clef de sa
richesse future. C'est cette formidable disponibilité qu'il faudra
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préserver, en construisant un individu qui soit le
maitre conscient de ses conduites. En ce sens, l'enfant doit être capable
au bout du compte :
-de percevoir chaque situation de quelque nature qu'elle soit
dans toute la palette de ses éléments et de ses structures.
- d'apporter à cette situation la réponse la
plus appropriée par le jeu de son initiative personnelle.
L'éducation psychomotrice vise un tel but : il s'agit de donner à
l'enfant les moyens « neuro-affecter » nécessaires au
traitement heureux d'un nombre de situation aussi élevé que
possible.
-de développer ces structures neuro-effecteur
nécessaires au traitement des situations : schéma corporel,
structuration spatio-temporelle, latéralité perception
kinesthésique, etc....
-d'exercer ces structures lorsqu'elles ont éclos dans
un ensemble de situations concrètes de manière à les
étayer et en permettre un usage finement différencié.
Dans une étude menée par la direction
générale de l'enseignement primaire du ministère de
l'éducation nationale belge, il a été
démontré qu'un cinquième des enfants belges traversaient
toute leur scolarité fondamentale sans avoir eu la moindre notion de
l'EPS .Plus de la moitié n'en recevait qu'une partie prévue pour
les instructions officielles (I.O) et une minorité seulement
bénéficie des deux heures hebdomadaires d'Education Physique et
Sportive encore insignifiante par rapport à leurs besoins. A leur
accès dans le cursus secondaire avec pour la plupart un retard scolaire
considérable, les jeunes belges présentent des carences motrices
graves dont les séquelles seront définitives. L'importance de ce
retard moteur imputable au système d'organisation scolaire a pu
être démontrée par les études comparatives avec les
enfants étrangers. La conséquence d'un tel état de fait
est une maladresse notoire de la population contrainte à évoluer
dans un monde trépidant sans possession d'outils psychomoteurs de base.
Ainsi la période de scolarité obligatoire constitue l'âge
d'or pour tout développement psychomoteur.
En dehors de cet âge tout est à jamais compromis.
D'après la revue de l'éducation physique, la
spécificité de la discipline EPS concerne le développement
des facteurs organiques de l'acte moteur.
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Il s'agit du développement de tous les tissus
sollicités dans le mouvement et le contrôle de ce
développement tout au long de la scolarité de l'enfant. Cette
revue montre qu'aussi ce développement se fait suivant quatre centres
d'intérêt :
-agir sur la capacité de travail en anaérobie
alactique et lactique et en aérobie autrement dit ce sont les notions de
forces de résistance d'endurance et de vitesse qu'il faut viser.
- solliciter avec les mêmes préoccupations, les
fonctions cardiovasculaires et respiratoires jusqu'à un niveau
élevé d'intensité.
- insister sur la notion de souplesse articulaire
nécessaire à l'exécution de l'acte moteur.
-s'intéresser aussi et c'est capital au
développement du squelette. Car si le traitement des « para
morphisme n'est du ressort de l'éducateur il n'en démontre pas
moins que c'est l'enseignant averti qui devrait être le premier à
déceler les anomalies squelettiques et en aviser les parents.
Abordant dans le même sens, Rigal (1992) qui reprend les
travaux effectués sur la classification des mouvements, estime que les
capacités physiques constituent le quatrième niveau et englobe
endurance, force, souplesse et agilité. D'après lui, les
habilités motrices qui constituent le cinquième niveau de
classification sont en grande partie tributaire des possibilités
fonctionnelles de l'individu. Aussi l'amélioration des capacités
physiques restent-elles une des préoccupations majeures de
l'éducation physique qu'elles visent le développement optimal de
la personne.
L'EPS s'intéresse à la personne de
manière globale. Elle lui apprend à résoudre des
problèmes de la vie quotidienne et à adopter les comportements de
responsabilité, de solidarité et de citoyenneté
indispensables à la vie sociale. Dans le système éducatif
togolais, l'orientation donnée par les législateurs à
l'enseignement de l'EPS est calquée sur le modèle
français. En effet au sortir de la seconde guerre mondiale, il fallait
reconstruire la France mais également les corps. La discipline a
adopté une approche médicale, orientée vers la recherche
de la santé. Mais dans les années soixante, alors que le sport se
développe et que les élèves sont séduits par sa
dimension ludique, les pratiques enseignantes évoluent vers
l'apprentissage des pratiques culturelles que constituent les activités
physiques et sportives. En pleine guerre froide, les terrains de sport sont
aussi des lieux de confrontations, aux enjeux politiques. Les décideurs
politiques nationaux sont ainsi poussés à favoriser le
développement de la pratique sportive visant la performance. A cette
époque, l'EPS, alors rattachée au ministère de la
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Jeunesse et des Sports, se confond dans les esprits, avec les
activités physiques et sportives. L'identité actuelle de la
discipline s'est construite entre ces deux pôles. C'est dans cette
perspective que s'inscrivent deux grandes finalités de l'EPS que l'on
retrouve dans les programmes de collège:
- Le développement des capacités nécessaires
aux conduites motrices
- L'acquisition, par la pratique, des compétences et
des connaissances relatives aux activités physiques et artistiques.
La première de ces finalités renvoie au
développement de la personne. La deuxième a trait aux
activités physiques et artistiques. Une troisième
finalité, l'accès aux connaissances relatives à
l'organisation et à l'entretien de la vie physique à tous les
âges, complète les deux premières et renforce l'EPS dans
son statut de discipline d'enseignement.
2.2.1.2- Place du corps à l'école de nos
jours.
L'école à encore tendance à donner une
place plus importante aux facultés intellectuelles qu'à la
personne tout entière. Bien souvent, le corps est seulement «
toléré ». On pense à lui lorsque l'on traite d'un
problème de santé publique comme l'obésité, ou la
prise en compte d'un handicap, ou encore comme un moyen de défoulement,
en opposition au travail intellectuel. L'éducation physique et sportive
est alors censée permettre d'évacuer certaines fatigues et
surcharges intellectuelles. La question se pose de savoir si le corps existe
à l'école de façon totalement dissociée de la
personne, comme un corps qui dépense de l'énergie et peut
apprendre des techniques sportives, ou bien si l'élève est
considéré dans sa globalité ? En fait l'école est
encore très dualiste, le corps est essentiellement
considéré comme une enveloppe. Pourtant, l'identité d'une
personne s'exprime par son action sur le monde à travers son corps.
La place du corps à l'école est en effet
très réduite. Nous pensons à la configuration des classes,
à l'organisation de l'enseignement par discipline. Le corps est
contraint pour des questions de gestion de la classe et de non perturbation des
cours. Cela renforce la place qu'occupe l'EPS, comme l'une des seules
disciplines qui mette en avant le corps et l'individu dans sa
globalité.
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2.2.1.3- Rôle de l'EPS à l'école de
nos jours.
Ce rôle varie selon le regard porté sur le corps
et sur l'individu. L'EPS peut avoir un rôle thérapeutique: effet
positif sur la santé, sur le stress. L'EPS permet aux
élèves d'avoir un moment d'activité de détente.
Mais l'EPS pourrait être considérée différemment,
à l'égard des autres matières. Elle développe chez
l'élève des capacités, des habiletés
méthodologiques ou motrices, qui lui permettent de résoudre les
problèmes de son existence quotidienne (marcher dans la rue en
évitant les voitures), ou les obstacles relatifs à
l'apprentissage. On peut penser que les compétences acquises en EPS
permettent de transférer des connaissances d'une activité
physique à une autre. Ainsi, l'apprentissage de l'équilibre par
exemple (connaissance fondamentale) peut aider les individus très
à l'aise va devoir acquérir des techniques pour être encore
plus performant. L'EPS s'efforce de d velopper un individu capable de
s'adapter. La motivation, par la pratique des activités sportives et
artistiques dans le cadre de l'EPS, met l'élève en situation de
recourir à certaines compétences de l'éducation
générale. La maîtrise du langage, est un exemple qui met en
évidence les articulations possibles entre certains
éléments de cette éducation et d'autres, relatifs aux
programmes d'EPS. En effet, les activités organisées en
éducation physique et sportive sont aussi pour l'élève
l'occasion de communiquer avec son professeur et ses camarades à propos
de sa pratique. Il contribue, de cette façon, à une meilleure
maîtrise de la langue, il permet d'accéder à un vocabulaire
spécifique de l'activité enseignée et plus largement
à la culture physique, sportive et artistique. La pratique
d'activités physiques et sportives diverses permet l'appropriation par
l'élève d'un vocabulaire spécifique et précis.
L'élève apprend à nommer des techniques, des figures, des
règles de jeu, des organisations collectives... Par exemple appui tendu
renversé, rotation, gainage..., dans les activités gymniques;
contre-attaque, démarquage, contre, écran..., pour les sports
collectifs ; déséquilibre, centre de gravité, base de
sustentation..., dans les sports de combat. L'élève apprend
à exprimer ses sensations liées aux actions produites pour les
analyser, les faire partager... Par exemple : le choix d'un itinéraire
en course d'orientation par un duo ou un trio de coureurs peut donner lieu
à négociation puis explication au professeur et aux autres dans
les activités de pleine nature ; les conditions pour
déséquilibrer un adversaire et l'amener au sol peuvent faire
l'objet d'une expérimentation, d'une observation et d'un débat
pour dégager des principes, des règles d'action ou des formes de
saisie, de contrôle, de projection en activités de combat. Les
occasions de communiquer et d'exercer sa maîtrise de l'oral dans des
tâches concrètes, à propos de sa motricité, sont
nombreuses en EPS. Le travail en groupe, avec des rôles assumés
(juge, observateur,
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rapporteur du groupe...), permet de construire ces attitudes ;
par exemple dans le cas des activités d'expression, à propos
d'une chorégraphie collective, les échanges sur le rôle de
chacun, les déplacements, les mouvements, les effets souhaités...
Le travail en groupe, avec des rôles assumés, permet aussi de
former l'élève spectateur car pour apprécier le propos
chorégraphique par exemple, l'élève doit identifier les
caractéristiques de la prestation, les symboles utilisés et donc
communiquer son point de vue. C'est ainsi que les activités,
organisées en EPS, développent l'expression orale telle que
prendre la parole en public, prendre part à un dialogue ou à un
débat c'est à dire rendre en compte les propos d'autrui ou faire
valoir son propre point de vue.
2.2.1.4- Rôle de l'EPS à l'éducation
à la santé, à la responsabilité, à la
Sécurité et à la citoyenneté.
Si l'on reprend les objectifs de transformation, le
bien-être physique et psychologique, et l'estime de soi participent
à l'objectif de santé. Développer ses facultés
d'adaptation est un enjeu fondamental pour l'éducation à la
santé. Par exemple, accroître les capacités
énergétiques de l'élève afin de le rendre plus
endurant, doit être un des objectifs de l'enseignant. Il doit apporter
une attention particulière à l'intensité, à la
durée de l'effort sur toutes les activités proposées. Cet
aspect est parfois négligé et c'est pourquoi, des stages de
formation continue dans ce domaine, doivent être proposés aux
enseignants.
L'éducation à la santé est très
délicate avec les jeunes. Si l'élève est en bonne
santé, il va lui être très difficile de s'engager dans un
projet de santé : il se sent naturellement en pleine forme. On peut lui
faire vivre des expériences qu'il mettra en rapport avec sa
santé, en espérant qu'il comprenne que cette connaissance de soi
est réutilisable dans sa vie future. Par exemple, une course de
durée lui permet de savoir jusqu'à quelle vitesse et pendant
combien de temps il peut courir sans douleur ni essoufflement excessif. Ces
connaissances lui seront utiles plus tard. D'où l'intérêt
de proposer à l'élève des expériences qui lui
resteront en mémoire, et qui seront réutilisables.
La pratique physique bien menée va contribuer à
la santé de l'élève, celle d'aujourd'hui et de celle de
demain. Pour qu'il ait envie de poursuivre une pratique physique extra-scolaire
favorable à la santé, il est nécessaire de lui faire vivre
des émotions fortes, génératrices de plaisir. On pourrait
citer aussi l'éducation à la sécurité. L'EPS peut
aider l'élève à mieux estimer les risques réels et
à mieux connaître ses propres capacités. Cet
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apprentissage s'effectue à travers des actions comme
parer, aidé, choisir un niveau de difficulté... seul ou avec les
autres. La question de la responsabilité se pose aussi. En effet, les
élèves deviendront plus responsables si on les encourage à
faire des choix, à être actif, à jouer un rôle. Cela
suppose que l'enseignant d'EPS leur fasse confiance, condition
nécessaire au développement de leur autonomie. Toutes les
disciplines sont concernées par cette question.
A travers des activités physiques, l'EPS propose aussi
différents rôles sociaux aux élèves. Chacun peut
être, tour à tour, arbitre, adversaire, partenaire, spectateur,
chronométreur, etc. Le cours crée les conditions d'apprentissage
de comportements citoyens pour organiser un groupe, respecter les règles
et accepter les différences. L'EPS est un élément de cette
éducation, bien sûr, pas à elle seule, mais avec les autres
disciplines.
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