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Analyse technico-economique d’exploitations en elevage biologique dans le massif central de 2014 à 2018


par Edith KOUAKOU
Université Clermont-Auvergne - Master 2 2020
  

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IV. DISCUSSIONS

Une des limites de notre analyse se situe dans la taille de l'échantillon considéré. Cette étude ne prétend pas être exhaustive, seulement elle donne des indications sur des tendances qu'il est possible d'observer dans les systèmes d'élevage en agriculture biologique dans le Massif central. Elle pointe également la nécessité de fournir des références sur les systèmes agrobiologiques au niveau national. Une extension de ce type de projets devrait permettre de confirmer ou non les résultats exposés ici.

IV.1. Quels systèmes sont les plus efficients

Cette étude permet d'avoir une meilleure connaissance des systèmes d'élevage bio dans leur ensemble. Les résultats obtenus nous donnent plusieurs enseignements. Nous pouvons dire qu'il n'y a pas de modèle type pour la réussite économique d'un système. Cela met en lumière la notion de cohérence du système. Si certains misent sur l'agrandissement et la diversification, d'autres misent sur l'intensification afin d'améliorer leurs revenus. Chaque système aura ses failles et ses avantages.

- L'agrandissement est souvent accompagné par une baisse des coûts de production et une diversification de l'assolement et des activités avec en plus, en général des parts de prairies permanentes plus importantes. Cela est favorable à l'autonomie alimentaire. Les investissements en capitaux auront tendance à être également élevés. Il semblerait pourtant que la diversification en système de polyculture élevage ne favoriserait pas l'efficience (Veysset et al., 2015), tout comme l'accroissement de la taille en général des exploitations. Ces résultats remettent en cause l'idée selon laquelle, les systèmes de polyculture-élevage, seraient favorables à la durabilité des systèmes agrobiologiques (Lebacq et al., 2013). Cela amène à s'interroger sur la forte incitation à l'agrandissement par les différentes aides non plafonnées. Il serait également nécessaire de s'interroger sur le recours au progrès technique dans le secteur agricole pour renforcer l'efficience des systèmes de production et créer un réel avantage pour les éleveurs.

- L'étude met en évidence l'efficience des systèmes spécialisés et herbagers. Ces exploitations ont tendance à être autonomes en fourrages et elles présentent des charges relativement faibles qui permettent de bons résultats économiques. Le problème ici serait la forte spécialisation car une trop forte spécialisation apparait d'ailleurs comme l'un des déterminants négatifs de l'efficience économique.

- Dans les systèmes plus intensifs, le problème majeur sera l'autonomie alimentaire et les charges de structures importantes. Pourtant développer l'autonomie alimentaire s'avère être un facteur clé de l'efficience. Car le coût des aliments produits sur la ferme est parfois moins élevé et est moins soumis aux variabilités que les aliments achetés, surtout en AB (Lebacq et al., 2015). Être plus autonome permet également d'être moins exposé aux aléas du marché et c'est pourquoi

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l'autonomie est souvent citée comme « l'un des facteurs déterminants dans la durabilité et la pérennité des systèmes agrobiologiques ». Dans notre cas, l'intensification permet tout de même d'avoir une bonne productivité animale.

A ce niveau, l'étude de la variabilité des exploitations sur une période plus longue serait indispensable pour s'assurer de la stabilité des résultats et de la pertinence des évolutions constatées.

Enfin, il faut tenir compte des aléas climatiques. Il semble que les sécheresses sont et vont devenir des phénomènes de plus en plus récurrents auxquels la production de fourrages et les systèmes d'élevage devront s'adapter. Les sécheresses, amplifient la baisse de la croissance et des rendements des fourrages. Dans les cas les plus extrêmes, cela peut nécessiter des reports de stocks de fourrages d'une année sur l'autre, très coûteux, voire des pénuries fourragères nécessitant l'importation de fourrages grossiers ou de paille (Lemaire G., 2008). Ce qui affecte l'autonomie alimentaire et la productivité animale, comme cela a été le cas pour certaines de nos exploitations du fait de la sécheresse de 2016. Les systèmes agrobiologiques du MC et spécialement ceux fortement herbagers, devront mettre en place des stratégies pour s'adapter aux sécheresses et pour la gestion des risques qu'elles induisent. La récurrence des sécheresses et la vulnérabilité des élevages bio face à ces phénomènes ne pourrait-elle pas inspirer des régimes d'assouplissement des conditions techniques d'élevage en bio spécialement lors de ces crises.

IV.2. La méthode des comptes de surplus

La méthode des comptes de surplus est certes très utile, mais également sensible aux hypothèses de départ. Elle permet d'expliquer l'origine et la distribution des gains de productivité d'un secteur d'activité, d'une manière claire et explicite. L'avantage que nous avons eu dans cette étude était que nous disposions de données à l'échelle individuelle de chaque ferme, de quoi rendre encore plus précis les résultats. Cependant, cela peut constituer une faiblesse. Les données stockées dans la base de données DIAPASON sont issues d'enquête, donc peuvent souffrir des problèmes liés aux enquêtes que l'on rencontre couramment. L'utilisation de la méthode est grandement liée à la qualité de l'information et des données dont nous disposons, alors, plus l'information sera complète et d'une meilleure qualité et plus la qualité des conclusions sera améliorée

D'abord, la méthode des comptes de surplus est sensible aux hypothèses concernant les volumes et les prix choisis. Comme elle a pour principe de décomposer l'évolution de la valeur économique en volumes et en prix, nous avons fait par choix des hypothèses qui ont surement impacté les résultats. Par exemple dans notre étude, nous avons volontairement décidé de l'hypothèse selon laquelle la variation des aides publiques n'est liée qu'à un effet prix et ne correspond pas à une variation de volume. En plus, nous avons volontairement choisi la méthode de Bennett pour le choix des prix et volumes de référence. Nous n'aurions pas fait ces hypothèses, les valeurs des résultats auraient pu être différentes.

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Cette méthode permet même de déterminer, parmi les acteurs et les partenaires de la production, « les gagnants et les perdants » de ces gains économiques. Toutefois, en utilisant cette méthode, il n'est pas possible de dégager un montant fixe de surplus comme objectif annuel pour un secteur donné. Vu le poids important des aides dans le gain économique, l'attribution de volumes aux aides ne changerait pas les tendances de répartition, alors que les montants du surplus de productivité eux, varient (Veysset et al., 2017). Ce qui nous amène à nous poser la question sur la possibilité d'inclure des décisions du type stratégique au moyen de cette méthode.

Ensuite, comme nous disposions de données réelles des fermes, nous avons pu utiliser pour la plupart des produits et pour certaines charges, les prix réels. Et lorsque ces données n'étaient pas fournies, nous avons utilisé les indices de prix dans la décomposition volume-prix. Ce choix d'indices influence alors le calcul du SPG, les comptes de surplus et la répartition par la suite. Cette étude est la première à appliquer cette méthode au secteur de l'agriculture biologique. Pour le choix des indices de prix, nous ne pouvions donc pas nous baser sur les indices de prix (IPPAP et IPAMPA) fournis par l'INSEE, car les prix en Bio sont différents des prix en conventionnels et ne suivent pas forcément les mêmes évolutions. Nous avons donc dû construire nos propres indices de prix qui révèlent mieux l'évolution des prix en agriculture biologique. Ce point soulève encore une fois l'importance et la nécessité de fournir des références notamment sur les prix des produits bio ainsi que sur les intrants, nécessaires au développement de l'agriculture biologique.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore