INTRODUCTION
L'inclusion des parents d'élèves dans le
management des établissements scolaires entre dans une logique de
gouvernance participative. Aujourd'hui dans l'arrondissement de Koutaba, les
APEE font l'objet d'une interprétation binaire entre leurs membres et
les responsables des écoles primaires. Pour les uns, les APEE et leurs
frais dans les écoles primaires entraine la Non-gratuité
effective de ces écoles. Pour les autres, les mêmes associations
et leurs frais marquent aujourd'hui une possibilité de survie du
système scolaire primaire dans l'arrondissement de Koutaba. Ainsi, le
propos de chapitre s'attèle de présenter les APEE en contexte de
la GEP suivant ces deux possibilités d'interprétations et de
compréhensions. Quand on entreprend de réaliser une
CHAPITRE 3 : APEE : REGARDS CROISES DES INSTITUTEURS
ET DES PARENTS D'ELEVES DANS UN CONTEXTE DE GRATUITE DECOLAGE
étude sur la gratuité de l'école primaire
aujourd'hui, le premier souci de cette politique chez les parents
d'élèves s'avère être les frais d'APEE. A cet effet,
ce chapitre présente dans sa première partie, la gratuité
de l'enseignement primaire face aux APEE : un non-évènement pour
les parents d'élève. Notamment avec les frais d'APEE inscrits
désormais dans le sillage des frais exigibles d'autrefois et de
l'augmentation des frais d'APEE dans les écoles primaires de Koutaba. La
deuxième partie de ce chapitre présente l'appropriation des APEE
par les responsables des écoles primaires et survie du système
scolaire primaire à Koutaba. Les directeurs des écoles primaires
ont fait des parents d'élèves, les partenaires principaux des
écoles primaires publiques en zones rurales. De même, ils
utilisent les APEE comme pour assurer la subsistance des écoles
primaires publiques à Koutaba.
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1. LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AUX
APEE : UN NON-EVENEMENT POUR LES PARENTS D'ELEVE.
Jusqu'aujourd'hui, la GEP est une politique ailleurs pour les
zones rurales51. Les parents d'élèves vivent dans la
routine des pratiques payantes de l'éducation de base à Koutaba.
Généralement ébahis lorsque nous leurs parlions de la GEP,
les parents d'élèves sont convaincus que l'écoles primaire
n'est pas gratuite. Ils croient à la non-gratuité de
l'école primaire. Cela à raison, compte tenu des frais qu'ils
paient volontairement ou non dans les écoles primaires.
1.1. Les frais d'APEE dans le sillage des frais exigibles
d'autrefois
Cette partie analyse les faits qui rendent les frais d'APEE
obligatoires dans les écoles primaires dans l'arrondissement de Koutaba
en particulier. En réalité, ce n'est pas la loi qui pose
problème mais son application. Car elle est claire à ce
propos52. Dans les faits ; les frais d'APEE sont exigés, les
enfants sont renvoyés, privés de leurs bulletins de notes et
lesdits frais augmentent suivant certaines modalités dans les
écoles primaires.
1.1.1. Les frais d'APEE exigés
Si dans les textes officiels les frais d'APEE sont
volontaires, dans les établissements scolaires cela est loin
d'être le cas. Dans les écoles primaires à Koutaba, ces
frais sont réclamés vigoureusement des parents
d'élèves. Notons qu'en contexte local, les responsables
d'écoles primaires parlent de frais de scolarité53.
Cela peut traduire leur ignorance en matière de la GEP et un attachement
au système payant de l'éducation de base. Ce qui du point de vue
des parents d'élèves ne change rien par rapport à l'ancien
système. « D'abord moi j'ai toujours payer la scolarité
de mes enfants. Donc avec la gratuité dont vous me parlez là,
ça ne change rien, vue que les frais d'APEE sont là. On nous
demande de les payer donc... » (entretien réalisé le 9 Mai
avec Alassa).
51 Comme pour dire que ça se passe partout sauf
ici. Car, ici, l'éducation scolaire primaire se paie directement ou
indirectement.
52 Décret n° 2001/041 portant organisation
des établissements scolaires publics et attributions des responsables de
l'administration scolaire. Disposition de l'article 46, alinéa 2.
53 Au début de nos entretiens, nous pris
cela comme une manifestation de l'inconscient. Mais chemin faisant, nous avons
constaté que c'était très fréquent autant chez les
responsables d'écoles que chez les parents d'élèves.
57
Le fait que l'on exige les frais d'APEE dans les écoles
primaires constitue pour les parents une forme de pérennisation de
l'école primaire payante et donc la non-gratuité de cet ordre
d'enseignement. Car non seulement les textes officiels ne sont pas
respectés mais aussi les parents se retrouvent dans l'exigence d'assumer
certaines charges qui ne leur incombent pourtant pas. On peut bien parler de la
violation des textes officiels ou tout simplement de l'obstruction de la
politique de la GEP. Face à cette situation, certains parents
d'élèves sont réduits au silence. Ceux qui essaient de
dénoncer ou d'exprimer leurs indignations sont taxer de fauteurs de
troubles ou d'incitateurs de violences dans les écoles. Cela par la
classe dirigeante des écoles primaires à Koutaba. A titre
illustratif, prenons deux faits que l'on pensait avoir disparus dans les
écoles primaires sous l'effet de la politique de la GEP. Il s'agit des
renvois et de la privatisation des élèves de leurs bulletins de
notes.
1.1.2. Les élèves sont renvoyés
à cause des frais d'APEE
Aujourd'hui dans les écoles primaires à Koutaba,
ce phénomène perdure. En réalité, nous le devons
aux frais d'APEE. L'ensemble des parents d'élève que nous avons
interrogé témoignent avoir reçu au moins une fois au cours
de l'année académique 2017/2018, une menace de renvoi de leurs
enfants si ces frais n'étaient pas payés. Plus encore d'autres
confirment qu'il ne s'agit pas uniquement des menaces de renvoi, mais tout
simplement de renvoi après le premier trimestre. Cela se traduit dans
les discours des directeurs d'écoles primaires. Lors de nos
échanges avec ces derniers, il leur arrivait de parler encore (de
manière inconsciente ou non) des frais de scolarité exigibles. On
peut bien croire à une ignorance des lois qui abrogent lesdits frais.
Mais cela nous permet tout de même de comprendre pourquoi les frais
d'APEE ne sont pas volontaires ou mieux pourquoi ils sont imposés dans
les écoles primaires à Koutaba.
A plusieurs reprises nous avons rencontré les
élèves du primaire entre 8h et 9h du matin, qui étaient
déjà de retour des classes. Ce qui en situation de recherche
avaient toujours aiguisé notre curiosité. Comme on s'y attendait,
ce n'était pas un retour dû à la sortie ou marquant la fin
de la journée. A la question de savoir pourquoi ils rentraient aussi
tôt, ces enfants des écoles primaires, nous donnaient pour la
majorité la même réponse : « on m'a chassé pour
les frais de scolarité ». Rappelons qu'en contexte local, on ne
distingue pas frais d'APEE et frais de scolarité autrefois exigé.
En début du 3e trimestre entre 8h et 9h 30m partout dans les villages,
les enfants en uniformes de
58
classes jouaient, d'autres sur les chemins de retour à
la maison. Le motif de cette errance était commun à tous : les
frais d'APEE.
Le cas qui nous a marqué lors de nos enquêtes de
terrain fut celui d'un petit garçon de la SIL. Ce dernier
fréquente à l'école publique de KOUMELAP. Redoublant dans
sa classe, l'année précédente, il n'avait pas payé
les frais d'APEE. Ce qui lui avait couté une année
académique. Arrivé dans son école le mercredi de la
première semaine de rentrée de 3e trimestre, nous
avons assisté à son renvoi pour les mêmes motifs. Avec un
pied nu, il était frustré ; car entouré par ses encadreurs
de l'école. Une des maitresses de l'école disait : «
l'enfant ci est entrain de redoubler la SIL comme ça pour les frais
d'APEE. Trois mille FCFA ? Ah ! » (Déclaration d'une institutrice
à l'école publique de Koumelap, en notre présence).
Finalement le petit fut renvoyé de l'école.
Cette pratique scolaire est très rependue dans
l'arrondissement de Koutaba. Elle est utilisée par les responsables
d'écoles primaires comme un moyen de pression sur les parents
d'élèves. Cela sans un minimum de réflexion sur sa
légitimité encore moins sur ce que ça représente
dans un contexte éducatif marqué par la gratuité formelle.
Cela traduit au final, le caractère obligatoire des frais d'APEE au
Cameroun et à Koutaba plus précisément.
1.1.3. Les élèves sont
déclarés insolvables et privés de leurs bulletins de
notes
Dans les stratégies adoptées par les
établissements scolaires primaires à Koutaba pour prendre de
l'argent aux parents d'élèves, on note la rétention des
bulletins de notes de certains élèves. Ces derniers sont, (soit
par méconnaissance des textes relatifs à la GEP par les
responsables des écoles, soit par nécessité), encore
déclarés insolvables. C'est pratiquement une
réalité courante dans les écoles primaires dans les ZEP
comme l'arrondissement de Koutaba. L'insolvabilité est liée au
fait que l'enfant ou ses parents ne se sont pas acquitté d'un ensemble
de frais directs parmi lesquels : les frais d'APEE. Or l'insolvabilité
connote la non-gratuité de l'école élémentaire. Car
elle a trait au caractère payant de la scolarité. C'est une
stratégie pour réclamer de l'argent aux parents
d'élèves, qui pour certains déjà, ne savent
même pas que l'enseignement primaire est gratuit ou n'en savent que peu
de choses.
Parmi les parents d'élèves que nous avons
interviewés, certains affirment et dénoncent ce
phénomène scolaire. Certains responsables l'avouent et estiment
que « c'est une pratique anodine dans le parcours scolaire de l'enfant
» (Entretien effectué le 11 Avril 2018 avec Bertrand). Or
même sans gravité comme ils le pensent, c'est à la
limite un souci pour la GEP, car c'est une pratique
hors-norme. Voici le témoignage de Michel qui déplore ce
phénomène :
J'ai trois enfants à l'école publiques de
Njiyit. Un au CP et les deux autres sont au CM2. Après un mois de
classe, ils me dérangeaient déjà pour leurs pensions.
Celui du CP n'a pas encore eu son bulletin de notes. Comme je n'ai pas encore
payé sa scolarité [...]. J'ai d'abord payer pour ses ainés
parce qu'ont les chassait à l'école. Il fallait payer leurs
dossiers de concours d'entrée en 6e et de CPE.
(Entretien réalisé avec Michel le 18 Avril 2018)
La population de l'arrondissement de Koutaba est
majoritairement musulmane. Ce qui fait que la polygamie y est très
rependue. Certains parents comme ce dernier, ont parfois prêt de cinq
à six enfants dans un cycle d'enseignement scolaire. Avec la
pauvreté qu'ils déplorent, ils n'arrivent pas à
débourser les sommes à eux exigés dans les écoles
primaires
1.2. De l'augmentation des frais d'APEE dans les
écoles primaires de Koutaba
Les frais d'APEE évoluent significativement dans les
zones rurales. Dans l'arrondissement de Koutaba, ces frais augmentent chaque
année suivant une variété de modalités
pratiques.
1.2.1. Les frais d'APEE augmentent chaque année
dans les écoles primaires
Ceux qui à Koutaba savent quelques choses de la GEP,
pensent que ses principaux obstacles sont les frais d'APEE. Le fait est que ces
frais ont dépassés de loin les frais de scolarité
exigibles annuels qui ont étés suspendus avec la politique de la
GEP. Les frais d'APEE ont compensés de toutes les manières, les
frais exigibles dans les écoles primaires. A chaque année
académique, la majorité des établissements scolaires
primaires revoient leurs frais d'APEE à la hausse. Certains augment 200
FCFA, d'autres 300 FCFA parfois même 500 FCFA. On peut penser que c'est
négligeable. Mais aujourd'hui ces augmentations ont donné lieu
à une situation dans laquelle, l'école primaire coûte aux
parents d'élèves au moins deux fois chère qu'avant la GEP.
Puisqu'auparavant, les frais exigibles et les frais d'APEE combinés
s'évaluaient à hauteur de 3000 FCFA par élève et
dans la totalité de ces mêmes écoles. A cette
époque, on avait couramment 1500 FCFA de frais exigibles et 1200 FCFA ou
1500 FCFA au plus de frais d'APEE.
Mais au cours de cette année académique
(2017/2018), aucune école primaire n'est à moins de 3000 FCFA de
frais d'APEE. La moyenne est de 3500 dans les écoles primaires publiques
(ou la GEP est sensée réduire les dépenses chez les
usagers). Les
59
60
causes de cette augmentation drastique ces dix-huit
dernières années sont multiples et complexes. A titre
illustratif, voici la déclaration d'une institutrice que nous avons
interviewée :
On a beau dire que l'école est gratuite ; mais
l'établissement où j'enseigne les parents déboursent 4200
pour s'acquitter des frais d'APEE. Ce qui fait deux fois les frais exigibles
d'autres fois. Dans cette école, d'abord l'effectif des
élèves est faible et en plus les MP sont au nombre de quatre. Ce
qui fait que les frais d'APEE augmentent. Parfois le directeur est
obligé de convoquer les parents d'élèves pour qu'ils
cotisent encore pour les salaires des MP [...]. Ça c'est
généralement vers la fin d'année, à partir de mars
et avril. Quand il n'y a plus d'argent dans les caisses (Entretien
effectué le 13 Avril 2018 avec Cécile).
Il ressort de ces propos que les parents dépensent
encore directement dans les écoles primaires, mais aussi que ces
derniers sont constamment sollicités financièrement par les
directeurs desdites écoles. Quand une école compte quatre MP,
dont la rémunération incombe aux élèves et à
leurs parents ; la gratuité ne peut être qu'entravée.
Prendre en charge ces instituteurs non-intégrés pendant neuf mois
est de prime à bord ce qui booste les frais d'APEE dans les
écoles primaires en situation locale.
1.2.2. Projet d'école et dynamique des frais
d'APEE
Les frais d'APEE ne sont pas des sommes statiques et
forfaitaires. Ce sont des frais qui varient d'abord d'une école primaire
à une autre et en fonction du projet de chaque école. Un
directeur d'écoles primaires retrace l'itinéraire desdits frais
en ces termes :
Quand on sort le projet d'école, on définit
un budget qui peut couvrir ce projet. Par exemple on évalue le nombre
des MP. On dit par exemple que chaque MP aura 20 000 FCFA de salaire mensuel.
On multiplie par neuf mois pour voir son salaire annuel. Ça donne 180
000 FCFA par an et par MP. Si l'école compte 4 MP, on multiplie encore
180 000 FCFA par 4. Pour avoir la masse salariale des MP. On dit encore qu'en
attendant le paquet minimum on peut acheter cinq boites de craies, de
même pour les autres matériels didactiques. On budgétise
tout ça. En fin de compte, on voit ce que ça donne et on divise
le montant total par l'effectif de tous les élèves de
l'école. C'est donc à partir de là, qu'on dit que chaque
enfant doit payer telle ou telle somme en guise des frais d'APEE (Entretien
réalisé le 17 Avril avec Blaise).
Compte tenu de tout ce qui ressort de cette description, on
peut dire que les frais d'APEE augmentent simultanément avec les besoins
des écoles primaires en zones rurales. Surtout nous notons que rien
n'est gratuit dans cette dynamique. Car tout est facturé aux parents
d'élèves. Cela dans les moindres détails.
1.2.3. Les modalités d'augmentation des frais
d'APEE
61
Les frais d'APEE ne sont pas des sommes forfaitaires. Ils
croissent au même rythme que les besoins exprimés par les
écoles primaires. Ceci en fonction de certaines modalités que
nous avons récapitulé dans le tableau suivant :
Tableau 04 : des modalités d'augmentation des frais
d'APEE
Modalités
|
Coût
|
Responsables Principaux
|
Taux des frais d'PEE
|
Salaires annuels des personnels n'émargeant
pas dans les caisses de l'Etat
|
En fonction du nombre du personnel
considéré
|
Les parents d'élèves
|
En dépend
|
Les matériels didactiques
|
Forfaitaires
|
Les besoins infrastructurels
|
En fonction des salles à construire
|
L'entretien des locaux
|
Forfaitaire
|
Source : données enquête de
terrain (Mars-Mai 2018)
Ce tableau permet de visualiser les facteurs de l'augmentation
des frais d'APEE dans les écoles primaires. De même il permet de
donner une visibilité plus ou moins nette des niveaux d'action des
parents d'élèves dans les écoles primaires. A partir de
là, nous pouvons dire que les APEE sont de plus en plus
surchargées et ne permettent pas aux parents d'élèves de
ressentir la gratuité d'écolages en situation rurale.
1. DE L'APPROPRIATION DES APEE PAR LES
RESPONSABLES
DES ECOLES PRIMAIRES ET SURVIE DU SYSTEME SCOLAIRE
PRIMAIRE A KOUTABA
Face aux nombreuses difficultés que rencontrent les
responsables des écoles primaires à Koutaba, ceux-ci ont
développés des stratégies de survie du système
scolaire. Dans les rangs de ces stratégies, nous avons la convergence
des directeurs d'écoles primaires vers les APEE et les élites
locales. Les faits que nous présentons dans cette sous-partie nous
permettent de comprendre comment les responsables des
écoles primaires s'organisent pour assurer la survie du
système scolaire en contexte de gratuité. Notamment en s'appuyant
sur les APEE et les élites locales.
2.1. Les parents d'élèves : partenaires
principaux des écoles primaires publiques en zones rurales
Les parents d'élèves sont les principaux
partenaires aujourd'hui dans les écoles primaires à Koutaba. Ils
sont présents à tous les niveaux. Que ce soit dans le recrutement
du personnel et de leurs prises en charge, ou même de la construction des
infrastructures et de leurs entretiens. En effet, 59,07% des instituteurs qui
ont tenu les enfants pour le compte de l'année académique
2017/2018 sont payés par les parents d'élèves. Il est
presque impossible de penser le fonctionnement des écoles primaires
aujourd'hui sans les parents d'élèves. A cet effet, « les
parents d'élèves qui sont sensés dire un ouf de
soulagement) sont les principaux acteurs qui font fonctionner les écoles
primaires. Puisqu'il n'y a pas d'autres solutions pour le moment. Les
établissements manquent de tout et le gouvernement ne réagit pas
toujours favorablement » (Entretien réalisé le 13 Avril avec
Jules).
De cette déclaration, on note le fait que les
directeurs font constamment appel aux parents d'élèves. En effet,
l'appel auxdits parents est dans l'arrondissement de Koutaba, la voix rapide et
sûr pour résoudre les difficultés et pour maintenir le
fonctionnement des écoles primaires. La majorité des directeurs
des établissements scolaires primaires avouent que sans les parents
d'élèves, les rentrées scolaires seraient presque
impossibles dans leurs écoles. Ainsi, pour Paulin : « les
parents d'élèves sont nos sources de revenus. Voilà les
partenaires qui brillent en zones rurales. Quand c'est difficile, on les
convoque et on leurs présente la situation. » (Entretien
réalisé le 7 Mai 2018 avec Paulin). Ces propos mettent en
exergue non seulement le fait que les directeurs des écoles primaires se
sont tournés vers les parents d'élèves pour faire
fonctionner lesdites écoles. Désormais, seuls les frais d'APEE
permettent aux établissements de tenir debout et de fonctionner tant
bien que mal. A l'exemple de l'école publique de Manzom, au rang
desquelles, seul le directeur émarge dans les caisses de
l'Etat54.
2.2. Les APEE comme moyens de subsistance dans les
écoles primaires
54 Manzom est une école publique à cycle
complet créée en 2001, qui compte aujourd'hui 335
élèves. 62
Les responsables des établissements scolaires
primaires, considèrent les APEE comme les principaux moyens de
subsistances des écoles primaires. Parfois même après avoir
payé les frais desdites associations, ils sont sollicités dans
bien d'autres situations. Des situations qui nécessitent des
financements, et des biens matériels. C'est généralement
en cas de catastrophes naturels. Notamment dans certaines écoles ou les
bâtiments sont dans un état de délabrement avancé.
Parfois lorsqu'il pleut, des vents violents ôtent certains toits et
renversent des bâtiments. Dans la majorité des cas, les parents
d'élèves sont ceux qui s'en chargent. Cela à cause de
l'absence des fonds de solidarité et de promotion de l'éducation
: à la réhabilitation en urgence des infrastructures scolaires
sinistrées ; au secours d'urgence aux personnels éducatifs
victimes de sinistres avérés prévu par la loi. Dans cette
dynamique de fait, Claude nous rapporte que :
Pendant les congés le vent a enlevé le toit
du CE2 là (indexant un vieux bâtiment). Il a fallu que j'appelle
le président de l'APEE pour qu'il vienne le réparer. Donc c'est
toujours l'argent de l'APEE. Quand les bancs sont cassés, c'est l'APEE.
Puisque le fonctionnement n'est pas encore là. Le premier partenaire
c'est l'APEE (Entretien effectué le 9 Mai avec Claude).
De cette affirmation nous comprenons que dans les
écoles primaires, désormais la majorité des charges
incombent aux APEE. Parallèlement ces associations sont devenues les
premiers acteurs dans les écoles primaires. Cela à partir de
leurs promptitudes à agir en temps de besoin et de la
régularité de leurs actions à divers niveaux. Les APEE
compensent ainsi la lenteur, le retard du « fonctionnement
», et assure la survie des écoles primaires à
Koutaba.
En bref, les frais d'APEE permettent aux directeurs
d'écoles primaires de Koutaba, l'achat du matériel didactique
pour démarrer l'école, le payement des salaires des maîtres
des parents, le renforcement de la prime de rendement des enseignants,
l'entretien des locaux, le salaire des gardiens et des agents d'entretien, et
la distribution des prix en fin d'année. On trouve les enseignants qui
ont pas de livres pour les préparations. Ils sont obligés de
faire recours aux élèves pour obtenir les livres pour la
préparation, acheter la craie, apporter le matériel d'entretien
et de nettoyage des salles de classe, entre autres. Tout cela pour le
bien-être de l'éducation de base dans l'arrondissement de Koutaba.
Parfois même après avoir payé les frais desdites
associations, ils sont sollicités dans bien d'autres situations. Des
situations qui nécessitent des financements, et des biens
matériels. C'est généralement en cas de
63
64
catastrophes naturels. Notamment dans certaines écoles
ou les bâtiments sont dans un état de délabrement
avancé. Parfois lorsqu'il pleut, des vents violents ôtent certains
toits et renversent des bâtiments. Dans la majorité des cas, les
parents d'élèves sont ceux qu'on appelle en premier lieux.
Parallèlement les APEE sont devenues les premiers
acteurs dans les écoles primaires. Cela à partir de leurs
promptitudes à agir en temps de besoin et de la régularité
de leurs actions à divers niveaux.
2.3. Les élites et les actions solidaires dans les
écoles primaires.
Dans l'arrondissement de Koutaba, les élites sont
intéressées par l'éducation des jeunes et surtout
l'éducation des enfants du primaire. Ayant pris acte de nombreuses
difficultés que rencontrent les parents d'élèves dans la
scolarisation de leurs enfants, ces élites mènent des petites
actions solidaires dans les écoles primaires. Cette prise de conscience
est le résultat d'une sensibilisation menée conjointement au
quotidien par des directeurs d'écoles et des présidents des APEE.
Ainsi, individuellement ou à travers les associations locales, les
élites fonds des dons des tables bancs, des kits scolaires, des
tableaux... les élites font aussi des remises de kits scolaires aux
meilleurs élèves de chaque école. Le témoignage
d'un enfant (qui nous entends parler avec son père) est très
évocateur à ce sujet : « Cette année, j'ai
commencé l'école avec mes cadeaux que père Jonas m'avait
donné l'année passée. J'étais sorti
troisième au CE1 et j'avais eu deux stylos, deux cahiers de 200pages et
un autre de 50 pages » (lors de l'entretien réalisé le
18 Avril avec Ledoux). Ces gestes viennent en appui aux écoles primaires
dans le cadre de la survie de ce système en pleine crise. Une crise qui
se traduit par le manque des ressources et des difficultés à
appliquer la GEP. Pour atteindre facilement les élites locales, les
responsables des écoles primaires font souvent des communiqués
qu'ils envoient dans les mosquées et les églises pour faire part
de leurs situations. C'est ainsi que, « ils nous ont fait part de la
maigreur de leur budget et demandent une petite aide. Nous avons aussi
remarqué que les parents d'élèves avaient commencé
la construction d'un bâtiment de trois salles de classes. Très
prochainement, une aide sera
faite dans cette école pour finaliser ce
bâtiment. (Entretien réalisé le 15 Avril avec Arouna.
Membre de DYCOLEM)
De tout ce qui précède, il en ressort que les
élites individuellement ou à travers les associations locales,
constituent non seulement un moyen de subsistance pour les écoles
primaires, mais aussi de véritables parrains pour les écoliers
à Koutaba. Les directeurs ne manquent pas de solliciter leurs aides.
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