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La gratuité de l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba: analyse sociologique des obstacles


par Zounka LIKOUSSOU
Université de Dschang - Master  2018
  

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INTRODUCTION

L'inclusion des parents d'élèves dans le management des établissements scolaires entre dans une logique de gouvernance participative. Aujourd'hui dans l'arrondissement de Koutaba, les APEE font l'objet d'une interprétation binaire entre leurs membres et les responsables des écoles primaires. Pour les uns, les APEE et leurs frais dans les écoles primaires entraine la Non-gratuité effective de ces écoles. Pour les autres, les mêmes associations et leurs frais marquent aujourd'hui une possibilité de survie du système scolaire primaire dans l'arrondissement de Koutaba. Ainsi, le propos de chapitre s'attèle de présenter les APEE en contexte de la GEP suivant ces deux possibilités d'interprétations et de compréhensions. Quand on entreprend de réaliser une

CHAPITRE 3 : APEE : REGARDS CROISES DES INSTITUTEURS ET DES PARENTS D'ELEVES DANS UN CONTEXTE DE GRATUITE DECOLAGE

étude sur la gratuité de l'école primaire aujourd'hui, le premier souci de cette politique chez les parents d'élèves s'avère être les frais d'APEE. A cet effet, ce chapitre présente dans sa première partie, la gratuité de l'enseignement primaire face aux APEE : un non-évènement pour les parents d'élève. Notamment avec les frais d'APEE inscrits désormais dans le sillage des frais exigibles d'autrefois et de l'augmentation des frais d'APEE dans les écoles primaires de Koutaba. La deuxième partie de ce chapitre présente l'appropriation des APEE par les responsables des écoles primaires et survie du système scolaire primaire à Koutaba. Les directeurs des écoles primaires ont fait des parents d'élèves, les partenaires principaux des écoles primaires publiques en zones rurales. De même, ils utilisent les APEE comme pour assurer la subsistance des écoles primaires publiques à Koutaba.

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1. LA GRATUITE DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE FACE AUX APEE : UN NON-EVENEMENT POUR LES PARENTS D'ELEVE.

Jusqu'aujourd'hui, la GEP est une politique ailleurs pour les zones rurales51. Les parents d'élèves vivent dans la routine des pratiques payantes de l'éducation de base à Koutaba. Généralement ébahis lorsque nous leurs parlions de la GEP, les parents d'élèves sont convaincus que l'écoles primaire n'est pas gratuite. Ils croient à la non-gratuité de l'école primaire. Cela à raison, compte tenu des frais qu'ils paient volontairement ou non dans les écoles primaires.

1.1. Les frais d'APEE dans le sillage des frais exigibles d'autrefois

Cette partie analyse les faits qui rendent les frais d'APEE obligatoires dans les écoles primaires dans l'arrondissement de Koutaba en particulier. En réalité, ce n'est pas la loi qui pose problème mais son application. Car elle est claire à ce propos52. Dans les faits ; les frais d'APEE sont exigés, les enfants sont renvoyés, privés de leurs bulletins de notes et lesdits frais augmentent suivant certaines modalités dans les écoles primaires.

1.1.1. Les frais d'APEE exigés

Si dans les textes officiels les frais d'APEE sont volontaires, dans les établissements scolaires cela est loin d'être le cas. Dans les écoles primaires à Koutaba, ces frais sont réclamés vigoureusement des parents d'élèves. Notons qu'en contexte local, les responsables d'écoles primaires parlent de frais de scolarité53. Cela peut traduire leur ignorance en matière de la GEP et un attachement au système payant de l'éducation de base. Ce qui du point de vue des parents d'élèves ne change rien par rapport à l'ancien système. « D'abord moi j'ai toujours payer la scolarité de mes enfants. Donc avec la gratuité dont vous me parlez là, ça ne change rien, vue que les frais d'APEE sont là. On nous demande de les payer donc... » (entretien réalisé le 9 Mai avec Alassa).

51 Comme pour dire que ça se passe partout sauf ici. Car, ici, l'éducation scolaire primaire se paie directement ou indirectement.

52 Décret n° 2001/041 portant organisation des établissements scolaires publics et attributions des responsables de l'administration scolaire. Disposition de l'article 46, alinéa 2.

53 Au début de nos entretiens, nous pris cela comme une manifestation de l'inconscient. Mais chemin faisant, nous avons constaté que c'était très fréquent autant chez les responsables d'écoles que chez les parents d'élèves.

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Le fait que l'on exige les frais d'APEE dans les écoles primaires constitue pour les parents une forme de pérennisation de l'école primaire payante et donc la non-gratuité de cet ordre d'enseignement. Car non seulement les textes officiels ne sont pas respectés mais aussi les parents se retrouvent dans l'exigence d'assumer certaines charges qui ne leur incombent pourtant pas. On peut bien parler de la violation des textes officiels ou tout simplement de l'obstruction de la politique de la GEP. Face à cette situation, certains parents d'élèves sont réduits au silence. Ceux qui essaient de dénoncer ou d'exprimer leurs indignations sont taxer de fauteurs de troubles ou d'incitateurs de violences dans les écoles. Cela par la classe dirigeante des écoles primaires à Koutaba. A titre illustratif, prenons deux faits que l'on pensait avoir disparus dans les écoles primaires sous l'effet de la politique de la GEP. Il s'agit des renvois et de la privatisation des élèves de leurs bulletins de notes.

1.1.2. Les élèves sont renvoyés à cause des frais d'APEE

Aujourd'hui dans les écoles primaires à Koutaba, ce phénomène perdure. En réalité, nous le devons aux frais d'APEE. L'ensemble des parents d'élève que nous avons interrogé témoignent avoir reçu au moins une fois au cours de l'année académique 2017/2018, une menace de renvoi de leurs enfants si ces frais n'étaient pas payés. Plus encore d'autres confirment qu'il ne s'agit pas uniquement des menaces de renvoi, mais tout simplement de renvoi après le premier trimestre. Cela se traduit dans les discours des directeurs d'écoles primaires. Lors de nos échanges avec ces derniers, il leur arrivait de parler encore (de manière inconsciente ou non) des frais de scolarité exigibles. On peut bien croire à une ignorance des lois qui abrogent lesdits frais. Mais cela nous permet tout de même de comprendre pourquoi les frais d'APEE ne sont pas volontaires ou mieux pourquoi ils sont imposés dans les écoles primaires à Koutaba.

A plusieurs reprises nous avons rencontré les élèves du primaire entre 8h et 9h du matin, qui étaient déjà de retour des classes. Ce qui en situation de recherche avaient toujours aiguisé notre curiosité. Comme on s'y attendait, ce n'était pas un retour dû à la sortie ou marquant la fin de la journée. A la question de savoir pourquoi ils rentraient aussi tôt, ces enfants des écoles primaires, nous donnaient pour la majorité la même réponse : « on m'a chassé pour les frais de scolarité ». Rappelons qu'en contexte local, on ne distingue pas frais d'APEE et frais de scolarité autrefois exigé. En début du 3e trimestre entre 8h et 9h 30m partout dans les villages, les enfants en uniformes de

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classes jouaient, d'autres sur les chemins de retour à la maison. Le motif de cette errance était commun à tous : les frais d'APEE.

Le cas qui nous a marqué lors de nos enquêtes de terrain fut celui d'un petit garçon de la SIL. Ce dernier fréquente à l'école publique de KOUMELAP. Redoublant dans sa classe, l'année précédente, il n'avait pas payé les frais d'APEE. Ce qui lui avait couté une année académique. Arrivé dans son école le mercredi de la première semaine de rentrée de 3e trimestre, nous avons assisté à son renvoi pour les mêmes motifs. Avec un pied nu, il était frustré ; car entouré par ses encadreurs de l'école. Une des maitresses de l'école disait : « l'enfant ci est entrain de redoubler la SIL comme ça pour les frais d'APEE. Trois mille FCFA ? Ah ! » (Déclaration d'une institutrice à l'école publique de Koumelap, en notre présence). Finalement le petit fut renvoyé de l'école.

Cette pratique scolaire est très rependue dans l'arrondissement de Koutaba. Elle est utilisée par les responsables d'écoles primaires comme un moyen de pression sur les parents d'élèves. Cela sans un minimum de réflexion sur sa légitimité encore moins sur ce que ça représente dans un contexte éducatif marqué par la gratuité formelle. Cela traduit au final, le caractère obligatoire des frais d'APEE au Cameroun et à Koutaba plus précisément.

1.1.3. Les élèves sont déclarés insolvables et privés de leurs bulletins de notes

Dans les stratégies adoptées par les établissements scolaires primaires à Koutaba pour prendre de l'argent aux parents d'élèves, on note la rétention des bulletins de notes de certains élèves. Ces derniers sont, (soit par méconnaissance des textes relatifs à la GEP par les responsables des écoles, soit par nécessité), encore déclarés insolvables. C'est pratiquement une réalité courante dans les écoles primaires dans les ZEP comme l'arrondissement de Koutaba. L'insolvabilité est liée au fait que l'enfant ou ses parents ne se sont pas acquitté d'un ensemble de frais directs parmi lesquels : les frais d'APEE. Or l'insolvabilité connote la non-gratuité de l'école élémentaire. Car elle a trait au caractère payant de la scolarité. C'est une stratégie pour réclamer de l'argent aux parents d'élèves, qui pour certains déjà, ne savent même pas que l'enseignement primaire est gratuit ou n'en savent que peu de choses.

Parmi les parents d'élèves que nous avons interviewés, certains affirment et dénoncent ce phénomène scolaire. Certains responsables l'avouent et estiment que « c'est une pratique anodine dans le parcours scolaire de l'enfant » (Entretien effectué le 11 Avril 2018 avec Bertrand). Or même sans gravité comme ils le pensent, c'est à la

limite un souci pour la GEP, car c'est une pratique hors-norme. Voici le témoignage de Michel qui déplore ce phénomène :

J'ai trois enfants à l'école publiques de Njiyit. Un au CP et les deux autres sont au CM2. Après un mois de classe, ils me dérangeaient déjà pour leurs pensions. Celui du CP n'a pas encore eu son bulletin de notes. Comme je n'ai pas encore payé sa scolarité [...]. J'ai d'abord payer pour ses ainés parce qu'ont les chassait à l'école. Il fallait payer leurs dossiers de concours d'entrée en 6e et de CPE. (Entretien réalisé avec Michel le 18 Avril 2018)

La population de l'arrondissement de Koutaba est majoritairement musulmane. Ce qui fait que la polygamie y est très rependue. Certains parents comme ce dernier, ont parfois prêt de cinq à six enfants dans un cycle d'enseignement scolaire. Avec la pauvreté qu'ils déplorent, ils n'arrivent pas à débourser les sommes à eux exigés dans les écoles primaires

1.2. De l'augmentation des frais d'APEE dans les écoles primaires de Koutaba

Les frais d'APEE évoluent significativement dans les zones rurales. Dans l'arrondissement de Koutaba, ces frais augmentent chaque année suivant une variété de modalités pratiques.

1.2.1. Les frais d'APEE augmentent chaque année dans les écoles primaires

Ceux qui à Koutaba savent quelques choses de la GEP, pensent que ses principaux obstacles sont les frais d'APEE. Le fait est que ces frais ont dépassés de loin les frais de scolarité exigibles annuels qui ont étés suspendus avec la politique de la GEP. Les frais d'APEE ont compensés de toutes les manières, les frais exigibles dans les écoles primaires. A chaque année académique, la majorité des établissements scolaires primaires revoient leurs frais d'APEE à la hausse. Certains augment 200 FCFA, d'autres 300 FCFA parfois même 500 FCFA. On peut penser que c'est négligeable. Mais aujourd'hui ces augmentations ont donné lieu à une situation dans laquelle, l'école primaire coûte aux parents d'élèves au moins deux fois chère qu'avant la GEP. Puisqu'auparavant, les frais exigibles et les frais d'APEE combinés s'évaluaient à hauteur de 3000 FCFA par élève et dans la totalité de ces mêmes écoles. A cette époque, on avait couramment 1500 FCFA de frais exigibles et 1200 FCFA ou 1500 FCFA au plus de frais d'APEE.

Mais au cours de cette année académique (2017/2018), aucune école primaire n'est à moins de 3000 FCFA de frais d'APEE. La moyenne est de 3500 dans les écoles primaires publiques (ou la GEP est sensée réduire les dépenses chez les usagers). Les

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causes de cette augmentation drastique ces dix-huit dernières années sont multiples et complexes. A titre illustratif, voici la déclaration d'une institutrice que nous avons interviewée :

On a beau dire que l'école est gratuite ; mais l'établissement où j'enseigne les parents déboursent 4200 pour s'acquitter des frais d'APEE. Ce qui fait deux fois les frais exigibles d'autres fois. Dans cette école, d'abord l'effectif des élèves est faible et en plus les MP sont au nombre de quatre. Ce qui fait que les frais d'APEE augmentent. Parfois le directeur est obligé de convoquer les parents d'élèves pour qu'ils cotisent encore pour les salaires des MP [...]. Ça c'est généralement vers la fin d'année, à partir de mars et avril. Quand il n'y a plus d'argent dans les caisses (Entretien effectué le 13 Avril 2018 avec Cécile).

Il ressort de ces propos que les parents dépensent encore directement dans les écoles primaires, mais aussi que ces derniers sont constamment sollicités financièrement par les directeurs desdites écoles. Quand une école compte quatre MP, dont la rémunération incombe aux élèves et à leurs parents ; la gratuité ne peut être qu'entravée. Prendre en charge ces instituteurs non-intégrés pendant neuf mois est de prime à bord ce qui booste les frais d'APEE dans les écoles primaires en situation locale.

1.2.2. Projet d'école et dynamique des frais d'APEE

Les frais d'APEE ne sont pas des sommes statiques et forfaitaires. Ce sont des frais qui varient d'abord d'une école primaire à une autre et en fonction du projet de chaque école. Un directeur d'écoles primaires retrace l'itinéraire desdits frais en ces termes :

Quand on sort le projet d'école, on définit un budget qui peut couvrir ce projet. Par exemple on évalue le nombre des MP. On dit par exemple que chaque MP aura 20 000 FCFA de salaire mensuel. On multiplie par neuf mois pour voir son salaire annuel. Ça donne 180 000 FCFA par an et par MP. Si l'école compte 4 MP, on multiplie encore 180 000 FCFA par 4. Pour avoir la masse salariale des MP. On dit encore qu'en attendant le paquet minimum on peut acheter cinq boites de craies, de même pour les autres matériels didactiques. On budgétise tout ça. En fin de compte, on voit ce que ça donne et on divise le montant total par l'effectif de tous les élèves de l'école. C'est donc à partir de là, qu'on dit que chaque enfant doit payer telle ou telle somme en guise des frais d'APEE (Entretien réalisé le 17 Avril avec Blaise).

Compte tenu de tout ce qui ressort de cette description, on peut dire que les frais d'APEE augmentent simultanément avec les besoins des écoles primaires en zones rurales. Surtout nous notons que rien n'est gratuit dans cette dynamique. Car tout est facturé aux parents d'élèves. Cela dans les moindres détails.

1.2.3. Les modalités d'augmentation des frais d'APEE

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Les frais d'APEE ne sont pas des sommes forfaitaires. Ils croissent au même rythme que les besoins exprimés par les écoles primaires. Ceci en fonction de certaines modalités que nous avons récapitulé dans le tableau suivant :

Tableau 04 : des modalités d'augmentation des frais d'APEE

Modalités

Coût

Responsables Principaux

Taux des frais d'PEE

Salaires annuels des
personnels n'émargeant pas
dans les caisses de l'Etat

En fonction du
nombre du
personnel considéré

Les parents
d'élèves

En dépend

Les matériels didactiques

Forfaitaires

Les besoins infrastructurels

En fonction des
salles à construire

L'entretien des locaux

Forfaitaire

Source : données enquête de terrain (Mars-Mai 2018)

Ce tableau permet de visualiser les facteurs de l'augmentation des frais d'APEE dans les écoles primaires. De même il permet de donner une visibilité plus ou moins nette des niveaux d'action des parents d'élèves dans les écoles primaires. A partir de là, nous pouvons dire que les APEE sont de plus en plus surchargées et ne permettent pas aux parents d'élèves de ressentir la gratuité d'écolages en situation rurale.

1. DE L'APPROPRIATION DES APEE PAR LES RESPONSABLES

DES ECOLES PRIMAIRES ET SURVIE DU SYSTEME SCOLAIRE PRIMAIRE A KOUTABA

Face aux nombreuses difficultés que rencontrent les responsables des écoles primaires à Koutaba, ceux-ci ont développés des stratégies de survie du système scolaire. Dans les rangs de ces stratégies, nous avons la convergence des directeurs d'écoles primaires vers les APEE et les élites locales. Les faits que nous présentons dans cette sous-partie nous permettent de comprendre comment les responsables des

écoles primaires s'organisent pour assurer la survie du système scolaire en contexte de gratuité. Notamment en s'appuyant sur les APEE et les élites locales.

2.1. Les parents d'élèves : partenaires principaux des écoles primaires publiques en zones rurales

Les parents d'élèves sont les principaux partenaires aujourd'hui dans les écoles primaires à Koutaba. Ils sont présents à tous les niveaux. Que ce soit dans le recrutement du personnel et de leurs prises en charge, ou même de la construction des infrastructures et de leurs entretiens. En effet, 59,07% des instituteurs qui ont tenu les enfants pour le compte de l'année académique 2017/2018 sont payés par les parents d'élèves. Il est presque impossible de penser le fonctionnement des écoles primaires aujourd'hui sans les parents d'élèves. A cet effet, « les parents d'élèves qui sont sensés dire un ouf de soulagement) sont les principaux acteurs qui font fonctionner les écoles primaires. Puisqu'il n'y a pas d'autres solutions pour le moment. Les établissements manquent de tout et le gouvernement ne réagit pas toujours favorablement » (Entretien réalisé le 13 Avril avec Jules).

De cette déclaration, on note le fait que les directeurs font constamment appel aux parents d'élèves. En effet, l'appel auxdits parents est dans l'arrondissement de Koutaba, la voix rapide et sûr pour résoudre les difficultés et pour maintenir le fonctionnement des écoles primaires. La majorité des directeurs des établissements scolaires primaires avouent que sans les parents d'élèves, les rentrées scolaires seraient presque impossibles dans leurs écoles. Ainsi, pour Paulin : « les parents d'élèves sont nos sources de revenus. Voilà les partenaires qui brillent en zones rurales. Quand c'est difficile, on les convoque et on leurs présente la situation. » (Entretien réalisé le 7 Mai 2018 avec Paulin). Ces propos mettent en exergue non seulement le fait que les directeurs des écoles primaires se sont tournés vers les parents d'élèves pour faire fonctionner lesdites écoles. Désormais, seuls les frais d'APEE permettent aux établissements de tenir debout et de fonctionner tant bien que mal. A l'exemple de l'école publique de Manzom, au rang desquelles, seul le directeur émarge dans les caisses de l'Etat54.

2.2. Les APEE comme moyens de subsistance dans les écoles primaires

54 Manzom est une école publique à cycle complet créée en 2001, qui compte aujourd'hui 335 élèves. 62

Les responsables des établissements scolaires primaires, considèrent les APEE comme les principaux moyens de subsistances des écoles primaires. Parfois même après avoir payé les frais desdites associations, ils sont sollicités dans bien d'autres situations. Des situations qui nécessitent des financements, et des biens matériels. C'est généralement en cas de catastrophes naturels. Notamment dans certaines écoles ou les bâtiments sont dans un état de délabrement avancé. Parfois lorsqu'il pleut, des vents violents ôtent certains toits et renversent des bâtiments. Dans la majorité des cas, les parents d'élèves sont ceux qui s'en chargent. Cela à cause de l'absence des fonds de solidarité et de promotion de l'éducation : à la réhabilitation en urgence des infrastructures scolaires sinistrées ; au secours d'urgence aux personnels éducatifs victimes de sinistres avérés prévu par la loi. Dans cette dynamique de fait, Claude nous rapporte que :

Pendant les congés le vent a enlevé le toit du CE2 là (indexant un vieux bâtiment). Il a fallu que j'appelle le président de l'APEE pour qu'il vienne le réparer. Donc c'est toujours l'argent de l'APEE. Quand les bancs sont cassés, c'est l'APEE. Puisque le fonctionnement n'est pas encore là. Le premier partenaire c'est l'APEE (Entretien effectué le 9 Mai avec Claude).

De cette affirmation nous comprenons que dans les écoles primaires, désormais la majorité des charges incombent aux APEE. Parallèlement ces associations sont devenues les premiers acteurs dans les écoles primaires. Cela à partir de leurs promptitudes à agir en temps de besoin et de la régularité de leurs actions à divers niveaux. Les APEE compensent ainsi la lenteur, le retard du « fonctionnement », et assure la survie des écoles primaires à Koutaba.

En bref, les frais d'APEE permettent aux directeurs d'écoles primaires de Koutaba, l'achat du matériel didactique pour démarrer l'école, le payement des salaires des maîtres des parents, le renforcement de la prime de rendement des enseignants, l'entretien des locaux, le salaire des gardiens et des agents d'entretien, et la distribution des prix en fin d'année. On trouve les enseignants qui ont pas de livres pour les préparations. Ils sont obligés de faire recours aux élèves pour obtenir les livres pour la préparation, acheter la craie, apporter le matériel d'entretien et de nettoyage des salles de classe, entre autres. Tout cela pour le bien-être de l'éducation de base dans l'arrondissement de Koutaba. Parfois même après avoir payé les frais desdites associations, ils sont sollicités dans bien d'autres situations. Des situations qui nécessitent des financements, et des biens matériels. C'est généralement en cas de

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catastrophes naturels. Notamment dans certaines écoles ou les bâtiments sont dans un état de délabrement avancé. Parfois lorsqu'il pleut, des vents violents ôtent certains toits et renversent des bâtiments. Dans la majorité des cas, les parents d'élèves sont ceux qu'on appelle en premier lieux.

Parallèlement les APEE sont devenues les premiers acteurs dans les écoles primaires. Cela à partir de leurs promptitudes à agir en temps de besoin et de la régularité de leurs actions à divers niveaux.

2.3. Les élites et les actions solidaires dans les écoles primaires.

Dans l'arrondissement de Koutaba, les élites sont intéressées par l'éducation des jeunes et surtout l'éducation des enfants du primaire. Ayant pris acte de nombreuses difficultés que rencontrent les parents d'élèves dans la scolarisation de leurs enfants, ces élites mènent des petites actions solidaires dans les écoles primaires. Cette prise de conscience est le résultat d'une sensibilisation menée conjointement au quotidien par des directeurs d'écoles et des présidents des APEE. Ainsi, individuellement ou à travers les associations locales, les élites fonds des dons des tables bancs, des kits scolaires, des tableaux... les élites font aussi des remises de kits scolaires aux meilleurs élèves de chaque école. Le témoignage d'un enfant (qui nous entends parler avec son père) est très évocateur à ce sujet : « Cette année, j'ai commencé l'école avec mes cadeaux que père Jonas m'avait donné l'année passée. J'étais sorti troisième au CE1 et j'avais eu deux stylos, deux cahiers de 200pages et un autre de 50 pages » (lors de l'entretien réalisé le 18 Avril avec Ledoux). Ces gestes viennent en appui aux écoles primaires dans le cadre de la survie de ce système en pleine crise. Une crise qui se traduit par le manque des ressources et des difficultés à appliquer la GEP. Pour atteindre facilement les élites locales, les responsables des écoles primaires font souvent des communiqués qu'ils envoient dans les mosquées et les églises pour faire part de leurs situations. C'est ainsi que, « ils nous ont fait part de la maigreur de leur budget et demandent une petite aide. Nous avons aussi remarqué que les parents d'élèves avaient commencé la construction d'un bâtiment de trois salles de classes. Très prochainement, une aide sera

faite dans cette école pour finaliser ce bâtiment. (Entretien réalisé le 15 Avril avec Arouna. Membre de DYCOLEM)

De tout ce qui précède, il en ressort que les élites individuellement ou à travers les associations locales, constituent non seulement un moyen de subsistance pour les écoles primaires, mais aussi de véritables parrains pour les écoliers à Koutaba. Les directeurs ne manquent pas de solliciter leurs aides.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984