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La gratuité de l'enseignement primaire dans l'arrondissement de Koutaba: analyse sociologique des obstacles


par Zounka LIKOUSSOU
Université de Dschang - Master  2018
  

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CONCLUSION

Ce chapitre qui arrivé à son terme, a présenté l'école primaire au Cameroun et le principe de gratuité. Les pistes empruntées pour arriver à cette fin sont orientées vers l'organisation et la structure de l'enseignement primaire au Cameroun ; les acteurs qui interviennent dans la gestion de l'éducation de base avec leurs fonctions au niveau local. La dernière partie portait sur l'école primaire gratuite et ses objectifs au Cameroun. En effet, l'éducation de base est une priorité nationale assurée par l'Etat. Héritée de l'histoire coloniale du pays, l'éducation est dualiste dans son organisation. Le cycle primaire dure six ans dans les sous-systèmes francophone et anglophone. Il est constitué

41 Loi n° 98/004 du 14 avril 1998 d'orientation de l'éducation au Cameroun

42 Dans les rangs des discriminations scolaires, nous pouvons citer le cas de la sous scolarisation des filles et le cas des enfants issus des familles pauvres. Des cas que l'on observe dans les zones rurales.

38

de trois niveaux de deux ans chacun. Il ressort clairement de ce chapitre que l'école primaire est officiellement obligatoire et gratuite au Cameroun. La politique de la GEP en court de réalisation au Cameroun comporte des enjeux sociaux. Notamment la démocratisation de l'instruction scolaire de base, la parité et l'égalité entre les sexes face à l'accès à l'école. Une fois ces objectifs atteints, l'Etat camerounais peut se dégager des discriminations scolaires fondées sur les pesanteurs socioéconomiques et élitistes. Ainsi, théoriquement, l'enseignement primaire gratuit est une politique amorcée au Cameroun.

DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE

CHAPITRE II : DES FORMES D'OBSTACLES A LA GRATUITE

39

INTRODUCTION

Les obstacles à la politique de la GEP ne sont pas des configurations sociales sans fondements. Dans cette logique, il est nécessaire d'analyser les conditions dans lesquelles elles se développent. Il s'agit des facteurs pouvant nous donner une visibilité plus claire de ceux-ci. Autrement dit, ce chapitre présente les réalités concrètes à partir desquelles émergent les obstacles à la politique de la GEP. En effet, l'une de nos questions spécifiques cherche à savoir Comment se construisent les formes d'obstacles

à la gratuité de l'enseignement primaire. Ainsi, deux pôles des faits nous ont permis de répondre à cette question. Ainsi, la remise en cause de la neutralité commerciale de l'école primaire est un point majeur de ce chapitre. De manière détaillée, ils se développent en trois sous points. Notamment le financement des activités scolaires par les parents d'élèves, l'augmentation des dépenses familiales en période de rentrée scolaire et la GEP face à la marchandisation de l'éducation scolaire. La GEP face à la persistance des tendances payantes de l'école primaire est un second point majeur de ce chapitre. Il se décline également en trois sous points. Il s'agit des frais demandés aux parents d'élèves, les frais des évaluations séquentielles et des devoirs (frais illégaux) et les dépenses scolaires permanentes et obligatoires (entre subvention formelle et tardive voire insuffisante). Ainsi, ce chapitre entend exposer ces différents facteurs de construction des formes d'obstacles à la GEP observés dans l'arrondissement de Koutaba.

1. La remise en cause de la neutralité commerciale de l'éducation de base

Il est difficile de parler de la GEP quand la neutralité commerciale de cet enseignement n'est pas un acquis43. La remise en cause de ladite neutralité est désormais une réalité à partir de laquelle se construisent les formes d'obstacles à la politique de la GEP. Ainsi, trois sites d'observations peuvent être explorés pour en rendre compte : le financement des activités scolaires primaires par les parents d'élèves, l'augmentation des dépenses familiales pendant les rentrées scolaires et la GEP face à la marchandisation de l'éducation scolaire.

1.1. Financement des activités scolaires par les parents d'élèves

En tant que partenaires éducatifs de l'Etat, on peut comprendre que les parents d'élèves aient des fonctions dans les écoles primaires. Cependant les obstacles à la politique de la GEP se construisent en partie à partir du moment où ces derniers sont contraints sous la pression des directeurs d'écoles primaires, de financer les activités scolaires obligatoires. Encore quand il s'agit d'un financement sans limite, ou les

43 La neutralité commerciale de l'éducation est un principe contre toutes pratiques visant à faire d'une prestation scolaire un objet marchand. La gratuité de l'école primaire en est un exemple pratique.

40

41

parents d'élèves interviennent à tous les niveaux. Le tableau suivant récapitule les niveaux d'implication financière des acteurs dans les écoles primaires à Koutaba.

Tableau n° 01 : acteurs de la CE et financement des activités scolaires primaires

Rubriques

Dimensions

Indicateurs

acteurs et implication financière

dans le système scolaire

Parents d'élèves

Etat

CT D

Autre s

Locaux

Infrastructures

et leurs
entretiens

Construction,

Réparation, achat des matériels d'entretien

Oui

Oui

Oui

Oui

Ressources humaines

Intégrés, personnel

d'appoint et MP

Oui

Oui

Oui

Non

Meubles

Bancs, chaises et

tables d'enseignant

Oui

Oui

Oui

Oui

Projet d'école

Activités sportives

Jeu FENASCO et

interclasses

Non

Oui

Non

Non

Fêtes

11 février et 20 mai

Oui

Oui

Non

Non

Outils de l'école

Matériel de

nettoyage

Sauts, balais et

raclettes

Oui

Non

Non

Non

Matériels sportifs

Ballon, maillot et

sifflet

Non

Oui

Non

Non

Papeterie

Rames de formats, carton et stylos

Oui

Oui

Non

Non

Documentatio n

Livres, cahier

d'appel et cahiers de préparation

Oui

Oui

Non

Non

 

Stylos

Crayons, feutres

Oui

Non

Non

Oui

42

Outils élèves

 

Petits matériels

Règle, taille-crayons,

gomme, ciseaux,
compas, équerres

Oui

Non

Non

Oui

Sac

Sac d'école, trousse

Oui

Non

Non

Oui

Affaires personnelles

Tenue de sports,

tenue de classe,

chaussures

Oui

Non

Non

Non

Nourritures

Goutés et boisons

Oui

Non

Non

Non

Source : données enquête de terrain (Mars-Mai 2018)

La gratuité concerne l'ensemble des prestations d'enseignements dispensés à l'école. Elle regroupe l'ensemble des rubriques de dépenses résumées dans le tableau ci-dessus. Ce tableau nous permet de constater qu'en matière d'éducation de base dans les zones (telle que l'arrondissement de Koutaba), les parents dépenses à tous les niveaux. Cela de manière involontaires ; mais par nécessité pour l'avenir des enfants qui est en jeu. Ils sont constamment sous la pression des directeurs d'école. Ils financent la construction des infrastructures, la prise en charge des personnels enseignants et fournissent les matériels didactiques entre autre. Une situation qui ne permet pas à la politique de la GEP de s'épanouir et de soulager ces bénéficiaires.

1.2. Augmentation des dépenses familiales pendant la rentrée scolaire

Pour quelques parents approchés, les dépenses des établissements scolaires leur reviennent depuis l'annonce de la gratuité de l'enseignement primaire. Les directeurs d'écoles primaires trouvent toujours un moyen pour leur réclamer de l'argent. Les parents payent encore des tôles, des houes et autres matériels didactiques. L'augmentation sans cesse de divers frais scolaires aux niveaux primaire par les établissements scolaires du secteur public constitue une entrave pratique pour la GEP en contexte camerounais et local en particulier. Cependant, des familles vivant dans la précarité économique, particulièrement les familles monoparentales, sont confrontées quotidiennement au défi d'arbitrer la satisfaction entre d'autres besoins et l'éducation de leurs enfants. Dans ces conditions, la part croissante des coûts de l'éducation sur le budget familial est manifeste non seulement pour les familles monoparentales, les plus

43

défavorisées, mais également pour les familles biparentales disposant d'un revenu faible, et ce, malgré les mesures d'aide auxquelles elles peuvent parfois avoir droit de la part des élites locales ou même de la politique de la GEP. En période de rentrée scolaire au Cameroun et en contexte local en particulier, les ménages vivent un moment de transition des dépenses familiales. Notamment les ménages qui ont des enfants inscrits dans des écoles. Parlant des dépenses scolaires, l'informatrice Bernadette dit :

Chaque matin je dois leurs donner de l'argent pour qu'ils aillent à l'école. Cela après avoir donné leurs petits déjeuners. A midi je fais l'effort de préparer quelque chose pour eux. Sans compter ceux qui sont aux lycées, et à qui je paie le transport aller et retour chaque jour. C'est difficile surtout parce que je suis dans un foyer polygamique [...]. Mon mari a cinq enfants à l'école primaire sous sa responsabilité et il est difficile pour lui de leurs donner tout ce dont ils ont besoins (entretien réalisé avec Bernadette le 12 Mai 2018).

En plus de l'augmentation des dépenses familiales en période de scolarité, nous notons dans cette affirmation une autre réalité qui empêche les familles de ressentir la politique de la GEP. En effet, il y a dans l'arrondissement de Koutaba, des parents qui ont plus de cinq enfants en âges de scolarité obligatoire. Il y a également des foyers polygamiques ou l'homme seul doit payer le nécessaire pour la scolarisation des enfants. Avec le nombre d'enfants (dans les familles comme celle de Bernadette) et les situations économiques instables qui prévalent, les dépenses augmentent significativement. Le fait que les dépenses familiales augmentent témoigne de ce que la GEP souffre encore de quelques difficultés.

1.3. La GEP face à la marchandisation de l'éducation scolaire

Le vécu des parents d'élèves dans l'arrondissement de Koutaba permet d'affirmer que la marchandisation est une réalité en zone rurale. Compte tenu des transactions économiques qui traversent les institutions publiques d'enseignement primaires. Dans cette dynamique des faits, Oumarou nous affirme que :

En plus du niveau des élèves qui a drastiquement baissé, je vous avoue que l'école est devenue doublement chère qu'avant [...] ce que vous appelez gratuité là, nous ici on ne connait pas ça. Il n'y a rien qui soit gratuit à l'école. Pour mes enfants qui fréquentent je paye tout. Même les ballais pour nettoyer leurs salles de classes, j'achète (entretien réalisé le 16 Avril 2018 avec Oumarou).

Il ressort de cette déclaration que non seulement rien n'est gratuit à l'école, mais aussi que les parents d'élèves sont dubitatifs par rapport à la politique de la GEP. Evidemment du fait qu'ils ont l'habitude de tout payer en matière de l'éducation

scolaire de leurs enfants. Ils restent très nostalgiques par rapport à l'ancien système éducatif, qui pourtant était payant. Ils souhaitent bien une école primaire réellement gratuite. Mais dans les écoles primaires de Koutaba, tout est payant. Le « ballais » que l'enfant utilise pour balayer l'école, il l'achète.

En période de rentrée scolaire, la vente des fournitures scolaires, le recrutement des élèves et du personnel dans les établissements scolaires, la gestion des fonds dans les établissements à outrance deviennent des valeurs économiques de haut vol dans l'arrondissement de Koutaba. Les instituteurs organisent dans les établissements scolaires des cours du soir. Cela s'observe dans presque toutes les écoles primaires. Les animateurs sont les maîtres des classes de CM1 et de CM2. C'est en réalités autant d'indicateurs de la marchandisation de l'éducation scolaire dans notre contexte. L'éducation scolaire est traversée par une sorte de discours captivant. Pour inscrire un enfant dans un établissement scolaire, que ce soit à la maternelle, dans les classes élémentaires, ou au collège/ lycée, il faut « bien parler ». Le langage doit revêtir des allures de négociations pour être crédible. Aujourd'hui, toutes les réalités sociétales sont traversées par des normes capitalistes. Plus rien n'échappe à la logique du marché ; selon laquelle la notion de gratuité est vide de sens ou encore n'existe tout simplement pas. Dès lors, l'éducation devient ainsi une valeur marchande dans la cité. Martine Poulin et al (2007) étaient arrivés au même résultat. Quand ils parlent de « l'approche utilisateur-payeur » qui écarte la conception du droit à l'éducation. Autrement dit, non seulement l'école n'est pas effectivement gratuite, mais c'est à chacun d'assumer les charges liées à la scolarité des enfants dont les charges lui reviennent. Dans ces conditions, certaines familles orientent leurs enfants vers l'apprentissage des petits métiers44. Pour elles, « l'école est aujourd'hui un investissement incertain, notamment avec toutes les dépenses qu'elle entraine » (entretien réalisé le 29 Avril 2018 avec Youssouf).

2. DE LA PERSISTANCE DES TENDANCES PAYANTES DE L'ECOLE PRIMAIRE.

Par GEP on entend l'absence des frais obligatoires relatifs à tout ce qui concerne l'ensemble de la prestation d'enseignement dispensée à l'école. Et non pas seulement

44 Tout ceci malgré leurs bases âges ou mieux leurs âges de scolarité obligatoire. Ils sont pleins dans les ateliers du centre-ville de Koutaba. Les petits garçons sont dans des garages, des ateliers de soudures, de menuiseries et la majorité des petites filles sont dans les ateliers de coutures.

44

45

l'absence des frais de scolarité exigibles. De même, aucune participation financière aux activités obligatoires d'enseignement ne peut être exigée aux familles. A l'épreuve des réalités dans l'arrondissement de Koutaba, nous avons observé des pratiques évoluant en sens inverse avec la GEP. Certaines pratiques illégales et payantes émergent de plus en plus dans les écoles primaires.

2.1. Les frais des évaluations séquentielles et des devoirs : frais illégaux

Les évaluations séquentielles et les devoirs que les enseignants donnent aux enseignés sont des prestations scolaires obligatoires. A partir de là, ils ne sont pas censés faire l'objet d'un quelconque solde. Or avec l'irrégularité et l'inconsistance du fonctionnement et des primes des instituteurs, les enseignants ont développé des stratégies compensatoires de ces fonds et primes. Notamment l'argent perçu à chaque séquence chez les élèves en guise de frais d'épreuves de compositions. Dans les écoles primaires à Koutaba, le phénomène est devenu vulgaire. Même au niveau un du cycle primaire, chaque élève doit donner au minimum un cahier de 32 pages à son maitre ou à sa maitresse. Lequel cahier sera utilisé pour son évaluation. Si ce n'est pas le cahier, c'est l'argent du cahier que le parent doit donner pour des fins ainsi établies. Ces faits traduisent le fait que l'école primaire reste payante. A la limite, ils traduisent les difficultés de la gratuité des prestations scolaires dans nos écoles primaires. Mais ce n'est pas tout. Il y'a un système qui émerge dans les écoles primaires aujourd'hui. Nous le qualifions : le « système de la paye des devoirs ». Ce sont des devoirs que les maitres et les maitresses dans les écoles primaires donnent aux enfants dont leurs parents ont payé. A défaut de faire des cours de remise à niveau certains optent pour cela. Avec ce système de la paie des évaluations et des devoirs à faire à la maison, la gratuité de l'éducation de base ne peut être que formelle. C'est en considération de cet état des faits qu'un parent d'élève rapporte que :

Les enseignants quant à eux ne cessent d'imposer pour une raison ou pour une autre, des sommes que nous devons payer régulièrement tout au long de l'année. Ils disent que c'est pour les épreuves. A ceux de la SIL, tu leurs donnes à chacun ses fournitures personnellement et tu donnes encore l'autre à leurs enseignants. Vraiment je ne comprends pas le fonctionnement de l'école primaire aujourd'hui. Même l'instituteur qui est payé par le gouvernement demande d'être motiver.

Les seules évaluations qui jusqu'ici restent encore officiellement payantes dans les écoles primaires au Cameroun, sont le concours d'entrée en 6e et le CEP. Or dans les faits, mêmes les examens de classes sont payants dans ces institutions publiques

Ainsi donc, il résulte de notre recherche que dans les écoles primaires publiques, les parents payent pour les évaluations séquentielles et les devoirs que les instituteurs/institutrices donnent à leurs enfants. Une situation qui dans l'esprit de ce travail ne permet qu'il y est une GEP effective. Il en résulte des plaintes constantes venant des parents d'élèves qui ne savent plus en réalité à qui et comment demander des comptes. La résignation est leur principal choix.

2.2. Des dépenses scolaires permanentes et obligatoires : entre

subvention tardive et insuffisante

Nous analysons ici, des dépenses éducatives que supportent les parents d'élèves en dehors et dans les écoles primaires. Lesquelles dépenses sont formellement subventionnées par l'Etat. Mais qui dans les faits sont totalement prise en charge par les parents d'élèves. Cela à cause du retard ou mieux la quasi-absence de ces subventions dans les zones rurales. « l'Etat met à la disposition des Délégués Départementaux de l'Education de base les fonds destinés au fonctionnement des écoles primaires publiques 45». Ce sont des fonds qui doivent participer d'une manière ou d'une autre à la mise en oeuvre effective de la politique de la GEP. Cependant qu'en est-il réellement dans les CTD comme Koutaba ?

Dans les écoles primaires, on distingue deux catégorie de ressources financières : celles affectées aux dépenses permanentes et obligatoires et les ressources affectées au projet d'école. Mais nous parlerons ici juste de la première catégorie, au regard de ce qu'elle pose comme problème dans un contexte marqué par la GEP. Les ressources affectées aux dépenses permanentes et obligatoires sont censés être à la disposition des directeurs d'école par le truchement des fonds débloqués par l'Etat à cet effet46. Elles sont ainsi censées couvrir les dépenses orientées vers les primes de rendements au corps enseignant, personnel administratif et d'appui (25% desdits fonds), dépenses de

45 Circulaire n° 08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 AUG 2014 Portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et primaires

46 Circulaire n° 08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 AUG 2014 Portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et primaires.

46

47

fondement (10% desdits fonds) et les dépenses sous rubriques (50% desdits fonds). Ces ressources sont récapitulées dans le tableau suivant :

Tableau n°2 : affectation des ressources dans les établissements d'enseignement maternel et primaire publics

Rubriques

Nature de la dépense

Niveau d'engagement

Maternel (contributions exigibles)

Primaire (subvention de l'Etat)

Quotité exigibles

/

7500

0

Dépenses
permanentes et
obligatoires

Fonds de solidarité et de promotion de l'éducation

5%

0

Primes de rendement au

corps enseignant, personnel administratif et d'appui

20%

25%

Dépenses de fonctionnement

10%

10%

Dépenses sous rubrique

40%

50%

Dépenses projet

d'école

Fraction non affectée

25%

15%

Source : CIRCULAIRE n°08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 Aout 2014 portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles primaires et maternel.

Le tableau ci-dessus montre que l'Etat subventionne les écoles primaires. Mais concrètement, les directeurs d'écoles ne disposent pas de cet argent de manière intégrale et à temps. Car en réalité il s'agit des ressources inconsistantes et qui n'arrive que

tardivement dans les écoles primaires47. « le tableau ci (indexant dans une circulaire48 le tableau ci-dessus)montre bien que le MINEDUB débloque beaucoup d'argent au bénéfice des écoles primaires. Mais est-ce que nous recevons intégralement cet argent ? Et quand bien même ça arrive c'est souvent combien et à quel moment ? une série des questions qui renseignent à suffisance sur le retard et l'inconsistance des subventions que l'Etat apporte aux écoles primaires. L'absence de ces fonds contraint les parents d'élèves à assumer à eux seuls les charges afférentes. Dans ces conditions la GEP rencontre d'énormes difficultés.

Dans cette dynamique des subventions formelles, 50% des fonds alloués aux établissements sont destinés aux dépenses sous rubriques. Ces dépenses concernent notamment l'assurance scolaire, la bibliothèque de l'école, l'animation culturelle, la pharmacie les activités sportives et les cartes d'identités scolaires des élèves entre autre. Cela tel que récapitulé dans le tableau suivant :

Tableau des dépenses sous rubrique dans l'enseignement primaire

47 Les subventions dont il est question arrive « généralement vers le milieu du troisième trimestre » (Entretien réalisé le 14 Avril avec Abdou)

48 Circulaire n°08/B1/144/MINEDUB/SG/DEMP/ du 22AUG 2014 portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et primaires publiques

48

49

Rubriques

Montant

1-

Assurance scolaire

100

2-

Bibliothèque

100

3-

Animation culturelle

50

4-

Pharmacie

75

5-

Fonds d'appui à la santé scolaire

75

6-

Activités sportives FENASCO

300

7-

Carnet de correspondance

200

8-

Carte d'identité scolaire

100

 

TOTAL

1000

Source : Circulaire n° 08/B1/1464/MINEDUB/SG/DEMP du 22 AUG 2014 Portant modalités d'exécution du budget de fonctionnement des écoles maternelles et primaires.

La préoccupation avec ces subventions c'est leur quasi-absence dans les écoles primaires en contexte local. Puisque déjà à Koutaba, aucune école n'a de pharmacie, ni de bibliothèque exploitable (aussi bien par les élèves que par les enseignants) et en réalité c'est chaque élève qui paie pour sa carte d'identité scolaire49. « Quand un élève tombe malade ou fait un quelconque accident à l'école, nous demandons à ses parents de le soigner et de faire un dossier que nous acheminons au niveau de la hiérarchie. Puisque nous n'avons pas les moyens de lui administrer ne serait-ce que les premiers soins » (entretien réalisé le 18 Avril avec Idriss). Ce manque aux responsabilités est, à l'observation dûe à l'absence de pharmacie et des fonds d'appui à la santé scolaire opérationnels. La gratuité de l'école primaire, passe aussi par ces subventions. Si bien que leur défaillance impact d'une manière ou d'une autre sur l'effectivité de la politique

49 On rencontre ci et là des rares écoles avec des livres hors programme et dont la majorité des pages ont disparues. De même les élèves paient en moyenne 600 FCFA pour leurs cartes d'identités scolaires.

de la GEP. Par conséquent le circuit par lequel transite ces « subventions effectuées par l'Etat au bénéfice des écoles primaires doit être suivi jusqu'à destination » (Entretien réalisé le 07 Mai avec Jonas). Faute de quoi, les parents d'élèves continueront de prendre en charge seuls des activités scolaires qui sont pourtant subventionnées par l'Etat.

2.3. Les frais demandés aux parents d'élèves

La situation socioéconomique des familles de Koutaba caractérisée par une précarité aiguë pour les familles, n'est pas significativement apaisée par la politique de l'instruction publique gratuite. En effet, alors que les revenus stagnent ou déclinent pour un grand nombre de familles, la portion du budget familial devant être consacrée aux frais scolaires, ne cesse d'augmenter année après année. De fait, les données que nous avons recueillies sur les situations socioéconomiques des familles appliquées aux éléments constitutifs du droit à l'égalité nous permettent d'affirmer que les frais scolaires demandés aux parents compromettent l'exercice du droit à l'instruction publique gratuite de leurs enfants. Une distinction dans certains cas voire une exclusion existe entre les enfants issus de familles défavorisées et ceux plus nantis du fait de leur condition sociale et des effets préjudiciables qui en découlent, ce qui a pour conséquence de porter atteinte à leur droit à l'instruction publique gratuite.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon