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La doctrine Monroe après la fin de la bipolarisation


par Gautier DE CHANTERAC
Université de Toulon - Master 2 Droit public parcours sécurité défense 2017
  

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Section 2. Un interventionnisme modéré

La Colombie en collaborant avec les Etats-Unis dans la guerre contre la drogue était considérée comme une interface américaine dans la région par les « Chavo-Bolivaristes ». L'annonce de la fermeture prochaine de la base de Manta en novembre 2009 obligea l'administration Bush à planifier un redéploiement en Colombie (l'administration Obama validera le projet.)

L'arrivée au pouvoir d'Uribe en 2002 permît de trouver un allié de circonstance contre l'Union Bolivarienne.

§1. Le durcissement du plan Colombie.

Initialement prévu pour lutter contre le trafic de drogue, Georges Bush demanda au Congrès de renouveler le plan Colombie62(*)et d'étendre le plan à la lutte contre la guérilla et le terrorisme. La présence américaine passa de huit cents à mille quatre cents militaires et civils.Bush appuya le plan Patriota63(*) d'Alvaro Uribe en envoyant cent conseillers militaires.

Dans un discours proféré le 13 juin 2002, le sénateur américain John McCain établissait clairement le rapport entre trafic de drogues et terrorisme comme un élément clé dans les futures politiques des États-Unis en Colombie. 

« American policy has dispensed with the illusion that the Colombian government is fighting two separate wars, one against drug trafficking and another against domestic terrorists. The democratic government of Colombia has long insisted that it is the nexus of terrorists involved in the drug trade that threatens Colombian society. American policy now recognizes that reality, and abandons any fictional distinctions between counter-narcotic and counter-insurgency operations».

Après le 11 septembre l'administration Bush qualifiait la guérilla colombienne et les narco trafiquants de terroristes. La définition du Terrorisme était avec l'administration Bush devenue « unilatérale », un fourretout sémantique.

Malgré des millions de déplacés, une pollution des sols due à la fumigation des plans de coca, Uribe affaiblît considérablement la guérilla et les trafiquants.

Le problème allait se déplacer au Mexique avec des ramifications entre les cartels colombiens et les cartels mexicains.

D'un point de vue politique, Uribe en acceptant d'être inféodé à l'administration Bush ramena un semblant de paix dans le pays après quarante ans de guerre.

L'article du monde illustre parfaitement la victoire politique d'Uribe64(*).

Sous les mandats de George Bush l'hégémonie économique n'était plus la priorité. Seule la lutte contre les narco-trafiquants, assimilés à des terroristes, importait. L'idéologie des terroristes et des narco-trafiquants n'est pourtant pas la même.

En 2004 l'administration Bush et la France intervinrent en Haïti. Ce fût la seule fois que l'administration Bush intervînt directement en Amérique. Paradoxalement, cette intervention n'était pas unilatérale mais sous couvert des Institutions Internationales.

§2. La situation en Haïti

En 1991, le Président Aristide avait été chassé par un coup d'Etat. L'administration Clinton rétablît Aristide au pouvoir en 199665(*).

En 2004 le pays, en proie à une énième crise économique, était au bord de la guerre civile.

Haïti n'avait pas d'importance économique ou stratégique.

Toutefois, une opération militaire afin de restaurer la paix restaurerait l'image des Etats-Unis. Une image sérieusement écornée par la guerre en Irak.

En s'adressant aux Nations-Unies, Bush s'efforça de donner un nouveau signal. Les Etats-Unis ne tournaient plus le dos aux instances internationales.

Ainsi, en menaçant d'intervenir et avec le concours de la France, Bush obtînt le départ d'Aristide66(*).

Sous couvert d'une opération de paix, Bush a appliqué la doctrine Monroe en menaçant Aristide d'une intervention militaire. Toutefois, l'intervention Française, contraire aux principes de la doctrine, montre bien le peu d'importance d'Haïti aux yeux de Bush.

Lors de l'invasion de l'Irak, Bush avait fait fi des résolutions de l'O. N. U mais s'agissant d'un petit pays pauvre sans grande importance aux yeux de son administration, le droit international fût respecté.

A la fin de son second mandat, Bush semblait se soucier un peu plus de l'Amérique Latine.

En rétablissant la IV flotte et en signant le plan Merida, les Etats-Unis voulaient réaffirmer à leurs ennemis (Chavez, les cartels Mexicains) qu'ils étaient toujours là.

§3. Le redéploiement de la IV67(*) flotte et le plan Merida : vers un retour de la présence américaine ?

A. Le redéploiement de la IV flotte.

Le 24 avril 2008, le chef des opérations navales, l' amiral Gary Roughead annonça le rétablissement de la IV flotte.

Dans sa lutte globale contre la terreur et sa conception élargie du terrorisme (terroristes et cartels sont traités de la même manière), Bush et son état-major prétendaient que ce redéploiement avait une importance stratégique vitale. Ainsi l'amiral Gary Roughead, chef des opérations navales du Pentagone, déclara : « En rétablissant la IVe Flotte, nous reconnaissons l'immense importance de la sécurité maritime dans cette région »68(*).

Ce redéploiement était un message très clair au Venezuela et à tous les Etats hostiles aux USA. On peut donc y voir un retour de la doctrine Monroe et la politique du « big stick » chère au président Roosevelt.

Les relations avec le Venezuela se dégradèrent fortement. Chavez déclara
«el envío de la Cuarta Flota a patrullar las aguaslatinoamericanas es unaamenaza »69(*)

Et ajouta que la question du pétrole en était sans doute la cause.

Il ajouta que «no tienedudas de que se trata de unaamenaza, y señaló que una de las razones para ellosería la granreservapetrolera de Venezuela.70(*) »

Le soutien au gouvernement Uribe avait permis un affaiblissement des cartels et des Guérillas en Colombie ainsi qu'une baisse de la production de coca.

Cependant, les cartels Mexicains avaient pris le relais et le problème s'était donc déplacé plus au nord, aux portes des Etats-Unis.

Le Mexique sous les présidences de Vicente Calderon et de Vicente Fox (2006-2012) mena une guerre sanglante contre les cartels.
Le président Calderon puis son successeur Fox mobilisèrent très fortement l'armée, la marine et les forces de police. En 2009, trente-six mille militaires et policiers, dont huit mille cinq cents dans la seule ville de Juarez71(*), luttaient contre environ cent mille membres des cartels de la drogue mexicains et leurs unités paramilitaires. Au Mexique, au total, environ soixante mille personnes moururent à causes des cartels (exécutions, affrontements entre bandes rivales) Un climat d'insécurité globale régnait au Mexique. Le pays était parmi l'un des plus violents au monde.

C'est dans ce contexte que fût établi le plan Merida.

B. L'initiative de Mérida.

Cet accord signé entre le président Calderon et Bush en 2008 avait pour but de renforcer l'aide financière et militaire au Mexique dans sa lutte contre les narcotrafiquants. La majorité des fonds accordés visaient à moderniser les forces militaires engagées dans les opérations contre le trafic de stupéfiants et les cartels.

Contrairement à la Colombie, le Mexique a une frontière terrestre avec les Etats-Unis. La sécurité intérieure était menacée car les cartels opéraient aux Etats-Unis.

Les détails du plan étaient détaillés sur le site officiel du gouvernement Américain 72(*) . On peut le résumer en quatre points :

· Renforcer la surveillance des frontières terrestres et maritimes : Quatre avions de surveillance, évalués à cinquante millions de dollars chacun, pour la surveillance des eaux territoriales ; Entraînement d'environ trois cents chiens pour la recherche de drogues ; Développement de système de surveillance des frontières ; Système électronique pour mieux sécuriser la frontière et permettre la détection de voitures volées.

· Moderniser le système judiciaire et pénitentiaire mexicain : Inauguration de l'académie nationale d'administration pénitentiaire ; huit millions investis dans un système de recherches d'antécédents judiciaires, pour lutter contre la corruption et «construire des institutions fiables».

· Sensibiliser la population à la lutte contre la drogue et ses méfaits : Développement d'un cours de «Culture de la légalité» dans l'enseignement secondaire. Huit cent mille huit élèves ont été concernés jusqu'à maintenant. Développement de tribunaux spécialisés dans le traitement de personnes dépendantes des drogues.

Ce plan Colombie bis n'était pas désintéressé pour les raisons évoquées précédemment. Le Mexique devenait encore plus dépendant des fondsaméricains et comme laColombie, onpeut affirmer qu'il devenait le vassal de l'administration Bush. L'influencedes cartelsdiminua au prix de terribles pertes au Mexique73(*) mais ils n'ont pas disparu et se sont réorganisés. L'approche uniquement sécuritaire est peut-être à réévaluer74(*).

Sans les attentats du 11 septembre 2001, l'administration Bush aurait accordé une plus grande importance à l'Amérique Latine. Il aurait lutté avec plus grande vigueur contre la montée de gouvernements anti-impérialistes qui remettaient en cause le libéralisme et l'hégémonie américaine. Sous les deux mandats de Bush, la guerre contre la drogue assimilée à la guerre contre le terrorisme pourrait rappeler la présence américaine.

Quand Obama arriva au pouvoir, l'influence américaine avait diminué politiquement et économiquement en Amérique latine.

Les présidences Bush ont pour point commun d'avoir mené deux guerres.

Concernant la doctrine Monroe, il n'y a pas de point commun. Bush Senior en intervenant militairement au Panamá et en faisant évoluer la doctrine vers une politique d'hégémonie économique a démontré que Monroe était toujours une pierre angulaire de la diplomatie américaine.

George Bush se détourna jusqu'en 2008 des affaires américaines. L'ascendance des cartels mexicains et la véhémence d'Hugo Chavez et l'importance stratégique du pétrole vénézuélien obligèrent Bush à remettre l'Amérique latine au centre de l'échiquier.

George Bush Senior initia la mutation de la doctrine Monroe. L'Hégémonie économique devenait l'objectif prioritaire.

L'opération Just Cause rappela tout de même à tout le continent que la doctrine Monroe était toujours présente.

Georges Bush junior délaissa lors de son premier mandat l'Amérique latine. La doctrine n'avait pas pour autant disparu comme le montre l'implication de l'administration Bush dans la guerre contre la drogue et le retour lors du second mandat d'une politique économique agressive.

L'administration Démocrate allait-elle suivre la même politique ou prendre une voie différente ?

Partie 2
-
L'ADMINISTRATION DEMOCRATE : CONSENSUS BIPARTISAN OU NOUVELLE STRATEGIE POUR L'AMERIQUE ?

L'image de Bill Clinton et de Barack Obama était bien meilleure que celles des présidents Bush à leur arrivée au pouvoir.

Il est vrai qu'ils succédaient à des présidents bellicistes ayant mené deux guerres et faisant fi des institutions internationales.

Allaient-ils mener une politique extérieure différente vis-à-vis des pays d'Amérique latine ?

L'espoir était donc de mise mais les administrations démocrates appliquèrent in fine la même politique que leurs prédécesseurs républicains à l'égard de l'Amérique latine et des Caraïbes.

Richard Hofstader75(*) décrivait le peu de différences idéologiques entre les Républicains et les Démocrates dans son livre « The American Political Tradition » :

« La position adoptée par les différents candidats s'est toujours limitée à l'horizon défini par les notions de propriété et d'entreprise. Ils acceptaient l'idée que les vertus économiques de la culture capitaliste étaient inhérentes à la nature humaine. Et cette culture a toujours été fondamentalement nationaliste. »

Howard Zinn en se référant à Hofstader parle de consensus bipartisan pour décrire la politique extérieure américaine : « le pouvoir politique a beau basculer des républicains vers les démocrates et vice versa, aucun des deux partis ne semblent en mesure de dépasser cet horizon »76(*)

Clinton poursuivît la politique d'hégémonie économique initiée par Bush : expansion de la « démocratie de marché » sur le continent et continuité du « tout militaire » dans la guerre contre la drogue.

Obama semblait dans un premier temps proposer une autre politique vis-à-vis de l'Amérique Latine mais l'accord sur les bases colombiennes et la gestion de la guerre des cartels mexicains refroidît cet espoir.

* 62Le plan Colombie a été lancé sous l'administration du président Bill Clinton pour lutter contre le trafic de drogue (voir partie 2)

* 63 Le plan Patriote est une opération militaire menée par le gouvernement colombien à partir de 2003.L'opération consiste en un vaste déploiement de 15 000 soldats dans le sud du pays où les FARC sont suspectées de se financer via le trafic de drogue et de retenir en otage près de 50 personnes, dont la franco- colombienne Ingrid Betancourt .

* ANNEXE 64« Le triomphe d'Alvaro Uribe

En faisant libérer Ingrid Betancourt, le chef de l'Etat colombien a renforcé son aura et son image de dirigeant fort.

Tous les samedis, il arpente le pays à l'écoute des petites gens. En contremaître efficace, il résout leurs problèmes les plus immédiats : la route à goudronner, l'égout à réparer, le ' centre de santé à construire. Les caméras filment, évidemment. Messianique et populiste, Alvaro Uribe dirige son pays comme il gérait son latifundium (grand domaine agricole), et la méthode plaît. Pour l'immense majorité de ses compatriotes, il est "le meilleur président que la Colombie ait jamais eu".

A Quito et à Caracas, le son de cloche est différent : le fidèle allié de George Bush est perçu dans les capitales équatorienne et vénézuélienne comme "un pion de l'empire", "un danger pour la région", voire "un mafioso" et "un allié des paramilitaires". La France, elle, comprend mal l'intransigeance du président colombien face aux guérilleros qui ont pris Ingrid Betancourt en otage.

Alvaro Uribe fuit la presse étrangère, passe des heures au micro des radios de quartier. Auprès de ses électeurs, il s'est forgé une image d'homme d'action qui prend des risques et assume ses responsabilités. Mais il s'est attiré les foudres d'un continent susceptible en matière de souveraineté territoriale en faisant bombarder, le 1er mars, un camp des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en territoire équatorien. En éliminant Raul Reyes, numéro deux et négociateur des FARC, il a pris le risque d'exaspérer les médiateurs qui tentaient d'obtenir la libération des otages.

(...) "Uribe est un leader. Il nous a rendu confiance. Depuis qu'il commande, tout va mieux", résume Hector Barragan, un camionneur qui se dit "furibiste" - adepte de la "furie uribiste". En six ans de pouvoir, le président n'est jamais passé sous la barre des 65% d'opinions favorables. "Et il doit maintenant en être à 110%", ironise l'analyste Leon Valencia. L'union sacrée a en effet joué en faveur du président.

Critiques, revers et scandales glissent. Cet "effet Teflon" à toute épreuve laisse perplexes les instituts de sondage et désole les anti-uribistes - il y en a. Même le scandale dit de la "parapolitique" a épargné jusqu'à présent Alvaro Uribe. Plus de 40 parlementaires de la majorité présidentielle ont été mis en examen pour avoir frayé avec les milices d'extrême droite, coupables d'innombrables crimes atroces. Vingt-deux d'entre eux sont sous les verrous. Le sénateur Mario Uribe, cousin et mentor du chef de l'Etat, pourrait bientôt les y rejoindre (il a été arrêté le 22 avril).

"Personne n'est responsable de sa famille", rappellent non sans raison les "uribistes". José ObulioGaviria, un des conseillers présidentiels les plus influents, avait, lui, pour cousin germain Pablo Escobar, le grand patron du cartel de Medellin tué en 1993. Personne n'est responsable de sa famille.

IMAGE D'HOMME PIEUX, AUSTÈRE ET TRAVAILLEUR

Les FARC restent les grands maîtres d'oeuvre de la popularité présidentielle. "Furibistes" et "anti-uribistes" sont d'accord sur ce point. Echaudés par le long et stérile processus de paix engagé par le président Andres Pastrana, les Colombiens ont élu en 2002 un président musclé pour en finir avec la guérilla. "Poigne de fer et grand coeur", disait le premier slogan de campagne d'Alvaro Uribe, triomphalement réélu quatre ans plus tard.

Entre-temps, la "sécurité démocratique" a fait ses preuves : une paix précaire est revenue dans les campagnes, les axes routiers ont été sécurisés, le nombre d'homicides et d'enlèvements a diminué. Les statistiques officielles sont certes sujettes à caution. Mais, en politique, la confiance importe plus que les chiffres. Le chef de l'Etat reste convaincu que "le conflit armé n'est pas la conséquence de la pauvreté, il en est la cause". Toute réflexion sur les privilèges et les devoirs des nantis a disparu du discours politique. La politique sociale a été reléguée à un second plan. Priorité a été donnée à la protection des investissements privés et au budget militaire.

Mais Alvaro Uribe, c'est aussi un style de gouvernement. Ni cocktails ni yacht pour ce président qui a su se forger une image d'homme pieux, austère et travailleur. Le chef de l'Etat se laisse rarement photographier au repos. Au cours d'une de ses innombrables visites officielles à Washington, il a été surpris en train de déjeuner dans un fast-food.

Alvaro Uribe est originaire de la ville de Medellin, berceau de l'industrie nationale et des trafiquants de cocaïne. Dans les années 1970, il y fait de brillantes études de droit. Jeune promesse du Parti libéral, il démarre sa carrière politique à une époque où les compromissions entre la mafia et les élites locales étaient monnaie courante. En 1980, son père, éleveur de bétail, est assassiné par les FARC - le président se défend encore aujourd'hui de chercher vengeance. Pablo Escobar fait part de ses condoléances dans le journal. "Je n'ai jamais été l'ami de Pablo Escobar, même quand cela était à la mode", a assuré en 2007 le chef de l'Etat. Virginia Vallejo, qui fut l'amante du mafioso, venait de raconter dans ses Mémoires les relations cordiales qu'entretenaient les deux hommes.

Après un détour par le Sénat, Alvaro Uribe est élu en 1995 gouverneur de son département, l'Antioquia. Sa gestion efficace lui vaut l'admiration de ses électeurs, ses méthodes sécuritaires provoquent un tollé chez les défenseurs des droits de l'homme. Le gouverneur Uribe promeut en effet avec enthousiasme la création de coopératives privées de sécurité qui viennent d'être légalisées. Déclarées par la suite inconstitutionnelles, les convivir ont contribué à l'explosion du paramilitarisme dans l'Antioquia. Un diplomate colombien qui était à l'époque en poste à Washington raconte que "personne ne voulait y recevoir le gouverneur de l'Antioquia, trop lié aux paramilitaires". Les temps ont changé.

Les chefs paramilitaires vaquent désormais à leurs activités à l'intérieur de leur prison. Officiellement, ils ont démobilisé leurs troupes. Trente mille hommes ont déposé les armes. Mais, dans plusieurs régions du pays, des milices armées au service des narcotrafiquants se sont reconstituées. En application de la loi Justice et paix, les chefs paramilitaires qui avouent leurs crimes ne passeront pas plus de huit ans sous les verrous.

Les mauvais esprits mettent en perspective ce généreux pardon offert aux criminels paramilitaires et la virulence avec laquelle le président combat la guérilla. "Les premiers ont accepté le principe d'un cessez-le-feu, ils ont rendu les armes et ils avouent leurs crimes. Les guérilleros, eux, poursuivent leurs activités criminelles. Dès qu'ils accepteront un cessez-le-feu, nous leur ouvrirons les portes de la négociation", rappelle le haut-commissaire pour la paix, Luis Carlos Restrepo.

"Alvaro Uribe ne gouverne pas, il séduit et se garde bien de toute réforme structurelle qui pourrait affecter son capital politique", juge le professeur Pedro Medellin. L'indispensable réforme en profondeur du système fiscal a été repoussée aux calendes grecques. "Le président ménage tout particulièrement les grands groupes économiques liés aux médias", souligne Pedro Medellin.

"On oublie souvent que le président Alvaro Uribe a bénéficié d'une conjoncture économique particulièrement favorable. L'opinion publique a attribué la croissance au succès de la politique sécuritaire du gouvernement. Mais toute l'Amérique latine a connu une croissance positive", ajoute l'économiste Mauricio Perez. Le pays reste le premier producteur mondial de cocaïne. Mais la question du poids de l'économie de la drogue dans le taux de croissance a, elle aussi, été éludée depuis longtemps. »

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2008/03/16/en-colombie-tous-derriere-alvaro-uribe_1023335_3222.html

* 65 Voir chapitre sur l'administration Clinton.

* 665-29 février 2004Haïti. Chute du président Jean-Bertrand Aristide

Le 5, les opposants armés au régime de Jean-Bertrand Aristide, regroupés au sein du Front de résistance révolutionnaire de l'Artibonite (département situé dans le centre du pays) prennent le contrôle de Gonaïves, quatrième ville du pays, à l'issue de combats meurtriers qui continuent les jours suivants. Ce mouvement, qui s'appelait auparavant Armée cannibale, combattait l'opposition pour le compte du pouvoir. En septembre 2003, l'assassinat de son chef a provoqué son revirement. D'autres groupes armés s'emparent de localités dans l'Artibonite. L'opposition politique au régime se démarque des insurgés en rappelant son attachement à la lutte pacifique.

Le 13, les chefs de la diplomatie des États-Unis, du Canada et de plusieurs pays des Caraïbes, ainsi que le secrétaire général de l'Organisation des États américains, réunis à Washington, s'opposent à « un départ illégal du président élu d'Haïti ».

Le 15, un millier d'opposants manifestent à Port-au-Prince pour réclamer la démission de Jean-Bertrand Aristide.

Le 17, le gouvernement français, qui prône l'envoi d'une force de paix à Haïti, crée une cellule de crise. Une force internationale avait déjà été envoyée dans le pays entre 1994 et 2000, sans résultat. Washington penche pour une « solution politique » négociée entre le gouvernement et l'opposition.

Le 21, toutefois, l'opposition politique rejette le plan présenté par les États-Unis, le Canada, la France et la Communauté des pays des Caraïbes, qui prévoyait un partage du pouvoir.

Le 23, les rebelles investissent Cap-Haïtien, deuxième ville du pays.

Le 25, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, devant « le risque de chaos qui menace Haïti », appelle au départ du président Aristide accusé de « porter une lourde responsabilité dans la situation actuelle ».

Le 26, le secrétaire d'État américain Colin Powell met à son tour en cause Jean-Bertrand Aristide.

Le 29, alors que les violences et les pillages se multiplient dans la capitale, le président Aristide signe sa démission en présence des ambassadeurs de France et des États-Unis. Il gagne Bangui, en Centrafrique, sous protection américaine. Boniface Alexandre, président de la Cour de cassation, devient président par intérim, comme le prévoit la Constitution.

Le 29 également, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité la résolution 1529 qui décide l'envoi à Haïti, pour une durée de trois mois, d'une « force intérimaire » multinationale chargée de maintenir l'ordre et de « promouvoir le processus politique désormais en cours ». Les premières forces américaines et canadiennes arrivent le même jour dans l'île.

http://www.universalis.fr/evenement/5-29-fevrier-2004-chute-du-president-jean-bertrand-aristide/

* 67 Créée pendant la Seconde Guerre mondiale pour protéger le trafic dans l'Atlantique Sud, la structure avait été dissoute en 1950

* 68 http://www.lefigaro.fr/international/l-us-navy-se-deploieautour-de-l-amerique-latine.php

* 69 «  L'envoi de la IVème Flotte à patrouiller les eaux latino-américaines est une menace »
http://www.alterinfo.net/Le-retour-de-la-Quatrieme-Flotte-et-l-avenir-de-l-Amerique-latine par Jules Dufour
.

* 70Il ajouta qu'il n'a aucun doute qu'il s'agit bien d'une menace et que l'une des raisons de cette décision est la grande réserve de pétrole du Venezuela.
http://www.alterinfo.net/Le-retour-de-la-Quatrieme-Flotte-et-l-avenir-de-l-Amerique-latine par Jules Dufour.

* 71http://amerique-latine.e-monsite.com/pages/analyses-et-articles/ciudad-juarez-ville-la-plus-dangereuse-du-monde.html

* ANNEXE 72
Merida Initiative

The Merida Initiative is an unprecedented partnership between the United States and Mexico to fight organized crime and associated violence while furthering respect for human rights and the rule of law. Based on principles of common and shared responsibility, mutual trust, and respect for sovereign independence, the two countries' efforts have built confidence that is transforming the bilateral relationship.

· Enhancing Citizen Security

Under the Merida Initiative, the United States has a partnership with the Government of Mexico to disrupt organized criminal groups, institutionalize reforms to sustain the rule of law and support for human rights, create a 21st century border, and build strong and resilient communities. Bilateral efforts expand assistance to state level law enforcement and justice sector personnel; support democratic institutions, especially police, justice systems, and civil society organizations; expand our border focus beyond interdiction of contraband to include facilitating legitimate trade and travel; and build stable communities able to withstand the pressures of crime and violence.

· Merida Programs and Activities

The U.S. Congress has appropriated $2.5 billion since the Merida Initiative began in Fiscal Year 2008. Some of the activitiesunder the partnership include :

· Mexico's implementation of comprehensive justice sector reforms is supported through training justice sector personnel, including: police, investigators, prosecutors, and defense counsel; correction systems development; judicial exchanges; and support to Mexican law schools -in support of Mexico's on-going transition to a new accusatory criminal justice system.

· Police capacity building courses for Mexican law enforcement including crime investigation, criminal intelligence, professionalization, tactics and firearms, forensics, strategic analysis, and specialized training for anti-corruption, anti-gang, anti-trafficking in persons, anti-money laundering, and anti-kidnapping units.

· The establishment of anti-corruption programs that include vetting of police personnel, establishment of citizen-observer booths to inform and advise crime victims of their rights, and the creation of trained internal affairs units.

· Ongoing engagement with the Government of Mexico and civil society to promote the rule of law and build strong and resilient communities to increase the knowledge of, and respect for, human rights; to strengthen social networks and community cohesion; to address the needs of vulnerable populations (youth and victims of crime); and to increase community and government cooperation.

· Air mobility of Mexican police forces through the delivery of specialized aircraft and training for pilots and technicians to enable the Government of Mexico to confront criminal organizations that try to leverage difficult terrain.

· Training and equipment to enhance the Mexican government's ability to detect illicit goods at internal checkpoints and ports of entry.

· Delivery of over 400 canines trained in the detection of narcotics, weapons, explosives, ammunition, currency, and human remains to Mexican federal agencies, including the Federal Police, the Office of the Attorney General, and Customs.

· Establishment of a secure, cross-border telecommunications system between ten U.S. and Mexican border sister cities to provide public security forces on both sides of the border with the capability to request and exchange information on active criminal investigations.

· Interagency task forces incorporating trained personnel from municipal and state police and state attorney general offices in key Mexican states to better share information, develop actionable intelligence, and foster greater coordination in law enforcement operations.

· Support for efforts by Mexican prisons working to achieve independent accreditation from the American Correctional Association (ACA). To date, 42 Mexicanfacilities are accredited by ACA.

· The establishment of Drug Treatment Courts across five Mexican states. These highly-specialized courts approach addiction as a public health issue and provide a viable alternative to incarceration for drug abusers.

https://www.state.gov/j/inl/merida/

* 73Extrait d'un article du nouvel observateur du 5 septembre 2016 Cartels mexicains contre groupes d'autodéfense, une guerre civile sans merci : « La campagne militaire de Calderón représente une des plus noires périodes de l'histoire récente du Mexique. D'après le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, plus de 150.000 personnes ont été tuées au Mexique depuis le début du conflit. Plus de 26.000 autres ont été portées disparues. »

* 74 Extrait d'un article du nouvel observateur du 5 septembre 2016 Cartels mexicains contre groupes d'autodéfense, une guerre civile sans merci 

« Pendant les dix années durant lesquelles le gouvernement du Mexique et celui des États-Unis ont été en guerre contre le narcotrafic, un nombre impressionnant de grands trafiquants ont été tués ou arrêtés par les autorités. Parallèlement, d'immenses pertes humaines ont été enregistrées. Par moments, le taux d'homicides au Mexique dépassait ceux de l'Irak et de l'Afghanistan confondus. Des scientifiques ont démontré que la baisse de l'espérance de vie des hommes mexicains était la conséquence de cette violence. À ces pertes humaines s'est ajoutée l'épidémie de disparitions relatives au crime organisé. Sans compter que les forces de sécurité mexicaines ont été décrites comme les plus corrompues de l'histoire de l'Amérique latine. Les cartels mexicains, selon l'étude annuelle produite par la Drug Enforcement Administration (ou DEA), continuent de représenter la principale menace criminelle aux États-Unis. »

* 75 Richard Hofstader The American Political Tradition

* 76 Howard Zinn, une histoire populaire des Etats-Unis.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe